Alors, faut se faire à l’idée qu’un éditeur réédite ce qu’il pense être vendable. Absolument pas ce qu’il a de mieux à son catalogue : ce qui peut se vendre le mieux. Et dans le temps, il y a du bof et même de la merde en barre.
je reprend ta liste :
el grande : j’ai adoré à l’époque. Je l’ai ressorti régulièrement depuis. C’est totalement dépassé par la production des 5-10 dernières années. Mais gros potentiel de nostalgie, ça se vendra (mais ça se vendra mal quand même)
Kingdom Builder : même en rendant le truc acceptable visuellement, c’était naze jour un, ça l’est resté. Aucun intérêt réel à ressortir ce titre si ce n’est qu’il a fait parler de lui.
Shogun : n’a jamais réellement disparu du paysage, juste profité de plusieurs réimplémentation pour faire du chiffre. Je pense que sa dernière (il me semble ?) Immortals était un flop mémorable. Retour au nom qui fait vendre pour un jeu qui est quand même méchamment daté (et pourtant, j’en suis nostalgique). En profitant bien de la série Disney +, ça peut faire l’entourloupe.
Puerto Rico : je lui ai toujours préféré Villa Paletti. Je vis parfaitement bien aujourd’hui sans jouer à aucun des deux (mais j’ai encore le vainqueur du Spiel). Ca se vendra, rien que sur la frustration de ceux qui n’ont pas et puis ça finira sous la poussière. Mais je comprend pourquoi certains l’aiment et c’est surtout sa disparition qui posait souci (encore que, s’il n’avait pas disparu, il aurait probablement fini en soldes invendables^^)
Bus : là, on touche le fond. Je n’arrive même pas à imaginer combien de jeux similaires plus intéressants sont sortis en 25 ans (la flemme de vérifier mais c’était avant 2000 non ?)
Food Chain Magnet : n’a jamais disparu, quasiment un reprint annuel il me semble, et n’a pas dix ans.
Vadis, Ra etc. : ont déjà eu des reprints. Et tout le monde s’en fout plus ou moins, ça vivote sur l’historique, nom etc.
Bref : mis à part ceux qui se vendent en continu, que ces vénérables reviennent ou pas n’aura pas la moindre importance. Par rapport à la production récente, la plupart seraient de toute façon invisibles sans leur historique.
Bof, un avis subjectif à la serpe et à contre courant sur des jeux considérés comme grands classiques…pas sûr que ça pèse dans le game mais ça a le mérite d’être écrit.
Là où tu vois des grands classiques, je vois juste des jeux qui se sont imposés à une époque où la concurrence et le passif étaient très limités. Tout en les regardant ensuite avec un regard forcément nostalgique.
Ca multiplie les biais mieux que Mahomet les croissants.
Et ça devient cocasse quand on s’appuie sur un raisonnement aussi biaisé pour juger insuffisants des jeux qui, eux, doivent s’imposer sur une concurrence dix fois plus grande et en souffrant de vingt ans d’historique ludique en référence.
@pikaraph a cité Claustro et ça me semble très juste. On avait là un jeu qui n’avait pas réellement trouvé de remplaçant / équivalent et un éditeur qui ne s’est pas contenté de reprint / deluxifier. Pour autant, et malgré toutes ses/ces qualités, ça reste une réussite marginale (mais méritée, je trouve personnellement qu’il aurait mérité plus)
C’est peut être parce que ma ludothèque est très KS-centrée et uniquement basé sur mon expérience de Castle of Burgundy mais j’ai trouvé ce dernier très rafraîchissant de part l’élégance de son concept, là où je trouve (en moyenne) les jeux modernes beaucoup moins fluides et souvent fiddly (désolé j’ai pas le mot approprié en français)
Par contre dans ses anciennes éditions , jamais je le sors/achète…
Bref, pour moi les classiques qui ressortent en version agréable à l’oeil c’est tout bon.
Bref, tout est affaire de subjectivité.
Mon raisonnement n’est pas de savoir dans quel contexte est sorti un jeu.
Mon raisonnement se base sur le plaisir à jouer et sur l’envie de rejouer plus de 50 fois au même jeu.
