Ou l’inverse : ça change au cinéma car le modèle social a évolué.
Tu me parles de la pub ? La pub des années 70-80, c’était 100% d’hommes (hors secrétariat et accueil). Celle des années 90 avait déjà 1/4 de femmes (l’accueil avait de son côté beaucoup progressé aussi pour être constitué de quasi mannequins; si tu n’as jamais tenté d’expliqué que c’est ta première journée à une norvégienne perdue dans le bateau échoué de Jean Nouvel, tu peux pas test). Avec même les premières femmes patronnes d’agence ou Directrices de Création (Mercedes Erra par exemple). Celle d’aujourd’hui ne doit pas être loin de la parité (j’avoue ne pas avoir mis les pieds dans une agence depuis longtemps) à tous les échelons hiérarchiques. Même si rares, le nombre augmente (et la France est parmi les pays les plus avancés à ce niveau).
Si tu veux changer encore plus les choses, au lieu de regarder des détails comme « mais pourquoi les pubs avec des hommes (plus de la moitié, l’homme étant une figure d’autorité) reposent majoritairement sur des ressorts comiques/ de connivence alors que celles avec des femmes très rarement (en plus de probablement ne pas représenter une pub sur cinq) », il serait amha plus intéressant de s’intéresser à des phénomènes bien moins sexys mais bien plus efficaces (et certaines agences ont d’ailleurs franchi ce pas) : couper les mails / téléphones après 18 ou 19 h par exemple. Histoire que les agences ne soient pas remplis à 22 h que de mecs qui vont aller ensuite finir la nuit au Queen (ou quoi qui le remplace désormais). C’est là que la séparation s’opère réellement dans un milieu pourtant assez ouvert. Tu peux faire ce que tu veux, tu n’y échapperas pas et tu pisseras gentiment dans le vide en en restant au symptôme.
J’ai rien compris c’est quoi ces « agences » ? J’ai du louper un épisode…
edit : tu parles du fait que les gars se refilent entre eux les promos prof en douce après le boulot ? je cherche mais je plane peut être complet a coté
C’est pas que c’est après le boulot. C’est qu’ils continuent le boulot et la socialisation professionnelle sur des heures. Pendant que les femmes s’occupent des mômes. Ça, c’est une vraie putain d’inégalité.
tu vois, par exemple, cette phrase : elle dit exactement l’inverse de ce que tu penses (toujours amha). Evidemment qu’elle est isolée puisque c’est la première. Mais à partir du moment où elle est la première, cela induit qu’il y aura une seconde. D’autres. Et, plus généralement, d’autres femmes réal à qui des prod confiront un budget.
Il a fallu un demi-siècle pour une première palme de réal féminine mais moins de dix pour la seconde (Julia Ducournau)
Tout ça parce qu’un producteur se fout royalement de savoir si c’est un regard d’homme ou de femme : la seule chose qui l’intéresse, c’est que son investissement se révèle rentable.
Peu importe que l’œil dernière soit celui d’un homme ou d’une femme tant que les entrées se font. Si demain un investisseur (peu importe son sexe ou sa structure légale) pense que réaliser un film avec un regard féminin a des chances de faire du chiffre, il mettra ses billes dedans (les producteurs, c’est pas ça qui manquent, hein; sans même parler des fonds d’aide au cinéma).
La question de la normalité n’a rien à voir. Si on compare le nombre de femmes réal à la masse des hommes réal, il serait au contraire plutôt normal qu’une femme réal n’ait jamais été récompensé à Cannes auparavant.
Oui mais qu’est qu’elle en aura ch…pour y arriver , d’ailleurs elle le dit très clairement Campion que l’industrie du ciné est sexiste et qu’elle a du se battre 10 fois plus qu’un gars pour faire ce qu’elle a fait.
edit : tout le monde n’est pas une guerrière prête a se prendre watmille humiliations pour pouvoir réaliser ses rêves
Quand on parle de publicité, une agence est le plus souvent une agence de communication (com, ou pub si on explore le passé ou se restreint à ce seul domaine).
Et l’explication de @zythum est correcte : dans ce genre d’univers (que tu peux étendre au cinéma d’ailleurs), la socialisation est un outil de séparation. Sans aucune forme de malveillance. Et même avec des gens qui sont à l’opposé du sexisme. Il est 20h, t’es au taff (dans la pub, c’est très courant; j’ai rarement terminé une journée avant 20h, souvent plus tard… quand elle se terminait), tu lèves la tête et tu n’as plus que des hommes autour de toi (allez, ça a du progresser un peu : 9/10). Tu te bouffes un truc entre collègues en, sup, tous des hommes. T’es claqué, tu vas prendre un verre avec tes collègues (et là, il n’y a plus que des hommes). Tu termines en boîte avant de repartir au boulot (que des jeunes hommes)…
Tu peux faire ce que tu veux ensuite, je te défis de réussir à vaincre l’image créée dans la tête de ce jeune créateur de pub. Tu peux balancer du terme anglosaxon pour faire smart, lui il lève la tête et observe son open space où il n’y a quasiment plus que des hommes passé 19h.
Je trouve très bien de couper le boulot en fin de journée, j’aurais même plutôt mis 17h moi comme ça on a le temps de faire une partie de jeu derrière ( avec ses enfants ou pas).
