Et aujourd’hui, j’ai fini Unsettled d’Orange Nebula (enfin les 24ers scénarios) !
J’avais pledgé le All In de LDG, auquel j’ai ajouté des simili goodies vendus à vil prix sur Philibert en VO :
- Principalement les Survival Task Pack 1 et 2 qui ajoutent une tâche D à chacune des planètes.
et tout ça si vous avez le temps
- Luna’s Synthesizer : Un dé supplémentaire pour mitiger le hasard des ressources => Jamais utilisé.
- Avatar Punch : des avatars en plus. Au final, je trouve ridicules les têtes sans casques sur les combinaisons, donc j’ai utilisé les têtes casquées aux couleurs des plateaux. Un bon achat inutile
- Unsettled - Luna’s Performance Assessment Logs : L’idée est d’avoir des hauts faits sur chaque mission un peu comme un jeu vidéo. Comme je ne voulais pas me spoiler, je ne les ai pas lu. Je pense que c’est utile pour quelqu’un qui veut refaire les mêmes missions, ce qui n’est pas mon cas.
En gros, j’ai joué aux 6 planètes et pour chacune de ces planètes, j’ai fait les 4 missions. Presque tout le temps en solo, mais 2 parties en duo.
J’ai un rapport compliqué avec ce jeu, que j’ai pledgé 3 fois Mon record pour le moment.
Comment pledger 3 fois le même jeu ?
Je l’ai pledgé en VO sur le KS1, et finalement je l’ai annulé avant la fin du KS car la campagne et la date de livraison prévue était en même temps que ISS Vanguard.
Puis je l’ai pledgé sur le KS2 avant de savoir que LDG allait le localiser. Donc j’ai annulé avec les 10% de pertes.
Puis j’ai enfin pledgé la VF de LDG avec la surtaxe backers.
Pitch
Unsettled, ce sont des scientifiques qui se retrouvent sur une planète extraterrestre. Et souvent, ils sont un peu dans le caca, et bien souvent, c’est à cause d’eux. Ils vont donc essayer de résoudre les problèmes de manière inventive.
Chaque tache est indépendante, elle représente UNE aventure et une situation dans laquelle se trouve nos héros. On ne joueras donc que des one shot. Ce sont des espèces d’univers parallèles, ou le seul point commun est le petit robot à tout faire, Luna.
Et là, on arrive à une des qualités de ce jeu : chaque tache a une petite histoire pas très longue (je dirais une page A4 tout compris), mais bien écrite (et que je trouve bien traduite ). C’est une ambiance avec un humour un peu pince sans rire/2nd degré que je trouve chouette.
Gameplay
Le cœur du gameplay est assez simple :
On a 3 dés : ces dés représentent les différentes capacités du scientifique.
Ils ont 4 valeurs, quand on fait une action, on descends/monte la valeur et c’est tout. C’est un système assez simple de gestion de la fatigue.
On va devoir faire chaque tour un total de 3 actions parmi
- 6 actions différentes génériques
- les éventuelles actions sur le lieu où nous sommes situées
- les éventuelles actions génériques de la planète (construire des bâtiments, récolter des ressources, interagir avec notre petite sonde à tout faire Luna…).
Donc autant dire qu’il y a du choix chaque tour (à noter qu’une des actions est forcément le fait de se reposer, car faut pas déconner, tu ne peux pas faire que bosser, faut dormir un peu aussi !).
A ces actions principales, on va y ajouter un certain nombres d’actions « libres » (= gratuites) :
- Se déplacer
- Déplacer Luna,
- Rechercher des ressources
- et tout un tas d’actions liées à la planète ou à ses éléments.
Donc il y a vraiment BEAUCOUP de choix, et clairement c’est une force du gameplay.
Mais c’est aussi un peu piégeur, donnant une illusion de liberté importante.
En effet, cette mécanique de « fatigue » est très rigide. elle permet de calculer des coups optimaux sur un scénario, de pouvoir réussir le puzzle : pour faire simple, chaque tour en moyenne, on va perdre 2 concentration pour en gagner une ; et on va au minimum avancer d’un sur la piste de temps. On sait donc qu’il y aura un maximum de 30 tours, mais très probablement beaucoup moins, autour de 20 suivant les déplacements et les évènements.
C’est pour moi une mécanique assez proche du narrateur d’Andor, avec ses passages de texte, qui va te guider tout en te forçant à optimiser l’ensemble de ses tours pour réussir à finir avant la fin.
Contrairement à Andor cependant où il était très difficile d’agir sur le narrateur, ici, on a une petite ouverture avec certaines actions sur certaines planètes.
Matos
Beaucoup de matos, de très bonne facture. Cartes/Token/plateaux sont vraiment bien fait, bien organisés dans un insert réfléchi.
