On en discutait sur TT et je voulais évoquer le truc, mais c’est clairement pas l’endroit : entre les troll anti KS, et les troll tout court, ça va partir en couille… donc voila
ATTENTION : tout ceci est un rendu de ma lorgnette, c’est à dire à 10.000km en ayant eu que les réseaux sociaux, sites d’info et autres forums comme retour de ce qu’était le festival de cannes.
J’ai vraiment l’impression qu’il y a un tournant en cours sur le monde du jeu, et autant une partie du truc est liée au participatif sans doute possible, autant je me demande si le reste y est indirectement lié ou pas…
Je m’explique : quand je vois Cannes de ma lorgnette j’ai le sentiment qu’on a 3 types d’éditeurs :
Les "je vais bien finir par trouver un truc qui vend": je te met 30 jeux sur 30 tables et y'en a bien un qui va plaire... que ce soit des proto plus ou moins aboutis ou des jeux sortis, on a l'impression qu'ils attendent de trouver au pif le jeu qui marchera et financera tous les ratés (un peu le principe du capital risque soit dit en passant... avec 5 à 10% de réussites, 80% d'échecs total, et le reste qui rapporte ni ne coute rien...)
Les “putain celui là j'y crois je met tout dessus (et mes couilles sur la table)" : typiquement Ystari avec leur nouveau jeu autour de Sherlock (probablement le jeu que j'attend le plus en 2016 en retail)...
Les “j'ai un KS a réussir, excusez moi on va se concentrer là dessus” : on sent bien que le principal truc important c'est leur KS 2016, y'a le reste hein, mais ça c'est important et bien plus que le reste....
Je sais pas si c'était comme ça avant, mais je trouve que c'est de plus en plus marqué. J'avais un peu eu ce sentiment avec Essen mais là c'est limite des fossés entre les trois typologies d'éditeurs que je cite (je le rappelle : vu de 10.000km, donc ce qui est renvoyé hors du salon... je ne sais pas si c'était pareil sur le salon)
J’ai essayé de suivre les TTTV live, mais sans programme et avec un débit aléatoire j’ai vite abandonné, peut être dommage, ça m’aurait permis de voir plus de l’intérieur si j’avais toujours le meme sentiment…
Bon j’ai pas vraiment lancé de débat là hein… enfin si : ceux qui y étaient (ou ceux qui ont suivis de loin), vous avez ce sentiment la aussi, ou c’est juste moi qui délire ?
Pour le deuxième j’ai pas l’impression que c’était « a ce point la » et loin de la… plus que de n’avoir qu’un jeu, je parle de l’investissement énorme qui va avec (regarde le décor de Watson… bon ou en KS celui de MB…)
En fait, la troisième catégorie vient de s’installer mais le reste est présent depuis des années. Filosofia rentre par exemple dans la première catégorie depuis le début, ils ne portent pas leur jeu, éditent 2000 exemplaires que ça soit un succès ou pas et par hasard si ça marche tu te retrouves en rupture pendant des mois. La deuxième comme Ystari et Days of existe aussi depuis le début, des éditeurs plus « à l’ancienne » avec un gros taf d’édition, de communication et des jeux vraiment bien travaillé. J’avoue qu’ils ont mon plus grand respect, même si j’aime pas forcément leurs jeux.
C’est vraiment l’émergence de la 3ème catégorie qui change le rapport de force. Mais pour le reste rien de nouveau. A la limite cette catégorie se rapproche de la seconde, avec des gars qui portent un gros projet, en font la pub et le bosse à fond en faisant des playtests. Du coup, c’est comme voir les coulisses des jeux de la deuxième catégorie. Monolith/La boite à Jeu, ce sont les Ystari version ameritrash/familial avec du KS au milieu.
J’ai le même ressenti, comme je te l’ai dit par MP.
3 catégories se dessinent et certains éditeurs changent leur business plan pour ratisser ailleurs.
Asmodée avait déjà viré de bord en pondant du jeu pouet. Cette année on a senti le tournant de Iello qui passe dans la catégorie des générateurs de tétrachiée de jeux moyens voire moisis en espérant avoir 1 jeu potable qui fait fureur. il est loin le temps où ils éditaient Tzolk’in, Madeira…
Les KS bien huilés s’installent gentiment dans le paysage et font sensation, ça se professionnalise.
Perso, je n’ai pas acheté de jeu à Cannes tellement y a que du conventionnel, du déjà joué, du commercial où on te fait des illustrations qui déchirent avec une mécanique sans saveur.
