Aeon Trespass: Oddyssey c’est vachement bien

Petit retour sur Aeon Trespass: Oddyssey après une trentaine d’heures de jeu.

TL;DR: c’est vachement bien.

Avant-propos:
J’écris ce retour après une quarantaine de tours de jeu sur les 80 que compte la première campagne de la core box.
J’ai pas mal joué à Kingdom Death Monster, et les deux jeux partagent tellement de points communs que je les comparerai régulièrement dans cette review.

Généralités
À l’ouverture de la boîte on ne peut que s’émerveiller devant la qualité du matos. Elle contient pléthore de cartes et de tuiles toutes superbement illustrées. Les figurines sont aussi superbes. La grande différence entre KDM et AT:O réside dans le fait qu’elles sont déjà prémontées et qu’elles sont moins détaillées.
La boîte s’accompagne d’un livret de règles de 80 pages, ainsi que de trois livrets de campagne et d’un tutoriel d’une trentaine de pages.


l’image n’est pas de moi, mais donne une petite idée du bébé.

Le jeu
Le tutoriel est plutôt bien fait: il guide le groupe sur les six premiers tours de jeu et introduit les règles de base de façon progressive.
Je joue au jeu en solo. Disons le tout de suite, je suis sûr qu’il trouve tout son sel en groupe mais le niveau d’anglais requis et assez élevé. Je n’ai malheureusement pas les joueurs pour m’accompagner.

Un des points forts de AT:O c’est sa narration : là où KDM esquisse un univers par petites touches narratives, ici on a vraiment une histoire scriptée qui se déroule.
Le pitch de départ: le jeu se déroule dans une Grèce mythologique juste après qu’un cataclysme a annihilé les dieux de l’Olympe. Les humains qui ont survécus doivent maintenant subir les assauts constants de monstres primordiaux.
Les joueurs incarnent des Argonautes amnésiques qui se réveillent à bord d’un bateau-ville gigantesque. Mais à peine ont-ils eu le temps de comprendre ce qu’il se passe que le bateau est attaqué par un monstre primordial démesuré. Heureusement, les joueurs possèdent un talent hors du commun: ils peuvent contrôler mentalement des Titans qui se battront à leur place.


L’Hekaton, le premier Primordial qu’on affronte entouré de quelques Titans (qui sont censés être eux-mêmes gigantesques; ça laisse imaginer la taille du Primordial.)

Le combat:
Il est TRES inspiré de KDM. Après avoir installé des éléments de décor sur le plateau, on alterne les tours de combat du Primordial puis des Titans.
Comme dans KDM, le monstre agit grâce à un paquet de carte d’Intelligence Artificielle: la carte piochée indique la cible de l’attaque parmi les joueurs ainsi que la puissance de l’attaque.


Sur cette exemple, comme dans KDM, on détermine d’abord le joueur qui sera ciblé par l’attaque, puis l’attaque en question (mouvement et dégâts). En haut à droite, on peut voir le nombre de dés d’esquive que le joueur doit lancer ainsi que le seuil à faire sur 1d10 pour esquiver. On voit aussi qu’après avoir attaqué, le monstre agit encore: il peut alors piétiner le joueur, le mettre KO, - ou bien encore l’envoyer valdinguer à l’autre bout du plateau)

Le joueur ciblé va ensuite tenter un jet d’esquive. Toute attaque qui n’a pas été esquivée inflige des dégâts.
La première grande différence entre AO:T et KDM est le fait que les joueurs ont un potentiel de 9 points de relance par combat. On peut utiliser un point pour relancer un dé, mais si ce potentiel dépasse les 9 points, le Titan devient hors de contrôle et meurt.
La seconde différence est le fait qu’à chaque fois qu’un Titan prend des dégâts, il va piocher un trauma dans la pioche correspondant à la gravité de la blessure. Les cartes piochées sont bien moins violentes que dans KDM, on peut mourir sur le coup, mais on peut surtout y gagner des bonus (par exemple, on peut obtenir une attaque gratuite).

Une fois le tour du primordial fini les joueurs vont chercher à l’attaquer. Comme dans KDM, les persos ont une action d’attaque et une action de déplacement. Selon l’arme utilisée par le joueur, il/elle lancera un certain nombre de dés pour savoir si il touche le monstre. Dans le cas d’une touche on révèle une carte de Body Part pour savoir où le joueur a frappé le monstre. Cette carte indique le seuil a atteindre pour blesser le monstre. On réalise alors un jet de dégâts pour savoir si ce seul est franchi.
A l’instar de KDM, le monstre répondra à l’attaque suivant le fait qu’il a été blessé ou pas. Dans le cas d’une réussite critique, la réponse du Primordial est ignoré.


