De la question du choix dans les jeux narratifs

Depuis quelques jours je réfléchis beaucoup sur la question du choix dans les jeux, et en particulier sur ma difficulté de faire des choix dans les jeux narratifs.

Je m’explique et me présente un peu en tant que joueuse.
J’adore les jeux plutôt euro ou à l’allemande comme on dit. Les jeux ou l’on calcule, planifie, mais ou le choix est présent de façon prépondérante.
Quelles actions vais je choisir pendant mon tour pour optimiser mon jeu en fonction de mes objectifs ?Je n’ai aucune difficulté à faire ces choix là, et quand j’en ai (de la difficulté) je surkiff car c’est là que mon cerveau se met en ébullition (et j’adore cela).

Et avoir le choix pendant son tour de jeu, c’est primordial, des choix avec des conséquences pour la suite du jeu forcément et sur la façon dont on va marquer ses points de victoire.
Je suis plutôt allergique à la notion de hasard, dans le sens ou cela me frustre de passer des heures à jouer pour qu’au final tout se joue sur un jet de dés ou une carte piochée sans que cela ne tienne compte de tout ce qui s’est passé (tous les choix qui ont été fait par les joueurs sur tout le long de la partie).

J’adore aussi les jeux narratifs dans le sens ou ne pratiquant pas le jeu de rôle (j’ai essayé, je m’endors tout le temps) je vais pouvoir découvrir une histoire, y participer à travers les actions développer un personnage, vivre une expérience pleine de rebondissement, surprise etc, prévus par le/les auteurs, tout en utilisant une mécanique de jeu. C’est ce qui rend le joueur actif dans le développement de l’histoire + le fait de partager l’expérience avec des amis, qui pour moi rend les jeux narratifs plus attractifs que d’aller lire un roman ou voir un film par rapport à l’aspect « découvrir une histoire » (mais là je m’égare ce n’est pas le sujet)

Sauf que je suis forcée de constater que j’ai en réalité beaucoup de mal à faire des choix dans ce type de jeu ( Livres dont vous êtes le héro, TG, Etherfield, Cartaventura, Times Stories et compagnie).

On dit parfois que « choisir c’est renoncer » et je le ressent très fortement dans ces jeux là.

Mise en situation : « Vous croisez un marchand sur le bord de la route, sa carriole est renversée, vous l’aidez ou pas ? »
Et si c’était un piège ? Et si cela va me faire perdre du temps et me faire louper mon objectif de départ ? Etc … Et si je ne l’aide pas et que plus tard je le croise à nouveau et qu’il se venge ?

Et si tout simplement en faisant le choix d’aller sur le chemin de gauche vers la montagne, plutôt que vers la forêt, je vais manquer tout une partie de l’histoire ?

Et c’est là que j’ai beaucoup de mal. J’ai du mal à accepter de ne vivre/découvrir qu’une partie de l’univers/ histoire, ou de subir des conséquences négatives sur des choix pris sans connaître totalement les tenants et aboutissements (l’exemple avec le marchand).

Et aussi je suis quelqu’un plutôt « loyal - bon », j’ai un mal fou à incarner quelqu’un de chaotiques (ou pire chaotique mauvais !) je n’y prends aucun plaisir (je déteste donc les jeux ou il faut trahir)

Et vous allez me dire que c’est justement là tout le sel des jeux narratifs (et je le conçoit mais cela ne change rien à ma difficulté de faire des choix) vivre une expérience unique, se permettre d’incarner un personnage et le faire faire des trucs qu’on oserais pas faire dans la vie.

Dans les livres dont vous êtes le héros que je lisait gamine, je me retrouvais avec tous les doigts coincés en marque page sur les différents choix du livres et au bout de moment je n’avais plus de doigts libres alors il fallait que je prenne une décision, pour revenir en arrière de la ramification de l’histoire et récupérer un doigt de libre pour pouvoir continuer d’avancer)

Dans Times stories, je jouais sans tricher avec les autres joueurs, mais dès que la partie est terminée je suis du genre à retourner toutes les cartes pour découvrir les choix auxquels nous avions renoncés pendant la partie et découvrir ainsi les rouages et tous les embranchements possible prévu par le jeu/les auteurs.
« Ha si on étais allée explorer l’armoire on aurait pu trouver ceci qui nous aurait permis d’accéder à cela et on aurais pas perdu une unité de temps, ou bien on aurait rencontré tel monstre qu’on aurait dû battre, finalement on a bien joué fait de bon choix ou au contraire on aurait pu finir mieux ou plus vite etc etc »

Est-ce que je suis la seule a avoir ce problème de choix dans les jeux narratifs ?
Cette peur liée au fait de louper quelque chose (le fameux FOMO) ou de ne pas vouloir accepter une conséquence négative du genre si j’avais pris à gauche au lieu de à droite, je n’aurais pas perdu 3 points de vie, alors qu’au final on se retrouve au même endroit pour la suite de l’histoire.

