Jeux en financement participatif : la revue de la semaine du 21 février 2022


Nouveau changement de format pour la revue hebdo qui se cherche un peu en ce moment. Vu que j’ai passé l’essentiel des derniers jours à bailler, tousser et geindre (ouais, je suis un mec. C’est pas bientôt fini ces railleries sexistes ?^^)… tout en regardant mes deux monstres également remplis de coronavirus sans que ça leur en touche une… j’ai eu le loisir d’expérimenter.

Dit autrement : trop de projets s’en terminent pour mes capacités actuelles. Alors que, en même temps, retarder le tour des nouveautés rend l’exercice absurde puisque remplacées par de nouvelles nouveautés. On est mardi, et le mardi c’est jour des sorties.

Donc, inversons. Profitons de ma situation pour faire mieux. En commençant la semaine par regarder ce qui est venu titiller nos envies la précédente.



Votre coup de cœur

Earth

Jeu en français.
Sur Kickstarter jusqu’au 9 mars. On en discute.

Je suis toujours étonné de voir les joueurs commencer par comparer les jeux sur leurs mécaniques : ”C’est Terraforming Mars”. “Non comme Wingspan”. “Plutôt Ark Nova, non ?” Alors même que les expériences n’auront de toute évidence rien à voir. En particulier quand un jeu se roule dans le thème comme un goret dans la fange (mais si, c’est vendeur^^).

Dans ce jeu, vous devrez donc optimiser un écosystème. Mécaniquement, il s’agit d’une grille de 4 x 4 que vous allez remplir de cartes représentant des occupants potentiels (faune ou flore). En gros, la flore va vous servir de moteur de ressources / développement et la faune de bonus de fin de partie (et donc de comment orienter votre univers pour en profiter au mieux).

Le jeu est relativement accessible, il ne devrait vous poser aucun souci si vous avez déjà joué à un titre du même genre. On va dire au niveau de Terraforming Mars en complexité. Et ce alors que les mécaniques tiennent sur une carte à jouer :

  • vous choisissez une action parmi les quatre possibles (différenciées par un code couleur) : plantation (ajouter une ou deux cartes à votre tableau en payant leur coût), compostage (jetons terre et ajout de cartes au compost, utile pour payer ensuite des capacités), humidification (donne des ressources et/ou des PV), croissance (pioche des cartes et gagne des jetons croissance qui vaudront aussi des PV)
  • vous gagnez les ressources (cartes, compost, terre…) prévues pour cette action
  • les autres joueurs empochent le “lot de consolation” de cette action
  • puis vous allez activer toutes les cartes de votre île ayant un effet de la même couleur dans l’ordre de pose (du haut à gauche jusqu’au bas à droite). Et donc piocher, affiner votre main, gagner des ressources etc. S’y ajoutent des cartes multicolores (activables avec trois des quatre actions).

J’aime beaucoup la rejouabilité apportée par les trois conditions de départ (quelle île -conditions, ressources et cartes, de départ-, quel climat -action particulière-, quel écosystème -scoring individualisé). Mais aussi par les conditions de victoire et scoring, différents à chaque partie. Même si leur importance relative reste à vérifier dans ce jeu où on score tout de même un peu dans tous les sens.


J’aime beaucoup les jeux où tout le monde participe aux tours de chacun. Et, ici, les effets de “consolation” sont tout sauf négligeables. Pas de temps morts à l’horizon. Par contre, beaucoup de calcul et d’options en permanence qui font que chacun développe un peu dans son coin son petit “moteur”. Si vous aimez quand ça discute, passez à autre chose.

C’est très joliment réalisé. Pour une fois, l’utilisation de photos ne semble pas horrible (un peu de prudence tout de même : ça rendra probablement moins bien une fois imprimé et étalé sur votre table). Les règles sont très accessibles même si l’optimisation de ce joli bousin peut vite devenir bien tendue. C’est assez rapide (moins d’une heure). Et on optimise en permanence (ou on fait semblant, difficile à dire sans plus de parties).

Mais cela se fait au détriment de toute forme d’interaction. Et certains tours peuvent tout de même trainer un peu avec des effets, échanges de ressources en pagaille. Avec tout de même beaucoup de manipulations. Et tellement de possibilités de scoring qu’on peut s’interroger sur la pertinence du choix.

