Women In Boardgames : le MeToo du JDS?

J’ai beaucoup hésité à créer ce topic car je me doute bien qu’il pourrait servir de défouloir à certains (ou pas du tout, ce qui serait une super surprise), mais le sujet m’apparaît quand même extrêmement important. Et il y a une demande de relai de la part des autrices de cet appel/article, donc…

Pas une surprise… mais il faut le dire
Sur le blog de Polgara, ex chroniqueuse sur le podcast ProxiJeux, un article, cosigné quatre femmes liées d’une manière ou d’une autre au monde ludique (Polgara, StephLudik, Ludodrey et Barrique à dés) a été publié et il s’intitule « Toxicité dans le secteur ludique » (je ne le reproduis pas ici, cliquez sur le lien pour le lire). Il part du fait qu’un auteur de jeux de société français (ou au moins francophone, son nom n’est pas donné) aurait un comportement plus qu’inapproprié envers les femmes. Ce « fait », qui est régulièrement évoqué sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines, a amené des femmes à faire part d’expériences problématiques dans le monde ludique de manière plus générale.

Il n’est évidemment pas surprenant que le milieu du JDS ne soit pas épargné par le sexisme, le masculinisme (au sens large : les comportements masculins toxiques), mais je pense qu’il était important que ce soit enfin écrit noir sur blanc, ce milieu étant trop souvent dépeint comme un milieu de bisounours où tout le monde est gentil.

Espaces d’écoute, de discussion et de témoignage
Et si je sais que l’initiative ne manquera pas d’être qualifiée d’inutile, j’ajouterai (mais ça, si vous avez lu l’article, vous le savez) qu’elle a surtout pour principal intérêt d’annoncer l’ouverture d’un espace de discussions sur Discord pour les femmes qui souhaitent discuter de ces sujets, témoigner, trouver de l’écoute, etc. Ainsi qu’une adresse mail et un formulaire dédiés au recueil de témoignages. Or, je sais qu’il y a aussi des femmes sur Cwowd, liées ou non au secteur ludique, mais qui peuvent aussi avoir eu des mauvaises expériences dans des boutiques, dans des salons et festivals, etc. Donc si ce topic ne servait qu’à informer celles qui doivent l’être de l’existence de cette initiative, ce serait déjà une très bonne chose :pray:

Il est à noter que cet article provoque les habituels « débats » et invectives sur les réseaux sociaux. Avec, comme il est d’usage dans ces espaces, régulièrement une absence totale de nuance dans le discours (pour le coup, dans les « deux camps ») et une culture de la punchline qui ne sert personne.

Voilà : l’initiative de ces quatre femmes servira-t-elle à quelque chose ? On le verra bien, mais je suis convaincu que les choses ne peuvent pas avancer tant que rien n’est écrit et défini noir sur blanc, quand bien même on estime que c’est l’évidence :wink:

Pour aller plus loin

  • Da lecture supplémentaire avec cet article/témoignage publié dans la foulée sur un autre site que je ne connaissais pas. Il est particulièrement intéressant car il décrit précisément des mécanismes dont je n’avais pas conscience, en tant qu’homme.
  • Polgara explique la démarche sur la chaîne Twitch d’Un monde de jeux (replay Twitch ici)
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Je trouve ça génial que ces personnes disposent d’un espace de parole pour faire exister publiquement ce type de comportement toxique.

Il y avait eu un phénomène similaire dans le monde du jeu-vidéo. Et bien qu’évidemment, ce sont deux mondes différents, je ne peux pas m’empêcher de faire un parallèle : à partir du moment où nous sommes dans un milieu restreint, dans lequel il est compliqué de percer professionnellement, cela créé un déséquilibre entre l’offre et la demande que certains exploitent sans remord.

Merci de ton partage ici.

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Je n’avais pas suivi ces événements, merci pour le partage.

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Oui il y a l’initiative Women in Games, qui a d’ailleurs partagé l’initiative sur le JDS sur les réseaux sociaux.

Je rajoute également cet article/témoignage publié dans la foulée sur un autre site que je ne connaissais pas (campustech.fr). Il est particulièrement intéressant car il décrit des mécanismes dont je n’avais pas conscience, en tant qu’homme.

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Je ne connaissais pas non plus. J’ai pas mal écouté le podcast cité dans le 1er article, Les couilles sur la table, c’est assez intéressant en tant qu’homme.

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Évidemment que c’est un soucis, et j’ai du mal à me positionner sur ce qui est de pointer spécifiquement le monde du jeu.

C’est un soucis bien plus global et j’arrive pas à savoir ce que ça va apporter de compartimenter.
Le soucis c’est pas que X soit toxique à une table de jeu, en boutique, en festival ou autre.
Le soucis c’est que X soit toxique. Point.

