J'ai pu tester Altered sur BGA

J’ai joué à Altered sur BGA, qui est sur KS en même temps. Le palier de financement a été atteint, donc il est crowdfundé. Mais il est pas livré. Mais on peut y jouer quand même. Gnnnnnnnnnnnnnnnnnnniéjleposteici.

(ah, et c’était pas que hier… permaban?)

Vous avez sans doute entendu parler l’Altered, le jeu qui « casse les codes », un TCG « brillant, novateur »… on a de la chance, on peut tester sur BGA, et en pnp via le site du jeu. En voici une petite review sous le signe de l’élégance !

Je ne vais pas m’attarder sur les aspects hors gameplay, donc juste un bref résumé. Altered se veut révolutionnaire grâce à son système de collection : chaque carte a un QR code unique, que vous scannez à l’ouverture du booster pour dire « cette carte m’appartient ». Vous pourrez la revendre ensuite, mais surtout la faire imprimer pour la modique (lol) somme de 1€ (c’est 2x plus cher qu’une carte Dixit qui est déjà diablement chère), et un minimum de 20 cartes. Sachant qu’un deck pré-construit est composé de 39 cartes (+1 héros), et qu’on a droit à un maximum de 3 exemplaires de chaque carte, ça veut dire qu’avec 13 cartes unique et l’impression de 26 cartes (26€, m’suivez ?), vous avez votre deck.

Voilà pour le résumé, passons au gameplay. Car les personnes qui l’annoncent comme révolutionnaires évoquent un gameplay nouveau, qui change des traditionnels TCG où chacun commence avec 20pv et va invoquer des créatures pour mettre l’adversaire à 0pv. Il faudrait leur dire que tous les TCG ne fonctionnent pas comme ça, mais je vous laisse vous en charger.

Voici les règles les grandes lignes.
Au centre de la table, on trouve une piste composée de 8 cases. Chaque joueur place un personnage sur chaque extrémité : d’un côté le héros, de l’autre son compagnon. Le but du jeu est d’être le premier à croiser les 2 pions.
Pour ça, les joueurs vont s’affronter sur deux zones d’expédition (une pour chaque pion) dans une jeu de majorité. Chacune des 6 cases à traverser comporte un ou plusieurs biomes parmi la forêt, la montagne et l’eau. Si, à la fin d’un tour, vous êtes majoritaire sur une statistique qui est demandée par la case où se trouve le pion, vous avancez.


Ici, mon pion héros (en bas à gauche) est sur une case « Forêt ». Celui de mon adversaire sur une case « Eau ». Si à la fin du tour j’ai une plus grande stat « Forêt » que lui dans la zone d’expédition de gauche, j’avance d’une case. Il pourrait tout à faire avancer aussi s’il a plus de stat « Eau ».

Chaque deck est composé de 39 cartes, auquel s’ajoute un héros, placé au centre de la table. Ce héros indique la faction jouée (il y en a 6) et a un effet de jeu qui lui est propre.
En début de partie, chaque joueur pioche 6 cartes, en choisi 3 qui place face cachée sur la table : c’est son mana. Puis s’enchainent les tours, composés de différentes phases qu’on pourrait simplifier ainsi :

  • Matin : Chaque joueur pioche 2 cartes, puis PEUT en placer une des deux face cachée pour augmenter son mana disponible
  • Midi : Effet de début de manche des cartes en jeu (généralement les héros en ont).
  • Après-midi : on joue des cartes tour à tour dans les zones d’Expédition pour le coût de « main » indiqué en haut à gauche. Dès qu’un joueur passe, il ne peut plus jouer.
  • Soir : on compare les stats (les 3 lignes à gauche des cartes) et on voit qui avance
  • Nuit : les cartes placées en Expédition vont dans la « réserve », d’où elles pourront être rejouées une dernière fois, pour le coût indiqué en rouge. On en conserve max 2.


Ici, on peut voir que j’ai la majorité en vert à gauche, et dans toutes les couleurs à droite. Je vais donc pouvoir avancer sur chaque piste. Ce n’est pas le cas de mon adversaire.

Résultat :


On peut voir en base à gauche mes deux cartes précédemment jouées. Elles font partie de ma réserve, je pourrai les jouer pour leurs coûts respectifs de 3 et 4.

