j’ai envie de vous parler d’un jeu qui a fait couler bcp d’encre numérique dans les forums et les réseaux, pour son usage intensif de l’IA sur sa DA (on en reparle d’ailleurs). Aujourd’hui je vous parle de Path of Civilization
Path of Civilization : Path of Civilization : Moteur de Jeu Bien Huilé, Direction Artistique en Berne
Introduction
Path of Civilization, je ne l’attendais pas vraiment. J’aime bien Tapestry, j’aime bien les jeux de civilisation à moteur, et celui-ci a fini par attirer mon attention. J’avais entendu parler de son gameplay simultané, et je dois avouer que le shitstorm autour de l’usage de l’IA avait aussi piqué ma curiosité (j’y reviendrai un peu plus tard). Alors, est-ce qu’on a là le nouveau graal des jeux de civilisation, ou juste un autre jeu qui finira par prendre la poussière sur l’étagère ? (surtout que j’ai de l’expérience dans ce domaine)
De Quoi Ça Parle ?
Path of Civilization, c’est un peu le cousin de Tapestry sans le plateau de ville. Vous commencez petit avec votre tribu et 5 cartes technologie identiques avec les autres joueurs. La seul asymétrie vient d’un bonus de départ propre à chaque civilisation mais qui ne révolutionne pas l’orientation que vous prendrez.
Le but est d’évoluer, de dominer, de devenir la civilisation la plus influente. Ici, pas question d’un gros jeu 4X avec de l’exploration et de la conquête à outrance : c’est avant tout un jeu de construction de moteur (voir de tableau si on tient compte des merveilles et leaders que vous viendrez placer sur votre plateau). Vous faites des choix stratégiques, vous planifiez, et vous espérez que tout se déroulera comme prévu. On passe d’une époque à une autre, on débloque des technologies, on fait grandir nos leaders, tout en faisant face à des défis qui peuvent changer la donne.
Chaque décision compte, et c’est vraiment là que se trouve tout l’intérêt de Path of Civilization : la tension (pas si oppressante) entre les choix immédiats et le développement à long terme.
Comment On Joue ?
Le gameplay est en simultané. Les parties sont dynamiques, et même à quatre joueurs, on reste sous les 1h30. Le jeu se déroule en cinq phases, répétées pendant neuf tours, et chaque phase a son importance :
- Phase A - Projet : Choisissez vos cartes Technologie et défaussez-en une. Simple, mais crucial : votre stratégie en dépendra.
- Phase B - Déploiement : Placez vos agents (ces petits cubes) selon les icônes de vos cartes sur les différentes zones du plateau. C’est ici que vous commencez à interagir avec le monde.
- Phase C - Évolution et Achat : Recrutez des leaders, construisez des merveilles, progressez en philosophie… C’est la phase où votre moteur commence vraiment à prendre forme.
- Phase D - Recherche : Accumulez des points de recherche pour faire avancer vos cylindres sur le plateau de recherche. Tout est question d’optimisation ici.
- Phase E - Achat de Technologie: vous allez acheter une et une seule carte technologie avec les points de recherche à votre disposition. C’est obligatoire et de toute façon c’est un peu le moyen ultime pour faire évoluer votre moteur :
Arrive ensuite la phase d’Événement : C’est le moment on l’on passe à l’âge suivant via un défi ou une bataille. Ces moments imposent un rythme particulier car on sait que chaque choix précédents va devoir compter.
Cartes Technologie
Les cartes Technologie sont au cœur de votre développement. Elles ont deux faces à exploiter :
- Le côté gauche : Pour le déploiement. C’est ce qui vous permet de placer vos agents et d’interagir avec les coupelles sur plateau.
- Le côté droit : Pour la recherche. Les points de recherche permettent d’améliorer vos technologies et d’évoluer.
Le dilemme entre utiliser une carte pour son potentiel immédiat ou pour ses bénéfices à long terme est constant et réellement stimulant. C’est ce qui donne toute sa profondeur au jeu : faut-il sécuriser un avantage présent ou investir pour plus tard ? Ce genre de question est au cœur de Path of Civilization, et c’est ce qui m’a vraiment plu.
