Hier, on a joué à Turing Machine
3 parties, à 5 joueurs, durée 10-20 selon les joueurs
Le cadre
Début de soirée, après un copieux barbeuc dans l’aprem.
@vvedge : t’es partant pour un jeu ?
Moi : carrément
VVedge : je serais bien tenté pour essayer Turing Machine
Moi : carrément. J’avais prévu d’attendre les vacances d’été pour me l’offrir, mais si t’insistes…
Toujours moi, allant voir ma compagne : VVedge voudrait tester le jeu que j’avais acheté d’occaz pour jouer cet été, tu te souviens ?
Ma compagne : ah bin pas de bol VVedge, il va falloir attendre cet été alors… Attends, c’est le jeu où faut faire les déductions c’est ça ? C’est d’accord alors, j’ai vachement envie d’y jouer aussi !
Et nous voilà en train de sortir le matos et lire les règles.
Sur ce, débarque ma 14a, avec un jeu (?) qu’elle avait ressorti du fond d’un placard, pour proposer à mes 2 nièces 8a qui avaient passé l’aprem à la maison. ‹ Vous voulez pas faire une partie du Loto des Odeurs avec moi avant ? ›
Et nous voilà parti, ma 14a, mon 17a, VVedge et moi à sniffer des capsules aux odeurs cheloues de plus de 10 ans d’âge !
HS décalé du Loto des odeurs
Je vous invite à cliquer sur le lien myludo et lire les commentaires, c’est lunaire. Bon, on n’a pas du tout respecté les règles, qu’on n’a même pas lues et on s’est lancé direct : chacun son tour on pioche une des 30 capsules, on renifle et potentiellement on la pose sur notre fiche de 6 options, ou sur la 5ème fiche, inutilisée, si on pense qu’elle en fait partie. Sinon, on remet dans la pioche. Evidemment, en moins d’un tour ça se barre en sucette avec des ‹ attends, faut que tu sentes celui-là › ou ‹ pouah, mais c’est quoi cette horreur ›, ‹ purée, mais il est vraiment périmé lui › ou encore ‹ tiens, cherches pas, celui-là il est à toi ›. Puis, une fois que toutes les capsules ont été placées, les dernières n’importe comment en fonction des places libres restantes, on en retourne une. Evidemment, c’est faux, alors on retourne celle qu’on a mise à sa place, qui forcément est fausse aussi, alors on retourne la suivante etc… Au final, sur 6 cases de notre fiche loto, on a du tous en trouver 1 ou 2. Et le gagnant a été la 5ème fiche, celle du joueur fantome, avec 3 ou 4 bonnes réponses.
Ce qui faut retenir de ce jeu, c’est qu’on s’est payé de mégas crises de rires, jusqu’aux larmes et au point de devoir me lever de table en ce qui me concerne, pour reprendre mon souffle (et en profiter pour aller respirer de l’air frais à la fenêtre). A retenir aussi que le citron, c’est une odeur qui tient vraiment pas sur le long terme, que retrouver le ‹ feu de bois ›, quand on a passé l’aprem devant un BBQ, c’est pas simple, que le chévrefeuille, en fait, c’est pas si dégueu comme odeur, que VVedge est incapable de reconnaitre une odeur de banane, que les vannes sur la thématiques de la drogue, on peut en sortir un paquet par minute et qu’au final, quasi toutes ces odeurs doivent exister en déo pour les chiottes.
quand le loto des odeurs s’incruste à la partie de Turing Machine qu’on allait lancer…
Retour aux choses sérieuses, changement partiel des joueurs et on lance notre première partie de Turing Machine. Juste le temps que je sèche mes larmes et me mouche 3-4 fois.
Il y en a qui n’ont jamais entendu parler du jeu ?
J’imagine que non, mais au cas où :
Le but est de trouver un code de 3 chiffres, chacun compris entre 1 et 5. Conceptuellement, pour craquer le code, on utilise une machine de Turing, dont les connecteurs logiques représentés par des cartes vont permettre de nous dire si notre proposition est valide ou non.
