Chaosium prends position sur les AI art

Donc tu conclues à un nivellement par le bas. Moi je pense plutôt que les artistes, les bons, s’en sortiront mieux car ils vont affirmer un style et capitaliser dessus.

Il y a vraiment des gens pour imaginer ne serait-ce qu’une seconde qu’il n’y a pas besoin de « savoir-faire technique » pour obtenir d’une IA des illustrations de qualité répondant à un cahier des charges précis ?

Nouvel outil. Nouveaux savoir-faire. Avec des gens qui maîtriseront mieux que le feutre ou le pinceau. Et d’autres qui continueront à être à l’aise avec une palette graphique ou un crayon.

Je sais bien que les visuels créés par certaines personnes disposant du savoir-faire sont bluffants. Mais les utilisations majeures de l’IA ne sont probablement pas dans ce domaine. Les illustrations, c’est plus, je pense, un joli coup d’esbrouffe pour mettre les IA sur le devant de la scène; et c’est réussi vu que c’est devenu l’unique sujet de discussion tech de la fin d’année. Dans la pratique, c’est probablement un des domaines qui sera le moins impacté.

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Le fait que ce soit nouveau ne vaut pas pour acceptance.
Une entreprise produit un « truc » nouveau (dit autrement une « avancée » technologique) donc c’est acquis de facto ?

Saligot !

J’attends avec impatience un exemple…

Les Google Glass ? La téléconsultation à domicile (d’ailleurs un des arguments censés vendre la 5G…) ?

Maintenant, ma remarque ne valait pas pour un listing : je questionnais le fait qu’on peut légitimement se questionner sur une nouveauté technologique sans forcément avoir à dire « oui je prends c’est génial ».

Des exemples de fiascos, il y en a. On peut parler du métavers de Facebook aussi.

Justement, prend le chocolatier ou le glacier. Certainement qu’a un moment tout le monde en faisait à peu près pareil.
Puis ya un mec (sûrement un homme) qu’a dit : hey j’ai trouvé une machine qui le fait à notre place !
Alors tu peux decider de payer moins cher pour acheter du chocolat ou une glace classique sans trop de saveurs. Où tu vas chez le « maitre » chocolatier ou glacier. Tu paye un blinde et voila! Tu obtiens du poltron é sofa.
Fans mon idée un jour tu aura certainement dans les niveaux de pledge d’un jeu, la possibilité de choisir celui qui a été illustré par un « maitre » et ça sera la version deluxe.

Pour rejoindre Thierry moins de graphistes/illustrateurs, plus de concepteurs/ingenieurs en sortie d’école pour pouvoir gérer et améliorer l’ia.

Le jury délibère encore. L’outil en lui-même n’est pas abandonné, sa forme seulement.


Tu as vu les chiffres de téléconsultation ? Tu réalises aussi que les médecins ont finalement accepté cette façon de faire qu’ils rejetaient en masse (même pas 100k téléconsultation par an en France avant le COVID, ça a x100 depuis) ? Ah ! Et l’IA devrait être rapidement très performante dans ce genre d’exercice…


C’est un projet à long terme (en termes technologiques). Donc on peut en parler mais il faudra probablement éviter les avis tranchés avant 5-10 ans.


Un seul de ces trois cas est réellement un outil, les autres sont des produits. Et l’outil se révèle finalement utile et performant. Ce qui ne faisait pas de doute, il est d’ailleurs au cœur de la stratégie danoise de santé.

Le Danemark, c’est tout le temps un joker avec toi :laughing:

Pour la téléconsultation, le dernier amendement (si je me souviens bien) changeait la donne en imposant un professionnel de santé de chaque côté de l’écran. Ce qui fait que ça n’est plus de la téléconsultation.

On peut pinailler sur le lexique (produit-outil) mais au final, je trouve ahurissant cette capacité à s’émerveiller ET accepter toute avancée technologique, parce que. Juste parce que.