Pour amateurs de scores fleuves avec des ressources très peu limitées. Vous ne pourrez pas tout faire. Vous vous retrouverez même parfois dans des impasses frustrantes. Et si je devais comparer à un jeu, ce serait plutôt avec It’s a Wonderfull World pour la possibilité de réaliser des chaînages de ressources pour alimenter l’effet suivant et ainsi de suite. Sans que le système soit ici aussi exigeant dans la planification du chaînage ni « punitif » quand il connait un « couac ».


Une belle surprise en tout cas. Avec une partie en ligne à mon actif (et je rappelle que je déteste cela), je serais bien incapable de juger de son intérêt réel. Mais il m’a en tout cas, comme à beaucoup, donné envie d’en voir plus. D’autant que le tarif incite à ne pas attendre.



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Les autres sorties de la semaine


Dice Throne Adventure

Jeu en français.
Sur Game On Tabletop jusqu’au 1er mars. La campagne. On en discute.

Sur Cwowd, on n’a jamais caché notre amour de ce jeu. Depuis le premier opus, alors qu’il n’était pas encore passé chez Roxley Games. Et donc encore plus depuis qu’il est passé chez la canadien champion de l’esthétique (Brass: Birmingham et Lancashire, Santorini ou le tout récent carton Radlands). L’ajout d’une version française, localisée par Lucky Duck Games, en fait clairement une des références incontournables du jeu d’affrontement pour deux (voire plus mais pensez surtout “deux joueurs”).

Certes, le tarif est élevé pour un petit jeu de dés + cartes dérivé du Yams; surtout quand on trouve en boutique, pour moins de 25 €, des packs composés de deux combattants. Mais l’affaire reste correcte puisqu’on sait tous parfaitement que si vous mettez le doigt dedans, vous finirez par prendre les packs les uns après les autres. Tous ceux qui ont goûté ainsi des jeux plus ou moins à collectionner savent que la facture à l’arrivée n’a pas grand chose à voir avec le tarif du petit pack qui nous a appâté.

Cette saison deux reprend la bonne recette de la première saison (et notamment le système de rangement qui permet une installation en 30 secondes) appliquée à une brochette de nouveaux héros différents. Et, à mon avis, plus réussis dans l’ensemble, plus différenciés encore dans leurs mécaniques.


Je ne serai pas aussi euphorique sur la déclinaison coopérative. Si tu aimes les dungeons crawlers et autres jeux d’aventure, tu seras globalement déçu. C’est terriblement basique, plus basique même qu’un Masmorra qui, à mon avis, remplit bien mieux son rôle de porte ouverte sur l’univers des jeux d’exploration de donjon.

Ceci dit, je ne ressens pas le besoin de faire vivre les héros en dehors des parties de Dice Throne. Je n’ai même pas la capacité de comprendre l’intérêt de “pouvoir apprendre à maîtriser ses persos”… Qui ressemble plus, à mes yeux, à une tentative de réassurance face à une grosse boîte qui ne sort peut-être pas aussi souvent que certains le voudraient leur étagère. Si c’est le cas, ne pledgez pas ! Tout le monde n’a pas le besoin ou l’envie d’un jeu d’affrontement de ce type.


Un mot, enfin, sur la qualité des traductions, Lucky Duck ayant été pas mal pointé du doigt récemment (pour le très narratif Sleeping Gods qui semble poser de gros soucis) : ils ne sont pas parfaits mais pour la plupart de leur catalogue (donc pas des jeux chargés en narratif, en texte), les erreurs sont anecdotiques. Ce serait mieux sans. Il serait bien qu’ils fassent l’effort nécessaire pour que ce soit plus rare. Mais ça ne pose généralement pas non plus de souci majeur.



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Kingdoms Forlorn

Sur Kickstarter jusqu’au 8 mars.
On en discute. Sa campagne.

Derrière un écran de novlangue bien fumeuse, l’éditeur nous propose un semi-coop nécessitant la présence de quatre personnages. Pour tous ceux qui, comme moi^^, ont pensé solo en lisant solopératif, vous pouvez oublier : cette notion de coopération incomplète favorise clairement le jeu avec d’autres vrais gens (en supposant que jouer quatre persos ne vous fasse pas peur et/ou soit possible).