Le matos
Assez minimaliste, mais terriblement efficace
- une très belle boite
- un espace de rangement dedans basique où tout rentre (mais probablement que ça aurait pu être bien mieux optimisé si on avait voulu réduire la taille)
- une tuile centrale, qui sert à rien mais qui permet de placer les cartes en cercle, ce qui est plus sympa pour tous les joueurs autour de la table (mieux qu’une rivière où seulement la moitié des joueurs voient les cartes dans le bon sens)
- un support à cartes perforées, très pratique et qu’on n’a pas besoin de démonter pour le ranger dans la boite. Vraiment sympa
- 48 cartes critères. Et vu le nombre de combinaisons possibles avec, plus de 7 millions de problèmes selon l’éditeur (je fais confiance, j’ai pas recompté), ça le fait large
- 96 cartes vérification à faire matcher avec les cartes perforées pour vérifier nos propositions
- 3 sets de 15 cartes perforées pour tester nos combinaisons. Toutes jolies mimi et très sympa à manipuler. Par contre, j’ai pas compris le choix de 3 set. Le jeu est vendu pour 1 à 4 joueurs. Et on te dit qu’il n’y a que 3 sets, car c’est très rare que 4 joueurs veulent la même carte en même temps pour tester, et qu’au pire, le 4ème peut attendre un peu qu’un autre ait fini pour tester. C’est clair, mais franchement, moi j’aurais bien vu 1, voir 2 ou 3 sets de plus dans la boite, c’est pas ça qui aurait plombé leur marge et franchement, c’est le seul truc qui limite le nombre de joueur, car au final ce jeu est un pur solo où chacun fait son truc dans son coin sans interaction nécessaire. Là, on y a joué à 5, mais on y aurait joué à 10 que ça aurait été la même, sauf pour le nombre de jeu de cartes perforées dispo justement (et la place autour de la table et du board)
- 4 paravents, complètement inutiles, sauf pour ma compagne qui a toujours les yeux qui tombent sur les choix des autres joueurs, bien malgré elle, ça lui pourri son plaisir de jeu ensuite
- 50 feuilles de notes. Et là, ça parait vraiment short, mais on comprend qu’ils peuvent pas vraiment proposer plus. Avec le pdf dispo sur le site, pour impression, ça va le faire. De toutes façons, je pense plastifier 4 à 6 feuilles, histoire d’être tranquille.
- un feutre effaçable, pour cocher une référence sur les cartes de vérification, qui sont manipulées, pour être sûr de la remettre au bon endroit une fois notre test vérifié. Bon, je trouve ça inutile aussi; pour moi, quand tu prends une seule carte, tu oublies pas sa place au moment de la remettre, mais j’imagine que le cas a dû se produire plus d’une fois lors de leurs parties de test pour qu’ils en viennent à ajouter ça…
La mise en place
En 2 minutes : le livret de règle te dit quels critères (jusqu’à 6) placer sur la table, et quelles cartes vérification leur associer.
Par contre, j’ai pas compris leur délire d’avoir 4 couleurs différentes avec des numéros différents sur chaque carte vérification. Genre on te dit ‹ en A, place la carte avec le numéro orange 328, en B la orange 632, en C la verte 212 › etc. C’est genre pour t’embrouiller pour pas que tu te rappelles pour chacune des 96 cartes où se trouvent les et les
sur leur grille de 122 possibilités ??? Franchement, t’as 96 cartes, ça aurait été vraiment plus simple à retrouver pour la mise en place si on te disait ‹ pour cette partie, place la 12/96 en A, la 47 en B etc ›.
Les règles
Le livret de règles tient en 8 pages couverture incluse :
- p2 : mise en place. On ne peut plus clair, mais de toutes façons, c’est hyper simple : tu choisis un problème, qui te dit quelles cartes critères et vérification placer et où.
