Vu F1, film réalisé par Joseph Kosinski et produit par Jerry Bruckheimer, soit le duo auquel on doit le blockbuster Top Gun 2 (et ce n’est pas sans influence !).
Avant de vous livrer mon retour (de circuit), un petit préambule qui me paraît utile.
Tout d’abord, dans les années 90, j’ai longtemps été assez fan de ce sport. C’était l’époque des Senna, Prost, Mansell… des débuts de Schumi aussi. C’était le dimanche sur TF1 et c’était plutôt chouette avant qu’ils n’introduisent cette p… de règle autorisant les ravitaillements qui a rendu la compétition très chiante par la suite. C’était aussi l’époque de l’excellent Formule Dé (chez Ludodélire), dont je possédais tous les circuits, et avec lequel on refaisait le championnat avec les potes chaque week-end de GP. Par la suite, j’ai complètement décroché… même si j’ai regardé plus récemment une ou deux saisons de F1 : Pilotes de leur destin sur Netflix, série documentaire qui permet de suivre une année de compétition depuis les coulisses, avec ses drames, ses enjeux financiers et sportifs, qui se jouent dans le paddock plutôt que sur la piste (et c’est vrai que pour les séries sportives, ils savent faire Netflix !).
Ce qui m’amène à mon deuxième point ; j’adore les « drames sportifs », que ce soit sous forme de docufictions (The Last Dance, Last Chance U, QB #1, etc.), de films (la saga Rocky, Invictus -même si l’on est plutôt sur une fresque politique-, Million Dollar Baby ou, le must pour moi qui suis fan de football américain, Any Given Sunday), ou même encore de shonens consacrés au sport (difficile de ne pas citer Olive & Tom -Captain Tsubasa pour les puristes- qui a marqué mon enfance, ou plus près de nous Eyeshield 21).
Bref, vous l’aurez compris ; j’aime le sport (même automobile) et j’aime quand il est mis en valeur par le récit ! Donc j’avais toutes les prédispositions pour aimer ce F1. Et sans surprise, j’ai bien aimé… même si le film n’est pas sans défaut.
Tout d’abord, quelques mots sur le scénario… qui est un classique en la matière. Une vieille gloire casse-cou et loup solitaire doit faire équipe avec un jeune plein de talents mais qui a encore tout à prouver pour réussir une mission impossible ; détruire un site de missiles inaccessible… oups… non !? … sauver une écurie de formule 1 au bord de la faillite ! Bien évidemment, le « jeune » pense que le « vieux » est un gros has been prétentieux et le « vieux » tente d’inculquer un peu de sagesse au jeune pour qu’il devienne un « grand ». Je me doute que vous avez déjà la fin !
Le briscard qui donne la leçon au rookie mais qui apprendra aussi de lui, on connait la chanson. On pense à Clint Eastwood et Hilary Swank (Million Dollar Baby) ou à Al Pacino et Jamie Fox (Any Given Sunday)… ou même à Flash McQueen et Doc Hudson (Cars) pour rester dans l’univers du sport auto. La recette est archi connue mais elle fonctionne…
… et elle fonctionne ici aussi notamment grâce au casting que j’ai trouvé plutôt bon. Brad Pitt joue bien (ce n’est pas vraiment une surprise) mais Damson Idris lui donne très bien la réplique. Javier Bardem est excellent, et dans cet univers très masculin, j’ai trouvé que Kerry Condon incarnait une directrice technique tout à fait crédible. Les acteurs sont bons… avec le peu qu’on leur donne (j’y reviendrai dans les défauts).
Bien évidemment, le visuel est juste fabuleux ! Tourné durant la saison de formule 1 2023 (et 2024) avec le concours de la FIA et la supervision de Lewis Hamilton (septuple champion du monde), le film est une publicité géante pour la discipline. Les véritables circuits, les véritables pilotes (que l’on aperçoit régulièrement même s’ils n’interviennent pas directement à l’écran), les véritables voitures, quelques personnages emblématiques du circuit (Toto Wolf, Günther Steiner…), donnent à l’ensemble une incroyable immersion (et les fans apprécieront).
