Questions subsidiaires aux profs. Et bien que ce ne soit pas possible pour la totalité des cursus/cours. Que pensez-vous des cours en ligne (ou retransmissions d’amphi, avec capacité de poser des questions) ?
On peut tous sortir je pense, individuellement, des cas où ça a été catastrophique, d’autres ou ça a aidé, mais le fait est que le redoublement est un pari.
Et un pari ça n’est pas sans conséquences, c’est risqué. Quand tu fais redoubler un élève dont les parents se séparent, ou quand un parent est décédé puisque ses résultats « obligent » l’école à le faire redoubler, l’enfant a souvent l’impression d’être puni, et dans ces cas là parfois, c’est toute sa vie qui en sera impactée. Et je dis pas ça sans vécu vous vous en douterez.
En tant que « vacataire » (donc un faux prof :p) qui fait ça occasionnellement, c’est horrible. Rien de pire que les cours par Zoom ou autre. Et même avec des bons outils c’est compliqué. Capter l’attention de l’auditoire, les maintenir attentif, c’est vraiment difficile. Et c’est des cours avec des jeunes adultes / adultes, alors j’imagine même pas avec des enfants ou ados.
C’est d’ailleurs possible qu’on paie en partie actuellement l’effet des années covid et des confinements.
J’pensais plus pour le coté amphi justement pour aider ce souci de ‹ trop de gens intéressés › et de tri à faire quand la formation n’a pas assez de place. La question se pose moins avant les études post bac.
Désolé d’être « brutal » mais à un moment donné faut arrêter de se considérer comme spécialiste de tout et d’asséner des banalités et des assertions infondées, de simplifier …
Qq exemples :
- « le redoublement ne sert à rien » : tu n’en sais rien et inutile d’aller me chercher un article à la con qui irait dans ton sens : les situations sont complexes : un élève dont la scolarité a été perturbé (pb de santé, situation familiale, déménagement…) # un élève dont les lacunes sont telles qu’une année de plus dans la même configuration serait peu efficace.
- encore une fois ton prisme idéologique : composante classiste. Le redoublement en classe prépa : ça compte ou pas dans ta logique ?
- tu reproches aux autres leur analyse au prisme d’une expérience « biaisée » et tu nous sors l’exemple du fils d’un médecin qui pleurait…
- Ta vision des filières Techno et Pro me laisse perplexe. Comme si elles étaient des filières hors systèmes ou secondaires. Juste pour info : il est aujourd’hui souvent plus difficile d’y accéder que la voie générale. Et oui : celles-ci sont contingentées. Donc plus « sélectives » pour un grand nombre.
- ces filières permettent l’accès aux ES et à la fac : il y a même des quotas réservés pour les bacheliers issus de ces bacs.
- Sur les competences développées : elles sont différentes mais pas inférieures (loin de là) à celles développées dans un cursus général. Aujourd’hui, elles sont mêmes plus recherchées (d’ailleurs les filières générales tentent de s’en inspirer : ex le stage en classe de Snde GT).
- L’école n’est pas là et ne doit pas faire du « cas par cas ».
Alors oui : le système connait des dysfonctionnements, oui le collège notamment (et dans certaines situations) accentuent les inégalités. Mais les contrevérités, faut arrêter. Et surtout , sortir l’école de l’idéologie (nos politiques en font suffisamment, ce qui explique en partie son état)
Ce qui est réel, c’est que le redoublement peut être présenté et ressenti comme une punition. « Si tu ne travailles pas bien à l’école tu vas redoubler ».
Alors que ça ne devrait pas. L’école actuelle est hyper normée, tu as un an pour apprendre ça, puis un an pour apprendre ça, etc… Même si en primaire heureusement c’est un peu plus souple et il y a la possibilité de « lisser » plus facilement les apprentissages.
Mais il n’y a aucune raison que les enfants aient les mêmes capacités d’apprentissage et aient besoin du même temps pour assimiler une notion. Sans que ça soit considéré comme de la mauvaise volonté (le « cancre »). Donc concevoir une scolarité où chacun peut avancer à son rythme en fonction de ces capacités d’apprentissage, ça devrait un objectif.