Je vais bientôt recevoir Etherfields (et TG en une seule vague… no comment :sob:) et forcément je me demande comment je vais faire pour arriver à gérer mon problème de choix sans que cela ne me bloque dans le déroulement des séances de jeu au point de finalement laisser les jeux prendre la poussière sur l’étagère. Ce serait vraiment dommage, non ?

Merci aux courageux/geuses d’avoir lu jusqu’au bout. Je suis curieuse d’avoir vos avis commentaires, astuces, difficultés que vous rencontrez à ce sujet du choix dans les jeux narratifs. Et si vous avez le même problème dans les autres jeux ?

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Je rencontre un peu la même chose. Le plus simple c’est de refaire une campagne en choissant des options différentes. J’ai terminé la campagne de Tainted Grail et je sais que j’en referai une pour voir d’autres chemins. Je ne les verrai probablement pas tous, pas déjà pas mal.

Après il m’arrive, comme je joue en solo, qu’après avoir effectuè un choix, je lise l’autre option rapidement, pour voir ce que j’aurais eu (mais dans tous les cas j’accepte les conséquences de mon choix).

Sur This War of Mine, je pense que le jour où je le revendrai, je lirai le bouquin avant, pour voir un peu tout ce que j’aurais pu découvrir.

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Oui je comprend qu’en solo tu regarde le choix que tu n’a pas fait, moi aussi forcémment

J’ai déjà du mal à mener une campagne jusqu’au bout, je suis pas sûre que je réussirai à le refaire une deuxième fois !

Tu as tout a fait décrit ce qu’il se passe dans la tête aussi! Tu n’es pas seule!

Je joue uniquement en famille, alors soit on recommence ou on triche ouvertement ou je retourne dans les cartes (time stories je me sentais pas d’y retourner!)

Au final c’est qu’un jeu!

Tainted Grail est pour moi au-dessus de tout ce à quoi j’ai joué en solo. J’ai vraiment adoré la première campagne, aussi j’ai ajouté Red Death à mon pledge entre les deux vagues. Comme la première campagne te permet vraiment de partir dans 2 directions principales différentes (puis une multitude de plus petits choix), je pense que je la referai. Quitte à zapper un peu la partie gameplay si elle finit par me gonfler (ce qui n’était pas le cas la première fois).

Mais c’est vrai que la deuxième partie sera peut-être moins intuitive pour moi, qui suis plutôt dans le même état d’esprit que toi (loyal bon plutôt que chaotique mauvais :stuck_out_tongue_closed_eyes:).

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J’apprécie les narratifs en solo, ça permet de penser qu’à sois!

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Oui et surtout jouer solo cela oblige à faire un choix !
J’ai remarqué que quand je joue à plusieurs je laisse souvent choisir les autres, comme cela je n’ai pas à me positionner. Sauf quand la décision que je préfère me parait importante, là j’argumente et j’essaye de faire pencher les autres joueurs vers elle.

C’est pas du jeu de plateau mais si tu veux du narratif et du choix difficile, je ne peux que te conseiller le jeu vidéo The Witcher 3.

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Tainted Grail : meilleur jeu de société narratif
The Witcher 3 : meilleur jeu vidéo RPG

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Je me retrouve exactement dans le 1er post. L’envie de tout savoir, la peur de rater un truc…

Retourner toutes les cartes de Time Stories, j’ai aussi fait :innocent:

J’ai moins ce problème sur le 7th Continent car la narration reste légère, et y’a pas trop de choix cornélien, l’histoire en elle même étant linéaire.

Mais le all-in Tainted Grail s’approche, et Sleeping Gods derrière, on verra bien…

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Je suis entièrement d’accord pour 7th continent. Je n’ai eu aucun problème à faire des choix. Si tu gères bien ta pioche de carte en vrai tu explore tout ce que tu veux jusqu’à l’infini :wink:
Tu n’as pas du tout l’impression de passer à côté d’une partie de l’histoire

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Je me suis pris quelques extensions quand même car il y a encore des choses qui restent à découvrir ! J’aime bien me promener sur le continent et explorer à fond les moindres situations !

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Exactement dans la même situation. Après introspection je pense que c’est mon envie de FOMO (tout savoir) qui prend le dessus. Après j’ai adoré The Witcher 3 et je l’ai même refait plusieurs fois pour découvrir les secrets, mais au final au niveau narratif je fais souvent les mêmes choix (j’ai regardé les soluces pour voir les différents embranchements).

Je lorgne sur TG ou Sleeping gods pour me lancer, surtout maintenant que j’ai une table de jeux dédiée. En prémices de ISS puisque ce sera pas avant 2023.

Pour ceux qui ont fait les deux, quels seraient leurs différences?

Punaise, j’ai beau chercher, je ne la trouve pas la contrepèterie :persevere:

Sinon, en ce qui me concerne, c’est tout l’inverse : je me laisse porter par l’histoire.
À la rigueur, ce qui pourrait me saouler, c’est le choix visiblement mauvais qui mène à une partie importante de la narration.
Mais sorti de ça j’aime ce côté « allez, je me jette à l’eau ».