Du coup j’attends surtout ce que j’ai essayé en proto : Mythic Battles, Outlive, Room 25 Escape Room, Sonar (que je n’ai pas pu essayer, car trop de monde). Pour le reste, y a rien qui m’a défrisé…
Je pense en fait qu’il n’y a que 2 profils qui existent depuis longtemps et dont Fred avait largement parlé à Cannes l’an dernier (ou à Essen 2014 je ne sais plus) dans une TT TV.
Il y a les éditeurs à 10 jeux ou + par an qui visent une réussite qui remboursera tout le reste en faisant + ou - de com’ sur chaque jeu en fonction de leurs ressources humaines dispos. Ca existe aussi sur KS si tu prends cool mini par exemple. Ils font trop de projets à mon sens pour mettre le même investissement dans chaque.
Les éditeurs qui font 1 à 3 projets par an et qui doivent donc investir toutes les ressources sur ceux ci. C’est les mêmes entre KS et le jeu traditionnel mais avec des codes différents.
Je n’ai pas de jugement à faire, je suis plutôt dans la seconde (pour une raison évident de trésorerie et de temps) mais j’ai des collègues jeunes éditeurs qui misent plutôt sur la 1ere. Le truc c’est que moi, je m’enthousiasme pour mes projets au point que ça devient une addiction (attention je ne dis pas qu’ils ne s’enthousiasme pas !). Quand je fais Outlive (par exemple) j’y crois tellement, je m’investis tellement que je n’ai plus de temps pour autre chose. Du coup, par exemple, en ce moment je ne m’occupe plus de 10’ to kill dont je suis pourtant l’auteur et qui est quand même le jeu qui finance toute ma société. Je laisse ça à mes associés parce qu’eux ils sont plus dans le rationnel.
Ca dépend donc aussi des personnalités de chacun. Je fais les choses à l’envie et à l’énergie, je réfléchis pas toujours en gestionnaire, ce qui est certes un caractère de passionné mais pas forcément le plus efficace économiquement pour une société.
D’un autre côté, je comprends aussi ceux qui ne mettent pas tous leurs oeufs dans le même panier.
Pareil, pour moi quelle que soit la catégorie zéro critique en fait, juste un constat que « chacun sa méthode »…
Apres je suis bien d’accord que ça existait avant, mais j’ai quand meme l’impression, que sur les salons et en « com » ceux qui se concentraient sur un ou deux jeux par an n’avaient pas la meme débauche de moyens (choix de mettre les moyens sur la com, pas le fait de les avoir ou pas)… mais comme je dis ça fait 3 cannes et essen que je suis a distance et là j’ai trouvé un fossé sur les retours avec chacune de ces trois typologies encore plus marquées que l’an dernier (ceux qui font plein en font « encore plus de différents sur le salon », ceux qui se concentrent sur peu misent « a fond sur la débauche de com sur un seul sur le salon », et ceux qui ont un KS a venir « éclipsent un peu tout le reste pour mettre en avant leur KS »… bon en fait y’a les « KS only » aussi a la MB… mais ça m’a l’air encore marginal ça)
Tu les mets dans la 3eme les : Bonjour on a besoin de vous parce que du côté participatif, il y a des gens sympa qui achète des jeux 2fois leur prix car ils se font pigeonner par le system participatif sympa sinon on arrivera pas à produire notre jeu blabla, 6mois plus tard il est en boutique…
J’en ai meme vu récemment qui assumaient tellement le concept qu’ils ne se cachaient pas de dire pendant la campagne que leurs jeux seraient moins chère en boutique mais que la c’était le côté participigeon…
Et comme les gens ne sont pas raisonnables (Coluche), ça arrive meme à financer.
Apres si certains ont trop d’argents je peux drop mon paypal pour rien, 1€ pour manger et je vous ferais un selfie pour le côté participatif.
Ce que vous oubliez les gars, c’est que les éditeurs ne sont pas seuls dans l’histoire, et que la distribution conditionne énormément leur activité… Par exemple, IELLO est historiquement un distributeur (comme Asmo) : ça implique d’avoir suffisamment de jeux à son catalogue pour séduire les boutiques, et la traduction en est un bon moyen (même si en effet ce n’est pas le même investissement). D’un autre côté, les éditeurs qui peuvent complètement s’appuyer sur leur distributeur peuvent se concentrer sur le développement et bénéficient même parfois d’une certaine assurance (surtout s’ils ont été rachetés… ). Donc si le modèle évolue, c’est avant tout au niveau de la distribution, même si ça se répercute ensuite sur l’édition.