Comme on peut le voir sur cette carte, le joueur doit atteindre un seuil de 6 pour blesser. On peut voir les conséquences de ce jet de dégâts, suivant qu’on a raté le monstre, qu’on l’a blessé ou bien qu’on lui a fait une attaque critique.

Là encore, AO:T diffère légèrement de son inspiration, et propose un twist que je trouve plus intéressant. A chaque fois qu’un joueur attaque, il augmente son potentiel Kratos (lui aussi noté sur 9 max; un titan devant dépasser ce seuil meurt). A chaque fois qu’il augmente ce potentiel, il débloque des capacités: soit des relances, soit la pose de jetons qui permettront d’améliorer les chances de toucher ou de blesser pour le joueur suivant. Cela crée une vraie dynamique de groupe.
La deuxième différence est que, à chaque fois que le Primordial est blessé, on remplace une carte du niveau de la blessure par une carte d’une puissance supérieure et on faut de même avec une des cartes Intelligence artificielle : le monstre devient plus puissant au cours du combat, ainsi que les joueurs.
On alterne ainsi les tours de combat jusqu’à ce que tous les titans soient morts ou bien que le Primordial ait pris 10 blessures.
Quand un combat se termine on remet les compteurs des Titans à zéro, et on récupère des ressources qui nous permettront de fabriquer des équipements type armes et armures pour renforcer nos titans.

La phase de voyage:
Comme je l’ai dit précédemment les personnages se réveillent à bord d’un bateau géant, l’Argo. L’essentiel du jeu va se dérouler durant la phase de voyage.
Elle est au final assez simple: on se déplace d’une case sur un plateau formé de cartes type 7ème Continent.


Oh, mon bateau oh oh oh (air connu)

Mais cette phase peut être assez longue car certaines cases font que les personnages vont vivre des aventures. Après un tirage dans un table d’aventures on lit alors ce qui arrive aux héros. On est alors assez proche d’un Tainted Grail: on va de paragraphes en paragraphes en faisant des choix qui auront des conséquences à plus ou moins long terme.


Le livre de campagne: du texte, du texte et de jolies images.

Durant cette phase, on améliore aussi les technologies du bateau qui apportent de nouvelles possibilités d’équipement ou encore d’interaction avec la map.
Enfin, contrairement à KDM où on affronte un monstre à chaque tour de jeu, ici il peut se passer plusieurs tours sans en croiser un. Ce sont ces aventures aléatoires ainsi que la frise chronologique du jeu qui indiquent qu’il y a un combat.

Oui, mais l’histoire dans tout ça ?
Les personnages que l’on incarne sont à la recherche du roi Minos qui a disparu et qui aurait des informations sur ce qui est arrivé aux joueurs. En vivant des aventures, on va débloquer des indices qui vont faire avancer la trame principale. Je ne suis qu’à la moitié de la première campagne mais j’ai beaucoup de plaisir à découvrir ce monde et les interactions entre les trois grandes factions qui le composent: les Minoans, un état totalitaire en déliquescence, les Hornsworns, des rebelles menés par Thésée et les Labyrinthians, qui sont les adorateurs du labyrinthe qui semble envahir toute la Grèce depuis la chute des Dieux de l’Olympe. Nos choix feront qu’on aura plus ou moins d’allégeance envers chaque faction et cela aura des conséquences sur les événements vécus par nos Argonautes.

Avis:
J’ai passé sous silence une bonne partie des règles qui viennent compléter le gameplay du jeu (commerce, découverte des souvenirs des personnages, déblocage de cartes secrets, progression de la difficulté des monstres, poursuite du bateau par un mysterieux Primordial, etc). En effet, le livre de règles fait pas moins de 80 pages et est un sacré morceau à avaler. Ce qui m’amène aux points noirs du jeu.
Points noirs du jeu:

