Mais moi, j’ai un ouvrier dans mon bureau qui, traumatisé par un AVP (il a perdu le contrôle de son véhicule sur route mouillée, il s’est pris un mur à cinétique haute, il a clairement eu beaucoup de chance et il aurait pu mourir, il s’est juste fêlé quelques côtes et pété une épaule, sans séquelles physiques à long terme), n’a pas pu reprendre le volant pour aller bosser. Avec des galères sans nom, parce que bien sûr il a pas les moyens d’habiter près de son lieu de travail donc voiture à peu près indispensable.
Après une thérapie d’exposition progressive, ce qui lui a permis de reprendre un peu confiance et donc le volant, c’est la « croyance/certitude » qu’il avait que son véhicule le protègerait en cas de perte de contrôle. Il s’est saigné pour acheter son SUV, je pense, vu son salaire probablement pas loin du SMIC.
Reconduire, c’était une (pas si) petite victoire.
Et là, t’as un sombre connard bien-pensant qui vient lui niquer sa confiance en lui si fragile, en lui renvoyant une image dégueulasse.
C’est une réactivation traumatique. On a mis du temps à le récupérer.
S’en prendre à des individus au nom d’une cause globale, c’est pas défendable.
On est passé dans un monde tellement aseptisé qu’on oublie la violence qui a été nécessaire en France pour obtenir un certain nombre d’avancées sociales. Les mineurs fusillés, les barricades…Même actuellement des militants écolos sont assassinés (dans les pays du sud), inquiétés dans leur activité (cette militante bretonne qui a eu des boulons desserrés sur sa roue).
Vous croyez vraiment que le capitalisme acceptera tranquillement de rendre les armes avec des pétitions et des gens qui s’enchainent à la grille de la préfecture ?
A partir du moment où des intérêts contraires se rencontrent, l’affrontement est inévitable. D’autant plus quand le rapport de force est aussi inégal.
Pour prendre l’exemple de Sainte-Soline, on a un accaparement d’une ressource commune pour des intérêts privés, et défiler en tutu et signer des pétitions n’a aucun effet. Du coup on pète l’arrivée d’eau, conséquence logique.
Franchement je ne comprends pas certains raisonnements qui consistent à dire que tout comportement violent est condamnable et, point, on ne va pas chercher plus loin. On ne peut pas tout mettre au même niveau : le type qui se lève la nuit pour aller dégrader la bagnole de monsieur tout le monde et celui qui perd le contrôle en manif ou ailleurs. C’est humain aussi de perdre le contrôle, non ?
Cela arrive il me semble à beaucoup de personnes de perdre le contrôle, de piquer des colères, de hurler, de devenir violentes…etc. Je suis complétement d’accord sur le fait que cela ne doit pas être intentionnel. Mais cela existe.
Que des individus arrivent dans une impasse qui les conduit à des réactions hostiles, moi ça me fait réfléchir sur ce qu’ils vivent autant que sur les dégâts qu’ils font. Ok pour qu’ils assument leurs responsabilités ensuite, ce n’est pas la question. La situation qui les a conduit à « atteindre les limites de leur capacité d’adaptation » pour reprendre des mots qui ne sont pas de moi me semble intéressante à comprendre.
Si la victime a contribué à cette situation, pourquoi ne peut-on pas imaginer qu’elle se pose des questions ? Je comprends que face à une agression, ce ne soit pas le réflexe que de s’interroger, mais ce n’est pas pour cela qu’on ne peut pas attendre un comportement de ce type. De là à imaginer qu’il y a deux victimes, on en est pas loin, même si à des niveaux d’intensité différents, sur des modalités différentes et avec des responsabilités différentes.
Je reprécise qu’il n’y a pas photo pour moi pour être vraiment clair : choisir une solution violente ou plus largement illégale quand on a le choix n’est pas acceptable. Là je ne parle pas de choix.
Tu as raison, tout le monde peut perde le contrôle et, par exemple, taper sa femme parce que peut-être elle a une part de responsabilité… wait
Relis-toi (et viens pas me dire « Ah ben non c’est pas pareil »). Je crois que j’ai raison d’avoir peur de vos raisonnements en fait…
Et ? Je dis bien que la personne doit assumer ses responsabilités et je ne dis pas que les victimes sonr TOUJOURS la cause de la violence. Relis moi avant décrire des trucs pareils.
Le problème de ton argumentaire, c’est qu’on ne peut pas éviter une analogie avec les des faits reconnus par tous comme condamnables.
« Si » on relit ton message avec en tête une victime de viol par exemple, c’est très malaisant. Je ne doute pas que tu n’avais pas du tout ça à l’esprit en écrivant mais entre ce qu’on veut exprimer et comment c’est perçu, il y a des filtres à ne pas négliger.
Toutes les violences ne sont pas traitées de la même manière, « curieusement ». Une chemise déchirée à Air France va faire le tour des médias, mais la violence symbolique d’AF qui fout des centaines de gens dehors et dans une merde noire, c’est ok.
Casser un abri bus c’est mal, forcer des gens à bosser deux ans de plus dans des conditions souvent difficiles, c’est bien.
Bon j’ai relu (et corrigé les fautes, enfin des fautes).
Je dis à deux reprises que je parle des victimes qui ont contribué à la situation violente. Pourquoi parler des victimes de viol ou des femmes battues ? C’est malaisant si on leur impute une responsabilité. Moi pas.
Je parle aussi clairement de « perte de contrôle ». Je ne vois pas le rapport avec le viol. « Désolé je n’ai pas pu m’empêcher de la violer ». Non mais …!?! . Je ne vois pas en quoi cette situation illustre ce que je dis.
A ce compte là, je valide aussi l’invasion de l’Ukraine, M.Poutine n’a pas résisté et puis entre nous les ukrainiens l’ont bien cherché.
Si je ne remets pas en question que cela puisse être malaisant, je ne comprends pas en quoi mon message pose un problème sur le fond s’il est bien lu. Mais je veux bien qu’on m’explique.
Les deux ne sont pas au même niveau.
Dans le premier cas, oui, c’est clairement mal.
Dans le deuxième, c’est la faute d’un système mais pas directement d’une personne. Et oui, pour moi, c’est « moins grave ». Plutôt au sens où ça n’appelle pas le même type de réponse. Et certainement pas une réponse violente, dans la mesure où cette décision est la résultante d’une politique. Qu’il faut donc faire changer par les moyens de la politique (et non, la guerre n’est pas la continuation de la politique par d’autres moyens).
Alors c’est justement le type d’argument que va évoquer l’auteur de violences pour se dédouaner : « c’est de sa faute, il/elle m’a porté sur les nerfs, j’étais à bout… » Rares sont les auteurs de violences qui vont admettre avoir agit sans raison, sans contexte, sans provocation.
Une nouvelle fois comment l’agresseur peut-il justifier de son acte? En admettant qu’il/elle avoue son geste, déclarer avoir agit sous le coup d’une pulsion irrésistible est courant.
Ce qui ne valide en rien ce comportement. Ce n’est pas parce que ça existe que ce n’est pas condamnable, contrairement à ton postulat de base
Expliquer n’est pas excuser. Un comportement condamnable doit si possible être condamné, et éduqué.
Et bien c’est là où on ne sera pas d’accord effectivement. Mais j’imagine que c’est plus facile de prier pour des changements « par la politique » quand on se situe du bon côté du manche.