Pour ce qui est de la tétrachiée de jeux moisis, je me suis amusé à faire la liste des jeux IELLO sortis depuis janvier 2015 :
<li class="p1">Zack & Pack
<li class="p1">Alchimistes
<li class="p1">Pingo Pingo
<li class="p1">Compact Bowling
<li class="p1">Reliques & co
<li class="p1">Niet!
<li class="p1">Brick Party
<li class="p1">For Sale
<li class="p1">The Big Book of Madness
<li class="p1">Sheriff of Nottingham
<li class="p1">Star Realms
<li class="p1">Through the Ages
<li class="p1">Happy Pigs
<li class="p1">7 petits jeux dans la collection Mini Games (dont Welcome)
<li class="p1">des extensions pour Andor, Dungeon Fighter et Smash Up
Ça fait beaucoup, mais je ne pense pas qu'on ait vraiment à rougir de la qualité de l'ensemble…
Après, c’est pas forcément des jeux au goût de tout le monde, mais dans le tas, ya quand même Alchimistes et TTA…
Globalement, j’entends de plus en plus de « gros » joueurs dire qu’il y a de moins en moins de jeux pour eux. Je pense que c’est faux (il y en a même de plus en plus), mais qu’il y a par contre de plus en plus de jeux pas pour eux. Avec la progression du secteur, la proportion de jeux les concernant par rapport à l’ensemble de la production se réduit, ce qui peut donner l’impression qu’il y a moins de « gros » jeux…
sans compter que les « gros » sont aussi dans une fuite en avant vers toujours plus lourd/piontu/niche. Des jeux qui auraient convenu à certains il y a 2-3 ans se voient aujourd’hui rejetés par ces mêmes joueurs (ce n’est plus mon cas vu que j’ai à l’inverse décidé de faire marche arrière vers du plus léger mais je constate du coup le décalage)
sinon, ça mériterait un thread à part mais tant pis:
j’aime beaucoup la navette avec Crash (of) Games sur Yardmaster Express (pour ceux qui n’ont pas suivi: Yardmaster financé sur KS, repris par iello pour la VF/euro? qui le rethématise complètement en « Tout là-Haut » et voit son éditeur d’origine reprendre la rethématisation pour les US).
Je ne sais pas comment ça s’est fait, ni si c’est amené à se refaire, mais c’est une intégration de KS dans la chaîne tradi originale et intéressante…
Soit dit en passant c’est moi qui est parlé de sortir 30 jeux pour qu’il y en ai un qui marche… j’ai pas parlé de moisis!
J’explique : j’ose croire que l’éditeur qui sort 30 merdes au pif et qui sur un malentendu espère qu’une marche… ben il va se planter comme une merde !!!
Mon idée est plus de dire qu’il y a une stratégie qui consiste a sortir 30 jeux qui « paraissent de potentiels hits » et laisser les joueurs en transformer un en hit (investir sur le nombre de jeux sortis), et une autre qui veut qu’on en sorte que 2 par exemple en essayant de les transformer soit meme en hit (et investir a fond sur seulement ces deux la)…
J’ai une suffisamment haute estime du capital risque et des gens qui font ce métier pour que ma remarque soit un compliment (meme si certains pourraient effectivement y voir une critique)…
Iello tant que vous allez pas sur KS je trouve votre stratégie plutot pas mal (meme si perso c’est pas celle que j’aurais, et que je ne suis pas sur que ce soit la plus efficace, elle est tout a fait défendable tant qu’elle est assumée )…
PS : Ah et welcome here !!! Meme si on est pas d’accord sur tout (sifflote) j’aime bien débattre avec des gens pas d’accord Pas de bol la on est d’accord, mais ça durera pas j’en suis sur
EDIT : bon j’ai peut être fait un HS partiel éditeur/distri… j’en sais rien, suis la tete explosée… je relirais demain pour vérifier, si c’est le cas désolé d’avance
Ben tiens, je profite honteusement de la venue en ces lieux de Mattintheweb pour féliciter Iello. Je trouve que cet éditeur nous sors des jeux qui sont à même de satisfaire le plus grand nombre et toujours avec du matériel (graphisme et matos lui-même) de qualité. Je viens d’acheter les « Cochons Joyeux » et rien que le dépunchage était déjà du bonheur. Bon, reste plus qu’à faire une partie mais au vu de la TTV, je sais que ça va me plaire. Je passe pudiquement sous silence la VF de Star Realm, dont les futures extensions francisées sont d’ores et déjà sur ma liste d’achats prioritaires.