- p3 : une liste de 20 problèmes, dont 16 d’initiation. Et c’est tout !!! Et là, ça n’engage que moi mais je trouve que c’est vraiment abusé. Quand j’achète un jeu, physique, j’ai envie de pouvoir y jouer sans avoir besoin d’autre chose que le matos qu’il y a dans la boite. Et ne proposer que 20 problèmes, soit à la louche 6h de jeu, c’est vraiment pourri. Alors certes, sur internet, ils proposent un pdf de 16 pages avec 30 problème par page, et c’est top, mais ça aurait couté quoi d’ajouter une feuille double avec donc 120 problèmes directement dans la boite ? Pour le reste, le site internet de l’éditeur est top : un générateur de problème plutôt ergonomique, te donnant la possiblité de faire tes propres problèmes et te donnant ensuite la réponse, les challenges quotidiens, les id de partage de problème etc… Le tout en plein de langues. Vraiment génial comme contenu additionnel, mais bon, un peu plus dans la boite, ça aurait pas fait de mal. Ah oui, sur le site, il y a aussi un autre truc génial, c’est que tu peux avoir le scoring de l’automate sur un problème donné. Et du coup, jouer pour faire aussi bien, voire mieux que la machine !
Ah oui, toujours sur cette page, on te dit qu’il y a un mode Extrème et un Cauchemar et qu’il faut aller voir sur le site pour avoir les explications. Bon, en vrai, pas besoin d’aller voir, car le livret te dit déjà qu’en Extrème tu auras 2 cartes Critère par vérification, avec un seul de bon. Et qu’en Cauchemar, tu ne sauras pas à quel Vérificateur chaque Critère est associé. Donc tu sais comment ça marche, mais pourquoi renvoyer sur internet du coup, et pas directement détailler dans le livret de règles ? - p4 et 5, la règle proprement dite :
Simultanément,- chaque joueur compose un code à 3 chiffres entre 1 et 5 sur sa fiche et prend les 3 cartes perforées correspondantes
- choisi de tester entre 1 et 3 critères et prend la carte Vérificateur correspondante. Il regarde le résultat en superposant les cartes et le note sur sa fiche
- s’en suit une phase de réflexion pour tenter de résoudre le code (la fiche de note est plutôt bien pensé, au passage)
- on repose les cartes et
- Règles officielles : on checke qui pense avoir trouvé. Si on a un ou plusieurs gagnants, on s’arrête là et on départage le vainqueur (sur le nombre d’interrogations), sinon, on recommence une nouvelle manche
- dans notre pratique : on recommence une nouvelle manche, jusqu’à ce que tout monde pense avoir trouvé. Ensuite, on compare tous nos résultats et le gagnant est celui ayant la bonne réponse, avec le moins de manches et si besoin de départager, avec le moins de tentatives cumulées
- p.6 : un exemple et quelques rappels pas inutiles, car vraiment, comprendre la mécanique n’est pas forcément très intuitif au début (en tout cas pour moi, je me suis fait des noeuds au cerveau)
S’il y a 2 trucs à retenir (et à expliquer aux nouveaux) :
- quand tu vérifies un critère à partir de ton code, tu ne sais pas, de base, laquelle des 2 à 4 options ton critère vérifie vraiment. C’est grace à ton code de test que tu vas pouvoir le déduire.
Exemple basique
tu as un critère qui va tester si ton 1er chiffre est pair ou impair. Tu as mis ‹ 2 › et le résultat au test s’avère être ‹ X › (faux), le test vérifie donc s’il est impair. S’il avait retourné ‹ V ›, ça n’aurait pas pour autant validé le ‹ 2 › dans le code, car le test aurait aussi répondu ‹ V › avec le ‹ 4 › (mais ça réduit quand même bien les options)
Exemple légèrement moins basique
tu as un critère qui va tester si ton 1er chiffre est <, = ou > à 3. Tu as mis ‹ 2 › et le résultat au test s’avère être ‹ X ›, le test ne vérifie donc pas le cas ‹ < ›, sinon il aurait retourné ‹ V › avec le ‹ 2 ›. Mais ça ne dit pas s’il teste le cas ‹ = › ou ‹ > ›, donc le chiffre peut être un 3 ou bien aussi un 4 ou 5.