Pour ca faut un enseignement modulaire et ca ne se fait pas en college/lycée.
Je me suis jamais considéré comme spécialiste de tout va falloir commencer à me lâcher la grappe sur ça. J’ai sorti un article d’un spécialiste avec lequel tu n’es pas d’accord, mais tu n’apportes rien d’autres qu’une réponse (sans contre discours) qui cherche avant tout à me viser personnellement. Donne moi des sources étayées, scientifiques, ou tais-toi et ignore moi, honnêtement.
De plus sur le redoublement, c’était bien un avis personnel, mais je crois bien qu’il existe des profs d’accord avec moi, en tout cas j’en connais IRL et qui tiennent également le même discours que moi. Donc au lieu de vouloir me silencier et dire que je vomis de la merde en longueur de temps, assume que tu n’as pas envie que je participe aux discussions et bloque moi, ça t’évitera de me lire et ça m’évitera de devoir m’exposer à tes avis désastreux.
Apres tu sait il a pas tord tu intervient sur pas mal de sujet sociétaux avec une certaine autorité ? et souvent en laissant une impression de suffisance dans tes réponse qui ne donnent pas forcement envie de débattre plus que ca.
Tu vois ca par exemple ca peut déclencher ce sentiment. A la base nous sommes sur forum de jeu de société et financement et a l’arrivée ca se transforme en guerre des tranchées chacun recusant les arguments des autres car pas dans la meme idéologie. C’est bete je trouve
Pour ça tu as les cours du collège de France. Les vulgarisateurs youtube. Plein de mook.
Mais une formation de master recherche doit pouvoir proposer une formation par la recherche. C’est à dire des labo ou du terrain et ça limite beaucoup les tailles de promo. En lettre j’imagine que la dispo des encadrants à le même effet. Accessoirement 6 mois de stage ça coûte 8000 euros à la structure d’accueil. Et (cf. discussion au dessus) ça peut être peanuts ou impossible (moi cette année je n’ai pas 8000 balles affectables à ce type de dépenses…). Et des perspectives d’insertion (thèses, boîtes, administration, concours éduc nat). De même, une formation pro doit avoir des structures d’accueil en stage, des débouchés (limitation taille du secteur et du réseau de la formation dans ce secteur).
Donc bon une solution pour les retraités ou les désoeuvrés oui, en tant que formation, non.
Ecoute, à moi on me demande toujours un certain niveau de preuves. Il y a une exigence vis à vis de ce que je peux dire qui n’existe de fait pas pour beaucoup d’autres forumers, qui ont pourtant des avis personnels très souvent partiaux, et bien souvent quand on cherche un peu, assez faux, ou découlants d’un sentiment existant mais non corroboré par des études. De mon côté je fais en sorte de me caler sur des connaissances qui ne proviennent pas de mon individualité propre.
De plus sur le redoublement, je vais encore sortir un « article à la con » (derrière un Paywall) :
Plusieurs milliers de recherches ont montré que le redoublement ralentit le développement des capacités cognitives (facilité à apprendre) et non cognitives (notamment l’estime de soi scolaire) des élèves. Tous les pays ont progressivement réduit, voire supprimé, le recours au redoublement.
En France, la proportion d’élèves « en retard » en début de sixième est passée de 17,5 % en 2005 à 5,3 % en 2019. Cette baisse s’est poursuivie au niveau du collège, notamment après le décret du 18 novembre 2014. Celui-ci a réduit la possibilité de redoublement aux seules classes d’orientation et d’examen (troisième, seconde, CAP et terminale) pour lesquelles le redoublement s’est avéré pertinent. Il reste également autorisé et nécessaire « pour pallier une rupture importante des apprentissages scolaires » (ex. : problèmes de santé et difficultés familiales graves).
La suppression du redoublement n’élimine pas les difficultés scolaires. Des alternatives doivent être mises en œuvre. Les principales sont le soutien individualisé précoce, les écoles d’été, la réduction du nombre d’élèves par classe, particulièrement dans les établissements de l’éducation prioritaire, parmi lesquels la proportion d’élèves en difficulté est importante…
Un des éléments qui a conduit à la suppression des redoublements: son coût .
