Certains ont-ils écouté le dernier épisode en date de La Radio des Jeux ? Elle est en plein dans ce sujet car les invitées sont @Penelope_gaming et Marie GRD Jeux. Je ne vais pas en faire un résumé pour la simple raison que je n’ai pas fini de l’écouter (presque 4h de podcast que j’écoute par tranches de 30-40 minutes sur mes trajets du boulot
). Mais c’est intéressant et je peux quand même dire deux-trois trucs. Je précise d’emblée que je ne connais Marie GRD Jeux que de nom, que je ne consomme pas de contenu Insta ou de contenu Twitch, et que donc je ne connais Penelope que pour sa participation au Tric Trac Show et au vidéo news d’Un Monde de Jeux (en replay sur Youtube).
Une même appellation, deux activités différentes
Déjà ce qui est marquant c’est de voir comment en ayant deux influenceuses (appellation revendiquée par Marie GRD et réfutée par Penelope, les arguments s’entendent mais je pense qu’aux yeux « du droit/de la loi », elles sont bien toutes deux influenceuses), on est quand même face à deux profils, mais surtout à deux activités bien différentes. Les deux sont évidemment passionnées de jeux, mais l’activité de Marie est de produire du contenu rémunéré par des marques/éditeurs/distributeurs/etc., donc effectivement ce qui semble être une activité d’influenceuse au sens le plus pur.
Une grille tarifaire pour mettre en avant des jeux
Elle évoque sans tabou sa grille tarifaire qui va de 30 à environ 400 € : sur l’échelle de prestation, ça va de la simple mention d’un jeu dans un post Instagram à un shooting photo avec mise en scène et maquillage pour mettre en avant un jeu. Et elle précise qu’elle va augmenter ses tarifs car elle est peu chère par rapport à ses camarades. Cela dit des choses, je trouve, du « budget com » dans le monde du jeu, même si évidemment, on ne sait pas quels sont les éditeurs qui peuvent prendre le gros package (mais on s’en doute). Son parcours est intéressant, la nature de l’activité est assumée, j’ai juste tiqué sur le classique « c’est pas parce que je suis payée que je ne donne pas mon vrai avis ». Elle le justifie par le fait qu’elle a pas mal d’activité et que donc elle peut se payer le luxe de refuser une demande de prestation pour un jeu qu’elle n’a pas aimé. Ca vaut ce que ça vaut : pour le coup, ce n’est jamais le type de contenu que je consulterai pour me faire un avis sur le fait qu’un jeu est susceptible de m’intéresser ou pas.
Twitch + Un monde de jeux = environ un smic
Quant à Penelope, on est sur un modèle très différent, basé intégralement sur Twitch et sur sa participation à Un monde de jeux (et peut-être à d’autres chaînes ou médias ludique, mais ça, je ne suis pas encore au bout du podcast). J’ai été étonné d’apprendre qu’elle n’a fait qu’une seule fois (sur plus de 300, si j’ai bien entendu) un live Twitch de son format « La règle, la partie, la critique » qui était rémunéré par un éditeur, et qu’elle n’en a pas dormi de la nuit car elle se torturait l’esprit pour savoir si elle avait bien dit exactement ce qu’elle pensait du jeu ou pas (peur d’avoir été influencée par la rémunération), et que depuis, elle refuse ce genre de sollicitation.
Modèle économique fragile mais…
D’un point de vue modèle économique, il reste donc les abonnements et dons Twitch et sa participation à Un monde de jeux, rémunérée alors que @martin-vidberg ne se fait pas de salaire avec la chaîne (je loue encore une fois sa volonté de tout faire pour professionnaliser le milieu et de sortir du « roh ça va, on est juste des passionnés »), ce qui lui permet, « en moyenne », de sortir un Smic, ce qui est très peu et instable, surtout en vivant à Paris (j’imagine ?), mais qui montre que peut-être, il est possible de vivre de ce genre d’activité sans pour autant être obligé de réaliser de contenu publicitaire soi-même (ce qui est différent d’intégrer de la pub, par exemple gérée par une régie, à son contenu). Je dis bien peut-être car les revenus sont encore trop faibles et surtout trop précaires.
Influenceuse, chroniqueuse ou journaliste ?
Et de ce point de vue, je comprends que Penelope estime ne pas être une « influenceuse », car son activité est effectivement, par essence, très différente de celle de Marie GRD Jeux. Elle avance le terme de « journaliste » qui ne me semble pas davantage correspondre, car il y a cette forme de précarité qui la place, directement, elle, « à la merci » des sources (éditeurs & co), vu qu’il n’y a pas de structure médiatique intermédiaire (hormis pour Un monde de jeux, mais il faudrait que la chaîne ait un statut d’entreprise de presse). Les termes de « chroniqueuse » ou « critique » semblent assez adaptés, même si encore une fois, l’appellation « légale » sera sans doute « influenceuse ».
A noter qu’il y a aussi la notion de proximité « amicale » avec les sources, car forcément, qui dit petit milieu dit liens qui se nouent avec ses acteurs, rendant compliqué le recul critique. Mais celui là n’est pas l’apanage du monde de « l’influence », on le retrouve aussi forcément, individuellement, dans la presse. Et autant un journaliste n’est théoriquement pas soumis, individuellement, à une pression économique, autant l’autopression liée au fait de parler d’un ami est universelle.