Les mĂšmes, ce ne sont pas vos grand-mĂšres lorsquâelles prennent lâaccent grave, mais plutĂŽt ces petites images qui envahissent nos rĂ©seaux sociaux et nous font soit marrer, soit lever les yeux au ciel parce quâon nâa pas la ref. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, on parle dâimages qui sont en rĂ©alitĂ© partagĂ©es et modifiĂ©es par plusieurs utilisateurs - câest en tout cas la dĂ©finition officielle donnĂ©e par les chercheurs.
Mais vous ĂȘtes-vous dĂ©jĂ demandĂ© pourquoi certains deviennent viraux tandis que dâautres disparaissent dans les abysses dâInternet ? Et bien des chercheurs de grandes universitĂ©s comme Boston University et University College London se sont penchĂ©s sur cette question qui devrait intĂ©resser tous les influenceurs en mal de buzz.
Figurez-vous que la viralitĂ© dâun mĂšme nâest pas du tout le fruit du hasard ! Les chercheurs ont analysĂ© des milliers de mĂšmes pour comprendre ce qui fait leur succĂšs, en se concentrant sur trois aspects : la composition visuelle, les sujets reprĂ©sentĂ©s, et le public visĂ©.

1er constat majeur : la composition visuelle est primordiale. Les mĂšmes qui marchent le mieux sont souvent ceux qui utilisent des gros plans sur les visages ou les expressions faciales des gens. Câest liĂ© Ă ce que les scientifiques appellent le âcentre biasâ, câest Ă dire notre tendance naturelle Ă fixer le centre dâune image.
Les Ă©tudes montrent que 93% des mĂšmes viraux mettent en scĂšne des personnages, et que la prĂ©sence dâexpressions faciales est particuliĂšrement importante puisque 84% des mĂšmes viraux en comportent. La recherche en neurosciences nous apprend dâailleurs que notre cerveau est particuliĂšrement attirĂ© par les visages qui expriment des Ă©motions.
Enfin, 34% des mĂšmes viraux utilisent des gros plans, contre seulement 14% pour les non-viraux. Câest comme au cinĂ©ma : un bon cadrage vaut mieux quâun long discours ! Dâailleurs, les mĂšmes avec des plans larges ont beaucoup moins de succĂšs - seuls 4,6% des mĂšmes viraux utilisent ce type de cadrage. Les chercheurs expliquent que câest parce quâil est plus difficile pour notre cerveau dâidentifier rapidement le sujet principal dans un plan large.
Le mouvement joue aussi un rĂŽle crucial. Les chercheurs ont identifiĂ© trois types de mouvement qui attirent notre attention : le mouvement physique (genre quelquâun qui marche ou qui court), le mouvement Ă©motionnel (la gestuelle qui traduit une Ă©motion), et le mouvement âcausalâ (quand une action en provoque une autre). Et devinez quoi ? Les mĂšmes qui combinent plusieurs types de mouvements ont plus de chances de devenir viraux. Câest comme au théùtre : plus yâa dâaction, plus on est captivĂ© !

Les mĂšmes qui cartonnent sont aussi ceux qui dĂ©clenchent des rĂ©actions fortes, quâelles soient positives ou nĂ©gatives. Les recherches rĂ©vĂšlent que 39% des mĂšmes viraux expriment des Ă©motions positives et 27% des Ă©motions nĂ©gatives. Ces Ă©motions brutes permettent de crĂ©er une connexion instantanĂ©e avec le spectateur.
La science du marketing viral confirme dâailleurs que les contenus qui provoquent des Ă©motions fortes, comme lâamusement ou mĂȘme la colĂšre, sont plus susceptibles dâĂȘtre partagĂ©s que ceux qui suscitent des Ă©motions faibles comme la tristesse.
Le format compte aussi ! Les mĂšmes peuvent ĂȘtre des photos, des captures dâĂ©cran ou des illustrations. Selon lâĂ©tude, les illustrations cartonnent particuliĂšrement, probablement parce quâelles permettent dâexagĂ©rer les expressions et les mouvements. Autre dĂ©tail croustillant : les mĂšmes Ă une seule image marchent gĂ©nĂ©ralement mieux que les mĂšmes en plusieurs images. Câest logique, plus câest direct, plus ça tape dans le mille !
Autre point intĂ©ressant : le texte. Les recherches dĂ©montrent que 94% des mĂšmes viraux contiennent moins de 15 mots. Et fait encore plus rĂ©vĂ©lateur : 50% des mĂšmes viraux ne contiennent aucun texte ! Câest logique : un mĂšme, câest comme une bonne blague, si vous devez lâexpliquer, câest dĂ©jĂ moins drĂŽle. Les psychologues parlent dâailleurs dâun âeffet de supĂ©rioritĂ© picturaleâ. Cela veut dire que notre cerveau traite les images plus rapidement que le texte.
Le contexte culturel joue Ă©galement un rĂŽle puisque les mĂšmes qui touchent Ă des expĂ©riences universelles ont plus de chances de devenir viraux que ceux qui nĂ©cessitent des rĂ©fĂ©rences culturelles spĂ©cifiques. Les chercheurs distinguent dâailleurs deux catĂ©gories : les mĂšmes âuniverselsâ qui parlent Ă tout le monde, et les mĂšmes âspĂ©cifiquesâ qui nĂ©cessitent des connaissances particuliĂšres pour ĂȘtre compris. Cette distinction est cruciale car elle influence directement la taille potentielle de lâaudience.
Question sujet, yâa aussi toute une typologie : les personnages bien sĂ»r, mais aussi les objets, les crĂ©atures (comme nos amis les chats) et les scĂšnes. Et sans surprise, les personnages dominent largement le game. Par contre, les mĂšmes qui montrent juste une scĂšne sans sujet clair sur lequel fixer son attention ont tendance Ă faire un flop.
Ce qui est fascinant, câest que ces rĂšgles semblent sâappliquer sur toutes les plateformes. Les chercheurs ont dĂ©veloppĂ© un modĂšle dâintelligence artificielle basĂ© sur ces critĂšres et lâont testĂ© sur les mĂšmes les plus populaires de Twitter et Reddit. RĂ©sultat ? Il a correctement identifiĂ© 19 mĂšmes viraux sur 20 ! Pas mal ! Cette prĂ©cision de 86,6% prouve bien que la viralitĂ© dâun mĂšme nâest pas alĂ©atoire.
Mais ne croyez pas quâil suffit dâappliquer bĂȘtement ces rĂšgles pour crĂ©er le prochain mĂšme viral ! La magie opĂšre souvent lorsquâon arrive Ă surprendre tout en restant dans ces codes familiers. Câest tout un art, en rĂ©alitĂ© ! Dâailleurs, les chercheurs soulignent que dâautres facteurs comme le timing de publication ou la structure du rĂ©seau social de celui qui partage jouent aussi un rĂŽle important.
Bref, la prochaine fois que vous crĂ©erez un mĂšme, pensez-y : un gros plan expressif, une Ă©motion forte, pas trop de texte, et un message universel. Avec ça, vous maximiserez vos chances de faire le buzz ! Enfin, peut-ĂȘtre ! La science des mĂšmes nâest pas une science exacte, mais au moins maintenant vous connaissez les ingrĂ©dients de base !