Women In Boardgames : le MeToo du JDS?

Et ne prenez pas cela comme une injonction de ma part.

J’ai grandi avec des blagues racistes, homophobes et sexistes, avec des insultes racistes, homophobes et sexistes. J’ai pris du recul par rapport à cela parce que j’ai été sensibilisé aux problèmes que ça engendre.

Moi, j’essaie de changer certaines de mes habitudes et en tant que parent et « figure parentale » de sensibiliser à cela et de transmettre d’autres valeurs. Je n’y arrive pas tout le temps. Et je pense qu’il est pertinent d’essayer de sensibiliser aussi à mon « entourage » au sens large.

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Doit bien exister un truc du genre version Capitaine Haddock ? :smiley:

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C’est pourtant ce qui a motivé l’abandon de « femelle » chez les humains.

Au passage, à une époque où la compréhension de la reproduction était très incomplète (et systématiquement transposée de l’humain à l’animal).

Aujourd’hui, alors que la différence mâle / femelle est biologiquement liée à la motilité des gamètes produites, et alors qu’on comprend qu’il n’existe aucune supériorité naturelle de l’un ou l’autre (ou du neutre) ni aucun système « naturel » figé (sans même parler des espèces ou les répartitions changent au cours de leur vie ou d’une génération à l’autre) et même que la construction sociale du mâle dominant n’a rien d’une obligation (le macaque de Barbarie reste mon préféré), considérer que femelle est un terme dégradant ou réducteur n’a aucun sens (pas plus que la valorisation du mâle)

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Je crois que le problème c’est moins ta réflexion que ce qu’elle suppute. Tu réfutes l’idée que l’insulte existe sous prétexte que ça ne devrait pas être insultant.
Appeler une femme « femelle » n’est pas insultant parce que ça ne l’est que dans un esprit spéciste.
Traiter une personne « encul* » n’est pas un problème parce que la sodomie est une belle activité.

Je trouve la réflexion intéressante, mais elle est complètement hors-sol relativement au débat sur les discriminations. Ce qui compte ce n’est pas ta réflexion sur le sens de ces mots, mais le sens donné par la société. Et peut-être que cette dernière a tort, mais sa perception ne changera pas facilement : appeler une femme « femelle » est une insulte à caractère sexiste, appeler une personne enculé est une insulte à caractère homophobe.

Si tu ne me crois pas, va dans la rue. Va voir un policier, ou n’importe quel bonhomme en fait. Dis-lui « tu as l’air sympa, t’a une belle tête d’enculé ». Cela a beau être un compliment, je pense que cela ne sera pas très bien perçu.

Et puis en fait, si tu n’es pas atteint d’un certain handicap, tu la connais la perception de la société sur ces expressions. Même si tu es habité pas tes convictions présentées ici, tu le sais que ça ne fait pas, et que tu pourrais blesser quelqu’un se faisant. Quand tu t’imagines t’adonner à cette expérience, tu le sais par avance que cela va mal se passer. Ce sentiment-là, cette anxiété de la transgression, c’est dans cette émotion que tu vas pouvoir puiser le savoir de la norme.

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(Comme d’habitude merci Enima. Je ne sais pas toujours comment formuler mes ressentis dans ces discussions, et systématiquement tu l exprime pour moi. Merci.)

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( :flushed: waaa, c’est trop d’amour, merci :heart:)

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Je viens d’écouter cet entretien, ça date d’un an, c’est sur l’affaire PPDA, mais je pense que ça peut intéresser des gens ici puisque ça reste assez généraliste et aborde la difficulté de témoigner entre autres choses :

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Tous ces liens datent exactement de la même période, il y a 5 ans, quand la ligue de football professionnel en France a autorisé les arbitres à arrêter un match pour insultes homophobes. Et chacun a pu y aller de sa petite définition.

C’est étonnant comme depuis çà a complètement changé la société et que plus personne n’ose prononcer ce mot et encore moins dans un stade…

Tout à fait. Et je ne vais donc certainement pas cesser d’utiliser un terme, ou condamner son utilisation, parce que des gens qui sont dans l’erreur en général se méprennent aussi quant à cette utilisation en particulier.