Si vous avez l’impression de voir une refonte de Dark Souls, vous n’êtes pas le seul. Niveau gameplay, il vient concurrencer des jeux comme Oathsworn ou Primal: The Awakening. En gros : les jeux qui s’inspirent de la partie « boss fight » de Kingdom Death : Monster.


Des chevaliers (quatre) d’une geste arthurienne alternative, très sombre (mais pas non plus le même sombre que Tainted Grail) qui parcourent la région de long en large pour aller se fighter tout ce qui se présente. En très très résumé.

Et, évidemment, très partial aussi. Parce que le jeu est encore en développement. Qu’il oblige à avoir 4 héros (et dans un jeu aussi touffu, n’imaginez pas tout gérer seul). Que le narratif semble envahissant (et qui dit semi-coop dit de la lecture dans son coin, toujours ennuyeux). Que, s’il est essentiellement centré sur son boss fight tactique, cela se fait après une obligatoire phase d’exploration distincte (qui rappelle un peu Harakiri par l’utilisation de deux « échelles » différentes : exploration à grande échelle puis zoom sur le combat et on dézoome pour recommencer). Que l’adaptation des boss au niveau des héros pose (en l’état) plus de questions qu’elle ne rassure…

Il y a tout de même plein de bonnes choses, hein. Comme gagner en puissance quand on accumule les dégâts (bon, OK, perso je ne comprend pas cette logique très berserk). Comme un vrai solo… promis, seulement, pour l’instant (edit : les premiers éléments de réponse ouvrent la voie à l’optimisme mais c’est encore très incomplet). Ou le système de combat qui semble, en effet, très bien foutu. Et la phase d’exploration, sous ses apparences de collection de jetons, se révèle finalement intéressante.


Solopératif… Rien que pour essayer de nous vendre ce genre de niaiserie, ils mériteraient d’être punis. On est de toute évidence face à un des titres du genre le moins praticable en solo. Ca et le retard pris dans la livraison du précédent et seul projet de l’éditeur, Aeon Trespass: Odyssey.



Bloc by Bloc: Uprising

Sur Kickstarter jusqu’au 4 mars.
On en discute. Sa campagne.

Au-delà du thème, forcément clivant, de l’insurrection urbaine, un coopératif mécaniquement très classique. Mais pour un jeu qui a vocation à être partagé avec des non-joueurs, c’est tout aussi bien.

Pour avoir testé la précédente édition, les “habitués” ne seront par contre pas excités par la difficulté, là aussi orientée “tout” public : le deck des forces de l’ordre chargées de ramener le calme que vous affrontez dans ce jeu est d’une faiblesse inexcusable. Était, en tout cas. Sinon, espérez que cette troisième édition parvienne enfin à rendre le défi intéressant, au moins en semi-coop, pour un joueur régulier. Soyons réalistes, c’est surtout le thème qui vous convaincra ou vous fera refermer au plus vite l’onglet. Dans cet optique, c’est réussi et sans sombrer dans le dogmatisme ou la propagande.



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Tindaya. J’étais très intrigué à l’idée d’un jeu se passant aux Canaris envahis par les Conquistadores au 15ème siècle. Tindaya s’est arrêté à mi-chemin : c’est en fait un jeu de survie dans lequel l'envahisseur n’est qu'un des problèmes du peuple dont vous avez la responsabilité, une des façons dont s'exprime la colère des divinités locales (et pas forcément la plus pressante facer aux tsunamis et éruptions, qui menacent...).

Vous êtes donc là pour, en coop ou semi-coop (mauvais point, fallait choisir) anticiper ces catastrophes via des offrandes qui permettront de savoir quoi, où et quand. Et en faisant au mieux avec les territoires qui se volcanisent et donc des ressources qui vont en diminuant (sauf la pierre eh eh). De toute façon, vous seriez pénalisé si vous utilisez trop de ressources.

On en restera donc à nous plonger quelques instants dans un peuple animiste dépendant de son lien étroit avec la nature et sa capacité à comprendre ses messages déifiés. Ainsi qu’à faire avec des ressources limitées, et de plus en plus limitées, dans un monde où chacune de nos actions va impacter les autres joueurs.