Autre point : suppression qui doit s’accompagner d’alternatives !!!
Enfin, non tu ne donnes pas un avis : tu affirmes. Des exemples :
- « le redoublement ne sert à rien et n’a jamais servi à rien ».
- « on sait que ça touche… »
- « les compétences ne permettent pas… »
Sur l’article : il met en parallèle des systèmes qui n’ont rien en commun. Donc la comparaison pose question même si elle donne une tendance.
Il est beaucoup plus nuancé que ton assertion.
S’il ne sert à rien , pourquoi est-il maintenu ?
Pour faire simple : le redoublement n’est pas la réponse à de « mauvaises notes » ni à des lacunes. Il ne doit pas être une sanction, un couperet. C’est une possibilité, une piste a explorer, à proposer ou à refuser après une analyse et une compréhension du profil de l’élève. Donc on est loin du « ça sert à rien ».
Les garçons des familles populaires entre-deux, dont le taux d’orientation en 2nde GT est de près de 60 %, sont dans cette situation. Ce taux est la conséquence d’une pression exercée par les élèves et leur famille pour accéder à l’enseignement GT contre l’avis du conseil de classe de 3e. Sur les 23 élèves de cette configuration accédant à la 2nde GT, neuf passages se font « sur le fil », c’est-à-dire après un redoublement, un rendez-vous avec la famille ou une décision de la commission d’appel. En fait, une spécificité du parcours de ces collégiens est que leurs résultats chutent, davantage que dans les autres catégories sociales, en 4e et en 3e [28]. Ainsi, Steven, fils d’un électricien et d’une chef de groupe dans la restauration, obtient de bons résultats et des commentaires encourageants quand il intègre le collège [voir tableau 2, ci-contre] mais, au fil du temps, il s’enfonce dans des difficultés scolaires de moins en moins solubles. Le lien entre la baisse des résultats et la probabilité d’orientation en 2nde GT se vérifie statistiquement quand sont introduits dans le modèle les résultats de 6e plutôt que ceux de 3e : les garçons des familles populaires entre-deux s’avèrent alors plus souvent orientés vers la voie professionnelle que les élèves des classes moyennes et supérieures, et ce, malgré leur pression pour rejoindre la voie GT.
Les classes populaires face à l’impératif scolaire | Cairn.info
Statistiquement le redoublement est associé à une faible réussite scolaire, et ce d’autant qu’il est précoce :
moins d’un élève sur dix redoublant le cp devient bachelier général ou technologique ;
43 % des élèves redoublant le cp quittent la scolarité sans diplôme ;
30 % des élèves redoublant la sixième quittent l’école sans diplôme ;
à notes égales en fin de troisième, un élève qui a redoublé au collège formule des vœux moins ambitieux et est moins souvent orienté vers une seconde générale et technologique.
15. L’ascension des multiredoublants : de la soumission… | Cairn.info
En lisant le fil hier, j’avais la même idée que @Belmue, faire un retour d’expérience depuis le terrain et en essayant de prendre de la distance. Les particularités de ma situation font que je me demandais si c’était vraiment pertinent mais le message de Belmue, très intéressant m’a laissé penser qu’après tout pourquoi pas, si cela peut contribuer à apporter un éclairage supplémentaire aux échanges en cours.
Je mets en spoiler pour alléger la lecture du fil pour ceux qui veulent passer sans scroller à l’infini sur ce pavé trop long et accessoirement éviter un enfer sans nom sur mobile . J’ai indiqué des sources pour ceux qui veulent creuser.
Résumé
Contexte.
J’enseigne l’histoire et la géographie (+ l’EMC) en Outre-mer depuis plus de 15 ans, après une première partie de carrière dans l’académie de Créteil.
Globalement, mon île est marquée par des inégalités sociales très fortes, par une diglossie français / créole qui concerne un public important quoique variable suivant les zones d’enseignement mais qui constitue un réel enjeu pour l’académie. Les collèges accueillent souvent beaucoup d’enfants : les établissements à 700-800 élèves ne sont pas rares et certains dépassent les 1000. Enfin, les conditions climatiques sont aussi à prendre en compte. Nous sommes en climat tropical, et outre les pertes d’heures liées aux fermetures suites à des évènements climatiques exceptionnels, il peut être parfois compliqué de travailler lors de la saison chaude et humide de novembre-décembre à mars-avril.