Que la société ait une interprétation erronée m’incite au contraire à lutter contre. Parce qu’elle doit changer de conception.

(D’ailleurs, j’invite les lecteurs à insister un jour à une conférence, ou de visionner en ligne, sur la sexualité des animaux et plantes. Vous allez apprendre des choses sur la « Nature ». Et encore plus sur les humains et notre société aux réactions du public).


Je suis bien plus gêné quand homme parle de sa femme avec condescendance ou en affichant un air mâle possessif. Celui qui parle de sa femelle comme son égale aura par contre tout mon respect (en tout cas sur cet usage^^).


Le concept est évidemment primordial (bien pourquoi j’insiste sur l’absence, en général, de culpabilité des mots en eux-mêmes). Je ne vais certainement pas aborder de la même façon un inconnu sur ce que je peux voir / deviner de sa différence qu’un ami de longue date même très différent (quand je dis « oh le petit enculé a un pote gay, on sait parfaitement tous les deux que cela n’implique aucun jugement de sa vie). Et si cela m’est arrivé, c’est uniquement car la personne avait Clairement affiché son autorisation.

Mais dans ce cas, le risque est amha dans celui d’une incompatibilité de langage. Le problème n’est pas ce que je dis ni ce que la personne en face entend, les deux sont légitimes. Mais l’écart entre ce que j’imagine dire et ce que l’autre imagine que je dis.

La même chose pour un public de foot. Je suppose, je ne connais pas cette population). Il est fondamentalement plus gênant qu’ils puissent supposer qu’enculer ou être enculé soit quelque chose d’inferiorisant. On peut certes lutter contre cet usage du terme mais cela ne changera rien au fait qqu’il s’agit de gens qui ont un problème. Peu importe le terme utilisé, interdit enculé et ils reviendront avec tafiotte. Ou en faisant le singe.

merci, tu viens de m’éviter de me casser la tête sur comment exprimer ma pensée. Avec un résultat bien meilleur que ce que ça aurait pu donner de mon côté.

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Euh, mais non ! Dans aucun univers connu ça ne pourrait être pris pour un compliment, un truc pareil ! (Ou alors on vit vraiment pas sur la même planète :joy:)

Même si on considère que « enc*** » s’est banalisé au point de n’être plus qu’une version particulièrement vulgaire, négative et inélégante du bon vieil « enfoiré » (ce que je pense, malgré ses origines homophobes incontestables), je vois pas à quel moment le mot serait sorti du champs des insultes pour devenir un compliment.

Tu penses vraiment que dans notre société d’aujourd’hui tout le monde a compris ça, qu’il n’y a pas de supériorité du « mâle » sur la « femelle » ?
Et que l’on vit dans un monde aussi équitable pour les « femelles » que pour les « mâles » ?

Quant au mot « enculé », je pense qu’il n’y aura plus de problème à l’utiliser comme insulte quand, lors d’une discussion anodine entre deux personnes on pourra entendre un « tiens, ce matin je me suis fait enculer avant d’aller au boulot, et toi ? Oh, moi c’était hier soir, je préfère… »
Mais à ce moment-là, je pense que ce ne sera plus utilisé comme insulte, l’effet sera passé.

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Malheureusement, utiliser Femelle/Mâle ou Femme/Homme ne change rien à cette situation

Je n’ai jamais entendu dans mon quotidien, lors d’une discussion anodine: " tiens, ce matin j’ai fait l’amour avant d’aller au boulot, et toi ? Oh, moi c’était hier soir, je préfère…"
Faut croire que je vais pas assez dans les lieux publics et que je traîne pas assez à la machine à café.

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Si tu veux, mais je pense que la société fait quand même une place, disons, particulière à la sodomie comparée aux autres actes sexuels. D’où l’insulte. Non ? On n’entend pas, par exemple, des choses comme « espèce de cunnilinguée ! »

On a des suceurs et des suceuses :stuck_out_tongue:

suceur.se ou brouteur.se de minou, ça reste pas très flatteur… Pas utilisé comme insulte mais ça en dit quand même long sur la manière dont l’acte peut être perçu.

