Oui, ça ne change rien au fait qu’on puisse reprocher l’acte de plagiat (selon sa définition actuelle) à l’époque. Et c’est exactement ce qui était fait d’après les historiens que je cite.
Non, je ne crois pas. C’est le seul papier accessible, les autres références à ce texte sont plus anciennes et dans des livres auxquels je n’ai pas accès. La traduction ne pose ceci dit pas de problème et le texte n’est pas contesté. Ce qui est parfois contesté est la datation de ce qui rapporté (est-ce vraiment 600 avant ou plutôt 250 quand le texte est écrit ?).
C’est le concept qui est important : l’octroi d’une licence exclusive sur une invention pour favoriser l’innovation, c’est exactement que vendent les brevets. L’idée d’une exclusivité sur la mise en œuvre d’une idée est donc ancienne (une forme de brevet), de même que l’idée d’une forme d’obligation d’attribution pour un écrit (une forme de licence). On retrouve la réprobation du plagiat chez les grecs, les romains et très vite dans le monde musulman. Ces concepts ne correspondent pas exactement aux concepts actuels mais les préfigurent. Ils n’apparaissent pas magiquement au moment de l’essor du pré-capitalisme à Venise. Leurs extensions apparaissent beaucoup plus comme liés aux innovations technologiques qu’au développement du capitalisme (même s’il est difficile de les séparer). Par exemple les brevets vénitiens couvrent des inventions techniques parce qu’ils prédatent l’imprimerie. Mais dès que celle-ci apparaît, la facilité de copie induit rapidement des monopoles d’impression, puis le passage d’une réprobation morale du plagiat à son interdiction formelle.