=> donc le principe du jeu est de réduire au maximum les cas tests possible pour déterminer ce que testent vraiment les Critères, tout en réduisant dans le même temps les hypothèses de code possibles
- l’autre truc vraiment important à garder en tête, pour être bon, c’est que chaque connecteur doit avoir son utilité pour trouver le code. On n’est pas sensé pouvoir se passer de certains (pas comme dans The Key par exemple, où les indices peuvent être redontants entre eux et où tu dis ‹ merde, j’aurais pas du prendre ce type de carte, j’avais déjà l’info avec telle autre carte ›).
Par conséquence, si on fait l’hypothèse qu’un critère vérifie tel cas, mais qu’à ce moment, un autre critère vérifierai forcément tel cas de son côté, c’est que ce n’est pas ça qu’il vérifie, car on pourrait se passer du second critère.
Exemple bidon pour essayer de clarifier
Critère A peut vérifier que le chiffre est <, =, > 2
Critère B peut vérifier que le chiffre est <, =, > 4
Supposons que A checke le cas <2, c'est forcément faux, car on n'aurait pas besoin de vérifier le critère B (qui retournerait forcément vrai sur '<' aussi et faux dans les 2 autres options)
Supposons que A checke le cas =2, c'est forcément faux, car on n'aurait pas besoin de vérifier le critère B non plus pour la même raison
Donc, sans rien tester, on sait déjà que A va vérifier si '>2'. De même, B ne teste pas si >4 ni =4 car dans ce cas, inutile de tester A.
Par conséquent, toujours sans rien avoir testé, on sait déjà que le bon nombre ne peut être que 3 !
(j'espère ne pas avoir fait d'erreur dans mon raisonnement explicatif de mon exemple bidon, mais l'idée est là)
- p.7 et 8 : une explication des cartes critères. Pas inutile non plus, sur notre 2ème partie, y’en avait une que j’avais pas du tout captée (la belle escuse pour justifier le fait que j’étais le seul à avoir une mauvaise réponse)
Le mode solo ou coop est aussi évoqué. Bon, en fait, c’est bidon vu que le mode multi, c’est rien de plus qu’un mode solo à plusieurs, avec un comparatif du scoring à chaque problème. (attention, je ne dis pas que c’est pas sympa de jouer à plusieurs en même temps, il y a une vrai émulation et un plaisir à se challenger. Je dis juste que mécaniquement, il n’y a aucune différence entre le solo, le coop et le multi)
On aime ou pas au final ?
Oui, malgré les critiques négatives que j’ai faites plus haut, on a tous (beaucoup) aimé, c’est un jeu casse-neurones incroyablement malin, avec un nombre de problèmes à résoudre tellement grand qu’une vie n’y suffirait pas. Le principe de déduction oblige à un mode de raisonnement qui rompt totalement avec les habitudes, et ça c’est cool. Ludiquement parlant, je ne lui connais aucun équivalent mais je le rangerais dans la lignée de Mastermind, Cluedo, The Key… en bien plus costaud côté réflexion. Le truc qui pour moi s’en rapproche le plus, ceux sont les logigrammes qui constituaient mon loisir en vacances d’été étant gamin.
A retenir :
Le site internet apporte des ressources complémentaires incroyablement riches… qui compense le manque de problèmes proposés par défaut dans la boite.
Il n’y a pas de réelle interaction entre les joueurs.
On peut y jouer à plus de 4 joueurs, il faut juste que tous les participants puissent voir et manipuler les cartes posées sur la table.