Tout à fait d’accord. Pour tester les IA et suivre d’autres artistes depuis plusieurs mois, dompter un prompt n’est pas chose facile et demande un savoir-faire, qui n’est pas artistique. Et c’est même très probablement un métier nouveau qui est en train de naître.
Ce qui rejoit ce que je dis au-dessus : un switch de savoir-faire.

Nouvel outil de simulation, de synthèse, de compilation, etc. mais toujours pas un outil artistique.
Comparer l’IA à un pinceau ou un crayon est faussé. La comparaison fonctionne avec Photoshop par exemple, qui est un outil artistique qui imite les outils traditionnels, et qui a permis de vulgariser la pratique du métier.
Dit autrement, avec le pinceau de Klimt, je ne peindrai pas comme Klimt. Il faudra au préalable que j’acquiers son savoir-faire par des années de pratique.
Avec Photoshop, j’ai un nouvel outil qui remplace le pinceau, mais toujours pas le savoir-faire que je mettrai autant de temps à acquérir.
Avec l’IA, plus de pinceau, j’acquiers un savoir-faire nouveau et différent qui permettra de faire du Klimt (mais sans trop savoir comment), mais aussi du Rembrandt, du Monet, etc. All-in-one.

Du coup pourquoi solliciter l’artiste du moment, avec un style graphique original et personnelle, bankable, mais au tarif élevé ?
C’est souvent la spécialisation qui fait le prix, et de ce que j’en vois l’IA peut s’en affranchir.
Je spécule un peu mais du coup, quel intérêt de se spécialiser professionnellement dans un domaine artistique par la suite ?

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Pas vraiment non. Je m’amuse avec l’IA environ 4 heures par jour depuis quelques semaines. Donc je m’émerveille de ce qu’on peut en faire. Et encore plus de ce que certains, qui développent un savoir-faire totalement nouveau, parviennent à en tirer. Ce n’est donc pas parce que. Mais pour ce que.

Accessoirement, on s’en fout de savoir si des gens s’émerveillent. L’outil est là (enfin, une version alpha du premier outil). Et l’homme se l’est déjà approprié. Tu peux philosopher tant que tu veux, c’est déjà trop tard.


En effet, mauvais exemple de ma part. L’idée était plus que l’IA valorise les gens disposant de compétences générale, comme un Directeur Artistique. Ou ceux capables de « coder » l’outil comme souhaité, ce qui devrait rapidement devenir un talent valorisable de la même façon qu’un illustrateur ou photographe peut valoriser ses réalisations (mal, pour rappel; si vous voulez aider les artistes, payez-les plus).

Après, de l’IA pour générer de l’image pourrie, ça viendra juste concurrencer les illustrateurs recycleurs à vil prix ou les image banks et leurs catalogues de photos de merde. A terme, les tarifs s’aligneront, ou l’un des deux disparaitra (mais on se fout finalement de qui enterrera l’autre)

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Pour moi il ne faut pas voir l’IA comme un substitut de quelque chose mais comme un nouvel outil effectivement. C’est la destruction créatrice qui régule le monde depuis un p’tit moment maintenant. Avant de voir ce que l’on peut en faire, il faut que ce qu’elle génère réponde à un besoin. Et je vois les IA comme des assistants à la création et à la production de contenus, qui vont assister les créateurs dans leur processus créatif mais pas générer le contenu final qui sera finalisé justement avec le petit twist, l’étincelle, l’originalité que seul un homme peut avoir. Après, vont elle remplacer l’homme ? Elles le font déjà sur des postes peu valorisant comme la génération automatique de contenu contextuel… Mais lisez vous ces contenus ? À l’insu de notre plein grès le plus souvent et pourtant ça n’empêche pas ces sites de valoriser ces contenus avec de la publicité. Il faudra donc classer les contenus intelligénérés des contenus humanoriginaux. Et certains sites ou entreprises pourront même acquérir des labels qui attesteront du zero IA dans le contenu proposé. A nous d’installer le IAblock sur notre navigateur. Tout un programme.