On peut ajouter 2 planètes dans la corebox, donc pour les joueurs nomades, ça se transporte relativement facilement. Et il existe des inserts 3D qui permettent de mettre toutes les planètes dans la Core Box. Les figs sont tout à fait correctes, mais comme j’ai eu la flemme de les peindre, j’ai joué avec des figs d’ISS Vanguard
Ça prends pas mal de place sur la table, mais ça reste raisonnable.
Ici un setup Wenora B, donc quasi aucun spoil (sur une demi Zeus)
Planètes
Une grande partie de la rejouabilité du jeu provient des planètes. Elles sont très typées, et leur mécanique va varier à chaque fois. Ce qui entrainera des pitchs et des histoires différentes. Même si le cœur du jeu restera identique.
Je vous conseille de bien lire le petit livret des mécaniques spécifiques à la planète car chacune apporte ses complexités dans la gestion. En général, je les lisais faisais un tour d’endurance (en gros les héros jouent 4 à 6 fois) et le relisais en diagonale pour vérifier que je ne commettais pas d’erreur.
Je reste très haut niveau, mais si vous préférez tout découvrir par vous même, je vous déconseille de lire. En gros, je ne vais pas plus loin que le petit livret à lire avant le début de chaque planète.
1. Wenora
- Un marais avec des champignons qui trainent partout, je ne suis pas très fan de la mécanique des nuages de spores, mais si je comprends la logique derrière. et ça se gère assez bien. Je trouve la planète très bof, sans hésiter celle que j’aime le moins.
2. Grakkis
Une planète désertique, où les explorateurs se font balader comme des fétus de paille par des couts de vent. L’originalité, c’est de jouer sur la 3D. Il y a 2 niveaux : le sol et les airs, et on fait des choses différentes selon les 2 situations, et on se fait pourrir différemment
Je l’ai trouvé sympa sans plus.
3. Zehronn
Une planète cristalline qui interagit directement avec les explorateurs et leurs pensées. C’est une de mes planète préférées, je pense. Je n’ai pas bien compris le pourquoi de la difficulté 4, je trouve au contraire sa mécanique assez simple à prendre en main, je n’ai jamais eu de doutes. Ce qui est chouette, c’est que cette fois, les découvertes sont aléatoires, ça change des découvertes préconstruites.
J’ai beaucoup aimé cette planète qui avait un bon niveau de complexité vs la difficulté vs l’intêret
4. Yendraal
Planète d’eau avec une mécanique assez différente : On commence la plupart du temps avec tous les points d’intérêts révélés. Et les opportunités ne sont pas liés au lieu découvert, mais à un lieu précis. C’est très chouette car ça change complètement la manière de jouer, avec beaucoup plus de déplacements.
La règle auquel il faut vraiment faire attention, c’est de prendre une détresse à chaque fois que l’on arrive dans une tuile inondée (et pas juste quand l’inondation nous tombe dessus). Cette mécanique est vraiment originale, et fait qu’on subit un peu plus le jeu. Difficile de contourner les difficultés comme pour les autres planètes.
J’ai bien aimé cette planète, elle renouvelle vraiment le jeu, c’est différent à jouer.
5. Strannos
C’est pas une planète, mais un ensemble d’astérides, de roches en fusions et d’autres trucs qui trainent. Pour le coup, elle est très mécanique, mais marrante à jouer !
La découverte est géniale, mais très rapidement, on s’aperçoit qu’elle est vraiment trop facile. Les compréhensions pleuvent (car assez facile de lier 2 bonus progression) et les pouvoirs sont très forts ! Du coup, après la première partie, je l’aurais mis en n°1 je pense, mais après les 4 parties, elle redescends.
6. Kaélyfos
On est sur une tête d’un espèce d’alien décapité gigantesque. C’est très bizarre, et on se fait poursuivre en permanence par des saletés de sangsues.
Clairement la planète la plus difficile pour moi. Elle est très oppressante, et j’en ai chié pour arriver à passer certaines missions. Je trouve qu’elle autorise beaucoup moins d’erreurs que les autres planètes.
Je l’ai positionné en milieu de tableau, principalement car je ne suis pas fan de sa mécanique de gestion des sangsues.
A noter que pour cette dernière planète, Kaélyfos, la tache C doit impérativement être jouée à plusieurs joueurs. Me suis senti con à la faire en solo. J’ai essayé de dissocier mon esprit, mais franchement, ce n’était pas simple.
Sur l’histoire et les mécaniques, voici mon ordre de préférence des planètes totalement subjectif :
3. Zehronn > 4. Yendraal > 5. Strannos > 6. Kaélyfos > 2. Grakkis > 1. Wenora (ils sont futés, ils ont mis les planètes les moins bien dans la corebox ^^)
Conclusion
Unsettled est un bon jeu, solide. Les mécaniques sont élégantes, fonctionnent bien, autorisent aux auteurs de pouvoir adapter/modifier beaucoup de choses dans les différentes planètes.
