je suis probablement plus vieux et n’ai jamais ressenti le moindre attachement à une entreprise. Ce ne furent que des boulots faits pour de l’argent. Que je puisse, parfois, y prendre du plaisir a toujours été secondaire (un side effect bienheureux mais pas la finalité).
Tout mon propos est de remettre un peu de choses en perspectives. Un Etat n’est pas, par définition, une entité généreuse, bénéfique ou bonne. Son unique rôle est sa propre survie. Penser que l’Etat est au service des citoyens est une erreur que celui-ci essaie évidemment de nous faire avaler. Le vingtième siècle a montré je ne sais combien de fois le peu de cas que les Etats faisaient des humains. Deux guerres mondiales, des purges, massacres en masse, éradications, famines organisées, déportations, déclassements… tous du fait des gouvernement au nom de la raison d’Etat.
Et pourtant, dans le conflit actuel, il faudrait faire une confiance aveugle à ces mêmes Etats ? Penser que leur propos est forcément pour notre bien ? (notre = individuel ? global ?).
Si des entreprises peuvent se défiscaliser, c’est parce que des Etats le permettent. Si des droits humains ne sont pas respectés, c’est parce que des Etats le permettent. Si un Etat commence tout à coup à demander des sous après avoir laissé faire, c’est parce que ça l’arrange à l’instant. Parce qu’il pense que son profit, sa survie, a changé d’axe (au moins en apparence, ça peut tout aussi bien être « donner l’impression de faire payer » pour apaiser des tensions jugées sérieuses tout en continuant à laisser-faire parce que estimé plus rentable).
Sur la justesse de l’impôt, c’est par essence discutable. Le fondement même de l’impôt est discutable. Ses modalités et valeurs devraient l’être aussi et décidées collectivement (ensuite, son application, une fois décidée et établie comme juste devrait être évidente). En l’état, personne ne sait réellement qui devrait payer quoi et comment. La moindre variable de différence peut entraîner des effets absurdes. Et son système d’exception rend sa compréhension impossible. Et donc sa légitimité questionnable.
Après, si tu souhaites réellement discuter des syndicats. J’ai l’impression qu’ils ont été une très bonne chose. Ont constitué un contre-pouvoir indispensable à une époque où les droits minimaux n’étaient pas respectés au sein des entreprises (ce n’était pas non plus glorieux à l’extérieur). Ils ont eu leur utilité, l’histoire leur doit beaucoup. Mais comme toute entité, je les pense désormais plus préoccupés par leur propre survie. Leur fondement solidaire, qui est une forme d’égoïsme intelligent, collectif, s’est désormais retourné contre eux.
Après, les américains n’ont pas cette culture syndicale. La solidarité, qui est pour beaucoup dans l’émergence de notre société (française ou européenne), n’y existe quasiment pas. Cela aboutit à des situations qu’on jugerait indignes chez nous mais c’est aussi oublier que, dans d’autres domaines, on a beaucoup à apprendre de leur système. Et quand les salariés d’une entreprise sont consultés en vue de constituer un syndicat, ils refusent en général. Cela peut nous surprendre mais c’est logique (leur logique qui n’a rien de moins bioen que la nôtre).
Au final ? Tout est discutable. En particulier le droit d’un Etat à imposer des règles, en particulier quand celles-ci sont obscures et leur application au bon vouloir d’un de ses représentants. C’est lorsqu’on cesse de remettre en question cette légitimité qu’on est à mon avis dans la merde.