L’'article en question, ya un peu de recherche et de travail derriere. En revanche c’est d’une violence abominable, attention les yeux.
Harvey Wenstein a coté, c'est un ange
Envisager de parler des magazines de jeu de société n’est pas nécessairement une entreprise nostalgique, se résumant à une balade entre les tombes. Il y a une production actuelle, bien réelle, fournie, vivante. De nombreux numéros en 2021, en français, anglais, et allemand, que ce soit dans des supports physiques ou numériques. Les mutations des médias sont largement moins marquées et accélérées pour la presse papier que pour le net, ce qui ne veut pas dire que les lignes ne bougent pas.
Cette actualité est finalement bien trop riche pour qu’on puisse traiter chacune des sorties dans un article dédié et approfondi, ou même pour avoir l’illusion de tout voir et de tout lire de la riche production internationale, ou même francophone. Un balayage rétrospectif à travers la jungle permettra de traiter par lots entiers des séries qui ne m’intéressent que superficiellement mais qui ont leur valeur en tant que symptômes d’une indifférenciation et d’une mollesse qui se répand.
Avec dans tout ça une question centrale: un nouveau média est-il toujours une bonne nouvelle ? La démocratisation de la technique (graphique, de diffusion, audiovisuelle, etc.) via des logiciels ergonomiques, mène-t-elle a plus de pluralité et de richesse ou à un paradoxal appauvrissement du paysage ? Et in fine, faut-il suivre Hans Magnus Enzensberger dans sa provocation quand, dans un texte majeur, il parle de la « catastrophe de la liberté de la presse » ?
« La connaissance ne progresse pas avec le temps. On passe sur les différences. On s’en arrange. On s’entend. Mais on ne se situe plus. »
Henri Michaux, Un barbare en Asie
The Long Goodbye
Arrivé à un âge certain, on passe sans doute un peu trop de temps à se préoccuper de recenser les vivants et les morts, à s’inquiéter pour ceux qui dorment un peu trop. Au rayon des actes de décès, un certain nombre de magazines ont complètement disparu ces dernières années (Game Nite, JDS, Counter), et pour ce qui est du bilan médical, nous nous avisons que d’autres n’ont rien publié en 2021 (Battles mag, qui vend ses anciens numéros en PDF sans les jeux en encart). Il faudrait cependant ne pas tomber dans la célébration nostalgique d’un passé que l’on sait révolu, ne pas regarder le Counter « final issue » de 2018 en faisant « mphhhhhhhhhgrrr ». T’avais qu’à renouveler ton abonnement, déjà…
Il y a, en effet, à coté de tout ceux qui tiennent bon (Plato, Spielbox, Win, pour les plus anciens), un certain nombre d’émergences, de bonnes surprises, comme Everything Board Game sur lequel je reviendrai peut-être un jour. Il faudrait alors célébrer les naissances, célébrer la beauté, la jeunesse, s’enthousiasmer, trouver un second souffle. Aller voir où cela se passe désormais, là où est le « game », où sont les « players » le flux, la sensation, comment cela se passe désormais, sous quelle forme. Ce mouvement, cette acceptation du mouvement, du déplacement, est peu ou prou ce à quoi nous invite de manière assez claire, et assez fraiche finalement, le magazine Ludosphère, dont il sera question ici. Il faudrait. Il faudrait aussi se calmer sur la bière et le saucisson, parait-il, mais cela me fait moyennement envie de passer au smoothie brocoli, comme cela fait moyennement envie, a priori, de se coltiner les vidéos Tik Tok, un blog sur la production Kickstarter ou la crème des influenceurs.
L’indépendance facilitée
« Votre nouveau magazine ludique », Ludosphère, a vu le jour en novembre 2021. Dans son premier éditorial, il se présente comme « une agora ». Et bien… Il me semble que nous avons là un parangon de modernité, non pas tant dans la maquette et le graphisme, qui piquent un peu les yeux, que par la manière dont il s’enfonce dans le réel en dénaturant les mots. « Non payant », il a vue sa sortie « facilitée » par un magasin de Clermont Ferrant, avantageusement présenté dans une page de pub et dans la liste des influenceurs cool.