Je crois que j’ai aussi un soucis avec le côté chevalier blanc que j’ai pas mal vu sur les premiers jours de la sortie de l’article. Que les 10 premiers commentaires de l’article au début soit 10 commentaires d’hommes qui se présentaient en porte etandard du soutient à la cause des femmes ma vraiment laissé un sentiment étrange.

En revanche, je salue vraiment très fort le fait de vouloir soutenir ces femmes et de créer un espace de parole ou elles seront en confiance et à l’aise. Parce que ça doit être un enfer. Encore plus quand tu ne sais pas où et à qui tu peux en parler. (et j’ose pas imaginer la dinguerie que c’est quand on remet ta parole en doute sur ça…)

Donc rien que pour ça, ça sera utile je n’en doute pas.

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Faut que ces femmes donnent le nom du gars pour le calmer direct et calmer les autres.
Là c’est un coup d’épée dans l’eau. Le MeToo a explosé avec un nom pas sur une rumeur.

Quelqu’un a une idée de qui on parle ? En Mp ça va aussi.

Et sinon je rejoins ce que j’ai vu plus haut c’est pas spécifique au jeu de société, ce gros con doit parler comme ça à ses collègues, sa voisine, sa femme…

edit: Par contre un discord non mixte… Pas du tout d’accord avec ce genre de pratique. L’avis d’un homme victime ou témoin compte aussi. L’inverse existe surement aussi d’ailleurs. Et ces femmes toxiques par contre sont les bienvenues… Bref ! Comme pour tous ces mouvements ça ira trop loin, y aura des dérives. Mais le principal c’est que les langues se délient partout… Alors soutien à vous mesdames.

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Non.
Tu peux pas balancer un nom comme ça.
Parce que ça fait chasse aux sorcières.
Et pire tu peux même être attaquer en diffamation si t’as pas assez d’atouts dans ton jeu avant.

7 « J'aime »

C’est écrit… En bas … Régis de libelud. :laughing: Ou j’ai rien. Compris…? Mais lui va être content d’être le contenu suivant sur le blog :thinking:

Un peu de l’avis de @tembargo … Des auteurs racistes y’en a eu quelques -un d’epinglés nominativement, ils ont également pu s’expliquer et s’excuser (et après ben y’en a qui se sont fait virer ou autre) . Du coup si je veux pas acheter les jeux de ce mec, ou si je veux boycotter l’éditeur je fais quoi ? :scream:

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Je pense, très pragmatiquement, que c’est tout simplement plus efficace de « compartimenter », comme tu le dis. Et par efficacité, je veux dire : que ça puisse améliorer concrètement la situation. #MeToo a explosé dans le ciné à l’origine alors qu’il ne fait que dénoncer un problème qui effectivement est global.

On est dans une ère ou une info chasse l’autre et que les cerveaux papillonnent au gré des pushs mobile et posts Facebook. Que le problème soit global, on le sait. Mais du coup on n’en parle pas, parce qu’on part du principe que tout le monde le sait. Et du coup puisqu’on n’en parle pas, les hommes toxiques « oublient » que tout le monde le sait. Ils se croient intouchables n’imaginent même pas qu’ils puissent avoir un retour de bâton pour leur comportement. Les #MeToo successifs viennent rappeler, à chaque fois, ce qu’ils risquent et, surtout, que de plus en plus de monde est sensibilisé et prêt à dénoncer leurs comportements.

Surtout, il est probable que des mécanismes différents s’appliquent dans des secteurs différents. Le gros beauf toxique à la table de jeu, c’est une situation très différente à gérer que, par exemple, une discrimination à l’embauche dans le secteur du jeu vidéo (je dis n’importe quoi pour qu’on comprenne l’idée). Or, mettre en relation des femmes qui ont vécu des situations potentiellement similaires (et du coup bénéficier d’écoute et de retours d’expérience) est, à mon avis, l’essence de cette initiative. Et ça c’est beaucoup plus facile et évident à faire (et à faire savoir aux concernées) si tu te concentres sur un secteur. D’ailleurs, j’imagine que sur leur Discord, ces femmes peuvent aussi s’échanger les noms des personnes desquelles il faut se méfier. Pas forcément besoin de balancer des noms en pâture en public.

Ca c’est vrai que c’est toujours un peu surprenant. C’est pour ça que je m’en tiens à relayer l’initiative. Et mon avis sur la question, évidemment, mais je ne me considère pas militant de la cause. Ni militant de rien tout court, d’ailleurs. Le militantisme sur les réseaux sociaux finit toujours dans une recherche de pureté absurde. Si je dois apporter un soutien à une victime, je le fais en privé. A noter que j’ai aussi toujours du mal avec ceux qui, face à ce genre d’initiative, ne peuvent s’empêcher d’aller expliquer aux auteurs que ce n’est pas comme ça que leur lutte devrait être conduite (en débattre dans un autre espace, pourquoi pas).

