Hier, j’ai fait une partie de Molly House en solo. Ce jeu nous fait participer à la vie de la communauté Queer du Londres du XIX e siècle, entre fêtes et discrétion. Il faut tout à la fois faire vivre la communauté en la rendant attrayante (en organisant les fêtes les plus folles) tout en évitant de ne trop attirer l’attention de la bonne société sous peine de se retrouver accusé et pendu. La partie peut soit finir sur la victoire de la communauté si elle a atteint assez de joie avant la fin de la partie (les joueuses non pendues peuvent alors tenter de l’emporter en ayant le plus de joie), sur la fin de la communauté par la fermeture des maisons de molly (on peut tout de même gagner si on a préalablement trahi les molly et donné des indices pour aider à fermes les maisons), ou par l’effritement de la communauté si aucune des deux autres conditions n’a été atteinte avant la fin de la partie (toutes les joueuses ont alors perdu). Dans le jeu multi, il y a une composante importante sur l’équilibre entre jouer pour soi ou pour la communauté, ainsi que sur la potentielle trahison (secrète) d’une joueuse et la possibilité de la démasquer. En solo, ça joue évidemment moins sur ce dernier point, bien que l’on retrouve tout de même l’idée du compromis entre jouer perso ou collectif.
Un deck de cartes permet de gérer le comportement de l’automa. Un peu à la façon de Pax Pamir, l’automa va compenser son manque d’intelligence par la capacité à réaliser plus d’actions (3 par tour contre 1 pour les joueuses) et à avoir plus de cartes (il utilise 4 mains de cartes). Pour donner plus de contrôle à la joueuse, celle-ci peut choisir la série d’actions de l’automa parmi 2 (et ce sera bien utile dans le jeu pour mieux contrôler les timings). La première partie peut être un peu compliquée à appréhender, avec pas mal de retours aux règles, mais dès la deuxième, cela va bien dès lors que l’on garde l’aide de jeu précisant les différentes actions possibles de l’automa. Un système de joker permet de réguler la difficulté du jeu. Ils permettent essentiellement soit de donner de la joie à la communauté soit d’obtenir des points bonus en fin de partie.
J’avais testé rapidement une première partie, surtout pour apprendre les règles. Hier, je me suis lancé pour de vrai dans le jeu. J’ai choisi de partir avec 3 jokers (niveau facile, faut pas trop présumer de son talent). Lors de la première semaine, j’ai essayé de trouver des accessoires utiles (une robe de bal en l’occurrence) et d’organiser au moins une fête. L’automa a lui aussi organiser des fêtes, mais sa première n’était pas fameuse (réunion discrète), la deuxième était déjà plus réussie (danse). Mais rien à voir avec l’exubérance de la fête que j’ai moi-même organisée, aidée par ma robe fraichement acquise (bal surprise). Cependant, si des fêtes ont été organisées, la communauté n’était pas encore si joyeuse que cela. En revanche, cela n’a pas suscité trop d’émoi dans la société et si des pistes commençaient à s’accumuler sur certaines maisons de Molly, on était encore loin d’une perquisition. En tous les cas, cela m’a permis de prendre de l’avance sur les points de joie vis-à-vis de l’automa. Par ailleurs, mon premier joker a été utilisé pour faire monter la joie dans la communauté.
La deuxième semaine a été très courte, l’automa étant visiblement dans un mood « vidage de la pioche ». Une seule fête a été organisée par l’automa. Mais j’ai pu y participer, permettant à la fête d’être un succès (il fallait faire monter la joie de la communauté). Cela a permis à l’automa de remonter un peu sur mon score de joie, mais cela a fait aussi progresser la joie de la communauté. A la fin de la semaine, les enquêtes menées par les autorités ont permis de rassembler des preuves contre de nouvelles maisons de Molly, mais rien de décisif pour les fermer. J’ai grillé mon deuxième joker pour faire encore progresser la communauté qui commençait à atteindre un niveau de joie honnête.
On a ainsi entamé la troisième semaine avec toutes les maisons ouvertes et toutes avec un peu de preuves contre elles. Par ailleurs, j’avais gardé en main des cartes de vice prometteuses en vue d’une prochaine fête. Je ne tardais pas à organiser une grande fête, dans une maison de Molly dans laquelle j’avais gagné une belle réputation. Ce fut une très grande fête ; un grand bal y fut célébré. Non seulement, cela renforça ma joie, mais aussi celle de la communauté. Il ne manquait plus beaucoup pour atteindre l’objectif. Je savais que mon dernier joker suffirait et j’avais pas mal d’avance sur l’automa. Pour celui-ci, je privilégiais les actions vidant la pioche, sachant que le temps jouait pour moi. Et c’est ce qui se passa, la semaine s’acheva. Lors des enquêtes de fin de semaine, une première maison fut perquisitionnée, je fus arrêté, et jugé coupable. Cela me couta un beau paquet de points de victoire, mais je ne fus pas pendue. Mon avance suffit à absorber ma peine et mon dernier joker acheva d’assurer la joie et la pérennité de la communauté, marquant la fin de la partie.
Au final, je gagne avec une petite avance, mais j’ai joué avec 3 jokers, ce qui est effectivement un gros avantage et j’ai eu de la chance sur les enquêtes et mon procès. Cela aurait pu être une triste fin par pendaison.
J’ai vraiment bien aimé ma partie. Vu la dynamique du jeu et les interactions, un peu comme un Pax Pamir, on voit bien que le cœur du jeu est plus porté vers le multi. Cependant, je trouve que Richard Wilkins, qui a signé le solo, a fait un super boulot. L’automa est un peu dur à appréhender au début, mais une fois qu’on a compris son fonctionnement, ses tours se jouent vite (hormis les fêtes, mais cela n’est pas spécifique à l’automa et on y participe aussi) et on a aucune hésitation ; on n’est pas sur un automa flou, ici, tout se déduit logiquement ou est choisi par la joueuse (je le trouve plus simple que celui de Pax Pamir). La partie a été très satisfaisante. Je n’ai pas encore eu le temps de faire une partie avec Mme, mais je pense que cela va être aussi très sympa à 2 (et assez différent). A noter que je trouve le matériel très agréable et je trouve que le thème est très bien traité (et il change un peu) ; cela contribue aussi beaucoup au plaisir de jeu.
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