Le Matériel
Le jeu est bien produit, mais tout n’est pas parfait. Chaque joueur a un plateau individuel qui est très bien conçu : tout est clair, les phases sont rappelées, ce qui rend le jeu fluide. Les plateaux de recherche double couche sont également un bel ajout : voir nos cylindres progresser est satisfaisant, et la présentation est lisible.
Les cartes sont de bonne qualité, les jetons en punchboard sont corrects, et il y a quelques éléments en bois qui font le job. Par contre, les présentoirs pour les cartes technologies, bien qu’ultra fonctionnels, paraissent fragiles à long terme.
Le gros point noir reste l’absence d’insert. C’est le chaos du ziplock, et la mise en place est longue. Franchement, pour un jeu de cette envergure, un insert aurait été bienvenu. Cela dit, une fois tout installé, l’expérience vaut l’effort.
Illustrations et Usage de l’IA
Les illustrations de Path of Civilization ont été générées par une intelligence artificielle, et cela a suscité pas mal de débats dans la communauté. Autant être honnête : elles font le travail, mais sans plus. Comparées à des jeux comme The Queen’s New Capital avec ses personnages anthropomorphes tout mignon, les visuels de Path of Civilization manquent clairement de personnalité. On ressent un côté générique, une certaine fadeur qui ne permet pas vraiment de se plonger totalement dans l’univers du jeu.
L’utilisation de l’IA pour générer des illustrations n’est pas en soi un problème, et cela pourrait même être un atout. Cela permet potentiellement de réduire les coûts de production et de proposer des visuels variés rapidement. Je comprends bien le dilemme : sans l’usage de l’IA, il est possible que le jeu n’aurait pas vu le jour, ou aurait été financièrement beaucoup plus risqué à produire. Dans ce sens, l’IA a permis de rendre possible la sortie de Path of Civilization, et il faut reconnaître que cela peut être une bonne chose pour des éditeurs qui n’ont pas les mêmes moyens que les grandes maisons.
Mais ici, cela semble avoir été fait au détriment de l’immersion. Les illustrations, bien qu’efficaces pour identifier les éléments de jeu, manquent de cette touche artistique qui apporte de la chaleur et de l’authenticité. C’est particulièrement dommage dans un jeu de civilisation, où l’on attend de voir les époques évoluer et de ressentir l’ampleur du voyage à travers le temps.
Je veux prendre pour exemple « Trekking Through History ». Les deux jeux n’ont rien à avoir, mais la DA de TTH est sublime. Les illustrations de Eric Hibbeler sont travaillées et recherchées. Le texte de chaque carte est du fluff mais contribue à l’immersion. Alors que mécaniquement, le jeu possède une mécanique de collection à deux niveaux de lecture assez simple, je suis plus immergé dans le thème avec TTH qu’avec PoC
En fin de compte, l’utilisation de l’IA pour les illustrations est un pari qui, ici, ne paie pas complètement. On aurait aimé voir plus de caractère, plus de détails qui nous transportent vraiment dans cet univers de construction et d’évolution. Cela ne nuit pas au gameplay, mais cela laisse une impression un peu fade, comme si l’emballage n’était pas à la hauteur de ce qui se trouve à l’intérieur.
Comparaison avec d’Autres Jeux
Si vous avez joué à Tapestry, vous retrouverez des similarités ici. Mais Path of Civilization se distingue par son gameplay simultané et ses événements planifiés dès le début. Pas de grandes surprises, mais une anticipation qui crée une pression constante et qui différencie le jeu de ses concurrents.
Conclusion
Path of Civilization m’a surpris, frustré (dans le bon sens), et immergé dans cette expérience de « Civilization ». On commence petit, on fait face aux défis, et on espère surpasser les autres pour atteindre l’âge d’or. Le système d’événements, combiné à la gestion des ressources, est équilibré et maintient l’intérêt tout au long de la partie.
Certes, la mise en place peut paraître fastidieuse, mais une fois lancé, l’expérience en vaut largement la peine. Pour ceux qui aiment construire et optimiser leur propre empire, Path of Civilization est un excellent choix, à la fois accessible et stratégique, avec juste ce qu’il faut de tension pour rendre chaque décision cruciale.
(qui pointera la bouteille de cristaline pour se foutre de ma gueule ?)