Petit tour d’horizon des six decks jouables sur BGA

Cette faction place des « Permanents » des cartes qui vont avoir des effets tous les tours et qui ne vont pas dans la réserve. On est sur un deck très solide en fin de partie, mais qui peine à se mettre en place au début. Il faudra jauger du moment où l’on peut placer nos permanents pour limiter la casse. Mais ne vous attendez pas à avancer vos pions au même rythme que votre adversaire ! Il aura sûrement une longueur d’avance qu’il faudra ensuite gérer en l’empêchant d’avoir la majorité.
Il s’agit là d’une spécificité du gameplay d’Altered : en fait vous pouvez temporiser en empêchant une majorité sans pour autant chercher à avancer vous même. Avec ce deck, ça a du sens.


Les amateurs de deck aggro auront sûrement remarquer le petit drapeau rouge en haut à gauche. Hasard ? Je ne pense pas.
Avec Bravos, il faut gagner vite, et à l’inverse du deck de démarrage précédent (Axiom), vous allez chercher à avancer à tous les tours, car à un moment donné vos cartes ne feront plus le poids. Les victoires ont le goût d’une mission rondement menée, avec l’élégance d’un brasier d’été.


Je n’ai pas joué Lyra. Le héros dit « lancez un dé », je me suis arrêté là et je ne l’ai jamais affronté donc manifestement je ne suis pas le seul rebuté. Next.
Sinon je l’ai affronté une fois. Il a lancé une carte qui coûte 3 et dit « lancer un dé, le personnage ciblé gagne X boost, X étant la valeur du dé ». Il a fait 1.
J’en ai vu des trucs malaisants et inélégants dans des TCG, mais des comme ça, jamais.

(et le deck est peut-être bugué sur BGA : on se retrouve en départage d’égalité alors que mon oppo n’a pas rejoint son héros et son compagnon…)

(il en faut encore ?)


Chez Muna, l’idée est de poser des grosses créatures et/ou maintenir des créatures sur le terrain plus d’un tour grâce au mot-clef « Ancré », qui permet de ne pas quitter l’expédition tout de suite. Ainsi j’ai pu laisser un petit Champi 1/1/1 sur le terrain 5 tours de suite. Et il gagnait 1/1/1 à chaque début de tour. Amusant.


Ordis doit plaire aux joueurs car je l’affronte beaucoup ! C’est un deck qui va essayer de flood le terrain avec des jetons 1/1/1. Et bien sûr il a quelques cartes qui profitent méchamment de ce flood : il peut par exemple ajouter un jeton « boost » (+1/1/1) à chaque créature contrôlée.
Imaginez le résultat sur ça :

In fine, un peu le même gameplay que Muna : tu te setup et tu cognes, le schéma midrange classique. Le jeu ne permet pas vraiment d’intégrer la notion de board large (beaucoup de personnage avec de faibles stats) ou de board haut (peu de personnage mais avec de grosses stats) dans le jeu, donc les deux decks se ressemblent. Par contre Muna prend plus méchamment les quelques removals qui existent (faiblesse classique des board haut) alors qu’il n’y a pas de rase-board pour contrer Ordis.


Yzmir a l’élégance de proposer une option tempo/control. Vous temporisez comme vous pouvez, vous pouvez même faire reculer un pion adverse ! Mais contre un deck Ordis ou Bravos, ça pique. Et comme Ordis est très joué, autant vous dire que mes parties avec ce deck étaient difficiles, mais pas déplaisantes.

Bilan après une dizaine de partie

Les plus

  • La réserve et les personnages « éphémères » : le board est en constante évolution, les cartes ne restant, pour la plupart, qu’un seul tour. J’ai trouvé ça malin, notamment combiné à la réserve (le fait de pouvoir rejouer les cartes plus tard). Personne ne peut prendre un avantage permanent au board.

  • La connaissance du match-up : Au moment de choisir les 3 cartes à mettre en mana, au début de la partie, on connait le héros adverse. Avec une bonne connaissance du jeu, ça permet de savoir ce que l’on veut garder et ce qui nous sera moins utile. Je trouve que c’est très bien et j’aime ça dans les TCG. J’y reviendrai dans les moins cependant, dans le point « Mulligan ».

La poudre de perlinpinpin (on vous dit que c’est nouveau mais c’est mytho)

  • Le système de majorité : est-ce vraiment si différent de ce que l’on voit d’habitude ? Ok j’utilise pas ma 2/2 pour value-trade ta 1/1, mais j’utilise ma 2/2/2 pour counter tes deux 1/1/1. J’ai eu les mêmes sensations de jeu, les mêmes dilemmes à résoudre que sur un TCG où les créa sont utilisées pour combattre. Parce que finalement, on parle toujours de stats, et le principe d’une majorité, c’est d’avoir la plus grosse. Comme en combat.

