Oui et le chamanisme a été récupéré par des occidentaux pour basiquement transformer une pratique rituelle en pratique commerciale. Donc capitaliste.
Pourquoi ? Ca existait aussi sous le communisme ? Ca n’a pas spécifiquement disparu comme pratique.
C’est bien ce que je dis : tu as fait des choix. Notamment d’espérer en une promotion sociale basée sur le diplôme tout en t’orientant dans une voie qui ressemble fortement à une impasse dans un système reposant sur la captation de profit. Et de croire au mérite. Ça n’a pas fonctionné, ou en tout cas pas comme tu l’imaginais; sans surprise.
Le secret n’a jamais été les diplômes mais la possibilité de ne pas travailler, de ne pas avoir à se soucier du lendemain. Généralement, comme disait Russel :
Et d’abord, qu’est-ce que le travail ? Il existe deux types de travail : le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu’un d’autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé ; le second est agréable et très bien payé.
Les diplômes et les études n’ont jamais eu leur place dans cette dualité, le savoir n’est pas une condition nécessaire pour avoir le droit d’exercer le second
L’URSS a tué et déporté la plupart des Chamanes de Sibérie.
Ce qui signifie que ca n’avait pas disparu naturellement avec le systeme et donc que le chamaniste se justifiait encore pour répondre à des souffrances de vie non produites par le capitalisme.
Ce sont des choix à l’intérieur de ce que me proposait ma classe sociale. Donc des choix limités, et venant d’un milieu loin d’être argenté mais cherchant quand même une forme d’ascension sociale notamment par le travail intellectuel, j’ai eu la possibilité d’aller en fac publique. Seulement, je ne savais pas ce qu’était Sciences Po avant ma L3, ni l’EHESS. Des choix limités, des dés pipés d’avance, parce que mon milieu n’avait aucun des capitaux nécessaires pour me faire « réussir » dans ce milieu.
Donc selon toi et Russel tous les bourgeois passés par la fac publique et ayant trouvé des taffs de cadres dans la fonction publique, le journalisme et tous les milieux dits intellectuels ne travaillent pas ?
Il y a aussi des profils comme Macron, passés par la Philo et qui terminent banquier d’affaires, qui, en dehors de quelqu’un venant de la bourgeoisie peut se permettre d’avoir un tel parcours ? La plupart des gens ayant fait philo finissent soit profs de philo (ce qui est l’idéal), soit connaissent une réorientation forcée, ou le chômage.
Froh, le chamanisme de Sibérie, n’a ABSOLUMENT RIEN à voir avec le chamanisme pratiqué en Occident il n’était pas pratiqué par des russes, mais par des populations colonisées. Cela n’était pas une pratique de soins (soin entendu comme chez nous) ou de bien être comme en Occident, c’est ce dernier qui l’a transformé comme tel pour justement se justifier dans le capitalisme et s’intégrer dans l’industrie du New Age.
Capitalisme , communisme, chamanisme ou [WIP] : lequel pour un monde idéal ?
Des choix contraints quand même, le libre arbitre est vachement limité avec aussi des contraintes intrinsèques (ou intériorisées pour rester dans le lexique des dominations). Probablement les pires. Relire Schopenhauer pour un point de vue très construit tout en étant pré-psychanalyse.
Edit : carbonisé par bierre.
Dans le cas de la ‹ médecine traditionnelle ›, l’acupuncture (par exemple) vient de Chine. C’est pas spécifiquement ‹ New Age ›. Et ça sert au ‹ soin › depuis le début.
Ou empire de Warhammer 40k ?
C’est faux. Ou tu as fait le choix de ne pas t’y intéresser. De même que ta « classe » ne te contraignait pas à faire des études en science humaines / anthropologie. Ce sont des choix que tu as fait.
Je sais bien que dans ta vision marxiste la société est toujours responsable mais, là, tu pousses le bouchon un peu loin, Maurice.
(Et pour info, moi j’ai fait Astrophysique, autant dire que les formations serrarien dans un monde capitaliste, j’ai aussi donné).
Tout à fait. C’est même l’unique but de leur vie que de ne pas avoir à travailler (dans le sens. Premier du terme).
La société ne peut pas être responsable en elle même, par contre les gens qui cherchent et ont intérêt à la maintenir dans l’état actuel sont effectivement fautifs en racontant à qui veut l’entendre qu’il n’existe pas de reproduction de classe, qu’un libre arbitre magique existe, qu’il nous permet de devenir absolument tout ce qu’on veut, que quand on veut on peut, bref, on connait la musique, c’est toujours aussi faux, et la science l’a démontré plein de fois, mais j’imagine que les intérêts de classe à maintenir cette illusion du choix, sont plus confortables.
Fin du topic me concernant.
Edit : Je vais juste répondre sur ça
Faut savoir que j’ai un parcours assez atypique que je vais pas dévoiler ici, mais j’étais loin d’être promis à un avenir ne serais ce qu’à la Fac. Si j’ai pu à un moment donné prétendre à ça, c’est grâce à des rencontres en dehors de mon groupe social d’origine, déjà, je ne connaissais pas l’anthropologie juste après le bac. Et arrivé post-bac je n’avais pas de plan. Mes parents n’avaient rien prévu pour moi, et je suis arrivé à la fac un peu par hasard. Le choix de l’anthropologie ne s’est fait qu’au moment où j’ai été poussé à la fac, parce qu’avoir un diplôme est socialement valorisé, mais j’étais en réalité perdu et n’avait pas envie à l’époque de quitter de suite l’école pour faire comme ma mère à taffer en tant que caissier pour les 40 prochaines années de ma vie. (Et je respecte énormément les gens qui n’ont pas d’autres choix, oui encore une question de choix).