Là où tu vois des jeux poussiéreux qui auraient eu la chance de sortir au bon moment sans concurrence, je vois des classiques dont on ne se lasse pas dans notre cercle de joueur.
Là où les influenceurs voient des pépites ou des goat ou des amaaaazing, je vois des ok games.
Tout cela en me basant sur mon ressenti et sur nos stats de jeux avec mes partenaires. Et pour le coup depuis plusieurs années, les chiffres sont têtus.
Ça reste les goûts les couleurs, je pense pas qu’on se mettra d’accord.
Puisque tout est affaire de subjectivité, ce qui est un OK Game pour toi, sera une pépite pour un autre, source de plaisir ludique.
Dire que seul une 20aine de jeu valent le détour, sous-entendu, on devrait se limiter à cela en production, c’est dire qu’il faudrait qu’on applique la subjectivité d’une portion des joueuses et joueurs à l’entièreté du marché, et que ceux dont la subjectivité les amène à aimer d’autres choses peuvent aller se faire voir, tant pis pour eux.
Oui effectivement la subjectivité s’applique à moi même comme a tout autre, c’est effectivement ce que je voulais dire, tu as bien compris.
Quand je parle d’une vingtaine de jeu par an, je veux dire que c’est a peu près le nombre de jeu dont on parle vraiment, ceux qui sortent du lot et dont il y a des articles réguliers, ou des discussions de longue durée sur les forums. Et je voulais mettre cela en rapport avec le sempiternel chiffre « des milliers de jeux sortent par an »
Mais oui, dans l’absolu, n’importe quel jeu peut plaire à n’importe qui, si c’est ce que tu veux dire. On peut lapalisser dans les deux sens.
Et je n’ai pas sous entendu qu’il faudrait n’éditer que les meilleurs et changer les stratégies éditoriales, il s’agit là d’un autre débat, plus idéologique.
Un jeu qui fait des ventes, c’est qu’il a un atout (pas forcément une qualité intrinsèque du jeu d’ailleurs) à un moment donné et donc l’éditeur a forcément misé dessus (même si c’est pas original ni bon). La qualité/quantité et le fait qu’un éditeur se soit investi vont pas forcément être antinomiques.
Et du coup Puerto Rico c’est bien pour un reboot : un jeu ultra plébiscité a son époque avec un joli prestige (ptet désuet aujourd’hui que ce soit en terme de mécanique, le thème qui pouvait être un peu pas funky sur certains points et le matos).
Le jeu va se prêter à plein de modules et peut être booster dans tous les sens. (Solo/coop ptet) .
J’oses pas espérer un notre dame je pense qu’on pourrait avoir un truc encore plus fou que les châteaux de Bourgogne en terme de visu/matos.
C’est intéressant ce point de vue. Je ne partage pas ton opinion sur la plupart des jeux que j’ai cité dans la liste -faite au pif et probablement pas representative- à part pour kingdom builder que j’ai toujours trouvé très très laid et pas si ouf (mais ce n’est pas le point d envie majoritaire dans mon entourage). Il est vrai que le contexte est important. Le public était différent (et plus restreint) et les jeux en « concurrence » pour devenir des classiques étaient moins nombreux (et différents).
Je suis tout à fait d’accord avec le fait qu’un éditeur ressort ce qu’il espère voir se vendre. En fait, je ne comprends pas très bien le besoin de l’expliciter vu l’évidence de la chose.
A ce sujet on peut se demander à quel point les prix de l’occasion sont devenus des prédicteurs de réédition (à se demander s’ils ne seraient regardés par les personnes impliquées). Une chose est certaine : un éditeur, même de niche, ne ressortira pas un jeu foireux n’ayant jamais trouvé un succès public, ou d’estime. Car personne ne l’achètera, même relooké.
Pour sortir ce genre de croûte il faut que le public soit naïf quand au produit : c’est (c’etait) précisément le bizness model de certains acteurs du crowdfunding (et pas que des mineurs). Mais je digresse.
Vu qu’on balance des avis perso, j’y vais aussi :
El grande je ne vois pas trop ce qui l’a dépassé dans le genre « majorité bordélique », mais je prends les références. Vraiment. Je l’ai découvert cette année pour la petite histoire, je ne vois pas en quoi il est daté.