La commune où est située mon établissement est le reflet de cette situation, une population qui peut être (vraiment) aisée mais aussi des gens très modestes. Les logements sont chers par chez moi et cela a un impact marqué en termes de localisation et de qualité / superficie, ces deux points ayant des conséquences pour les enfants accueillis en classe.
Mon collège, comme beaucoup sur l’île donc, accueille une population importante, un peu plus de 700 élèves cette année (plus de 1000 dans un autre collège de la ville pour comparaison). Il n’est pas classé en éducation prioritaire et donc n’a pas les moyens supplémentaires attachés à ce statut. Il est situé dans un quartier où le foncier est très onéreux mais accueille un public d’une extrême hétérogénéité. L’indice de position sociale (IPS), qui mesure l’origine sociale des enfants en fonction des professions des parents, y est de 98, en dessous de la moyenne nationale (106 dans l’ensemble du territoire national, 101 pour le public, 125 pour le privé…) mais au-dessus de l’IPS académique (89 pour l’ensemble, 85 pour le public, 123 pour le privé, (Indices de position sociale des collèges (à partir de 2023) — Éducation Nationale - Accueil ). Le plus marquant pour mon établissement est l’hétérogénéité sociale, avec une tendance aux extrêmes : l’écart-type de l’IPS est de 41,8, je pense que l’on doit détenir le record sur l’île, sans certitude cependant. 35% des élèves sont issus de professions et catégories sociales (PCS) dites « favorisées ou très favorisées », 22% de « moyennes » et 42% de « défavorisées » pour reprendre la terminologie officielle. À cela s’ajoute que plus de 90% des enfants dépendent des transports scolaires, du fait d’une carte scolaire vaste et d’un quartier d’implantation ou les familles avec enfants sont de plus en plus rares (vu les prix du foncier, tu m’étonnes). Les plus modestes ont souvent les trajets les plus longs, résidant pour beaucoup dans les « Hauts » de la commune. Ils se lèvent très tôt, arrivent tôt et rentrent plus tard que leurs camarades qui habitent sur place ou en centre-ville. Par ailleurs, la diminution des moyens qui nous sont alloués, plus rapide que celle des élèves scolarisés, s’accompagne d’un accroissement des effectifs des classes : en 6e cette année, cela correspond à une moyenne de 29 élèves. La question de la diglossie est aussi présente. Certains élèves maîtrisent très bien le français à l’oral, pour d’autre c’est plus compliqué avec un impact lors du passage à l’écrit. La problématique, réelle, reste cependant moins prégnante que dans d’autres territoires de l’île. Enfin, le collège est situé sur le littoral et pas en montagne : la saison chaude et humide a été rude cette année : 30+ degrés et 70+% d’humidité dès 8h30 ont été le quotidien de ma classe en février par exemple.
Pour résumer ce premier point trop long: Outre-mer, climat tropical, diglossie, inégalités sociales marquées en général sur l’île et tout particulièrement dans mon collège, hausse des effectifs des classes pour mon établissement. Le contexte est très différent du vécu de l’hexagone, dont je dois avoir perdu la mesure concrète après si longtemps, et mon retour est à prendre avec précaution à cet égard.
Et le niveau perçu dans tout ça ?
J’ai l’impression au quotidien d’une baisse globale du niveau de mes élèves mais je me méfie des impressions : je vieillis et il se peut que je projette un regard erroné sur les années passées, le risque du « syndrome du vieux con » dirons-nous. Si l’on fait abstraction de ces doutes, il y a quatre facteurs que je ressens en classe.
Davantage de difficultés d’attention, que je serai tenté d’expliquer au moins en partie par la consommation massive dès l’entrée au collège des réseaux sociaux, phénomène généralisé dans mon établissement et constaté par toute la communauté éducative. Et je parle d’attention, pas de problème de comportement inapproprié (j’ai de la chance à ce niveau) mais bien d’incapacité à focaliser son attention quelques minutes, de se projeter un peu longuement dans un raisonnement.