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Alors pour ma part, joueur de kubenbois, j’ai du mal à lâcher prise dans un narratif et j’ai tendance à raisonner davantage en probabilité de gain/perte de ressource qu’en conséquences sur l’histoire.

Jusqu’au jour ou j’ai joué à Life is Strange (un jeu vidéo narratif basé sur les choix), qui m’a énormément marqué et fait beaucoup réfléchir sur la notion de conséquences de nos choix.

Les Legacy m’ont en suite pas mal aidé dans ce domaine là (Pandémie, Chaterstone, Dilemne du roi, Gloomhaven, etc…), savoir justement que le choix est définitif.

Par accord commun avec mes joueurs, on ne regarde jamais les conséquences alternatives de nos choix, gardant le parfum mystérieux de l’inconnu et du « what if » :o)

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Est ce qu’une partie du soucis n’est pas dans le fait que tu cherches à faire un choix opti plutôt qu’un choix rp ?

A partir de la les conséquences non prévisibles seront peut être moins dur à vivre ?

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J’ai le même souci que l’initiatrice du sujet, et je crois que pour moi c’est exactement ce que tu dis, vouloir faire le choix optimal. Du coup tu as raison, faut que j’arrive à me mettre dans un rôle, cela « simplifiera » les choses, mais faut que j’y arrive :grinning:

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Salut,

Pour répondre au post initial, je précise que si j’apprécie une possibilité de gestion, je ne suis pas pour autant fan des jeux « kubenbois » où tout est contrôlé… (la gestion dans une échelle raisonnable et pertinente oui, le contrôle pas trop… D’autant plus quand il relève d’illusions de contrôle dans le contexte ou background/histoire du jeu)
J’accepte qu’il puisse y avoir de l’aléatoire lorsque cela représente une logique pertinente, mais je partage aussi le fait que je n’aime vraiment pas lorsque l’aléatoire (soit-disant « ludique ») prend le pas sans raison sur des éléments pour lesquels il n’y aurait pas de logique à cela et surtout qu’il a ou peut avoir un impact significativement important voir plus important que toute décision qui pourrait être prise…

Maintenant, concernant les décisions, je rencontre surtout le problème quand je manque d’éléments, ou que cela n’est pas assez immersif pour que je puisse savoir quel choix je ferais si j’étais vraiment le perso et/ou à sa place…
Mon problème n’est pas tant la recherche du choix « optimal absolu » que celle du choix optimal ou plutôt en adéquation avec moi/mon perso selon ce que je suis (ou que le perso est…)
Reprenant l’exemple du marchand, je sais très bien que pour ce choix, si je me retrouvais dans cette situation (ou le perso que je joue, …) il y aurait tout un tas de détails, d’éléments, de ressentis que je prendrais en considération (ou que selon le perso, il prendrait en considération de manière consciente ou inconsciente, par instinct/envie/logique/calcul/…) et qui me permettraient de suivre un choix dont j’assumerais les conséquences et avec lesquelles je serais alors en accord/acceptation… Si j’hésite, c’est qu’il me manque des éléments qui me sembleraient évidents comme le ressenti par rapport à l’individu, la configuration des lieux, le temps, … Cela ne veut pas dire que je pense à tout, et dans bien des situations il peut y avoir des éléments que j’oublie de prendre en considération, mais je suis alors en paix avec le fait que c’est un choix de négligence de ma part et non pas un élément que j’aurais dû pouvoir voir naturellement mais auquel je n’avais pas accès là sans raison/logique/justification/…
Ou autre situation qui peut aussi me poser pb, quand le choix n’est pas aussi libre que les dispositions que je prendrais… Exemple du marchand, je commence par lui adresser la parole tout en étant sur mes gardes, après l’échange, selon le ressenti, je l’aide mais tout en me laissant une marge d’échappatoire (/le gardant toujours à portée de vue même si cela rend l’aide que je lui apporte plus limitée ou contraignante,…)
Bref, lorsqu’il y a un choix bien plus abrupte ou obtus/limité que celui que je ferais…

Ma copine étant dans le même cas que moi, et nous ne sommes pas les seuls, p-e que le pb ici énoncé (ou de certains qui ont indiqué une équivalence) est du même ordre de frustrations/manques dans l’installation de la situation et du choix aussi…
Enfin après je ne propose que ce que nous avons déjà constaté mais nous n’avons pas non plus poussé plus avant la recherche et l’expérience, en évitant pour cela les jeux qui pourraient avoir ce travers…

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Après dans la vraie vie, vous ne sauriez pas tout sur ce marchand ou ses intentions ^^

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De base je suis plutot completiste. J’aime tout contrôler. Mais je me fais violence dans le naratif. Je me dis avant tout que je joue pour connaître mon histoire, celle de ma partie. Apres tout ce n’est pas l’histoire des auteurs qui prime, mais plus l’histoire qu’on se raconte avec des amis, nos affrontements, nos rigolades, nos échecs. Sur ce type de jeu, je ne vise clairement pas le run parfait car c’est impossible. J’essai de l’appréhender comme un jdr en quelque sorte.

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