Les propriétaires du lieu, des « passionnés » forcément, ne nous facilitent cependant la tâche pour comprendre l’articulation de cet euphémisme mou et de leur statut d’ « indépendant ». Car, à l’instar de beaucoup, en effet, le média clame son indépendance dès le premier numéro. Nous aurons encore vainement attendu en 2021 un média qui soutienne à quel point il est dépendant: aux clics, au fric, aux boîtes de jeu gratuites, au coupe file presse de Cannes, au regard des gens, aux audiences, à la distinction. Las, cela ne sera pas lui non plus. Par contre, il ne ment pas sur son « intéractivité » (sic): la plateforme assez désagréable (Calameo) qui l’héberge permet qu’un certain nombre de liens soient cliquables, notamment pour aller vers le magasin qui, hum, a facilité la sortie, par exemple. Juste retour des choses: la sortie du magasine (vous l’avez ?) vers la boutique est en effet grandement facilitée, lourdement fléchée même.
Les contenus, chroniques et entretiens, portant sur des produits originaux abordés de manière passionnée, m’ont beaucoup moins intéressé finalement que le dossier central concernant les avis des Instagrameurs, dont il faut prendre acte qu’ils sont désormais considérés dans la chaîne de production. Une petite phrase apparemment anodine, au détour d’une profession de foi: « joueurs, joueuses, éditeurs, instagrameurs, magasins » dit bien une disparition: celle du critique, de la presse, des médias traditionnels. Au profit d’une proximité, d’une capillarité. D’une communauté. D’un milieu comme on dit. Une énumération façon poppies et grande chaine de l’amitié, qui nie au passage, mine de rien, toute une série de rapport de force, de pouvoir, de domination et de commerce, au profit d’un projet commun. Il faut prendre acte de ce décentrement. Aussi, plus que leur avis et recommandations couchés sur papier, qui ne sont ni pire ni mieux qu’ailleurs, je me suis concentré sur un élément original. Cette ouverture vers l’Instagram ludique qu’ils nous offrent à cette occasion qui m’a totalement fasciné. En un clic, un monde s’est ouvert dont j’ignorai absolument tout jusqu’alors.
Des nuances de rouge carmin
Cela mériterait un article en soi. Une fantaisie de couleurs, de cadrages et de filtres, des contenus base de popopopop, de chiens, de robes à fleur, de déguisements, de maquillages, de clin d’oeil. Sur le premier compte mis en avant, Dis on joue ?, le plus abouti, le plus parfait, et de loin, une jeune femme présente ses jolies tenues, en se cachant derrière des boîtes de jeu de société. Ça sent le frais, le heathy, le prudemment sexy; cela nous éloigne franchement de la fragrance relais Descartes 1992. Sur le coté des critiques minimalistes, superficielles et peu encombrantes, mais bilingues mettent en valeur le produit: « A la question de la qualité de cette édition, je reponds qu’il est dans la lignée des précédents Unlock. Je le recommande aux fans de Unlock comme de Star Wars, en gardant en tête le côté plutôt ‹ grand public › de cette édition. » Ces comptes débordent de jeux, dégueulent de jeu comme un espèce de gigantesque buffet asiatique ou un casino sans horloge ni lumière du jour. Mais pas ceux où le plat ne ressemble pas à l’image, tout est image. Le texte est secondaire. Comment ces jeux arrivent-ils là ? Serait-ce de la même manière que les blogs ? Comment traiter et digérer autant de matière ? Comment stocker tout cela ? Ces influenceurs n’ont pas l’air de souffrir d’indigestion, de saturation, de la moindre réserve.
Quand on dérive avec le hashtag jeu de société, je ne sais pas si c’est un problème de Male Gaze ou de Advertisement Gaze, mais je trouve que l’on voit beaucoup de corps. Dans les posts populaires #Boardgame, l’une des modèles pose sur une table, les fesses dans le couvercle d’une boite de jeu. Absolument rien de vulgaire, car elle est très belle, elle a le corps pour, et il me semble qu’elle reproduit-là, intentionnellement ou non, une pub pour les Galeries Lafayette où une Lætitia Casta minuscule était dans un verre de champagne. Sauf que la boîte disparaît derrière l’image, au second plan, impossible de savoir ce que c’est. J’ironisai dans un article d’il y a quatre ans sur la tendance des critiques à devenir des blogueuses maquillage. Je réalise que dans cet intervalle une mutation profonde s’était opérée : les critiques, devenus entre temps reviewers, sont bel et bien devenus des expertes en maquillage, des démonstratrices de tupperwares habillées Comptoir des cotonniers avec des rouges à lèvres aux nuances de rouge carmin. Fascinant.