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utiliser mâle à la place d’homme et femelle au lieu de femme, c’est quand même pour ajouter un sens de domination masculine dans la discussion.
J’ai bien compris que @Thierry refusait de se conformer au sens usuel qu’on lui prête dans ce genre de discussion et préfèrait défendre son sens étymologique pour faire changer le regard de la société. Mais la démarche me semble utopique (ceci dit, j’avais la même approche il y a encore 30ans, durant ma période post-ado anarchiste - oui, @Thierry c’est une petite pique purement gratuite :stuck_out_tongue_winking_eye::kissing_heart:)

Quand je vois les 2, j’ai pas ce sentiment.
Par contre, suivant le contexte, l’utilisation seule de « mâle » veut souvent dire « mâle dominant »

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pareil pour femelle seule (femme en générale réduite à son appareil génital)
Quand tu vois les deux, c’est je pense plutôt dans une conversation à caractère scientifique et là effectivement, rien de péjoratif.

Je dirais que tu mélanges des choses qui ne sont pas liées ou sur des chronologies différentes.

Est-ce que tout le monde l’a compris ? De toute évidence, non. Ou cette discussion n’existerait même pas. Mais la question n’est pas de savoir si tout le monde l’a compris. Il suffit qu’une proportion suffisante de la société le comprenne pour que les effets de seuil fassent leur magie.

A-t-on atteint le seuil suffisant et nécessaire ? Probablement pas encore mais c’est amha en très bonne voie. Par contre, on peut aussi constater que la population repoussant cette idée se renforce et durcit ses positions notamment en exploitant d’autres évolutions de société.


Est-ce que le monde est aussi équitable pour les mâles que les femelles ? Non plus. Mais ça demande à être précisé. La situation en Inde ou au Pérou n’est pas la même qu’en France ou en Suède. Et pour autant, même dans les sociétés les plus égalitaires, on n’est encore pas arrivé à établir une juste égalité.

Mais ce n’est pas un combat lié à l’utilisation ou pas de « femelle » pour les créateurs de gamètes non motiles de l’espèce homo (ou la reconnaissance de toutes les variations envisageables dans et en dehors de cette dualité qui n’a rien de naturelle).

Je comprend parfaitement la logique qui amène à penser à une réduction de la femme réduite à son seul rôle de procréatrice. Mais uniquement si on en reste à une définition de la femelle qui est totalement dépassée scientifiquement. Et si on estime que ce retrait du terme ne cache pas en réalité une dépossession. Et si l’équivalent masculin n’était pas, lui, dans le même temps, survalorisé.

Rechercher une égalité de traitement en acceptant une inégalité de termes me pose un problème.


Absolument pas ! Et même au contraire, à partir du moment où cet abandon du terme est le fait d’hommes dans une société patriarcale. Et pire encore quand le terme « femme » est aussi utilisé pour désigner la compagne de l’homme. Alors que le homme désigne autant le mâle que l’espèce. Et pire encore quand la société est, en fait, totalement basée sur la différenciation biologique mâle / femelle (mais sans intégrer que la Nature accepte bien d’autres alternatives que des rôles figés et binaires), y compris dans ses constructions sociales qui ne font que la réaffirmer

En fait, ma démarche est au contraire de questionner le changement qui a été opéré au 19e pour faire de l’homo une espèce supérieure (tout en attribuant ce seul mérite à son mâle). Ce changement me semble néfaste tant sur un plan social que dans une optique écologique.

Et pour la pique, je ne suis pas sur un combat. Ca m’interpelle simplement que des gens s’offusquent de l’usage d’un terme alors même que son sens réel n’est en rien un obstacle aux causes qui amènent à le rejeter. Désolé pour les féministes qui y sont attachées -à lutter contre le terme- mais il me semble que la science a progressé bien plus vite que la société dans ce domaine -comme dans tant d’autres.

Je ne peux pas préférer une position qui consiste à contester un terme alors même que son sens, ce qu’il décrit, a totalement été repensé.

Par exemple, je conseille de se pencher sur les communications de ce monsieur, toujours très intéressant (et spécialiste à l’origine, il me semble, de la sexualité du thym)

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