Oui. Et, là, il a pu y avoir une forme de sexisme (ça me semble d’ailleurs évident). Je ne suis pas train de dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
D’ailleurs, pour avoir déjà eu cette causette : il est très difficile de trouver les chiffres d’exploitation de La leçon de piano. Alors que c’est accessible en un clic pour la pire des daubes…
C’est très bien mais c’est irréaliste tant qu’il n’y a pas la volonté politique (pas seulement une politique interne d’une ou deux entreprises) de permettre d’arrêter de travailler passé une certaine heure.
C’est à dire tout faire pour permettre aux hommes comme aux femmes de s’arrêter pour s’occuper des enfants par exemple. Et ça commence tôt : le congé paternité, en France (j’en sais quelque chose, j’en sors) ne dure qu’un mois. Vs un congé mat de six mois. Et il est facultatif. Il faudrait le rendre obligatoire, l’allonger (et dans le fond, autant que le congé mat, après tout si on veut être égalitaire), permettre ensuite un autre congé équitablement réparti (ou en tout cas répartissable, mais je pense que c’est insuffisant si c’est sur la base d’un choix) entre l’homme et la femme.
Pourquoi c’est mieux, de rentrer dans la tête de tous que s’occuper des enfants c’est autant une affaire de l’un que de l’autre ? Parce que si cette vision des choses est internalisée, alors et alors seulement peut-on imaginer que spontanément, des hommes quittent le boulot pour effectivement faire autre chose. Sinon, si tu coupes l’accès mail, voire l’électricité, les hommes bosseront depuis un café ou depuis chez eux pendant que bobonne prépare la soupe et donne le bain. Et tu n’auras rien changé.
Parce que la promotion professionnelle, elle tombera sur celui qui abat le plus de boulot (et c’est normal). A ce compte-là dans notre société, les hommes partent donc gagnant. Et les freiner est injuste et excite un sexisme en retour, comme réactance. Donc on n’y arrivera pas en empêchant les hommes de bosser plus (c’est se tromper de combat et c’est perdu d’avance) mais en faisant en sorte qu’ils aient envie de s’arrêter de bosser pour faire autre chose.
C’est faisable, les danois y arrivent (et globalement tous les pays scandinaves).
Puis-je te soupçonner de ne pas avoir suivi le lien d’@hexolitemax ?
Parce que là, tu décris, allez disons la cause de la situation qui a mené la dame à ce constat.
Mais dans l’article il y a plus de détails. Par exemple :
Elle postule que, dans les films produit par Hollywood, l’image sexualisée des actrices est le sujet central du film afin de satisfaire le plaisir de l’homme. D’après Laura Mulvey, les personnages masculins sont actifs, les personnages féminins sont façonnés pour être regardés et sexualisés.
D'ailleurs au passage,
Oui, moi aussi ça me fait mal
(Mais ce n’est pas d’elle puisqu’elle a publié avant la sortie de Jedi.)
J’ai tout bien lu wikipédia sur male gaze.
Je ne citerai que ce passage mais il y en aurait d’autres, qui suffit à décrédibiliser l’ensemble. Du bullshit psychanalytique comme même nos psychanalystes français lacaniens n’osent même plus gloser…
Rien de tout ceci n’a de valeur aujourd’hui (ce n’était pas forcément le cas en 1975). Rien.
Concernant le congé de paternité, c’est pas chez nous qu’on a râlé quand il a été allongé récemment ?
Tiens, une petite anecdote (oui oui, je sais…) : à la naissance de mes garçons je me suis dit allez, 'the fuck, je prends un congé parental d’un an. Ce que j’ai fait (c’était génial, je recommande).
Bah invariablement quand j’annonçais ma situation à des mecs que je rencontrais, la première question qu’on me posait c’était « et tu fais quoi comme boulot ? ».
Alors, c’est peut-être moi qui interprétait hein, mais pour moi le sens de la question c’était « ah ? t’as un boulot que tu peux te permettre de lâcher pendant un an toi ? ».
Et c’est bien pourquoi il faut le rendre long (idéalement à parité avec la femme, histoire de bien enfoncer le clou de ladite parité dans les esprits récalcitrants) et obligatoire pour tous dans tous les métiers. D’où la volonté politique sans laquelle ce ne sera pas possible.
Voilà qui me paraît un combat essentiel qui va au-delà du simple congé mais changerait effectivement les représentations de genre dans les rôles familiaux.
Je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis dans ce dernier message.
Néanmoins, et alors là attention je vais faire un raccourci à faire pâlir d’envie un Raëlien, Christophe Colomb a eu beau se gourrer quand il a pensé débarquer en Inde, il n’en a pas moins découvert un nouveau continent.
(Oui je sais, les Vikings…)
Ce que je veux dire, c’est que la justification ou l’explication de la motivation peut être complètement farfelue, j’ai quand même l’impression que le phénomène décrit n’est pas inexistant.
Non, non j’ai bien lu l’article wikipédia et je connaissais déjà un peu le sujet.
En gros, elle fait comme hypothèse sa conclusion. C’est le problème de ce genre d’«explications».
Je lirai l’article star wars à l’occasion, mais j’ai bien l’impression qu’on est typiquement dans la confusion crasse entre causalité et corrélation. Et la méthodologie est assez pourrie, on se croirait de retour aux débuts de la médecine (avant le double aveugle). Pour avoir un truc propre, il faudrait faire coder le degré de nudité par un panel de personnes et faire coder l’importance, le pouvoir et tout ça, par un autre panel. Comme ça on éviterait un minimum les monstrueux biais de confirmation qu’on peut soupçonner ici. Je salue ceci dit la méta-méthodologie que je trouve très intéressante. Elle montre bien qu’on peut tester des affirmations sur l’image des femmes de façon plus ou moins objective.
