ce détail n’a aucun intérêt. Exemple avec le polonais qui est systématiquement (ou presque) l’inverse du français. Que ce soit l’un ou l’autre genre ne change rien. Un voiture, une camion, ça reste le même objet, la même impression. (et le it anglais, il connait pas mal de cas particuliers qui sont tout autant inexplicables; en plus d’être d’une pauvreté émotionnelle affligeante).
Le débat est différent pour désigner une personne. En particulier quand on ignore le sexe de la personne qui nous lit (généralement car on s’adresse à un lectorat mixte, elle est loin la belle époque où les femmes ne savaient pas lire^^). En français, c’est en plus compliqué avec cette phrase débile que les enseignants ont longtemps utilisée « le masculin l’emporte sur le féminin ». Dans les faits, et l’histoire, c’est plus que le masculin sert aussi de genre neutre (le plus simple serait donc de supprimer le féminin. Et que tout repose sur un genre neutre).
Le souci, il vient donc amha du peu d’effort qu’on accepte de consacrer à l’écriture (ou à la lecture).
Exemple avec la phrase que tu viens de lire : elle est non genrée. Ma phrase-pensée était « Le souci vient donc amha de la paresse de l’auteur (et du lecteur) ». Phrase totalement neutre dans mon cerveau mais grammaticalement genrée. J’ai donc consenti un effort (temps, énergie) à reformuler la phrase pour qu’elle ne pose aucun souci de genre.
Ou, plutôt, de genritude (moi aussi je peux inventer des mots). Parce que « auteur » et « lecteur », si on perverti ma pensée en leur attribuant un sexe, masculin donc, cela devient un éloge de la femme qui n’aurait donc ni la paresse d’écriture ni celle de lecture.
Au final, c’est à moi, auteur, de choisir. Est-ce que je veux ne pas genrer pour ne pas blesser ? (généralement, je devrais). Pour ne pas exclure ? (cela peut être une bonne idée mais pas forcément; et on peut aussi faire valoir des arguments négatifs, au moins parfois). Pour plaire ? Par conviction ? Par intérêt ?..
Dans tous les cas, je peux le faire avec les outils actuellement à ma disposition. Cela demande juste un peu d’effort.
Il y a aussi paresse dans le cerveau qui lit (8s pour reformuler sans masculin). Quand l’auteur ne genre pas sciemment, comme moi qui vient d’écrire auteur en sachant pertinemment que un auteur sur deux n’en est pas un (selon certains), c’est que je ne fais aucune forme de différence. Ou même que le sexe de celui qui rédige ne m’intéresse pas. Si le cerveau qui me lit ne fait pas l’effort de compréhension nécessaire, il peut interpréter différemment (mais vu que l’auteur est responsable de la communication, il l’est aussi des incompréhensions).
Sidenote : je déteste écrire/dire autrice ou auteuse. Les deux termes me semblent barbares. Et, pire encore, je trouvent qu’ils sexualisent un domaine où, justement, hommes et femmes sont tout autant capables d’exceller. Que plus d’hommes soient des professionnels de la création/rédaction est un autre débat où il y a encore beaucoup à faire (et celui-là m’intéresse). J’ai commencé par bosser dans la pub, comme concepteur-rédacteur. Et certes il y avait beaucoup plus d’hommes que de femmes à ces postes mais les femmes qui l’exercent les valent largement.
Ce n’est pas en changeant la terminaison de leur profession que la situation évoluera. Il y a depuis longtemps des conceptrices-rédactrices. Il y en a toujours moins que des hommes. Généralement pas sur les mêmes budgets. Et, finalement, parce qu’elles vont plutôt être orientées vers des secteurs/budgets moins glorieux (la mode ou l’hygiène plutôt que les bagnoles et téléphones, par exemple), réalisent de moins belles carrières, avec des salaires inférieurs, moins de possibilités de devenir Directrices de Création. La féminisation du titre ne change rien.
Je ne les utilise donc pas sciemment. Par conviction. Parce que j’ai toujours le sentiment de nuire aux femmes qui exercent cette profession en forçant la sexualisation de leur titre. Je peux aussi comprendre qu’on pense différemment.