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Sage vision mais quand je regarde dans le rétroviseur, je ne vois pas autant d’optimisme.

Les arts graphiques sur ces 30 dernières années ce sont :
– Des années 90 qui marquent le début d’une tendance vers l’uniformisation par des process de plus en plus rationalisés, moins de liberté et d’expérimentation.
–Fin 90, début 2000 la démocratisation avec informatique. On s’attendait à plus de talents, que tout le monde soit tirer vers le haut.
Ce fut l’inverse : des formations centrées sur les logiciels faisant abstraction de l’histoire de l’art, de l’optique, de la typographie, de l’imprimerie, etc. Au final un savoir-faire à la baisse, de moins en moins de sens dans la production, mais de la chair à canon en masse payée au lance-pierre pour une production médiocre qui satisfait son commanditaire et acclimate sa cible à cette tiédeur.
– 2010 : les années crowdfunding. Une répétition générale en attendant l’IA : un brief, une nuée de créatifs qui ne peuvent plus l’être (recyclage oblige) et gratuits. Un commanditaire séduit par le choix et une qualité de production toujours déclinante mécaniquement.

On assiste à une sorte d’effet rebond non ? Pourquoi et comment l’IA y échapperait-elle ?
Les possibilités formidables qu’elle apporte seront-elles au service d’une création de meilleure qualité ?
Ou serait-ce une nouvelle opportunité pour favoriser la quantité au détriment de la qualité et faciliter des objectifs économiques ?

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Vous avez 2h! :heart:

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Alors tu poses de réels problèmes clairement mais ce sont des arguments basés sur des ressentis et pas de faits objectifs à mon sens.
Dans les années 90 on est passé dans de je bricole en grattant des lettres pré-imprimées à l’impression numérique. Mais les artistes ont continué à faire les beaux arts ou de grandes écoles de créations et arts graphiques, les formations académiques n’ont pas tellement changé…simplement il y a maintenant des formations complémentaires sur les logiciels du moment. De même la production graphique et les techniques évoluent mais le bridage des créatifs vient surtout des annonceurs qui réduisent leur budget, car les agences de comm continuent d’essayer de pousser vers des idées innovantes et non conformistes pour justement sortir du lot.
Le gros point critiquable est clairement le système d’appel d’offre dans cet univers qui est parfaitement abjecte, on met en concurrence avec promesse de rémunération si le projet remporté la mise en concurrence. Je suis donc pour un montant minimum forfaitaire clairement, et pas un petit. Encore faut il que tout le monde joue le jeu.
Mais en terme de création, je suis désolé mais on vie quand même une époque formidable, beaucoup des outils pour les artistes sont à des tarifs très abordables en tant qu’étudiant voir gratuit. Il y a des ressources à foison pour se former sur internet. En fait il faut surtout du temps et bien sûr un peu de talent.
Bien sûr tout n’est pas rose et il y a beaucoup de créatifs sur le marché. La vie pour nous est hyper compliqué car on doit jongler parfois avec des jobs alimentaires. Et l’arrivée de nouvelles technologies fait toujours peur. Un peu comme les graphistes papier quand ils ont vu apparaître la PAO. Mais la plupart ont réussi la transition.
Mais la base de la création reste l’oeil de l’artiste fondé sur sa culture personnel et ses connaissances académiques, son style et son coup de crayon.
Je pense que les agences de comm vont progressivement intégrer des ingénieurs IA qui vont devoir être drivé par les des directeurs de création et les directeurs artistiques qui travaillent avec le marketing pour faire des projections mais le final du final sera réalisé par des artistes, de vraies artistes, graphistes, coloristes, illustrateurs, animateurs, modeleurs 3d, monteurs, compositeurs… Car cette mise en scène demande tellement de compétences que ce n’est pas demain la veille qu’on arrivera à fusionner tous ces savoirs faire pour le besoin d’une entreprise.