Et sinon aussi, c’est mieux de se logger avec un compte pour venir causer ici !
Puis-je apporter mon grain de sel?
Il y a une variable qui n’a été dîtes. Le côté éphémère des jeux. Je ne sais pas de votre côté, mais dans ma petite communauté nous avons de la difficulté à jouer deux fois au même jeux dans la même année. Il y a toujours, toute les semaines, un joueurs qui amène une nouveauté.
Personnellement, dans ma collection de 130 jeux environs, plus de la moitié de mes jeux n’ont été ouvert qu’une seule fois et environ 30 jeux n’ont jamais été jouer. J’ai donc considérablement ralenti l’achat de jeux. Certain KS comme Hegemonic ne sont même pas déballé.
Donc les maisons d’éditions n’ont pas le choix de renouveler leur banque de jeux tous les 6 mois ou presque, sinon c’est la mort. Donc dès l’instant qu’un jeu fonctionne, il s’accroche dessus et le sorte à toute les sauces. FFG à commencé cela avec la Seconde Éditions (Le même jeu que la première mais avec quelques corrections). Filo s’accroche à Pandémie, et tous le concept des licences à la Star Wars, Marvels, etc, etc… Certaines maison d’édition utilisent à outrance le financement participatif (Black Book par exemple) puisque le risque est beaucoup moins grand. On pré-vend et ensuite on produit. Donc pas, ou très peu de stock.
Le tous pour dire que c’est l’aspect éphémère (à mon avis) des jeux qui force les compagnies à adopter une stratégie marketing qui fonctionnent pour EUX. Les nombreuses tactiques ont été mentionné plus haut par Jean-Michel. Il a quand même bien résumé les différentes tactique marketing possible.
Par contre, a mon humble avis, la tactique la plus profitable à long terme est celle: « je vais bien finir par trouver un truc qui vend ». Les compagnie qui adopte cette tactique ont un réseau de distribution et se fit rarement au participatif. Ils impliquent les boutiques spécialisés et les multiples communautés de joueurs. Bref, à long terme c’est la tactique la plus rentable.
C’est pas faux. Même moi qui ne fait pas (encore) partie d’une association je me rend bien compte que régulièrement un jeu vient chasser l’intérêt porté au précédant. Perso je limite la casse, mais c’est sûr que j’ai aussi des jeux qui ne sont sortis qu’une fois.
Ça clairement, moi qui suis passé de 150 jeux à 10 en déménageant à l’autre bout du monde, j’ai vraiment redécouvert le plaisir de rejouer aux mêmes jeux et les approfondir, et c’est super cool en fait.
Moi autant en asso ou soirées jeux les jeux tournent, autant chez moi je revend ce qui ne sort pas une fois par an (sauf cas particulier) et j’ai donc une rotation assez faible au final (et de moins en moins d’achats… vu que je retrouve des sensations que j’ai déjà sur des jeux que j’aime)
Apres je ne suis pas si sur de ça :
Apres c’est « compliqué » avec les exemples que je vais vous citer mais Days of Wonder, Space Cowboy, Bombyx ou Ystari par exemple c’est peu de jeux mais quasi que des hits…
Je pense que les deux stratégies sont bonnes a condition de maitriser celle qu’on choisit… parce que par contre si on veut faire peu de jeux mais qu’on ne maitrise pas le sujet c’est direct le mur et idem avec beaucoup
Et je ne pense pas qu’une des deux soit plus facile que l’autre : tu prends Iello par exemple, tu pourrais te dire qu’ils ont moins a bosser que DoW qui lui doit absolument réussir un seul jeu… mais en vrai si ils sont mauvais et ne sortent que des navets ils vont couler la boite 3 fois plus vite! Il faut donc non seulement sortir X jeux par an, mais que tous soient suffisamment bons pour qu’avec un marketing minimaliste ils s’auto vendent au moins pour rentabiliser le travail d’édition et le tirage (vu que le “hit” c’est la marge)… Dis comme ça ça parrait simple hein, mais en vrai c’est peut être meme plus stressant que le DoW ou si ils font un bide tant pis, il feront mieux l’an prochain et ont les autres pour tenir…
). Donc si le modèle évolue, c’est avant tout au niveau de la distribution, même si ça se répercute ensuite sur l’édition.
)…