Le retour au magazine et à la réalité s’avère bien pénible. C’est fou comme au bout de cinq minutes dans Instagram, la vie semble monotone et âpre. Antoine Blondin disait que quand il avait arrêté de boire, le monde avait perdu son technicolor, et c’est un peu ce que j’éprouve. Un gros manque de sucre. Je prend note que mon devoir de critique sera d’aller voir plus avant ce qu’il se passe sur Instagram pour essayer de comprendre, pas seulement superficiellement, ce qu’il s’y passe. Et je m’en réjouis. J’ai juste un peu peur du point de non retour. Donc, si un blog ou un site ou un podcast a déjà fait cette analyse de cette déportation et de ces nouveaux médias, ou voudrait bien m’expliquer, je lui en saurais gré. Oui, je pense que la chronique du prochain Super Meeple peut attendre.
Interpénétrations, brouillages et confusions
Longtemps, j’ai cru que le Philimag, magazine du mastodonte Philibert-Asmodee , et distribué lui aussi sur Camaleo pour sa version virtuelle, était une sorte de catalogue déguisé, dans la lignée de feu Ystari Mag. Une branche de l’évolution de ces catalogues Descartes qui me faisaient rêver, plus jeune. Ce n’est que quand j’ai vu les tarifs des pages de pub, les 1250 euros pour la quatrième de couverture, le tirage passé de 10000 à 16000 exemplaires cette année, que j’ai compris ma profonde erreur d’appréciation: c’est un catalogue déguisé rempli de pages de pub. Des pubs tout à fait réelles, un drôle de tour de force. Il est donc tout sauf négligeable.
Un partenariat avec Léandre Proust et Gramme éditions donne un magazine qui emprunte les formes classiques. Quelque chose de réalisé avec soin, qui, même si le nombre de signes n’est pas énorme a demandé un vrai travail. Là aussi, c’est troublant.
Ce petit format de 80 pages (60 au début) est distribué gratuitement dans les paquets que nous livrent le marchand strasbourgeois. La seule fois où j’ai acheté chez eux, j’ai jeté le truc car je pensais que c’était un catalogue. Ils en ont sorti 12 en 2021, dont un Hors série. Je me demande pourquoi. Oui, je sais, ils sont libres et passionnés, mais quand même: douze… Il doit y avoir un modèle économique pour que les formes de la presse soient investies. Est-ce lié au fait que quand je vais sur France Culture écouter Raymond Aron après avoir consulté leur magazine en ligne, je me retrouve avec une page de pub pour Dune ? Ou est-ce parce qu’entre les deux lectures je suis allé fureter sur la page du magasin, sans que je n’en ai aucun souvenir ?
Comme dans Ludosphère, nous retrouvons les rubriques classiques d’un magazine: éditorial, interview, chroniques, open the box, regard historique, témoignage à la première personne, petits jeux en encart, carnets d’auteur, etc. L’inévitable Martin Vidberg, le barde maison, surproduit ou hyperproduit des histoires de patates, qu’au final je finis par plus voir que lire. Dans ces gratuits, il y a tout ce que l’on trouve dans les payants, les rubriques et les contenus semblent les mêmes donc, sauf que c’est dans un format un peu plus rabougri. Il n’empêche que c’est une lecture rapide et tout à fait satisfaisante, une expérience pas déplaisante, qui vaut largement l’argus mag ou Votre argent dans la salle d’attente du dentiste.
Je remarque au passage qu’ils ont intégré dans la ligne éditoriale, à coté des rédacteurs, et des gens de l’entreprise libérée, les contributions de blogueurs de différents type (Vin dj’eu) qui viennent rédiger des chroniques ou donner des avis. Il y a même l’équipe de Tric Trac, qui reprend les portraits du site. Cela donne une impression de diversité. Le top 10 des ventes de Philibert, je pense l’avoir vu ailleurs, le format « open the bouate » aussi. Tout cela, mots, formes, gens, a été intégré, comme Vidberg, d’une manière assez paradoxale, comme un gage cool de diversité. Sauf qu’en fait, il s’agit d’une fausse diversité, une fausse variété: nous sommes dans un tunnel, dupes ou pas dupes. Par exemple, dans un numéro donné, je remarque que tous les bloggeurs, y compris Tric Trac, ont sur leur site un petit bouton Philibert. C’est à dire que si vous commandez a partir de là, il y a une rétrocession d’une partie minime des bénéfices. Échange de bon procédés dans une économie circulaire.