  • La masse de règles fait qu’il est très facile de se perdre ou bien d’oublier d’appliquer certaines choses. C’est d’autant plus vrai en solo. De plus, le tutoriel n’esquisse vraiment les règles que de façon générale. Il faut prendre un sacré bout de temps pour ingérer l’intégralité des règles.
  • Ce souci est accentué par un nombre de mots clés très importants. Après moult aller-retour dans la règle, j’ai découvert le boulot de quelqu’un sur BGG qui les a compilés. C’est top. (lien vers les aides de jeu de Nyanpulsar: https://boardgamegeek.com/boardgame/242705/aeon-trespass-odyssey/files?pageid=1&languageid=2187)
  • Le jeu est un monstre de table. Il prend une place folle et n’est pas facilement transportable: j’y consacre deux tables dans ma salle de jeu. Une pour les combats et une pour la carte qu’on explore.
  • La boîte ne contient pas les fiches de joueurs ainsi que les fiches de campagne, il faut les télécharger sur le site de l’éditeur, c’est un peu pingre, vu le prix du jeu)
  • Enfin, on croule sous les cartes et les tokens. Le bookkeeping est parfois lourdingue.

    Oui ça prend de la place.


Pas évident de s’y retrouver dans tous les éléments du jeu. Voici de personnage en court de partie… En solo, ça devient très chaud à gérer.

Mais tous ces défauts sont facilement oubliés face aux qualités du jeu:

  • Une narration forte et vraiment immersive, renforcée par la qualité des illustrations.
  • Un réel sentiment de progression: dans KDM il ne faut pas s’attacher aux personnages, ils sont de la chair à canon. Ici, ce sont les Titans qui meurent, donc on voit vraiment nos personnages évoluer.
  • Un système de combat plus dynamique et moins punitif que KDM. Il n’en ait pas moins intéressant et comme on rencontre moins souvent les monstres on a moins le sentiment de lassitude de se taper X fois d’affiliée le même monstre comme à KDM.

Pour conclure, je dirais que Aeon Trespass:Oddyssey excelle dans des domaines qui étaient les défauts de Kingdom Death: Monster, comme la narration ou bien encore la variété. Il n’a pas la même richesse que KDM pour ce qui est du craft, mais les équipements sont dans l’ensemble plutôt bien vus.
Et surtout, comme son aîné, AO:T a un sacré goût de « reviens-y ». J’ai hâte de découvrir la fin de la première campagne, mais aussi de voir ce que les deux autres apportent en terme d’histoire et de contenu (je n’ai pas encore touché à la moitié des cartes que contient la boîte de base).

Allez, merci de m’avoir lu, j’y retourne !

58 « J'aime »

ça me ferait presque regretter de l’avoir vendu ^^;

2 « J'aime »

C’est chouette, ce joli bébé n’existe pas en VF je suppose.

Non, pas d’autre version que l’anglais. Vue la masse de texte et l’investissement que le jeu représente, ça serait une vraie gageure que de faire une VF qui soit rentable.

Très très sympa le compte-rendu, merci beaucoup !

Ça à l’air plus complexe en terme anglais, de règles et de la richesses des phases de jeu que KDM, je me trompe ?

Oui, l’anglais est plus complexe, surtout celui de la narration qui est très litteraire.
Pour ce qui est de la complexité, on est sur quelque chose d’équivalent.
Les phases de jeu sont clairement moins répétitives: il peut se passer un tour où il nr se passe rien ou presque et qui prend 5 minutes, et un autre où il se passe dix mille choses.

1 « J'aime »

Je dis ca car je sais que KDM fait peur lais finalement même sans y avoir joué depuis longtemps j’arrive assez rapidement a me remémorer les regles, le système de jeu etc. Le tuto est plutot bien fait pour ça. C’est en cela que ATO me semble plus complexe.

Et ca a l’air d’être aussi le cas pour Kingdom Forlorm qui m’intéresse beaucoup sur le papier mais qui a l’air d’être encore au dessus en terme de complexité, surtout pour le solo.

Bordel, j’ai envie de re-pledger le jeu moi aussi du coup…

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Quand j’ai reçu ta boîte, je l’ai ouverte et après mon avc je suis parti faire un croque-carotte.

12 « J'aime »

Après ton avc, j’ai brûlé un cierge.

3 « J'aime »

Si tu sais déjà jouer à KDM, c’est d’autant plus facile d’apprendre AO:T, les mécaniques de combat sont vraiment très similaires. C’est le reste qui change: pas de phase de Settlement mais une phase de voyage à la place et surtout pas le truc le plus relou de KDM pour moi: la phase de Hunt.

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Désolé ><. Apres j’ai fais ça pour t’aider tu n’avais plusvde place :stuck_out_tongue: .

Mais tu peux y jouer chez endevor non ?

ça me rassure sur l’achat de Kingdom Forlons du coup :innocent: