Politique [sujet non modéré, Cwowd et ses modérateurs ne sauraient être tenus pour responsables de ce qui s'écrit ici]

Le support a l’art contemporain est toujours une question de choix.
J’ai du mal avec les jugements à l’emporte-pièce. Seul l’avenir nous dira les artistes qui ont marqué leur époque, et au contraire, je trouve que c’est tout à fait normal de faire des choix de mettre en avant certains ou d’autres artistes. C’est un choix. Typiquement, je ne vois pas ce qu’un chercheur vient foutre dans le choix d’une création artistique moderne. Ce n’est pas son boulot.

Et le rapport a l’ANR n’a franchement rien à voir. Le seul point commun, c’est le fait d’avoir une décision publique. Mais dans ce cas là, on peut ajouter la retraite à 65 ans ou le glyphosate. Ca a autant de rapports.1

Je suppose que tu me réponds. Je ne juge pas Ben, je donne mon avis (qui est que c’est de la merde). Cet avis n’est pas partagé, vu que Ben a une certaine considération critique. J’ai le même avis sur Jeff Koons, pour prendre un autre exemple. C’est juste un avis.

Certes. Du moment que ce n’est pas avec mes impôts qu’un homme politique quelconque décide de soutenir tel ou tel artiste contemporain. Je n’ai rien contre le soutien par des spécialistes, ni contre le soutien avec son fric.

C’est une vision très simpliste de la recherche en art. Mon université (PSL) est très active dans ce domaine, par exemple. Et bien entendu, je parlais de chercheurs essentiellement pour l’ANR, c’est pour ça que j’ai parlé de curateurs ensuite.

Exactement, une décision publique par des incompétents.

Je répète mon point de vue pour être plus clair : je suis convaincu que l’action publique est très importante en art comme en science. Je pense que les arbitrages sur les actions sont légitimement pris par les élus au niveau concerné. Par contre, le choix des projets soutenus doit être laissé à des spécialistes des domaines concernés. Laisser un maire choisir une sculpture comme s’il dépensait son fric me semble inadmissible. Laisser un énarque choisir entre financer un « cloud à la française » ou la recherche sur les vaccins à ARNm, me semble tout aussi inadmissible.

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En quoi fixer les priorités de dépense de l’argent publique devrait être lié à une compétence particulière ?

Je préfère 1000 fois qu’un ouvrier ou un employé qui n’a pas le bac mais qui est élu prenne des décisions qu’un mec dans un cabinet qui est bien né, a bien profité des écoles de la république, et qui est un « sachant ».

Les gouvernements de technocrate avec les Blanquer, Vidal et cie, on voit bien ce que ca donne et clairement ça ne fait pas envie.

Et tout particulièrement sur l’art, qui plus que tout autre secteur à une part de personnel et d’affect dans ses choix et ses prises de décisions.

Je suis tellement pas daccord avec ça. Comment un « spécialiste des domaines » peut juger entre l’Arnm, le cloud, tel ou telle sculpture ?

Il n’existe pas. Personne n’a une connaissance à 360 de tous les sujets, ou alors il se fait de sacrées idées sur lui-même. Le choix du politique est justement de prioriser les domaines où l’action publique doit agir.
C’est le rôle d’un politique de dire que le cloud doit être mis en place, et pas le vaccin à ARNm. Mais comment, ce n’est plus son boulot. C’est celui des chercheurs.

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:heart: Moi je suis content que mon boss fasse du mécénat ca me ferait mal au coeur que mes impôts financent les bouses qu’il a financé.

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Un minimum de bonne foi, ça ne fait pas de mal. J’ai écrit :

La légitimité de la position (être élu) ne donne pas les connaissances pour arbitrer. Si on reprend la discussion sur le glyphosate au dessus, on voit que le simple établissement des faits (niveau de risque en fonction de l’exposition) est complexe. Juger de la qualité des sources nécessite au minimum une formation. Pareil pour la plupart des dossiers. Mais c’est plus facile de taper sur les « sachants ».

Blanquer n’a aucun compétence en sciences de l’éducation, par exemple. De même pour la plupart des membres du gouvernement (Le Maire n’est pas économiste, etc.).

Encore une fois, un peu de bonne foi ne fait pas de mal. J’ai spécifiquement mis « spécialistes » au pluriel. Quand on doit arbitrer en des bananes et des oranges, il faut des spécialistes des deux.

Car le politique a lui la connaissance à 360 ° ? C’est complètement incohérent comme position.

Edit : incohérent si on pense que le politique doit se faire une idée seul des options entre lesquelles il doit arbitrer. S’il est informé par des experts et qu’il a les compétences pour les comprendre, alors oui, c’est son rôle.

Et bien non, justement. Le politique qui décide « on va faire un cloud à la française » prouve tout simplement qu’il ne sait pas de quoi il parle. Et c’est bien ce qu’on reproche à l’ANR ou au soutien public à l’art : ça vient d’en haut par des gens qui n’y connaissent rien. Et on ne cherche pas sur ce que l’état nous dit de chercher, sinon on se barre dans le privé pour être payer 3 fois plus en obéissant au patron.

Edit : j’ai pris exprès l’exemple du cloud parce que tous les experts savent que ça n’a aucun sens de vouloir faire ça sous la forme poussée par le gouvernement, surtout avec un acteur comme ovh déjà présent.

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C’est hyper réducteur de limiter la vision d’un élu local à (je résume) des goûts de chiotte liés à son incompétence, là où un citoyen « expert » et fortuné (spécialiste ?) serait légitime d’un point de vue intellectuel. C’est très réducteur.

Le côté « tous les politiques sont nuls », ça me donne l’impression de passer au PMU du coin. Le soutien public à l’art est nécessaire. Pour fréquenter beaucoup d’artistes, un constat s’impose : sans les aides et les commandes publiques, ils seraient morts. Purement et simplement. Et ça, ça ne relève pas d’une opinion personnelle mais d’un fait.

Et concernant les spécialistes et les experts concernant l’Art en général, ça n’a rien de pertinent du tout. C’est pas le taf qui fait l’expertise : aucun lien entre ton employeur ou ton statut social et la notion d’expertise. Ce qui ne veut pas dire que certains décideurs publics ne sont pas nuls à chier.

Mais pour revenir à ce que je disais au départ, supprime le soutien de l’Etat (national ou local) à l’Art et les artistes boivent la tasse.

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Et, là, tu as commencé à former un comité qui ne sera jamais d’accord pour rien, chacun poussant son domaine.

Donc, en fait, ce qu’il te faut, c’est un spécialiste de l’arbitrage.

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Exactement et ça peut être le rôle du politique, informé par les spécialistes.

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C’est exactement ça ! Et le spécialiste de l’arbitrage, c’est qui ? Le politique. En tout cas, c’est son boulot.

Pour l’anecdote, , ça me rappelait deux thématiques dans mon labo portés par 2 directeurs de recherches, clairement des personnes pointues et reconnues dans leur domaine.

Sauf qu’un faisait de la catalyse à base d’Étain, tandis que l’autre en faisait à base de complexes de Fer. Un des composants est reconnu comme tres toxique (même à l’état de traces) tandis que l’autre non. Et il ne comprenait pas pourquoi, a chaque commission ANR, c’était l’autre projet qui était sélectionné et pas le sien. C’était un choix, de considérer qu’investir sur des composés chiant à retraiter n’était pas la bonne solution.
Tout choix est discutable, mais ça reste une décision.

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Mais qu’est-ce qui fait le spécialiste dans le domaine de l’art ? Une formation ? Un diplôme ? Être soi-même artiste ?
Les mots spécialistes et experts, j’ai tendance (d’expérience) à m’en méfier énormément. Je dis ça dans le sens qu’un décideur public peut tout à fait l’être.

C’est généralement le rôle qu’il occupe, oui. Le problème étant qu’il sera ensuite jugé par des non spécialistes sur la valeur d’une décision qu’il prend en général après audition de spécialistes (directement ou indirectement, celui qui est visible est souvent la partie immergée d’un groupe). Ce qui pose donc le souci de la neutralité du politique et de ses choix qui sont aussi forcément dictés par son intérêt personnel (le jugement des non spécialistes prime sur celui des spécialistes).

Un politique, tel qu’actuellement élu, ne peut donc amha pas être un bon arbitre puisqu’on (nous, citoyens, qui jugeons a posteriori) ne le lui permet pas.

Est ce que c’est un mal ? Est le role de l’état de financer le lifestyle d’une partie des citoyens? Si un boulanger fait des baguettes que personne ne veut acheter, est-ce que l’état doit le soutenir et pour combien de temps ? Dans la même veine KS devrait donner des coups de pousses aux campagnes qui financent pas ?

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La Nation ? Ou l’Etat ?
L’art enrichit une Nation. Tout autant (et bien plus) que nombre d’activités assujetties à la TVA. Et l’art fait aussi travailler des millions de personnes qui servent finalement au bien de tous.

(et résumer l’art à un style de vie semble excessivement réducteur…)

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Fais gaffe parce qu’avec ce genre de raisonnement on arrive très vite à « et puis est-ce que c’est le rôle de l’état de payer l’école et les soins pour les gens qui ont pas réussi à gagner assez d’argent avec leur travail ? » :smiley: :smiley:

Je vois pas le rapport.

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Simple suggestion, pourquoi ne pas aussi demander l’avis aux usagers/habitants sur la future œuvre d’art ? Certes, c’est un peu populiste (hou le gros mot) mais après tout ils seront les principaux concernés.

Le mécénat privé j’ai aussi du mal, on voit ce que ça donne avec la « Fondation Pinault » et autres aspirateurs à fric qui ne servent qu’à l’évasion fiscale et s’acheter un statut. Sans parler de l’effet délétère sur la spéculation dans le monde de l’art contemporain. Il n’y a qu’à voir comment un guignol comme Jeff Koons a vu sa cote exploser grâce notamment à nos propres oligarques qui acquièrent ses « œuvres » et poussent ensuite au buzz histoire de faire monter les prix. The Gallerist mais dans la vie réelle.

Mais dans ce cas, tu transportes le problème de devoir plaire au plus grand nombre du politique à l’artiste. Reste-t-il artiste s’il se retrouve contraint d’exprimer la pensée du plus grand nombre, ou une pensée prisée du plus grand nombre, plutôt que la sienne, de pensée ?

C’est potentiellement pire : le politique peut se remettre d’un vote défavorable; voire tourner un choix impopulaire en sa faveur. L’artiste, ça me semble nettement plus difficile.

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Surtout que j’ai l’impression que l’art et la culture de manière générale n’est absolument pas un aspect marquant/ important dans une élection. Dans un sens ou dans l’autre, j’ai l’impression que ca n’influe pas dans l’élection .

Est ce que quelqu’un a le temps que la culture a mobilisé lors de la dernière campagne présidentielle ?

Oui…0 % à quelques imprécisions prêt …
:arrow_right::door:

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Ah oui c’est un mal. Les artistes sont donc devenus inutiles ? On aurait besoin de l’expert comptable, du soudeur, du boulanger, du coiffeur, du vendeur de cigarettes électroniques, du community manager et coach en développement personnel, de l’infirmier… mais pas de l’artiste ?

D’abord, artiste, c’est pas un life style. Quand tu t’appelles Céline Dion, tu vis très bien. Quand tu es joueuse de balafon pour un orchestre local ou une asso, c’est autrement plus compliqué. Pareil pour les illustrateurs.
Ca n’a rien d’un life style ! C’est un taf comme un autre. Le boulanger, il a besoin d’un banquier pour lui prêter la somme dont il a besoin pour lancer son affaire. Un artiste a besoin de gens qui le font travailler, dans le public comme dans le privé. Mais entre nous, heureusement qu’il y a le public, sinon, ils ne bosseraient pas.

Et comme le dit Thierry, les artistes participent au développement culturel d’un pays et génèrent des revenus (techniciens, managers, gestionnaires, prestataires, salles d’expo, musée…).

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