En fait, ce qui est bien avec l’Histoire c’est que tu peux tout jouer, selon tes envies, tes connaissances : tout est vraiment possible. Le contexte ne doit pas être un carcan. C’est bien d’avoir un minimum d’apports, ce que les livres t’offriront, mais tu ne dois pas te sentir écrasé par la peur de faire un impair ou de ne pas maîtriser tel ou tel aspect de la période.
Tu veux du combat ? Le cadre s’y prête parfaitement. Un exemple au débotté sorti de mon esprit du matin parmi 10 000 : François d’Espinay, seigneur de Saint-Luc, gentilhomme normand, soudainement disgracié par Henri III, quitte la cour en 1579 et se réfugie dans son gouvernement de Brouage dont il refuse l’entrée aux différents émissaires du roi. Il envoie des lieutenants en Normandie, berceau de sa famille, pour y lever des troupes. Comment vos personnages, petits gentilshommes normands, vont-ils répondre aux lettres de protestations d’amitié reçues et à l’aide sollicitée pour rejoindre Saint-Luc ? Ne risquent-ils pas des représailles en refusant l’offre qui leur est faite ? Ne risquent-ils pas de choisir le mauvais camp en acceptant et en s’aliénant les grâces du roi ? Dans tous les cas, leur voyage vers Brouage risque d’être compliqué. S’ils rejoignent la place, ils suivront sans doute le destin de Saint-Luc et se verront assiégés par les huguenots de Condé etc etc
Vraiment, le combat est à tous les coins de rue (et il est très souvent mortel). Lorsque dans les années 1570, les luttes de factions sont à leur paroxysme à la cour, on se bat en duel pour une bagatelle. L’ accusation de mensonge surpasse toute insulte : apporter un déni à quelqu’un c’est voir automatiquement les épées sortir du fourreau (le fameux duel des mignons de 1576 aurait été causé ainsi « ahah, vous sortez de la chambre de cette dame, prenez garde, elle est aimée d’un grand dont je sais bien qu’il en serait fort fâché de l’apprendre » « vous en avez menti ! » "soyez demain au pré aux chevaux avec vos témoins "Bilan : 4 morts sur 6. Ouais, les témoins ont jugé que ce serait sympa de se battre aussi ! Pourquoi ? bah, c’est sympa, quoi…). La période voit des levées de troupes énormes, les gens de guerre une fois levées se démobilisent mal, ils harcèlent le plat pays, prennent des châteaux : rançonnent les environs ; les mauvaises rencontres sont donc monnaie courante, le temps est au danger : tout le monde s’arme.
Je t’affirme donc au contraire que l’on est dans un monde d’intrigues avec surtout le risque de beaucoup de combats ! La violence est latente, prompte à se manifester. C’est une époque de très grand raffinement et de violence brute (Charles IX est un grand amateur de poésie et correspond avec Ronsard à qui il demande de lui corriger des vers et en même temps il apprécie les combats de chiens et de bêtes sauvages) et de moeurs assez lâches (les enfants bâtards sont largement tolérés). Autre exemple tiré de l’Histoire : lors du carnaval, Henri III aime galoper masqué dans les rues de Paris avec ses compagnons et bâtonner le bourgeois ou lui jeter des pierres, de la farine, des oeufs (tiens, ce serait drôle si vos personnages en étaient victimes et, fous qu’ils sont, sans le savoir malmenaient un compagnon du roi resté en arrière à cause d’une monture rétive : c’est le début de joyeux problèmes à venir…).
Tout voyage de la période : risque de combat. Mot de travers : risque de combat. Rivalité politique, amoureuse, judicaire (les procès sont légions, la justice partiale et un adversaire malheureux pourrait vouloir se venger autrement…), religieuse : risque de combat. Après, le combat peut prendre des formes diverses : de masse, en participant à l’une des guerres, de harcèlement, pendant les périodes de « paix », de vendetta (la période offre l’opportunité de se venger d’un différend privé sous couleur de la Religion ou d’une lutte de partis), de rixe urbaine, de délinquance rurale, bref, le choix et vaste et tout scénario intégrera forcément, si ce n’est du combat, au moins largement le risque qu’il se manifeste sous une forme ou une autre.