Si vous aimez le thème, pourquoi ne pas jouer à Spirit Island ? Si c’est l’aspect coop, survie avec un espace qui se réduit à chaque catastrophe, la seconde édition de Atlantis Rising est une très belle réussite.

Jeu en français. Sur Kickstarter jusqu’au 7 mars. On en discute.



Trinity of Reign. Après une première tentative loupée, le projet est cette fois financé. Même si de façon très modeste (il n’atteindra probablement pas les 1000 souscripteurs). Pour un primo-éditeur qui débarque avec un jeu de conquête / territoires agrémenté de pitous en plastique (on va dire des pions, inutile d’en attendre plus) disponible en autant de langues que de jours dans la semaine... Pas non plus de baignade interdite mais on navigue ici dans des eaux peu balisées. Un gros coup de chapeau pour les cités miniatures qu’on remplit peu à peu de bâtiments. Totalement surproduit, probablement une belle épine dans le pied de l’éditeur mais bel effet. Jeu en français. Sur Kickstarter jusqu'au 9 March. La page KS.


Sum8. Une variation intéressante des classiques dominos. Très élégante. Sur Kickstarter jusqu'au 22 mars. La page KS.


Retrograde. Roll and write rétro gaming (Space Invaders) dont on suivra le reboot (ou pas, c’est vous qui voyez) : pas euro-friendly, le jeu coûtera moins cher que les frais de dossier d’importation à la livraison. Sur Kickstarter jusqu’au 12 mars. La page KS.


Quatermain: Deck-Building Adventures. Se termine le 18 mars. Son financement.

Scriptoria. Jeu en français. Se termine le 5 mars. On en discute.

D-Day to the Rhine 1944. Se termine le 5 mars. Son financement.



Et ce sera tout pour aujourd’hui. Pour la suite, avec les projets se terminant, c’est par là : https://www.cwowd.com/jeux-en-financement-participatif-la-revue-de-la-semaine-20220223/

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Bonsoir. Il y a aussi le jeu Ahau qui a démarré sur KS cet après midi https://apeiron.games/.
Pour un 1er jeu c’est assez réussi je trouve. Merci encore pour votre publication ! Guillaume

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https://www.kickstarter.com/projects/apeirongames/ahau-rulers-of-yucatan

Avec une grosse pointure en qualité de consultant : David S. Anderson | Radford University - Academia.edu

Je viens de créer le sujet : Ahau Rulers of Yucatan - jusqu'au 18 mars

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Petite typo, mais je sais pas sur lequel des deux :grin:

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oops

la flore va vous servir de moteur de ressources / développement et la faune de bonus de fin de partie

C’est moi qui suis étonné d’une telle certitude sur l’expérience de jeu d’un produit qui n’est pas actuellement sur la table alors que le factuel des mécaniques des règles publiées est un élément plus tangible pour faire des comparaisons.

dispo sur TTS, hein. Autant ce n’est pas l’idéal, en particulier pour juger une expérience, autant jauger les mécaniques, ça ne pose aucun problème (au passage, les certitudes, vu le nombres de questions que je soulève…^^)

Comme si le cerveau était capable de réellement prendre des décisions à partir d’éléments aussi peu parlant que des comparaisons de règles :wink: Si c’était le cas, nos ludos seraient pleins moins pleines :smiley:

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:joy:

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Toute la différence entre commencer par comparer et finir en comparant :wink:

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Ça m’a juste fait sourire :wink:

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Seconde partie en ligne, avec les projets se terminant.

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Ah!! Y a un paragraphe pour l’Atlas des explorateurs !! :partying_face::partying_face::partying_face:
Mon 1er et seul projet backé en 2022 malgré les assauts de toutes part depuis le début de l’année…

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L’analyse de Rolling Heights n’est plus à jour, quelques KSE ont été ajoutés pour peser dans la balance (du gameplay, 2x5 tuiles) :wink:

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Exact. C’était tellement inintéressant que je les ai oubliées… J’ai fait mon deuil de ce pledge depuis un moment :frowning:

Pour Astro Knights, il le semble avoir lu confirmation d’une future VF par @froh .

Pour le coup, non, la flore sert effectivement de moteur, la faune ce sont les objectifs en cours de partie et c’est l’écosystème qui sert de bonus de fin de partie :wink:

A la Beaujoire donc ? :grimacing: :wink:

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