L'image de la femme dans la société (... sujet sans boobs)

Merci Zythum d’apporter le point de vue du corps médical. C’est aussi très intéressant de voir votre ressenti et honnêtement, je pense que depuis la vague #metoo, il vous faut redoubler de vigilance dans vos pratiques. Cela vaut pour nous aussi par ailleurs ; typiquement, lors de ma dernière formation, la question est revenue de savoir si un homme avait le droit de palper une femme (entendre par là ; effectuer une palpation de sécurité).

Concernant l’affaire que j’ai évoqué, je précise qu’elle était antérieure à 2018, donc avant la vague de libération de la parole. Peut-être est-ce aussi pour cela que cette jeune femme était si hésitante, à cette époque où la parole sur le sujet était moins libre.

J’aimerai vous donnez les suites de cette affaire mais malheureusement, je ne les ai pas ; c’était ma binôme qui était directrice d’enquête sur ce dossier, moi je n’ai fait que des assistances, notamment pour l’interpellation et la perquisition du cabinet médical (avec la Procureur bien évidemment, secret médical oblige ! :wink:). Je me souviens qu’il a été déféré à l’issue de sa garde à vue mais je ne sais pas si il a au final été condamné.

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C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de peut-être préciser quelque chose qui je crois n’a pas encore été abordé ici : la différence entre la notion juridique de viol et la notion qu’on dira faute de mieux psychotraumatique.

La définition juridique du viol est claire (cf plus haut). Celle d’agression sexuelle aussi. Nous (médecins) utilisons d’ailleurs couramment ces définitions, ne serait-ce que pour informer les patient(e)s de la qualification juridique probable des faits s’ils se décident à porter plainte.

Mais la définition psychotraumatique, pour nous plus utile/opérationnelle finalement, ce qui en constitue la quintessence et donc la gravité, approcherait finalement de ceci (c’est moi qui la définit ainsi en synthèse de beaucoup, beaucoup de littérature): c’est le fait d’avoir été réifié, réduit par l’autre à l’état de pur instrument pour la jouissance sexuelle de l’agresseur, sans considération pour sa volonté propre.
Dit autrement, c’est faire fi de l’impératif kantien: toujours considérer l’autre comme une fin en soi, jamais comme un moyen.

Cela entraîne deux choses : la première, c’est que psychiquement, à cette aune, la différence entre agression sexuelle et viol est dérisoire, les deux étant confondues et d’égale gravité potentielle en terme de dégâts psychiques. Alors que la justice continue d’y voir une différence, pas si évidente du point de vue du thérapeute (et de la victime).
La deuxième conséquence à cette définition, on le voit bien, c’est qu’il existe tout un tas d’atteintes du corps qui juridiquement pourraient bien être qualifiées de viol (le cas du médecin brutal réalisant un TV ou un TR sans consentement explicite ou sans ménagement) mais n’en sont pas vraiment : il manque cette jouissance d’instrumentaliser l’autre. Ça en fait d’authentiques violences, condamnables largement, mais qui n’auront pas en elles-mêmes le même effet de « délabrement psychique ».

Être la victime d’un praticien méchant et brutal, ça laisse un mauvais souvenir, qui à l’extrême peut être traumatique d’ailleurs (c’est le cas de nombre de procédures médicales et autres passages en réa : 20% de risque de déclencher un stress post-traumatique, en gros). Mais la probabilité d’induire un tel traumatisme est bien inférieure à celle déclenchée par une authentique agression sexuelle (70 à 80%, en gros). Ce qui tendrait à montrer qu’on n’est bien pas du tout dans le même registre.

Il faut dénoncer et condamner fermement ces violences médicales. Il faut en faire la prévention à la fac de médecine. Mais je ne suis pas sûr que les qualifier de viols (je comprends bien le raccourci médiatique, pour fans de l’oiseau bleu, et l’effet d’impact) soit juste au plan de ce qui se passe dans le cerveau des victimes…

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Merci à @sucrette d’apporter un éclairagesur les rouages obscurs de notre pays, et à @zythum et @uphir d’exprimer aussi bien leurs idées

Fort « heureusement » les gynécologues qui m’ont examinés l’ont fait dans des circonstances « classiques ». Vous remarquerez les guillemets à « heureusement » car même s’il ne m’est rien arrivé de traumatisant, j’ai pris conscience progressivement que malgré tout il y a eu disons des « maladresses », un manque de considération, telles que celles que j’ai pu lire dans des témoignages sur les violences gynécologiques : comme ne pas essayer de réchauffer dans sa main ou sous une lampe le spéculum en métal ( ou en avoir un en plastique), le laisser en position pour aller répondre au téléphone ( au moins 5 minutes), laisser en « plan » sa patiente sur la table d’examen et quitter la pièce sans la prévenir tout en laissant la porte d’en face qui donne dur la salle d’attente entrouverte, et aussi, ne pas me proposer de se dévêtir uniquement du haut, puis uniquement du bas selon l’examen nécessaire. J’ai lu quelque part, mais je ne sais plus où, que dans d’autres pays européens, on ne demande jamais à une patiente de se dévêtir entièrement, ou alors on lui propose une couverture ou autre pour se couvrir les parties du corps non concernées par l’examen en cours.
Maintenant tout va bien, j’ai trouvé une personne qui me prévient à chaque fois, demande mon consentement ( c’était la première fois il y a 4 ans !), etc.

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Ça, par contre, désormais, c’est bel et bien enseigné de façon systématique aux étudiants en médecine depuis une dizaine d’années environ.
Les médecins sortis de la fac avant, en revanche, ça dépendra de leurs lectures et formations individuelles en effet…

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Pour mon épouse en salle d’accouchement l’année dernière, les deux sage femmes qui s’occupaient d’elle (la personne en poste accompagnée d’une « stagiaire ») demandaient systématiquement son autorisation avant de la toucher.

