Petite partie de Castle Itter hier. Pour le contexte, il s’agit d’un wargame solo (plutôt d’un Tower Defense dans les faits) qui retrace la bataille du château Itter. Cette bataille est nommée la bataille « la plus étrange de la seconde guerre mondiale » : en résumé, le 5 mai 1945, un équipage de tank Américain, des soldats Allemands, des prisonniers Français, un résistant Autrichien et un ancien officer SS, retranchés dans le château, se sont battus contre une division de panzergrenadiers SS jusqu’à l’arrivée de renforts Américains. N’hésitez pas à aller vous renseigner sur cette bataille, ça vaut le détour. Dans le jeu, assez peu simulationniste mais assez réaliste quand même, nous incarnons les défenseurs du château.
Note 1 : au regard de l’hétérogénéité (ou du bordel) des troupes, -notamment outre-rhinoises- dans cette bataille, j’utiliserai les termes suivants par souci de clarté, et sans aucun soupçon de politique ou autre relent extrémiste, xénophobe ou ce que vous voulez :
- les troupes allemandes et l’officier SS contrôlés par le joueur seront nommés « allemands »
- les antagonistes seront nommés « SS »
Note 2 : pour la suite des évènements, j’utiliserai des termes géographiques relatifs au plateau de jeu : Nord pour le haut du plateau, Ouest pour la partie gauche, etc… Cela correspond à peu de choses près à la réalité géographique.
Pour un aperçu du plateau de jeu, Google est votre ami, ou allez voir ici : BoardGameGeek
Note 3 ; je fous des majuscules un peu partout en dépit des règles de mon pote Robert (et La Rousse m’aime bien aussi). C’est à mi-chemin entre la marque de respect des intervenants historiques et l’envie de clarifier/glorifier le récit.
Nous étions encerclés, et après avoir abattu quelques ennemis, principalement au sud et au nord, l’assaut des SS a commencé sur le flanc Ouest. De nombreuses troupes SS, assistées d’une mitrailleuse lourde, ont surgit du bois, tandis que d’autre formations clairsemées arrivaient du Nord et de l’Est. Les soldats Allemands ont eut tôt fait de les clouer sur place, galvanisant le moral des troupes. Aussi, la première offensive SS d’envergure, à l’Est, appuyée de quelques canons, a rapidement été étouffée par l’équipage Américain, reprenant possession de son tank et usant de ses mitrailleuses lourde contre l’assaillant.
Cependant, le commandant SS a ensuite envoyé le gros de ses troupes sur le flanc Ouest, tout en ordonnant un bombardement intensif sur la muraille Est du château.
A l’Est, les tankistes Américains usèrent abondamment des mitrailleuses de leur blindé, clouant sur place l’offensive SS. Mais à l’Ouest, les mortiers et les
Panzer Kanone ont empêché les troupes Allemandes de riposter efficacement. Les murs du château commencent même à vaciller ! Pendant ce temps, les quelques soldats Allemands - au Sud - et Américains - au Nord - tiennent vaillamment l’ennemi en respect.
Ce mêmes soldat, du Nord et du Sud, entreprennent alors une contre-attaque à l’Ouest, repoussant efficacement l’ennemi, tandis qu’à l’Est, les tankistes Américains, arrosant les SS avec leurs mitrailleuses, profitent de l’accalmie pour charger le sabot de 76mm de Jenny, leur tank stationné à l’entrée du château.
Mais l’ennemi est implacable : il lance une charge lourde à l’Est, supportée par des mortiers et des mitrailleuses. Les défenseurs tentent d’endiguer la percée SS, mais au moment d’utiliser le canon de Jenny - arme la plus importante à notre disposition - pour disperser les troupes ennemies, un tir de Panzerfaust l’anéanti, ainsi que trois précieux membres d’équipage.
Pour ajouter à la déroute, un feu nourri de mortiers et e MG42 cloue sur place les défenseurs du château. Si les troupes Allemandes du Nord résistent bien à l’assaut - l’ex officier SS Gangl et Clémenceau n’étant pas étrangers à ce moral d’acier- , ce n’est clairement pas le cas de la section Ouest, qui plie de plus en plus sous les balles ennemies.
Pour ajouter au calvaire, les canons SS de 75 et de 88 font totalement s’effondrer la façade Est. Les troupes sont en panique, et il devient impossible de les diriger efficacement.