  • Le début de partie à 3 mana : C’est mignon de nous faire commencer avec 3 mana, mais au final la possibilité de jouer plusieurs cartes dès le T1 est soumis à la chance uniquement, avec généralement 3 cartes au coût de 1 par deck, et sans possibilité de mullligan. Donc souvent tu joues un 3-cost, qui aurait pu être un 1-cost si on avait commencé à 1 de mana. Il y a quelques nuances à apporter donc c’est pas dans les moins, mais c’est trop peu exploité pour en faire un élément de gameplay vraiment impactant.

Les moins

  • L’association biomes/stats des personnages : on a beaucoup de 1/1/1, de 2/2/2, bref des stats uniformes. Les tokens sont tous symétriques également. Je trouve ça vraiment dommage.
    222
    Ordis n’a quasiment que ça… c’est ce qui fait qu’il est autant joué ? En tout cas ça permet de s’affranchir d’une bonne partie de la réflexion pour atteindre la majorité.
    Quel est l’intérêt de faire un système de biomes où l’on aura parfois besoin de Montagnes, parfois de Forêts, parfois des deux… pour mettre autant de personnages qui ont des stats égales ? La conséquence, c’est que contrer son opposant ne nécessite pas d’investissement particulier, il suffit d’avoir la majorité sur un biome pour l’avoir sur tous la plupart du temps.
    Quelques decks ont plusieurs personnages aux stats asymétriques, comme le deck Yzmir (jamais croisé en face, et je l’ai trouvé difficile à jouer, hasard ?)
    Dame du lac
    La dame du Lac a l’élégance d’avoir une stat-line 1/1/3, ce qui en fait un bloqueur peu cher lorsque l’oppo a un token sur le biome mono-eau. Trop peu de cartes comme ça dans les decks proposés.

  • Le deckbuilding : Je n’ai pas pu l’expérimenter ici, les decks étant préconstruits, donc il ne s’agit que d’hypothèses. Mais la règle indique que vous devez jouer des cartes de la faction de votre héros. Donc 1/6 des cartes disponibles. J’ai toujours du mal avec ces contraintes de construction de deck car ça limite fortement la créativité, on risque de rapidement se retrouver avec une version « ultime » de chaque faction. En tout cas, moi qui aime me creuser la tête sur des courbes de mana, sur l’équilibre de mon deck, je trouve que ça m’impose des limites sans les justifier par les gameplays. Je préfère une contrainte « naturelle » (= manque de synergie entre les couleurs si on en met trop, mana coloré comme un certain MTG…) à une bête contrainte de règle, d’autant plus qu’on ne nous permet même pas une bi-colorité. A voir en pratique.

  • Le système de résolution des égalités : si les pions se croisent en même temps et sans se dépasser plus chez un joueur que chez l’autre, on refait une manche. Durant cette manche, les pions sont placés au centre et la zone dans laquelle on joue (gauche ou droite) n’a plus d’importance, comme le montre le screen. L’objectif est d’avoir la majorité dans 2 couleurs sur 3.
    Egalité
    Jusque là pourquoi pas, sauf qu’en 10 parties, ça m’est arrivé 3 fois de devoir régler une égalité de cette manière. Et on parle de débutants, avec des match-ups polarisés. Je n’ose pas imaginer le nombre de parties qui vont finir comme ça à haut niveau, où chacun saura comment contrer l’autre. Et pour l’anecdote, sur l’une de mes parties on a même dû refaire une seconde manche supplémentaire. Boring.

  • Le mulligan : bah yen a pas. Je ne comprends pas pour quelle raison : se dire qu’on a le choix de garder 3 cartes sur 6 ça leur semble suffisant ? C’est frustrant parce que quand tu pioches ce genre de main, t’es pas très heureux :


    Un brelan de Dame du Lac et une paire de Disciples Studieux, ça fait un full ?
    Inversement, quand tu vois que tu as 4 bonnes cartes dans le match-up, t’es dég de ne pas pouvoir renvoyer les plus chères dans le deck pour espérer piocher une carte moins pertinente et la placer en mana.

Bref, c’est plaisant à jouer mais je n’ai pas perçu le côté révolutionnaire et surtout quelques failles dans le gameplay. Evidemment ce n’est que mon avis, n’hésitez pas à vous faire le vôtre : le jeu est dispo sur BGA jusqu’au 5 février !

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A 48h ou presque de la fin de campagne, il me semblait intéressant de mettre cet avis en avant. Pour les intéressés indécis, j’ai enrichi de quelques avis personnels et réflexions dans cet article (mais je suis grosse modo de l’avis de @Dixit):

10 « J'aime »

La révolution, je ne sais pas. Le marketing a cependant encore frappé !

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