La rédaction est un autre problème. Beaucoup d’élèves de 6e ne parviennent pas à rédiger correctement une phrase simple, encore moins en enchaîner 2 ou 3 logiquement. Cela se retrouve aussi en 3e à une autre échelle.
Autre point très préoccupant : les difficultés de compréhension de l’écrit, qui est pourtant au cœur de nos enseignements et que je retrouve en 6e comme en 3e. Pour aller au-delà de l’impression, pour la classe de 6e dont j’ai les résultats des évaluations nationales de début d’année, moins d’un tiers a le niveau « satisfaisant » au test spécifique de compréhension de l’écrit, ce qui signifie que les deux tiers sont en difficulté permanente en classe dans la plupart des disciplines.
Enfin, et qui découle en partie de ce qui précède et en partie d’un travail personnel trop léger quelles qu’en soient les raisons, la maîtrise des connaissances étudiées en classe est souvent insuffisante malgré tout ce que je peux élaborer pour faciliter le travail des élèves. Pourtant, je borne ce qu’il y a savoir et je multiplie les ressources à disposition à cet égard. Mais quand on a du mal à rédiger, du mal à comprendre ce que l’on lit, que l’on se lève très tôt et que l’on rentre chez soi après une longue journée et 30-60mn de bus, travailler ses leçons peut être difficile.
Par ailleurs, j’ai toujours des élèves qui fournissent un travail remarquable, en 6e comme en 3e, des élèves capables d’aller au-delà des attentes de fin de cycle 3 ou de cycle 4. Des enfants qui rédigent très bien, qui élaborent des raisonnements en s’appuyant sur ce qui a été appris en classe et qui vont au-delà du simple relevé d’informations dans un document, en étant capable de contextualiser et de faire le lien avec ce qui a été étudié. Il y a donc toujours des réussites, parfois spectaculaires, mais souvent corrélées à la situation sociale des parents, ce qui me désespère.
Si on élargit au ressenti de mes collègues directs, nos échanges me laissent penser que le constat est partagé. Les collègues de maths sont virulents à cet égard mais tout ce qui est lié à la maîtrise de l’écrit, rédaction comme lecture, ainsi qu’aux difficultés d’attention semble faire largement consensus.
Pour sortir du contexte local.
Comme ces échanges m’intéressent, j’ai retrouvé un texte court d’Antoine Prost, historien de l’éducation, publié en 2013 dans Le Monde. Il y constate, alors qu’il a longtemps réfuté « une baisse du niveau », que la situation se dégrade en mathématiques, à tel point que la France était alors sortie de l’enquête internationale sur les sciences et les mathématiques. Il constate aussi que l’enquête PIRLS sur les compétences en lecture après 4 années de scolarité obligatoire (CM1 en France) montre de mauvais résultats des écoliers français à cet égard, résultats corroborés par les enquêtes nationales : stabilité du niveau entre 1987 et 1997, baisse nette entre 1997 et 2007 (https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/02/20/le-niveau-scolaire-baisse-cette-fois-ci-c-est-vrai_1835461_3232.html )
Une baisse déjà ancienne donc mais dont la tendance se poursuit. Si l’on en reste à cette question de la maîtrise de l’écrit, qui me semble fondamentale, l’enquête PIRLS 2021 montre une stabilité depuis 2016, ce qui est une exception malgré le COVID. Elle révèle aussi cependant que les résultats restent mauvais pour la France parmi les pays européens qui participent, 15e sur 17, un score moyen des écoliers français à 514 pour une moyenne de l’ensemble des pays à 529. Pas de quoi se réjouir donc. Par ailleurs, cette stabilisation est le fait des filles, le niveau des garçons étant stable encore. Globalement, sur la période 2001-2021, la tendance est mauvaise (https://www.education.gouv.fr/pirls-2021-la-france-stabilise-ses-resultats-contrairement-aux-autres-pays-europeens-majoritairement-378107 ).
L’enquête PIRLS 2026 (About PIRLS 2026 ) vient de se dérouler, les résultats seront disponibles en 2027 et je suis vraiment curieux de voir ce qu’ils montreront.