Oui voilà, c’est ce que je retiens de l’initiative. Ca ne fait de mal à personne, à part à ceux qui ont de quoi se sentir visés et ça peut améliorer les choses pour certaines femmes.

Alors c’est pas une rumeur hein. Une rumeur c’est « il paraît que ceci ou cela » mais on n’est jamais capable de trouver la source d’origine. Là c’est plusieurs femmes qui se sont rendues compte qu’elles avaient eu des soucis avec la même personne (avant d’autres témoignages plus globaux sur le milieu en général). Ce n’est pas du « il paraît que » : les sources sont identifiées mais anonymisées, c’est très différent. Et elles ont choisi de ne pas donner le nom en public : les raisons en sont expliquées dans l’article (si tu l’as lu), et en plus @Yoel-FirstPlayer a tout à fait raison en évoquant les risques d’attaque en diffamation.

Jamais compris en quoi ça dérangeait les gens pas concernés. Si le but du Discord est que des femmes puissent trouver de l’écoute et des retours d’expériences de femmes ayant vécu les mêmes choses, à quoi ça sert de vouloir en être si t’es un homme ? A part de donner l’impression d’un ego blessé pour trois fois rien, je veux dire ?

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Question : on peut vraiment vérifier le sexe de quelqu’un sur Discord ? Comme ça, ça me semble un peu absurde.

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J’en ai aucune idée, j’utilise pas Discord. J’imagine que tu peux rendre un salon accessible uniquement sur invitation et que donc les administratrices peuvent n’accepter que des femmes. Mais évidemment, si un tordu veut se faire passer pour une femme, ça doit être possible…

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À la lecture de l’article y’a pas de lien discord.
Faut mail l’équipe directement et après tu aurais accès au discord.

Je pense que ça filtre à ce’moment la, du coup

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C’est une belle initiative, et si ça améliore la situation des victimes c’est très bien.

Par contre, désolé mais y a-t-il moyen de modifier le titre du topic ? :sweat_smile: Je lis #metoo ça me fait penser réseaux sociaux et ça me donne envie de vomir alors que l’initiative n’a pas grand chose à voir avec un réseau comme Twitter et Facebook, elle est uniquement tournée vers les victimes.

Sans le # ce serait mieux ? :slight_smile: Parce que MeToo, c’est sans doute aussi connoté réseaux sociaux, mais c’est avant tout la référence au mouvement de libération de la parole, tous canaux confondus !

J’ai enlevé le # et ajouté le nom « officiel » du serveur Discord pour que ça apparaisse de manière plus claire :slight_smile:

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La différence entre un forum et un réseau social est assez mince en fait :wink:

Et justement, cette libération de la parole se fait grâce aux réseaux sociaux. La possibilité donnée à chacun.e de s’exprimer sur un sujet qui le ou la concerne, avec d’autres personnes concernées. (D’où le « moi aussi »)

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Ben si ce sont les femmes en question, normalement si.
À moins qu’on me dise que toute cette histoire repose sur rien ?

Tres, trop, souvent c’est parole contre parole.
On fait quoi alors ?

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L’article, si tu l’as lu, dit ceci :

À ce stade, ce nom ne peut pas être communiqué et ne le sera pas, pour les raisons suivantes :

  • notre première volonté est de protéger les victimes de cette personne. Nous sommes là pour écouter et soutenir, mais aussi alerter pour éviter d’autres victimes.
  • sans manifestation expresse de la volonté des femmes concernées de rendre publics des éléments matériels, une action en diffamation de la part de cette personne est possible, et le but n’est pas de lui offrir des moyens légaux de poursuivre ses victimes en justice.
  • certains des éléments en question, comme une drague lourde et insistante, un comportement manipulateur et toxique, ne sont pas pénalement répréhensibles mais relèvent davantage du comportement inapproprié.

Tu peux avoir plein de raisons de ne pas vouloir donner le nom publiquement (j’insiste sur le publiquement). Il ne t’aura pas fallu longtemps pour sous-entendre que ces femmes mentent :roll_eyes: Classique. Mais tu sais, si un nom avait été donné, d’autres personnes auraient aussi dit qu’elles mentaient juste pour détruire la réputation de la personne nommée.

Si le nom est donné, c’est un coup monté pour détruire une personne. S’il n’est pas donné, c’est que c’est bidon. Pratique.

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Alors… Rien en vous empêche de créer un discord mixte ou masculin pour partager et recenser ces comportement toxique. C’est pas comme si la parole des hommes était confisquée par ce discord.

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