Kingdom Builder, voir au dessus.
Shogun, j’ai aussi pensé à une relance pour surfer sur la série Disney mais en fait c’est déjà dispo en anglais et allemand. J’avais complétement oublié immortals (jamais vu une boîte). Très honnêtement je n’y ai pas joué depuis des années et je m’en porte très bien (le niveau de sensibilité à l’AP de ce truc est dingue). Reste que j’y rejouerais volontier à l’occasion. Il reste des gimmicks sympa (la tour à cube) et un format qui est devenu rare.
Puerto lui aussi il a eu plusieurs reprints, le dernier joli mais foireux d’ailleurs. Ça se vend, ça se joue. On est sur un jeu qui est comparable aux châteaux de Bourgogne dans sa dynamique d’édition, normal qu’il soit visé par AR. Je dois en faire une partie tout les 8 ans. Comme pour les autres jeux de la liste, je ne suis pas le public visé par ces rééditions (par contre j’aimerais bien un Villa paletti pour jouer en famille, vivement le reprint !).
Bus il est improbable que l’on parle du même jeu. Mais si c’est le cas, encore une fois, je prends les noms des trucs comparables et mieux qui seraient sortis depuis. Ça ira direct sur ma short-list de trucs à essayer. Dans bus, la gestion des enchères de pose d’ouvriers d’ordre du tour c’est absolument énorme. Une tension dingue. D’ailleurs tous les jeux de la liste sont à forte interaction : impossible d’en faire un mode solo.
C’est vrai que FCM était régulièrement trouvable en VO (9 tout petits tirages entre 2015 et 2021), mais pas son extension ! C’est ce reprint qui me fait plaisir. J’ouvrirai la boîte au mieux 3 ou 4 fois dans les 10 ans qui viennent ceci dit.
les vieux Knizia ou KK étaient oop. Super meeple à quand même assis sa réputation sur ces reprints. Ce n’est pas rien et je ne crois pas que cet éditeur en particulier n’ait rien changé dans le paysage (grail games et 25th century games semblent aussi s’y lancer).
Reste l’idée de culture commune. N’empêche pour beaucoup de ces jeux je ne trouve pas que leur place soit dans un musée. Rien que Bus, franchement c’est de la balle. J’y ais joué avec des ados il y a quelques mois, ça les a retournés.
Bus : je dois me gourrer de jeu, alors (pas comme si j’avais une mémoire infaillible, LOL). Moi j’ai le souvenir d’un truc tout moche où on achetait des bus pour transporter des gens. Bref, un jeu de train sans trains mais c’est pareil, toujours de la gestion de réseau.
Pour Ra et Quo Vadis, ils ont eu des rééditions régulières. La dernière de RA l’an dernier je crois (pas sur, passé par KS il me semble). Pour Quo Vadis, devenu Zoo Vadis, c’est certain 2023 (aussi par KS)
(et pour le reste, c’est bien évidemment des avis personnels. Je suis juste très étanche à la nostalgie^^)
Bus est horriblement moche (ou plutôt il assume crânement sa différence) on parle bien du même. Il y a une composante réseau/pick and delivery, mais le cœur du jeu est dans la gestion des actions. C’est monstrueusement moderne. Un des jeux les plus méchants que je connaisse.
Ce sont les rééditions de Ra et Zoo vadis que tu mentionnes auxquelles je faisais référence dans mon post initial (« on a ou l’on va avoir »).
La DA de la réédition est pas mal comparé à ce que c’était, et avec les ressources deluxe de l’edition anniversaire c’est encore mieux
Je confirme que l’interet est pas dans le réseau/pick and delivery mais bien dans la gestion des actions. Chaque point est durement gagné, toujours au détriment d’un autre joueur qui ne manquera pas de rager
La partie avec les ados, j’explique les règles et l’un des deux remarque que la piste de score est très courte en mode « non mais je vois même pas comment on fini à moins de 20 points ». Scores finaux : 3-2-1. Et une partie mémorable. Oh oui, ça rage dur.