Des arguments contre la liberté de la presse
Nous avons là, au cœur de ces trois exemples, deux modèles, l’instagrameuse et le magazine du magasin, qui devraient nous interroger, et nous interroger au-delà de la question du publi-reportage. L’une des branches (Ludimag) semble acter la disparition du critique au profit de la figure de l’influenceur, l’autre l’absorption et la confusion des formes entre presse, information et communication. Ce sont là des questions anciennes, qui précèdent Instagram et les réseaux. Elles datent du temps où les forums communautaires et les blogs sont insidieusement passés à une autre échelle, une autre fonction, et ont été intégré dans la chaine. Prise de capital, participation, compagnonnage, promiscuité. Ce questions prennent cependant là une intensité nouvelle, ce que beaucoup ont pointé avant moi, à la fois quantitativement et qualitativement: il est impossible de tout suivre, cela éclate dans tous les sens, dans une fantaisie de couleur (Instagram), de flux (Twitch, YouTube), produisant une apparente variété.
Cela ouvre à une question: pourquoi, alors que la technique a tellement évolué et permet autant de choses belles et excitantes, un leader du secteur produit encore une vieille forme telle qu’un magazine ? Un vernis de respectabilité ancienne ? La multiplication des caneaux ? L’on pourrait penser, superficiellement, que le Philimag singe les formes de la presse pour nous vendre des produits, sur le modèle du publireportage. Mais je pense que le regard inverse est possible et nécessaire: et si actuellement c’était les blogs et les magazines qui singeaient, sans qu’on leur demande explicitement, le magazine publicitaire (centré sur la présentation des jeux en vente, démonstration et mise en valeur tout à fait favorable des produits, ton de proximité, création d’un lien, etc.), l’instagrameuse (textes courts et percutants), avec pour seule démarche de nous faire converger vers un lien permettant de compléter l’expérience de lecture par un achat ? "
Il y a quand même le choix entre tous ces médias" me disait une instagrameuse sur Facebook. Pas si sûr. « Le public est intelligent et sait faire la différence entre information, communication et publicité, ne les prenez pas pour des neuneus, il n’est pas besoin de le préciser. » répétait à l’envie un ponte respecté, et ses disciples en échos. Considérant comment je peux être troublé par l’effervescence actuelle, les « programmes d’affiliation » (cf. La conclusion des articles de Gus and Co; Labo des jeux et tant d’autres) , de « facilitation » (Ludomag), et les filiations complexes (imaginons un numéro de Philimag, où l’on aurait les journalistes de tric Trac qui émettent un avis sur Boardgame Arena, c’est 2020 l’Odyssée de la concentration verticale), l’effort que cela me demande pour situer le média et ses intentions, je doute humblement de cette évident.
Cet effort de décryptage, un mec l’a fait au lance-flamme: le philosophe allemand, incisif et provocateur, Hans Magnus Enzensberger, dans un article qui s’ouvre sur une citation de Kierkegaard parlant de sa haine des journalistes. C’est un très beau texte qui vaut d’être découvert dans son entièreté, qui souvre sur une belle rhétorique: « Kiergeegard exagère, mais quand même ». Je voudrais la reprendre ici: Enzensberger exagère, mais quand même… Si l’on transpose les mots et les registres de la terreur pour les remplacer par le sucre, on pourrait essayer de relire les médias présentés ici à l’aune de cette vision cauchemardesque.
"«On ne lit pas le «Bild» bien qu’il ne parle de rien, mais pour cela même : parce qu’il a largué tout contenu par-dessus-bord, ne connaît ni passé ni avenir et met en pièces toutes les catégories historiques, morales et politiques. Non pas bien que, mais parce que : parce qu’il menace, bêtifie, fait peur, débite des obscénités, sème la haine, parle pour ne rien dire, bave console, manipule transfigure, ment, fait l’idiot et détruit. C’est précisément cette terreur, immuable et quotidienne, qui procure au lecteur une paradoxale jouissance, commune à tous les intoxiqués et inséparable de l’avilissement consciemment vécu qui lui est lié. L’impossibilité de dater un numéro du «Bild» et le fait qu’il se répète de manière permanente, loin d’ennuyer le lecteur, le rassurent au contraire. Depuis des dizaines d’années qu’il prend son petit-déjeuner avec lui, il se berce dans la certitude que tout continue comme avant, que «rien n’a d’importance» ou bien, ce qui revient au même, que le rien ne fait rien.» (Le triomphe du Bild-Zeitung ou la catastrophe de la liberté de la presse)
Botter le derrière de la presse payante ?