Concernant cette baisse tendancielle de la maitrise de l’écrit, certains mettent en cause la diminution des horaires consacrés au français pendant la scolarité obligatoire, du fait de la diversification des enseignements. Cela concerne surtout l’école primaire, moins le collège : 522 heures en moins en 2022 (360+162) par rapport à la fin des années 60 et au début du collège unique en 1975 (Comparaison des horaires en primaire et collège ). Cela joue sans doute un rôle mais d’autres font mieux avec une part moins importante consacrée à l’enseignement de la langue maternelle (Regards sur l’éducation : la France, championne du nombre d’heures d’enseignement et des fondamentaux ).
Enfin, on peut terminer par la question du déterminisme social, qui constitue un triste constat pour notre système scolaire. Si aucune école dans le monde ne sait faire disparaitre les inégalités sociales initiales, celle de la République est l’une des plus inefficaces à cet égard et c’est un problème fondamental (source primaire : https://www.oecd.org/fr/publications/2024/09/education-at-a-glance-2024_5ea68448.html et analyses rapides L’école française réussit aux élèves les plus favorisés , https://cafepedagogique.net/2024/09/11/ocde-2024-la-france-championne-du-determinisme-social/ ).
Comme dit au début, c’est sans doute trop long, un peu en vrac, mais cela m’aura permis d’esquisser une mise en ordre d’idées qui me travaillent depuis un moment, cela aura donc été utile à une personne au moins.
D’ailleurs, vu l’ampleur des échanges sur l’école ces derniers jours, ne serait-il pas pertinent de déplacer dans un fil spécifique, qui existe peut-être déjà? Un as du maniement de la tronçonneuse, tout en finesse et dentelle, @Jean-Michel
si c’est judicieux ?
J’ai vu ça: https://forum.cwowd.com/t/lecole-est-une-priorite-vraiment/ mais une fois encore, pas certain que ce soit approprié.
EDIT: corrections mineures.
Merci à ceux qui ont pris de leur temps pour parler de leur métier en détail.
A mon tour de partager mon point de vue de professeur des écoles sur les différents points abordés:
-
le temps de travail. Tous les matins, j’arrive entre 7h50 et 8h le temps de préparer ma classe et de faire des photocopies ( budget limité de la mairie, donc on n’a que peu de manuels, peu de séries de livres en 25 exemplaires… seulement 1 fichier maths par élève). J’accueille mes élèves en classe à 8h20. A la récre soi je suis de surveillance, soit je corrige des cahiers. Le midi, entre les Apc ( activités pedagogiques complémentaires, comme du soutien), les corrections des 25 fichiers de maths, des photocopies à faire, de vérifier que les mots du cahier de liaison ont signées par les parents, de remplir une fiche administrative pour dire que j’irai à la bibliothèque avec les élèves, etc. il me reste 25 minutes voire moins pour manger. Presque jamais le temps de faire un p’tit jeu entre collègues
. Je quitte l’école vers 17h pour aller chercher mes enfants dans une autre école, juste le temps de corriger, ranger des choses. Le soir, c’est souvent 1h facile, sans compter le week-end et les mercredis, ni les réunions en dehors des heures de classe.
J’ai croisé une ancienne collègue reconvertie qui est ravie d’être passé aux 39 heures, ça lui dégage du temps. -
concernant le niveau qui baisse : Personnellement, j’ai tendance à trouver que les exigences augmentent, et qu’on avance aux plus petites classes (cp,ce1,ce2) des notions vues bien plus tard quand j’étais élève dans les années 80. J’ai l’impression que certains décideurs des programmes se basent sur les mauvais résultats Pisa pour decider que telle notion doit etre vue plus tôt dans le parcours scolaire de l’élève, pour qu’elle ait le temps de « germer » d’une année sur l’autre. Exemples : il me semble que que j’étais élève en ce1, je n’avais appris que le présent, que les additions et soustractions posées, que les multiplications commençaient en ce2 avec la découverte des tables, que la géométrie c’était surtout en cm1/cm2 avec le compas, l’équerre, les angles.