A ce moment, un groupe de renforts surgit providentiellement, et décime une nouvelle offensive SS à l’Est, heureusement tuée dans l’œuf. Ce moment
de répit est mis à profit pour utiliser les troupes au Nord et Sud, relativement épargnées, pour contrer l’offensive Ouest, avec succès.
Face à ce revers, le commandant ennemi va choisir d’intensifier son assaut sur le Nord et l’Est. Si le Nord résiste, bien à l’abri derrière sa muraille imprenable; à l’Est, la situation est bien plus compliquée : seul Steiner, en état de combattre, tient tête à un nouvel assaut SS. Il fera preuve d’une bravoure mémorable, mais l’ennemi continuera sa progression, certes ralentie, mais inexorable.
Si l’Ouest est en péril, les murailles étant tombées sous la pluie d’obus de mortier et de coups de canons, le Sud est beaucoup plus calme : la végétation étant moins dense, les SS se font moins nombreux, et les troupes Allemandes y ont effectué un bon ménage dès le début de l’assaut. Borotra, un prisonnier (et athlète-tennisman) Français, propose d’utiliser ce chemin pour fuir le siège et aller avertir le 142ème régiment d’infanterie Américain, stationné non loin. Un officier Allemand, accompagné de quelques compatriotes, arrose alors d’un feu nourri les troupes SS du Sud, permettant à Borotra de s’échapper.
Cependant, l’ennemi a profité de ce temps pour recentrer son assaut sur le Nord et et l’Est.
Au Nord, les murailles tiennent encore debout, mais la mort de Clémenceau et d’un officier Allemand ont sapé le moral des troupes. Seul l’espoir des renforts Américains fait tenir les défenseurs - Américains justement, qui ont fuit le front de l’Est avant l’explosion de leur char - Ils défendent vaillamment leur territoire, même si l’assaut SS, soutenu par de nombreux tirs de mortiers et des salves incessantes de MG42, se fait de plus en plus pressant.
A l’Est, en revanche, la situation est beaucoup plus compliquée : Steiner est seul, dans les décombres de sa bien aimée Jenny, encerclé par les SS. S’il n’est pas encore mort, c’est parce que deux Allemands, retranchés dans le hall du château, arrosent copieusement les troupes SS qui se jettent inlassablement à l’assaut du bâtiment.
Soudain, coup d’éclat, la muraille Nord tombe, ainsi que ses vaillants défenseurs. Le commandant SS a choisi de concentrer l’attaque de ses canons à cet endroit, avec succès. Les quelques survivants, avec la rage du désespoir, arrosent leurs assaillants et en déciment une grande partie. L’espoir des renforts Américains est là, et il se sent !
D’ailleurs, ces Américains, ils sont là, à quelques kilomètres ! On les entend même bombarder les positions SS ! La victoire est proche !
Mais le commandant SS n’a pas dit son dernier mot : il ordonne un tir de suppression de la part de tous ses mortiers et MG42, sur l’ensemble du château, obligeant les défenseurs à se retrancher. Puis envoie massivement ses meilleures troupes à l’assaut du château, par l’Est. Steiner, malgré son courage et une action audacieuse de dernière minute, ne parviendra pas à stopper l’avancée des SS, qui vont pénétrer dans le château et assassiner chacun de ses vaillants défenseurs.
Le 142ème RI, arrivant quelques dizaines de minutes après et maîtrisant rapidement les troupes SS , ne put malheureusement que constater l’horreur du charnier.
En résumé : le jeu est exceptionnel, mais seulement si on choisi de s’immerger dedans et d’accepter l’aléatoire (très présent !).
Ce qui aide : les nombreuses cohérences historiques - si on choisit de s’'y intéresser, et je comprends que ça ne peut pas être le choix de tout le monde - et le moulage du jeu autour de la réalité historique. Pour faire simple : l’assaut des SS est principalement géré par des jets de 2d6. Et la gaussienne résultante est mise en œuvre sur le plateau par une probabilité accrue d’apparition de troupes SS sur la partie Est du château, ce qui est historiquement crédible.
L’avantage de cet aléatoire important, c’est une rejouabilité importante !
Bref, je crois que le jeu est dispo sur Steam pour moins de 10 balles, n’hésitez pas à le tester. Pour le jeu physique, à 70€ (c’est dans la catégorie Wargame, le prix est « normal »), il ne faut pas hésiter, si on accroche. D’autant que la qualité du matériel est irréprochable ! (c’est en zEnglish uniquement, mais on trouve facilement la VF, et en jeu le texte est vraiment très peu présent)
Edit : quelques inversions Est - Ouest qui pouvaient rendre le récit confus.