Alors toutes ces questions sont trop complexes et trop multi-parts pour être réellement pertinente en monologue sur un forum mais je vais essayer de les éclairer au mieux.
En préambule, j’aimerai qu’on n’extrapole pas ce que je vais dire et surtout qu’on ne pense pas que l’éditeur ou la boutique a raison ou tort. Chacun a raison parce que chacun a une réalité différente.
Il faut comprendre que toute cette question, peut importe les termes qu’on y met, la philosophie ou autre, c’est uniquement « qui gagne l’argent de la vente d’un jeu ». Toute cette question n’est qu’une question de qui doit gagner plus et donc (puisque le gâteau n’est pas extensible) qui doit gagner moins.
Le marché classique retail :
Dans le marché classique retail, un jeu à 50 euros se décompose comme suit (pour LBDJ) :
50 euros
dont 8,50 euros de TVA - 17% du prix TTC (20% du prix HT)
dont 16,50 euros pour la boutique - 33%
dont 8,50 euros pour le distributeur - 17%
dont 3 euros pour le transport - 6%
dont 6 euros pour la fabrication - 12%
dont 1,5 euros pour l’auteur - 3%
dont 0,5 euro pour l’illustrateur - 1%
dont 5,5 euros pour l’éditeur - 11%
La boutique gagne donc sur chaque boite 3 fois plus que l’éditeur dans le circuit classique actuellement pour nos jeux.
Il n’y a pas de jugement là dedans, c’est un état de fait. Dans le jeu, le producteur gagne donc moins que tous les intermédiaires commerciaux sur chaque boite vendue.
Même exercice sur un jeu à 150 euros :
Sur KS
Notre modèle à nous, nous amène à peu prêt à ça :
La même à 150 euros :
Ca c’est notre réalité des chiffres, vous en tirez les conclusions que vous voulez.
Maintenant concernant les 7 euros, est ce assez ou pas ? Ca c’est un point de vue. Dans le circuit classique, la boutique achète le jeu 50% du prix TTC au distributeur. Et doit ensuite le vendre. Si elle ne le vend pas, elle a donc perdu sa mise. Sur chaque vente, elle cherche à faire 40% de marge par rapport au prix d’achat (33% du prix total donc 40% du prix d’achat distributeur).
Dans notre modèle, la vente est faire, nous rémunérons l’acte de livrer le colis. Nous ne prétendons pas que ça fait venir des clients etc… Nous rémunérons le fait de livrer un jeu à un client qui l’a acheté non pas à la boutique mais à nous. Nous rémunérons ce temps là qui va consister à réceptionner le colis puis à le stocker (1 mois max) puis à le donner à un client.
Pour comparaison, mondial relay nous a approché pour faire cela, ils nous demandent eux 1 euros par colis pour les points relais, là où on en paye 7 aux boutiques de jeux de société.
Ca peut ne pas être assez pour une boutique et c’est vraiment son droit le plus stricte de refuser. Nous offrons un partenariat commercial chacun est libre de le trouver bon pour son buisness ou mauvais. C’est un point de vue. Et je respecte chacun de ces points de vue.
En conclusion, vous avez les chiffres, c’est à vous de voir ce que vous en pensez. Et je répète que pour tous les intervenants, l’unique question c’est qui va manger la plus grosse part du gâteau. Pour que quelqu’un gagne plus, il faut que quelqu’un gagne moins puisque le gâteau n’est pas extensible (et vos porte monnaie non plus).
Il est normal que chaque acteur essaye de gagner sa vie. Et si une offre commerciale ne correspond pas à ce qu’un acteur estime devoir gagner sur un projet, il la refuse. Ca ne fait pas de cette offre quelque chose d’indécent. Et d’ailleurs, le concept d’abus des éditeurs (qui était dans le mail de la boutique en exemple) est à mon sens une extrapolation de point de vue qu’il serait bon de questionner. En effet, qu’un éditeur qui a fait le jeu et qui a fait aussi la vente via KS demande à gagner plus que la boutique sur cette vente, est ce un abus ? Pour moi non, pour cette boutique oui. Je n’ai pas plus raison qu’elle, je ne vois juste pas les choses de la même façon. Et je trouve très bien que si elle n’est pas à l’aise avec l’offre elle la refuse, c’est normal.