Je peux paraitre dur, mais en fait les contenus de ces trois médias sont largement satisfaisants, plus qu’agréables. C’est un travail fait avec sérieux. De manière superficielle, on pourrait se demander pourquoi il faudrait payer 8 euros pour avoir (presque) la même chose. C’est la question qui m’habite et me dérange beaucoup plus, celle des degrés de différence véritable entre Philimag, Asmodee Mag, Ravage hors série plateau, Canard PC Hors série, Plato, Ludosphere. Notamment comment ils se situent par rapport à cette ligne éditoriale très puissante qui tend à se focaliser sur « les jeux que nous avons a aimé dans les produits actuellement en vente », à peine aérée de contenus qui nous ramènent bien vite dans ce tunnel, ou d’un déchainement de haine sur des produits tout à fait mineurs et marginaux, assassinat censé donné l’impression d’une position équilibrée qui n’existe tout simplement pas. Relisez ces magazines sous cet angle et dites moi en quoi ils diffèrent.
Je pense que toute cette médiocrité (au sens de Alain Deneault, c’est à dire en fait une moyenneté) est une chance pour la presse papier payante. Ou pourrait être. Elle n’a plus depuis longtemps, facilement vingt ans, de situation de monopole qui faisait les tirages énormes et la place essentielle de la revue Jeux et stratégies. Donc, s’ils font la même chose que les médias gratuits, qui font la même chose que les agences de communication intégrés dans la chaine de production, le public n’est pas complètement idiot… Il reste toujours les goodies que le net ne peut pas transporter, et qui parfois se vendent plus cher que le magazine, mais c’est mince quand même.
La critique du numéro spécial de Canard PC pourrait nous amener des questions de la différence, de comment la presse peut se donner le moyen de faire mieux. Non seulement faire mieux - car, je l’ai constaté dans mes lectures, vu de l’intérieur, occasionnellement, des magazines vont bien plus loin dans la qualité - mais le montrer. Faire, faire savoir. Peut-être qu’il faudrait que ces médias investissent les nouveaux créneaux et montrent leur différence. Instagram, Twitch, proximité, sensations. Bien sûr, c’est évident, si l’on regarde autrement que superficiellement, nous voyons bien qu’il y a des profondeurs et des marginalités dans la presse payante. Mais qui regarde autrement que superficiellement aujourd’hui ? Qui lit encore un article jusqu’à ce point ? Qui a envie d’autre chose que ce que propose les gratuits ?
Post Scriptum: mon vieux cheval
Pour finir sur une note positive, en matière de prescripteur moche, il existe une vieille revue payante qui semble faire un excellent travail. L’un des seuls du peloton des organes de presse papier à ne pas afficher de jeu en couverture, mais un cheval, qui est repris sur le petit logo rouge du prix Fairplay A la Carte Award. Ce prix qu’ils organisent récompense depuis des 1991 des jeux de cartes / tournant autour des cartes. Tous, des microscopiques (Carro Combo) aux mastodontes (7th Continent). Un gage de qualité. Je me demandais qui succèderait à l’évident The Crew. Pas The Crew Mission sous-marine qui, fait rare quand même pour une suite, arrive en seconde position. Le prix a été décerné à Fantasy Realms distribué chez nous par Don’t Panic Games , avec une belle pelletée de runner’s up. Que ce soit les jeux primés ou les nommés, nous avons-là un gage de qualité, et je vous invite à regarder à rebours les prix dans cette liste BGG.
- Die Crew: Mission Tiefsee (Thomas Sing, KOSMOS)
- Punktesalat (Molly Johnson, Robert Melvin, Shawn Stankewich, AEG und Pegasus)
- The 7th Continent (Ludovic Roudy und Bruno Sautter, Serious Pulp und Pegasus)
- Riftforce (Carlo Bortolini, More Time Games und Asmodee)
- Wildes Weltall (Joachim Thôme, Board Game Circus)
- The Fox in the Forest (Joshua Buergel, Foxtrot Games und Renegade Game Studios)
- Kompromat (Rob Fisher und Adam Porter, Helvetiq)
- Spirits of the Wild (Nick Hayes, Mattel)
- Spukstaben (Moritz Dressler, Nürnberger Spielkarten)
Par Damien - 21 décembre 2021