C’te putain d’épisode 5… 
Avec la sortie de X-Men 97, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de regarder X-Men 92 (jamais vu à l’époque), d’autant que les 5 saisons sont enfin dispos sur D+. Enfin, en fond d’écran et en avance rapide/sélectionnant les épisodes, parce qu’il y en a quand même 76, et c’est violent. 
Du coup, deux reviews pour le prix d’une. Spoiler : accrochez-vous, ça s’annonce super long… 
X-Men 92
Alors, soyons clair : c’était peut-être très bien à l’époque, mais déjà, ça a méchamment vieilli, et visuellement, c’est pas toujours simple. Surtout quand on avance dans les saisons, où leur budget devait diminuer.
À part quelques épisodes bien WTF, les saisons 1-3 tiennent plus ou moins la route, à condition de bien avoir conscience qu’on a affaire à une série pour enfants, ce qui a donc imposé des choix scénaristiques qui ne collent pas du tout avec certaines histoires. Le Phénix Noir ne dévore que des soleils de systèmes solaires inhabités, par exemple, et personne ne meurt jamais. Et du coup, l’histoire de Proteus, en petit garçon tout gentil mais incompris qui recherche juste l’attention de son père (et dont la famille se reconstitue quand le père lui dit qu’il l’aime), on est quand même bien hors sujet (mais bon, on est déjà dans la saison 4, et à ce stade, on est déjà entrés dans la spirale de la mort).
Avant ça, ils essaient quelques trucs, quand même. Jusqu’à même tenter de reproduire parfois très fidèlement certaines cases d’un épisode aussi iconique que « Wolverine Alone », par exemple (« À Serval de faire » en français). Même son explication finale avec Leland est conservée, avec le doute permettant d’imaginer que ça ne se finit pas bien pour gras double.
Bref, si on est tolérant avec la vieillure du truc et si on se rappelle que ça a sans doute été fait pour les garçons de 10 ans max, il y a moyen de trouver un intérêt à certains épisodes des premières saisons, amha. Mais sinon, pfiouu, c’est chaud, et mieux vaut sans doute avoir vu la série à l’époque pour que la nostalgie fonctionne à plein (cf ci-dessous). Après, ils ne sont pas aidés par la composition du groupe (le run de Claremont/Lee), vu qu’à l’époque, le fait d’avoir plusieurs titres les avait obligés à extraire certains persos du groupe pour les remplacer par des « doublures » sans grand intérêt. Exit Colossus, Kitty Pride et surtout Diablo, donc, et à la place, on a droit à Morph, un peu de Bishop, Malicia (mais quasi uniquement en mode Miss Marvel, donc, sans grand intérêt), Jubilee et Gambit. Et franchement, aucun ne casse des briques.
Malicia, ça va encore, à part qu’elle est juste OP pour le plaisir. Morph et Bishop, on les voit très peu, et Jubilee… fait des bulles avec ses malabars. Quant à Gambit, je sais que c’est le X-Man préféré de plein de gens qui étaient jeunes à cette époque, alors, j’imagine qu’il doit être pas mal du tout dans les comics, parce que là, c’est la misère absolue. Il drague Malicia à longueur de temps, et… c’est tout. Ah, si, ses pouvoirs sont de la couleur des rayons de Bishop et des chewing-gums de Jubilee, trop bien. Mais à part ça, difficile d’imaginer un personnage plus pauvre.
En plus, après la saison 3, Cyclope et Jean disparaissent pour ainsi dire, et la série se concentre juste sur six personnages : Serval, Tornade, Logan, Malicia, Serval et Wolverine. On tourne très vite en rond, donc, avec toujours les mêmes griffes en gros plan, comme dans les films.
Avec, en bonus pour la version française, des incohérences récurrentes entre les noms, tous les persos passant allègrement de leur nom français à l’anglais, parfois même plusieurs fois par épisode. On a donc droit à Serval/Wolverine, Malicia/Rogue, Tornade/Storm, Dents de Sabre/Sabretooth, et même, le pompon, le Fauve/la Bête/Beast. La Sorcière Rouge n’a que quelques secondes de temps d’apparition dans la série, mais c’est suffisant pour qu’on la prénomme « Scarlet » au lieu de « Wanda ». Et, dans la saison 1, Patrick Poivey, le doubleur de Bruce Willis, incarne littéralement un perso différent par épisode… ce qui n’est pas dérangeant du tout vu son timbre si distinctif. 
Bref, à voir uniquement comme l’antiquité que c’est et si on a réussi à conserver une âme de très jeune enfant. Sinon, il faut aimer se faire mal…
X-Men 97
Déjà, d’emblée, en termes d’animation et de mise en scène, on entre dans une autre dimension. Ils ont repris le style des précédentes saisons, mais en facile dix fois mieux. En revanche, au niveau de l’écriture, on est largement à cent fois mieux, et ça n’est plus du tout pour enfants.
Tous les thèmes des X-Men sont là : l’exclusion, la discrimination, les difficultés d’intégration, les relations (compliquées) entre les personnages, etc. Et tout cela pour adultes, sans toutes les contraintes imposées à X-Men 92 et avec un budget bien plus important permettant également de créer des choses sur le plan visuel (certains cadrages s’inspirent par exemple clairement de la culture manga, et les séquences de combat sont inventives et extrêmement lisibles). Avec, pour le moment, et c’est à noter tant c’est rafraîchissant (et pour ainsi dire inédit), un total de ZÉRO épisode se concentrant principalement sur Wolverine. Quant au contenu proprement dit, voyons ça épisode par épisode (sans spoiler, mais je floute quand même un ou deux détails) :
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Épisode 1 : un bon épisode de mise en place, face à un adversaire extrêmement « classique ». MVP : Cyclope, sans la moindre hésitation. Il est partout, et il se sert de ses décharges optiques en faisant preuve d’une inventivité totalement inédite à l’écran. Edit : à noter que la quasi totalité des images de la bande-annonce provient de l’épisode 1, ce qui est parfait, puisque ça laisse la surprise totale pour la suite de la saison.