Aujourd’hui, en ce1, un enfant voit le présent en er, être, avoir, aller, dire et faire au présent, plus le futur, l’imparfait, voire le passé composé des verbes en er et des auxiliaires, (sans compter erbe, sujet, déterminants, noms), résout des problèmes de partage, apprend les tables de multiplication de 1 à 5 et 10, commence à convertir cm, dm, m et km, apprend à tracer un angle droit, et même un carré sur papier blanc…
Demain ( en fait, dès la rentŕee 2025 avec les nouveaux programmes), il devra en plus aborder les fractions, les associer à des schémas, les nommer…
Tant mieux pour l’élève bien « structuré » mentalement, qui profitera très bien de ces nouveaux apprentissages. Seulement, il y a aussi beacoup d’élèves moins bien "structurés"mentalement : élèves de fin d’année, encore un peu immature ( à 6 ou 7 ans, 6 mois font encore une énorme différence), ayant reçu un faible bagage langagier, qui sont dans une situation familiale pas facile, sans parler des dys… Je me questionne sur la pertinence de présenter des notions (notamment les tracés géométriques, les conversions, les fractions) à des élèves qui n’ont encore pas la maturité pour les appréhender, certains n’etant pas capable de respecter la mise en page de la date sur le cahier. On est loin de leur zone proximale de développement… J’ai l’impression que ça va surtout creuser des inégalités entre ceux qui comprennent vite et peuvent intégrer de nouvelles notions et d’autres qui vont tout mélanger, qui ne peuvent atteindre un degré d’abstraction suffisant.
ça me surprend toujours aussi. Il me semblait pourtant que les pays qui prenaient le plus de temps au démarrage (en gros Allemagne et surtout pays nordiques qui démarrent souvent, il me semble, l’enseignement académique plus tardivement) n’obtenaient pas de moins bon résultats au final ?
Pas trop le temps en ce moment, je refuse de toucher a ce sujet, et malheureusement 10 par 10 en devant tout lire pour choisir quoi couper ca va prendre un temps de fou…
La dernière mise en œuvre majeure de nouveaux programmes date de 2016 pour l’essentiel aux cycles 3 (CM1-6e) et 4 (5e-3e). C’est le cas par exemple en HG. Pour les mathématiques, c’est 2016, 2018, 2020 et maintenant 2025. On peut y ajouter la tentative de réponse des groupes dits « de besoin » en 6e et 5e à la rentrée 2024. Cela témoigne de la fébrilité face aux difficultés du système scolaire en France en ce domaine et d’une incapacité à trouver une réponse efficace jusqu’à présent.
La dernière enquête TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) disponible est éclairante (https://timss2023.org/): au sein des pays de l’UE, tout le monde est meilleur pour ce qui correspond à la classe de CM1 et pour la classe de 4e, il n’y a que le Portugal qui fait moins bien.
1-1-1_ach-g4m-dist.pdf (185,3 Ko)
1-2-1_ach-g8m-dist.pdf (186 Ko)
Par curiosité suite à ton message, j’ai retrouvé les programmes de 1985 pour l’école élémentaire (la source est précisée dans le pdf), qui sont bien moins bavards qu’aujourd’hui, on se demande pourquoi.
1985_horaires_programmes_et_instructions_15_mai_1985.pdf (371,0 Ko)
Les en-têtes sont déjà intéressants par rapport à ton ressenti et le détail permet d’affiner. L’utilisation de l’équerre et du compas c’était dès le CE par exemple.
COURS PRÉPARATOIRE
L’élève découvre les nombres jusqu’à 100, apprend à utiliser l’addition, s’initie à l’organisation de l’espace et à quelques figures géométriques simples, fait des exercices préparatoires à la mesure.
COURS ÉLÉMENTAIRE
En continuité avec les acquis du cours préparatoire, l’élève prolonge le travail sur les nombres entiers jusqu’à 10 000, découvre la multiplication et la soustraction, aborde la division, met au point des techniques de repérage, de reproduction et de construction, s’initie à la mesure des longueurs et des masses.
COURS MOYEN
L’élève consolide et prolonge ses acquis concernant les nombres entiers et les quatre opérations, découvre les nombres décimaux et les fractions, aborde la proportionnalité, améliore sa connaissance des objets géométriques, affine ses compétences en tracé et construction, procède à des mesures.