Mais je regrette que la mécanique très calculatoire soit plus visible que l’aventure. En effet, on va te dire fait ci, fait ça. Mieux vaut avoir l’objectif bien en tête car je pense que les auteurs ont utilisé un modèle mathématique pour équilibrer le jeu et compenser le hasard.
Car une partie où je n’ai pas eu de chance au tirage de cartes se finit de justesse, tandis qu’une partie où mes points d’intérêts sont répartis de manière chanceuse devient une promenade de santé. Et ça, ça me gène pas mal. J’ai l’impression que mes choix n’ont pas eu de conséquences, tout était prévu dès le setup.
Je suis content d’avoir fait tous les scénarios, c’était chouette, mais c’est une rejouabilité limitée. Car le cœur de la découverte, c’est la planète. Une fois que tu as fais un scénario sur la planète, 60 ou 70 % de la résolution du puzzle est déjà connu. Et donc après avoir fait ces différentes variantes, je n’ai aucune envie de recommencer les différentes taches. Elles ont été accomplies. Mais c’est un système bien fait pour rejouer chaque planète plusieurs fois.
J’ai apprécié chacune de mes parties (certaines plus que d’autres ). Mais je n’ai pas de souvenirs épiques de certains scénarios comme j’ai pu l’avoir sur ISS Vanguard pour rester dans la thématique spatiale, mais aussi sur plusieurs autres jeux. Et c’est ce manque qui m’empêche de qualifier ce jeu de coup de cœur.
Unsettled, c’est pour toi :
- si tu es allergique aux dés, mais que tu aimes le hasard du setup
- si tu aimes planifier tes actions à l’avance
- si tu aimes une histoire bien écrite et courte (et bien traduite)
- si tu aimes Andor (mais si tu n’as pas aimé, je ne sais pas si tu aimeras ou pas cf l’Edit)
Unsettled, ce n’est pas pour toi :
- si tu attends d’avoir des choix marquants/des options sur ton aventure
- si tu attends de vivre TA propre aventure
- si tu veux vivre des moments épiques
- si tu aimes ISS Vanguard
Edit : La comparaison avec Andor fait beaucoup débat (cf les messages qui suivent). Donc pour moi, si on a aimé Andor, je pense qu’Unsettled plaira, mais si on n’a pas aimé Andor, je n’en sais rien ^^, ça dépend de vous, désolé
Comparaison plus détaillée entre Andor et Unsettled
Je ne pensais pas Andor si clivant, en vrai, c’était pas si mal, même si ça accuse son age (13 ans tout de même !). C’est un peu le vénérable ancêtre des coops typés eurogame (même si on fait bien mieux depuis selon moi). J’aurais du ajouter une mention, et si tu n’as pas aimé Andor, et bien je ne sais pas ce que ça va donner
Alors que je suis persuadé que si tu as bien aimé Andor, tu aimeras bien Unsettled (si la thématique passe bien sur)
Pour moi, ce qui rapproche Unsettled d’Andor :
- c’est des petits textes de fluff (de très bonne qualité et bien traduits sur Unsettled),
- la réalisation d’une mission prédéfinie puis une autre en te baladant sur la planète (= tu ne choisis pas ce que tu fais, c’est la tache qui décide pour toi),
- une grosse pression du temps, exactement comme avec le narrateur (Principalement, le temps avance de 2 manière : 1 fois par tour et quand tu choisi certains chemins . Tu as 30 « unité de temps » pour finir, sinon tu es mort et tu as perdu.).
Ce qui va être différent d’Andor :
- la résolution des combats au dés pour Andor. Dans Unsettled, pas de dés, tu sais à l’avance si ton action réussit ou foire.
- Dans Andor, c’est punitif de combattre car ça fait avancer le narrateur, dans Unsettled, c’est « un peu » punitif d’explorer à cause de l’avancée de la piste de temps. Mais dans les 2 cas, il faut le faire de manière judicieuse. Unsettled est beaucoup moins punitif là dessus, car il y a un peu plus de contrôle pour esquiver les avancées de temps liés aux déplacements, et plus d’unités de temps.
- le setup est variable dans Unsettled, mais j’ai l’impression que c’est calibré pour fonctionner tout juste si tu as un mauvais setup (par contre si tu as un setup favorable, c’est assez facile) vs le setup complètement fixe d’Andor.
Donc peut être que l’analogie était foireuse, mais ça faisait très longtemps que je n’avais pas ressenti cette mécanique semblable au narrateur d’Andor, et du coup, ça m’a fait super bizarre de me dire que ça existait encore sur des jeux récents.
Et je me répète, le jeu est vraiment chouette, c’est principalement ces 2 points (narrateur + missions contraintes) qui font la différence entre un bon jeu et un jeu indispensable à avoir selon moi.