Première partie de The Drifter :
Le chant du cygne d’Alan Deadman
" On m’appelle Deadman et y’a pas de mystère : mon nom vaut plus cher mort que vivant.
J’ai été pisté d’Arizona jusqu’au Montana. J’ai dormi dans des étables, parfois. Dans des cellules, souvent. Dans les bras d’une veuve, bien trop rarement.
Mais fini les conneries, j’veux m’poser, m’faire oublier. 300 dollars pour bâtir mon premier chez moi, c’est tout c’qui faut. Bien sûr, faudra la jouer fine, faire encore quelques coups et tenir le chanvre loin du mien…de cou.
Après j’arrête, promis. Paroles d’homme mort.
Ce matin-là, j’étais seul dans la plaine, le chapeau bas et les bottes pleines de poussière. Quand j’dis seul, c’est pas tout à fait ça, mon fidèle Hex me trimballait, comme d’hab’. Un bien beau couple : le Pistolero et son canasson. On en imposait, vous pouvez m’croire sur parole.
La torpeur m’avait gagné et c’est là qu’les soldats m’ont cueilli. Trois hommes à cheval, l’air fatigué comme leur uniforme. Le chef m’a braqué son canon au visage comme s’il savait à qui il avait affaire.
— Alan Deadman ?
— J’ai l’air d’un macchabé ?
Y m’a collé un coup de crosse, sûrement pour m’apprendre les bonnes manières, et j’ai craché quelques chicots sur ses bottes, à c’salaud.
Ils m’ont ligoté comme un rôti de veau, m’ont traîné jusqu’à leur campement, et m’ont interrogé toute la nuit. Ils croyaient que j’avais descendu un colonel dans l’Utah. C’était pas moi…pas cette fois.
J’leur ai donné des noms, des lieux, des souvenirs, tout sauf la vérité. Finalement, à l’aube, ils m’ont relâché. Pas d’preuves, pas d’envie de creuser. La grande Faucheuse passait son tour et c’était pas pour me déplaire.
J’ai filé vers l’Idaho, et j’ai claqué mes derniers dollars dans un saloon qui puait le tabac et la sueur rance. J’ai bu jusqu’à oublier pourquoi on me cherchait. La sévère qu’j’ai pris ! J’ai titubé dans les ruelles sales et j’ai fini par m’paumer pour de vrai. La nuit était glaciale. Au p’tit matin, les naseaux d’Hex m’ont réchauffé la gueule, de bois évidemment. Comment il est arrivé là ? Mystère…
C’est ce même jour qu’ j’ai vu la diligence en panne, plantée au milieu de nulle part. Deux chevaux à bout de souffle, un cocher nerveux, et une dame qui hurlait que les bandits allaient revenir. Je suis monté sans poser de question. J’ai dégainé une fois, pour faire peur, pas pour tuer, j’suis un gentleman. Le cocher m’a tendu 25 dollars, toujours ça de pris…
Le lendemain, j’ai croisé un drôle de type en guenilles, un médecine man venu du sud, qui toussait comme un damné. Il vendait des élixirs et transpirait la fièvre. J’avais ben envie d’lui dire de s’soigner avec son breuvage miraculeux mais tout l’monde l’évitait et ça m’semblait être une lumineuse idée. J’me suis contenté d’un signe de tête, j’ai bien fait attention à pas l’approcher. Y puait à 50 yards le bougre ! L’époque est cruelle, mais la maladie l’est plus encore.
C’est juste après qu’les chasseurs de primes m’ont trouvé. Faut croire qu’j’avais pas qu’l’odorat d’fatigué.
Trois hommes, plus un quatrième qu’on aurait cru sorti d’une cave. Miteux et sale comme pas permis. Ils m’ont traqué à travers les collines, m’ont poussé dans un canyon. Hex galopait comme une tempête en furie.
Je me suis battu comme un diable. Un beau couple, j’vous ai dit.
J’ai vidé mes deux revolvers et laissé le sol couvert de douilles, mais le miteux, lui, m’a surpris. Savez c’qu’on dit : « l’habit fait pas l’moine et l’apparence pas la personne ». Y m’a collé un coup dans l’épaule, un autre dans la jambe. Des coups qu’auraient déboulonné une statue. Il était pas là pour danser la valse, le miteux. J’me suis affalé comme un sac dans la poussière du désert.
Il m’a regardé de haut, les yeux brillants.
— T’es Alan Deadman ?
J’ai craché du sang et souri à travers mes chicots pétés.
— Plus pour longtemps."
Voilà pour l’histoire !
Pour en revenir au jeu: il vous fait vivre une aventure, c’est sa grande force si on rentre dans le truc. Pour le reste, c’est beaucoup de lancer de dés, on ne maitrise pas grand chose. Les textes narratifs ne sont pas énormes mais suffisent à se raconter une (belle) histoire.
Bref, j’ai beaucoup apprécié me glisser dans la peau d’Alan Deadman !