Ah, Monsieur, vos lamentations sur ce famélique trois pour cent ?
C’est un peu court, pour un esprit que l’on dit si pesant… de suffisance !
On pouvait dire, en variant le ton, sur cet échec patent,
Bien d’autres choses, et d’une verve autrement plus mordante ! Tenez :
Agressif :
« De quel front impudent osez-vous, Narcisse des tréteaux,
Crier à l’injustice, aux complots, aux fléaux,
Quand votre jeu, ce miroir blafard de votre vanité crasse,
N’a récolté que mépris… et trois pour cent de grâce (forcée) ? »
Amical (avec une ironie mordante) :
« Mon cher, trois pour cent, c’est le signe éclatant, entre nous soit-il dit,
Qu’un sermon déguisé n’est point un jeu d’esprit… ni d’argent.
L’ambition est certes une chose, mais le talent, mon pauvre ami,
Est cette autre chose qui, visiblement, vous a fui. »
Descriptif :
« Financement : en déroute. Concept : prétentieux et creux.
Plaisir ludique : aux abonnés absents, au mieux, fort ennuyeux.
Propagande : pesante, malhabile, et sans finesse aucune.
Ego de l’auteur : aussi vaste que sa maigre fortune.
Résultat : trois pour cent. Bilan : une déconfiture opportune. »
Curieux :
« Mais comment espériez-vous, ô grand architecte du vide sidéral,
Qu’on ouvrît son escarcelle à votre prêche doctoral ?
Un jeu sans âme ni joie, un pensum militant et austère,
Aurait dû, selon vos lumières, séduire la terre entière ? »
Emphatique :
« QUOI ! Le monde est donc si méchant ? L’univers contre vous ligué ?
Parce qu’à votre catéchisme en carton, nul n’a voulu s’engager…
Ni son portefeuille délier ! Mais quelle outrecuidance insigne !
De vous poser en martyr quand votre œuvre est indigne ! »
Pédant :
« Observez, mon bonhomme, cette corrélation manifeste :
Jeu-sermon plus ego boursouflé égale échec funeste.
Des contributeurs, s’entend. Ce score de trois pour cent, voyez,
Devient alors la preuve d’une lucidité… chez ceux qui n’ont pas payé ! »
Dramatique :
« Le rideau tombe en disgrâce sur votre ambition démesurée !
Le public a conspué votre indigeste et fumeuse algarade !
Et vous voilà geignant, tel un Calimero imbu de sa parade,
Un fiasco programmé, fruit de votre seule et unique œillade… à votre nombril ! »
Lyrique :
« Ô Muse du Fiasco retentissant, contemple ton héraut !
Qui, sur l’autel brisé de son jeu si piètre et si peu beau,
N’incrimine point sa création, indigente et sans grâce véritable,
Mais le goût exquis des mortels qui fuient sa face lamentable ! »
Pratique :
« Un mot charitable, Monsieur, pour vos futures créations, si le cœur vous en dit :
Songez que le jeu, d’abord, c’est pour que l’âme en rit.
Votre message, fût-il le plus noble (ce qui reste à prouver),
Passera bien mieux s’il n’assomme le joueur avant de commencer. »
Cavalier :
« Trois pour cent ? Et puis après ? C’est encore trop d’honneur
Pour un véhicule à vanité si dépourvu de toute saveur.
Passez votre chemin, faiseur de vent, et cessez de nous importuner ! »
Ironique :
« Assurément, une cabale ! Le monde entier s’est ligué !
Quel dommage ! Un tel génie, si promptement négligé…
De n’être point compris ! Ou plutôt, l’on a finement perçu, cher maître,
Que votre jeu n’était qu’un trône à votre être… et à vos prêchi-prêcha sans fenêtre. »
Parodiant vos jérémiades :
« ‹ Ah ! Ciel ! Quelle injustice ! Le sort sur moi s’acharne avec fureur !
Mon œuvre est un diamant que ces manants rejettent avec horreur ! ›
… Tandis que la raison, Monsieur, vous murmure sans grand bruit :
‹ Ce n’est point le monde, c’est ton jeu qui conduit… à l’ennui ! › »
Voilà, Monsieur, ce qu’à peu près mon verbe eût pu lancer,
Si, comme vous pour vous plaindre, j’avais eu du temps à gaspiller.
Mais au lieu de gémir, regardez donc la poutre, avant la paille,
Et comprenez qu’un jeu, c’est du plaisir, non de la pure propagande qui braille !