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Il faudrait tout de même rappeler d’où on part. Présenté comme ça, on a l’impression d’un monde parfait dans les années 80. Je n’ai pas bossé dans cette décennie (faut quand même pas exagérer^^) mais j’ai bossé avec de nombreux artistes ou pros qui étaient en activité. Je doute qu’un seul a préféré, professionnellement en tout cas, travailler dans les années 80 plutôt que 90. Et j’ai pourtant bossé avec des papys qui passaient trois plombes à détourer sur toshop ou réalisaient des plus jolis textes en garamond sur calque à la main (ça leur prenait juste l’après-midi).

Désolé de te contredire du coup sur les 90s mais en terme de qualité, il y a un cran up par rapport aux 80s. Et pas un petit cran… Pour la suite, je ne jugerai pas, recul et xp insuffisants mais je n’ai pas l’impression d’un recul. Moins de créativité, au moins dans le print, c’est possible. Mais prévisible aussi avec la fin de la phase de découverte des outils de PAO

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A priori cette semaine KS a désactivé plusieurs projets à base d’AI Art, et publie ça

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Bruno Faidutti a aussi fait un article de blog sur le sujet, plutôt pondéré comme souvent, en tout cas pas conservateur.

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Plutôt intéressant en effet, et je pense plus réaliste que les messages de certains éditeurs qui disent qu’au grand jamais il ne toucheront à ça. Ces prises de position les honorent, mais il faut aussi dire qu’ils peuvent se le permettre (ce sont pour la plupart des sociétés bien établies… mais on les entend beaucoup moins sur les droits humains et les conditions de travail en Chine par exemple). On verra dans 5 ou 10 ans s’ils ont pu se tenir à ces lignes.
Perso je me vois mal faire ce genre de discours car j’ai signé un jeu dont les illus sont faites sous IA (In Dreams - par Wombo). A ma décharge je ne le savais même pas au début, et je savais encore moins comment fonctionnaient ces IA ! :crazy_face: (encore aujourd’hui j’avoue que je n’en connais pas grand chose, vu que l’on peut lire tout et son contraire).
Je pense que ça pourrait par contre libérer de nombreuses idées de petits éditeurs qui n’avaient pas les moyens de leurs ambitions.

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Ça va aussi peut-être permettre à certains tout petits auteurs/éditeurs de proposer leur jeu avec des illustrations potables plutôt qu’avec celles de leur petit frère de 5 ans parce-que « il a trop de talent ce petit ».

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Par contre, pas sûr que ce soit open ad vitam. Ca va vite devenir un business comme un autre : au lieu de payer un auteur, tu paieras une IA. Et en l’état actuel, il n’y a aucune raison de penser que ce serait moins cher, donc abordable et faisable pour le plus grand nombre (comme un auteur indépendant).

Chacun voit ça selon qu’il est professionnellement concerné ou pas. J’en ai beaucoup parlé ce week-end avec un pote développeur qui est à fond pour le développement des IA. Peut-être qu’un enseignant ou un toubib te dirait qu’il s’en fiche, ou que c’est à tout le moins intriguant. Et puis, si demain, on commence à voir des enseignements gérés intégralement par une IA ou des consultations médicales faites par des IA, sans doute que les points de vue évolueront (dans un sens ou dans l’autre, peu importe).

Socialement, je ne suis pas sûr que remplacer le tout humain par du tout IA soit soutenable à une large échelle. Effectivement, pour des illustrations d’un jeu de plateau indépendant, ça ne changera pas la face de l’humanité. Dit autrement, on s’en fout pas mal.
Mais dans d’autres secteurs et si cela devient systémique, on va sans doute faire face à des problèmes sérieux. Et c’est effectivement maintenant qu’il faut réfléchir à ces problématiques, plutôt que quand on est devant le fait accompli.

Edit : il faut réfléchir également au maintien des connaissances techniques et artistiques. Si on peut se passer désormais de savoir faire certaines choses (techniquement et artistiquement donc), il y aura peut-être une perte de savoir qui n’est jamais souhaitable.

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