Et si Kosinski avait démontré son talent à mettre en valeur la vitesse et l’agilité d’un F-18, il renouvelle ici l’exploit avec les monoplaces lancées à plus de 300 km/h sur la piste. Les scènes de course sont juste hallucinantes ; on a réellement la sensation d’être dans le baquet, derrière le volant ! « On » tremble lorsque « l’on » se fait serrer contre un muret par un concurrent, « on » se tasse dans son siège quand « on » mord sur un vibreur… et « on » serre les dents quand survient l’inévitable touchette et que « l’on » part à la faute.
Non, vraiment, c’est « organique », viscéral, et si vous aimez la discipline, il faut aller le voir juste pour cela ! Bien sûr, le but étant de faire dans l’épique et de sublimer ce sport, certaines scènes sont improbables (notamment le duel final où trois monoplaces roulent quasi côte-à-côte, ce qui n’arrive quasiment jamais !) mais c’est tellement spectaculaire que l’on pardonne aisément. En fait, j’aurai tendance à dire que la publicité est tellement belle que l’on risque d’être déçu devant un vrai grand prix après ça. 
J’ajouterai que le film n’oublie pas que la F1 est aussi un véritable sport d’équipe (les cuts sur les arrêts au stand soulignent l’importance de ce moment tout en donnant une impression de vitesse sublime) et d’ingénierie (les scènes en soufflerie). Tout le monde est magnifié, du plus modeste mécano au grand patron d’écurie.
Dernier point (positif), la musique de Hans Zimmer. Après Dune, cela fait deux BO où il me « surprend ». Pas de cuivre martial et pompeux, mais un thème principal au synthé qui change de son style habituel, qui colle assez bien à l’action, et qui n’est pas sans rappeler le cinéma d’action des années 80. Sans être inoubliable, il sonne juste.
Maintenant, côté défauts, car il y en a quand même quelques uns…
Je ne reviens pas sur le scénario vraiment très (trop) classique. L’intrigue secondaire (le méchant membre du comité qui veut l’échec de l’écurie pour la racheter à pas cher et dégager le patron actuel) n’apporte pas grand chose d’utile, voir étire inutilement l’action.
Je ne reviens pas non plus sur les scénarios de course, toujours palpitants avec de multiples rebondissements. Si tous les grands prix étaient aussi excitants, je suivrai sans doute toujours assidument la formule 1 ! 
Non, pour moi, le plus gros défaut c’est au final la faiblesse d’écriture des personnages. Les acteurs sont bons, je le redis, mais les personnages sont trop « survolés » pour laisser la place à la course. Ils ont peu d’évolutions et (trop) peu de faiblesses. J’ai parfois eu l’impression d’être face à des personnages de dessin animé, avec des caractères très exagérés afin que l’on puisse bien les identifier. Typiquement la mécano maladroite (qui deviendra l’élément moteur sur les pit stop) dont on aurait envie d’apprécier la progression mais dont le parcours est expédié en quelques plans.
A trop vouloir mettre en avant les belles carrosseries, on en oublie la complexe mécanique humaine derrière ! Les personnages sont cools mais il est difficile de véritablement s’y attacher !
Malgré tout, F1 reste un divertissement très efficace. J’ai passé un très bon moment. Mon fils aussi. Et même si la recette est facile, le goût est plaisant. 
Dernier petit mot : j’ai lu / entendu pas mal de critiques qui expliquaient qu’il n’y avait pas besoin d’être connaisseur de F1 pour apprécier. C’est vrai, on peut apprécier le spectacle sans jamais avoir vu de grand prix ! En revanche, il y a quelques subtilités, notamment en matière de stratégie de course et d’exploitation du règlement, qui peuvent parfois gêner à la compréhension de l’action sur la piste. Un peu comme certaines actions d’Any Given Sunday peuvent paraître incompréhensibles si l’on ne connait pas un minimum les règles du foot US. Soyez prévenus ! 