1979 : Revolution in Iran - 2 joueurs
Non, cette photo n’est pas de moi : les cartes ne sont pas sleevées.
Hé oui, ça parait dingue mais ce jeu a bien été kickstarté. En mai 2021, par même pas 350 pelos. Bon j’en étais pas je le reconnais, je l’ai pris chez Phiphi il y a quelques semaines parce que l’Iran, la révolution islamique sur fond de guerre froide … tout cela m’avait l’air prometteur.
1979 est un card driven divisé en deux époques :
- une early era qui couvre le début des années 50 et l’arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste de Mossadegh … qui finira mal hein, ses idées progressistes et nationalistes ne lui ayant pas fait que des amis à la CIA et au MI6
- une late era qui couvre la fin de règne du Shah jusqu’à l’avènement de Khomeini
L’un des joueurs incarne le Shah et les intérêts royalistes. L’autre une vaste coalition hétéroclite favorable à la nationalisation de l’industrie pétrolière dans un premier temps, puis au départ du Shah dans un second.
Le gameplay. 1979 est un card-driven tout ce qu’il y a de plus classique : les joueurs piochent des cartes, puis les jouent soit pour leur PA/PC/whatever, soit pour l’évènement qui y est décrit. Mais il y a du neuf :
- Déjà, les cartes (8/tour) sont draftées. Alors c’est bête hein, mais jusqu’à présent, tous les card-driven auxquels j’ai joué ne l’intégraient pas.
- Ensuite, chaque faction a une ou plusieurs cartes leader (Mossadegh, Mohammed Reza Pahlavi, etc.) qui ont chacun une capacité leur permettant de scorer des PV et une autre qui peut faire diminuer le soutien populaire (favorisant ainsi leur renversement par le camp adverse) … c’est thématique, et c’est plutôt bien intégré au reste du jeu
- Dernier truc, presque un détail mais pas si anodin que ça pour les vétérans du genre : quand un joueur qui a son Leader au pouvoir (et uniquement celui-là) veut jouer l’évènement d’une carte jouée par son adversaire, il doit payer un coût !
Ce sont des petites choses, mais dans le landerneau des card-driven c’est plutôt rafraîchissant.
Maintenant, est-ce que ça en fait un jeu incroyable ?
Pas vraiment. Le draft, c’est bien pour tout un tas de raison. Déjà, pour ne pas hériter bêtement d’une main perrave (ce que tout le monde a expérimenté au moins une fois sur Twilight …) sans pouvoir rien faire. Mais ça rallonge la partie, forcément. La mienne a duré plus de 4 heures, et pour un jeu qui n’a pas la profondeur - autant le dire tout de suite - de tonton Struggle, c’est trop.
L’intérêt du gameplay … varie selon les périodes et les joueurs. En early era, le joueur royaliste ne fait rien de bien intéressant, si ce n’est poser des militaires partout. Le joueur coalition, lui, lutte pour descendre la piste de nationalisation en visant l’auto-win, mais le royaliste a bien trop de ressources pour l’en empêcher. 3 tours passent sans grand éclat, Mossadegh s’en va et la late era commence.
Là, les rôles s’inversent. Le royaliste devient le chassé, et d’un coup il se retrouve débordé de choses à gérer (les cartes CIA/MI6 à purger, les cartes à planquer pour scorer, les rebellions islamistes à mater, les manifs qui pètent de partout …). C’est presque trop. Le joueur coalition lui, pioche et pose des jetons. Pioche et pose. Pioche et pose. Fais des manifs avec tout ce petit monde, et pouf, le Shah s’en va. S’il s’accroche, une petite crise des otages au dernier tour le mettra a genoux bien comme il faut.
Hé, c’est historique non ? Dans la vraie vie, le Shah a plié bagage et ne vous attendez pas à ce qu’il s’abstienne de le faire dans vos parties. Au passage, dès qu’il part, Khomeini (et ses 5 PV) arrive et la partie prend fin. 5PV, c’est souvent juste ce qu’il faut pour assurer le triomphe de la coalition. Bon.
Vous l’avez compris, 1979 m’a laissé une impression mitigée. Il tente d’apporter des choses nouvelles à un genre qui en a bien besoin, et honnêtement, ce qu’il propose, les leaders, tout ça, c’est intéressant. Mais il est construit autour deux périodes aux dynamiques très opposées qui ne laissent pas une grande impression de maîtrise. En fait, j’ai eu l’impression d’être pris dans un courant où rien de ce que j’avais entre les mains ne me permettait d’aller où je voulais ni d’obtenir ce que je recherchais. J’ai subi le jeu, coincé entre l’absence d’options en early, puis en l’absence de moyens en late. C’est assez déroutant.
Le jeu n’est pas mauvais, mais en 4 heures de temps, d’autres font infiniment mieux. Alors merci pour le morceau d’histoire (trop ignorée par chez nous), mais l’étagère des keepers n’est pas pour toi.