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Épisode 2 : l’histoire se lance vraiment et les conflits commencent à se cristalliser, en abordant d’emblée un thème majeur des comics. Un épisode exceptionnel en tout point, très proche de l’actualité et traité avec une grande intelligence. MVP : Magnéto. Une véritable rock star, l’épisode pourrait tenir sur ses seuls dialogues tant ils sont ciselés.
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Épisode 3 : si vous n’avez pas cru jusque-là que c’était pour ados/adultes et que vous avez laissé vos enfants de 4-6 ans regarder, gare aux cauchemars avec celui-là. Impossible d’en dire quoi que ce soit sans spoiler, mais un autre très bon épisode. Comme dans le 2, ils arrivent à faire tenir en moins d’une demi-heure une histoire qu’ils auraient pu distiller sur plusieurs épisodes, avec pour résultat qu’il n’y a pas le moindre temps mort. MVP : Marvel Girl.
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Épisode 4.1 : après le traumatisme (pour certains) de l’épisode 3, un épisode « détente » ayant de recommencer à envoyer du (très, très) lourd. Les 18 ans de Jubilee, avec sans doute le méchant le plus nul de l’univers des X-Men (son nom à lui aussi commence par un M et finit par un O, mais c’est vraiment tout ce qu’il a en commun avec Magnéto, n’ayant rien de son charisme ni de son intérêt). Quelques trouvailles visuelles (et auditives) intéressantes (go nostalgie !), mais on sent bien qu’on est juste là pour détendre l’atmosphère, et c’est tout. MVP : Jubilee, forcément.
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Épisode 4.2 : la bonne idée, c’est d’accorder les 5 dernières minutes de l’épisode à une autre histoire, qui est en fait l’intro de l’épisode 6. Et là, ça redevient très sérieux, du coup. MVP : spoiler.
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Épisode 5 : ZE épisode dont tout le monde parle en ligne, beaucoup de gens le comparant à un autre épisode marquant d’une récente série extrêmement populaire (« The Red Wedding » de GoT saison 3, carrément, mais en vrai, il n’y a pas vraiment match, le bien nommé « Remember It! » étant largement supérieur en tout point, amha). Un véritable feu d’artifice où l’on s’aperçoit que les conflits et l’évolution des relations entre les personnages des épisodes 1-3 n’était qu’une simple mise en place visant à nous amener jusque-là. Le soap opera turbine à fond dans la première partie, avec du caméo à tout va (y compris l’un des X-Men préférés de tout le monde, where have you been, Mister Wagner?) et plusieurs triangles amoureux qui atteignent leur paroxysme au même moment. Et puis, à 20:40, un caméo « blink and you miss it » laisse fortement pressentir que l’épisode s’apprête à changer de braquet (et un second caméo, à 24:00, annonce sans le moindre doute possible que le changement de braquet sera colossal). Et, après une fin d’épisode en apnée (sublimée par la mise en scène), une conclusion laissant penser à un final de saison, alors qu’on n’en est qu’à la moitié. Un épisode qui s’offre même le luxe d’offrir un superbe rôle à Gambit et de lui donner de la densité, à lui qui était totalement transparent dans les 5 saisons d’origine. Pour la toute première fois à l’écran, Remy peut enfin faire Lebeau.
MVP : tout le monde dit Gambit en ligne, mais j’ai trouvé Magnéto (qui plane vraiment sur la 1re moitié de cette saison et a même droit à un parallèle tout droit sorti de la Liste de Schindler dans cet épisode) encore meilleur. Donc, disons match nul, avec une mention honorable pour Malicia.
Dans ces conditions, pas vraiment étonnant que l’épisode soit actuellement à 9,8/10 sur IMDB (et encore, il y a dans le lot un troll qui a mis 2 en mode « j’ai rien compris à l’histoire »
). En 30 minutes à peine, on tient là la meilleure histoire des X-Men jamais portée à l’écran, et de très, très loin (peut-être qu’on pourrait dire que Logan n’est pas loin, mais franchement, aussi hallucinant que ça puisse paraître, « Remember It! » est meilleur et traite plus de thèmes en 30 minutes que Logan en 2 heures).
À noter que le writer (qui a été viré avant le début de la diffusion, à cause, apparemment, de soucis de comportement avec le reste de l’équipe, ce qui fait suer) a depuis déclaré que cet épisode 5 n’était « que la mise en bouche », et que le plat principal, c’était le triple épisode clôturant la saison 1. Si c’est le cas, ça promet !
Et maintenant ? Sans surprise, l’épisode 6 poursuivra le 4.2. Puis, vu son titre, l’épisode 7 devrait se concentrer sur le dernier caméo de l’épisode 5 (et il va avoir du boulot, le petit père Nathan) avant un final qui s’annonce épique sur les épisodes 8 à 10 (face à un adversaire dont le nom commence par un B, peut-être ?
).
Conclusion : autant X-Men 92, c’est vraiment difficile à regarder quand on est adulte en 2024, autant 97, ce sont les « vrais » X-Men, ceux que la Fox n’a jamais réussi à retranscrire. Ça a beau n’être « qu’un » dessin animé, c’est bien plus profond et mature que les films. Et vu les réactions dithyrambiques qu’on peut voir éclore partout en ligne, s’ils avaient jusque-là le moindre doute à ce sujet, Kevin Feige & co. savent désormais avec certitude la direction qu’ils doivent prendre pour l’arrivée des mutants dans le MCU. X-Men 97 all the way!