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Heu… Il n’y a pas d’internes chez les sages-femmes (l’interne est un médecin, si tu vois l’interne d’obstétrique en salle d’ac c’est que la grossesse nécessite un avis médical, qu’il y a quelque chose de pathologique).
Donc il y avait la sage-femme senior en poste (c’est une obligation en salle d’ac, chaque parturiente a une sage-femme responsable) et l’étudiante sage-femme.

Et sinon oui, maintenant ce genre de choses n’arrive plus et heureusement. Le consentement à ce type de procédure est systématiquement recueilli.

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Merci des précisions, je t’avoue qu’on a vu tellement de monde que je me souviens plus très bien du rôle exact de chacun(e). Effectivement au départ je pensais qu’il y avait la sage femme en poste et une stagiaire, et après y a je sais plus quoi qui m’a embrouillé ^^ Ce que j’essayais de dire c’est qu’elles avaient l’air jeunes toutes les deux, donc formées « récemment » (on va dire dans les 10 dernières années).

Et en parlant de consentement, je crois qu’on aurait même pu dire non à la présence de la stagiaire si ça avait mis mon épouse mal à l’aise.

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La parturiente c’est ta conjointe :wink:.
Et c’est vrai qu’on s’y perd vite sans badge :slightly_smiling_face:

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Oula bon il est temps que j’arrête d’essayer d’utiliser des mots compliqués dans un domaine que je ne connais pas. :(( merci!

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Franchement le fil est super propre ; je pense qu’il n’est pas idiot que tout le monde s’en mêle. Même, ce serait bien.
J’étais plutôt off pdt qqs jours et j’ai eu du mal à tout lire, mais c’est franchement pas mal du tout ce qui s’est écrit ici :slight_smile:

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Je ne peux qu’être d’accord. Bravo et merci tout le monde.

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Infos d’hier, encore une affaire à analyser pour les intéressés :
Star de YouTube, Léo Grasset est mis en cause par plusieurs femmes | Mediapart.
Bon, sinon l’article peut se trouver sur Reddit

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Des bails connus dans le milieu depuis quelques années déjà. En voilà un autre qui était déjà connu pour être un prédateur, et dont les femmes vidéastes ont su assez rapidement après ces faits, qu’il fallait l’éviter.

Après, je n’ai jamais vraiment senti ce mec, il parlait énormément de cul dans ses vidéos, en a fait une notamment, sur l’orgasme féminin, pas mal de pink washing aussi. La vidéo d’itw est assez difficile à regarder (l’article aussi)… En plus, bon, je connais une des victimes personnellement.

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Ce n’est pas le premier youtubeur mis en cause dans ce genre d’affaires et ce qui me surprend à chaque fois, c’est qu’au final on retrouve souvent le même mode opératoire que chez les acteurs ou les politiques (c’est à dire l’utilisation de l’influence, de la notoriété, pour amener la victime là où il le souhaite et/ou la « museler »). Pourtant, et c’est probablement mon côté vieux c…, même avec des millions de vue, je n’arrive pas à percevoir les youtubeurs comme des « puissants » (à défaut de meilleure dénomination).

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Pareil j’arrive pas a comprendre aussi

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Question d’âge et de représentation je pense… Il est possible que pour un millenial, voir un youtubeur mette des paillettes dans les yeux.
Alors que je continue à trouver ça globalement pas ouf. Je sais que ça nécessite des compétences, hein, et que ça peut être un « métier »… Mais j’attends encore le talent. Les meilleurs sont au niveau du stand up, quoi, pour ce qui est de l’humour. Mais globalement c’est confondant de médiocrité, et particulièrement les « vulgarisateurs » de tout poil. Typiquement le mec dont on parle avec sa chaîne de « dirty biology » là, bah, j’avais regardé quelques fois, franchement c’est niveau d’un exposé de lycée quoi. Cherche talent désespérément…

MAIS j’ai pas grandi avec ça. Ça doit tout changer.

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même ressenti.
l’attraction qu’eprouvent certaines personnes pour les gens de pouvoir (les ‹ puissants ›) bascule de plus en plus sur les gens ayant de la notoriété. je crois qu’à l’attirance pour le pouvoir s’ajoute la recherche de modèle, de surcroît avec un ‹ ideal › accessible (et oui… quels modèles :cry:)

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On ne les appelle pas « influenceurs » pour rien ^^

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Léo Grasset était LE faiseur de Roi dans le petit monde de la vulgarisation YouTube. Première chaine à dépasser le million d’abonnés dans ce milieu. Ensuite, il a lancé pas mal de gens en en faisant la promotion, bref, il avait son petit pouvoir. Je parle au passé mais allez savoir, il aura peut être encore un public.

Après, je suis pas vraiment d’accord avec un message au dessus, disant que la vulga YouTube est de niveau collège. Il y a énormément de chaines de qualité, science étonnante, Scilabus, Nota Bene, Histony, Patchwork… Je travaille dans ce milieu sans en dire beaucoup plus, et bosser sur un script peut me prendre des mois, entre la revue de littérature, la recherche de l’angle, l’écriture… Après oui, quelqu’un qui travaille seul sur sa chaine, aura beaucoup plus de mal à monter en qualité, notamment si il en vit, parce que YouTube impose un rythme de production pour la visibilité.

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Moi Nota Bene j’arrive pas a le prendre au sérieux. Peut être a cause de certaines approximations et aussi a ses blagues plus que foireuses a longueur de vidéo qui font passer celles des films Marvel pour du haut level.

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