Mon choix il a pu se faire ici, repousser l’arrivée dans le monde du travail en étudiant grâce à la massification du diplôme et les bourses. Mais au final je me rends compte que même si les études me permettent de toucher un salaire plus élevé que celui de ma mère à termes, je resterai probablement toute ma vie au stade d’employé, comme ma mère. Donc pas de mobilité sociale. Si j’avais été de classe sup, mes parents m’auraient probablement poussé vers des écoles comme Sciences Po, l’EHESS voir l’ENS, et avec un parcours relativement similaire même en SHS, ma vie aurait été toute autre.
[aparté : je sais que ce n’est que temporaire, mais vous m’avez presque redonné foi en l’humanité]
Ce libre arbitre qui t’a amené à choisir de faire des études de socio/anthropo. C’est ce que tu as choisi, toi, de pouvoir devenir. Je ne sais pas pourquoi tu ne l’es pas devenu (et, là, on rentre dans le domaine des innombrables facteurs extérieurs sur lesquels tu n’as potentiellement aucun impact) mais tu as choisi toi un chemin pour devenir un certain futur toi que tu as imaginé.
Maintenant, tu as visiblement fait d’autres choix depuis avec certainement une certaine autre idée du futur toi.
Le problème c’est pas tant d’avoir eu le choix une fois à la fac de faire anthropologie. Le problème c’est qu’avoir un diplôme en anthropologie à la fac publique n’équivaut pas d’en avoir un dans une grande école. Et sur ça tu n’as pas le choix, puisque c’est ta classe qui te mène socialement vers ça.
Mes parents employés ne connaissaient rien aux grandes écoles. Un copain anthropologue venant d’une famille de psychiatres parisiens a pu rentrer à l’EHESS, a été poussé à faire une thèse. Deux parcours relativement similaires, classes sociales différentes donc finalités différentes.
Deux exemples te permettent de tirer une règle?
J’en ajoute un troisième pour que tu puisses affiner:
*Parents ouvrier/Assmat. (j’ajouterai département rural et petite commune pour l’absence de vie culturelle). 3 enfants: Fac → Prof, prépa/école d’ingénieur → cadre dans le privé, et fac → cadre dans le privé.
A un moment donné il y a des études, des stats, va les lire. Ma situation est absolument banale. Par contre ramener un exemple contraire quand on sait que c’est un biais du survivant ultra classique, est un très mauvais exemple.
La « preuve par soi », c’est le premier truc qu’on m’a expliqué quand j’ai eu ma semaine de formation pédagogique à la fac (j’étais moniteur pendant ma thèse). Ça m’accompagne encore aujourd’hui. Je me surprends à tomber dedans régulièrement.
Tant qu’on en est dans les petites anecdotes perso. De mon côté, fils de prof et élève dans un lycée de province très provinciale (mais gros et avec des classes « Camif » et des prépas) je me suis retrouvé refusé quasi partout car aucun de mes profs ne savait qu’il fallait faire des pré-dossiers (absolument illegaux) pour rentrer dans les « grandes » prépa. Bilan, je suis allé dans ma petite fac de province.
Et là, sérendipité et pur determinsme social en action : ma mère regarde Pivot à la télé, il y a des élèves d’une grande école dans le public. Toute blasée elle me dit que j’aurais pu faire comme eux si j’avais fait une prépa et là, pile poil, une élève explique qu’elle est rentrée par un concours bis ouvert aux élèves de fac. Je rassure ma moman « tu vois c’est encore possible ».
Le lendemain j’étais inscrit aux concours. L’occasion de découvrir que dans les facs parisiennes, il y a des prépas cachées (merci les annales de P6-P7), idem personne ne savait ça dans ma fac. Ils ne connaissaient même pas les concours bis. L’occasion aussi de découvrir que la formation de ma fac censément de merde était en fait meilleure que celle des grandes facs parisiennes (petites promos + très bons profs…). Pendant 4 ans je suis allé présenter les concours et les autres formations « d’excellence », chaque année 2-3 pequenots de chez nous rentraient dedans. On était large au niveau mais on ne le savait pas. Même les profs « n’osaient » pas penser que leurs étudiants étaient capables de rivaliser avec H4, LLG & cie.
Bref. Tout ça pour dire que les limites inconscientes au libre arbitre et le poids de la contingence et de la classe sociale sur les études pour en avoir bénéficié à fond je vois très bien ce que c’est.
Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.
Sauf que ton point n’est pas de donner une règle générale qui marche dans la majorité des cas, mais de dire
Ce sont des choix à l’intérieur de ce que me proposait ma classe sociale
Faux: il y en avait d’autres. Ils étaient plus durs, moins faciles d’accès, mais ils étaient là. Je suppose qu’il y avait un CDI dans ton collège/Lycée par exemple.
Parce que je ne remets pas en cause la reproduction de classe; elle existe sans aucun doute; par contre, ériger cette reproduction de classe comme une impossibilité, un mur infranchissable (ce qui est l’impression que tu m’as donnée*) est, de mon point de vue, une connerie sans nom.
PS: Ce n’est pas parce que ces choix existent qu’il ne faut pas essayer de les rendre plus accessibles.
PPS: * Si ce n’était pas le sens de tes messages, alors mea culpa, je t’ai mal compris.