Conflit israëlo-palestinien

« Les circonstances historiques de la déclaration Balfour correspondaient parfaitement à la vision du « prophète » du sionisme, Theodor Herzl. Arthur Balfour était bien l’un de ces chrétiens antisémites dont Herzl avait su qu’ils deviendraient les meilleurs alliés du sionisme. Le ministre britannique des affaires étrangères était, en effet, influencé par le courant connu sous l’appellation « sionisme chrétien ». Il s’agit des chrétiens qui soutiennent le « retour » des Juifs en Palestine dans l’espoir inavoué — ou parfois même le but affiché — d’en débarrasser les pays à majorité chrétienne. »

Après ça date bien évidemment d’avant la deuxième guerre mondiale, mais l’antisémitisme européen a été une des motivations au soutien à la création d’Israël, probablement même après la deuxième guerre.

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Une source moins idéologiquement orientée. Parce qu’il me semble que ces hypothèses quant à Balfour sont loin d’être démontrées (et donc, s’appuyer là-dessus pour démontrer un « complot » dégagiste, ça parait bien mince…)

How Anti-Semitism Helped Create Israel – Foreign Policy

« British leaders drew primarily on two anti-Semitic canards: that Jews simultaneously commanded the U.S. financial system and held the strings controlling Russian pacifism. In other words, they believed that American Jews could bring the United States into the war and that Russian Jews could keep their country from dropping out of it. They also believed that Jewish money could help finance the war effort. Moreover, they believed that all Jews were Zionists (which they weren’t). That is why the bribe — or rather, the engagement ring — took the form of the Balfour Declaration. »

« Balfour also operated under similarly conflicting stereotypes regarding Jews. He had been moved to tears by British Zionist leader Chaim Weizmann’s recital of the ills done to the Jewish people. Nevertheless, he told Weizmann that he shared the “anti-Semitic postulates” of the virulent Cosima Wagner, who would become one of the first patrons of Adolf Hitler. Balfour apparently did not believe that Jews could be assimilated into Gentile British society. »

Balfour était antisémite, de son propre aveu.

L’auteur de l’article : Jonathan Schneer Historien de la Grande-Bretagne moderne, professeur émérite à l’université de Yale, auteur de « The Balfour Declaration : The Origins of the Arab-Israeli Conflict ».

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Je te cite : « probablement ». Donc si possible une source crédible qui confirme l’assertion mentionnée, à savoir que le soutien des Etats européens visaient à finir de vider l’Europe des juifs survivants. Sinon, il vaut mieux se garder de ce genre d’affirmation.

Édit : en quoi le fait que Balfour serait antisémite confirme l’idée d’un projet europeen visant à oeuvrer à la la création d’un État Israëlien pour se débarrasser de es juifs d’Europe ?

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Je n’en sais rien pour après la seconde guerre mondiale. Par contre c’est le cas avant dans les années 10, lis les liens postés avant de réagir, les élites politiques européennes étaient en plein délire antisémite, bien aidés notamment par la sortie du livre pamphlet du protocole des sages de Sions en 1903.

Il n’y avait pas un projet européen coalisé et secret pour se débarrasser des Juifs d’Europe hein, par contre oui, Balfour était antisémite et pensait notamment que fournir une nation aux Juifs était une façon de les éloigner, et en même temps avoir un pays « satellite » au Moyen Orient, et probablement pour d’autres raisons encore.

Edit :

"Of course, British officials had other important reasons to favor the Balfour Declaration. They thought Britain must control Palestine because of its proximity to the Suez Canal, Britain’s economic windpipe. They thought British control of Palestine would allow the construction of a railway that would run from the northern city of Acre through Iraq to the Persian Gulf, facilitating trade with India. For these reasons, an autonomous Palestine within the British Empire, along the lines of South Africa or Canada, suited these men very well. They were also cognizant of the skills that Jewish immigrants could bring into the region, and sympathetic to the ancient claim to Palestine that Zionists invoked.

However, an even larger portion of their minds was occupied by anti-Semitic prejudices and stereotypes. Paradoxically, these beliefs only caused them to embrace the Balfour Declaration more readily and served as a crucial ingredient in determining British support for the creation of a Jewish state in Palestine. History has never been the same."

Dans le même article.

J’ai lu. Pas de souci. Qu’il y ait eu une vague d’antisémitisme exacerbé fin XIX / début XXeme, nul ne le nie. Mais ce n’était pas là-dessus que portait ma remarque : quelle source pour confirmer l’assertion mentionnée ?
Laisser entendre que les États européens ont oeuvré à la création d’Israël pour se déculpabiliser de la shoah et en plus profiter de se vider des juifs restants, c’est osé et non fondé.

Alors cite-nous cet aveu. Sa preuve. Et pas un avis, aussi éclairé soit-il en apparence.

Parce qu’il faut quand même une certaine forme d’arrogance pour affirmer qu’en 1917, alors que la Guerre est à son point le plus catastrophique, les actions du Ministre des Affaires étrangères britanniques sont guidés par son antisémitisme affiché…

Bah écoute c’est un historien spécialiste qui le dit, libre à toi de ne pas vouloir le croire, c’est ton choix, mais je peux pas plus argumenter que je ne le fais déjà.

Si jamais, pour les autres, la phrase est là. « He » = Balfour.

« Pourquoi le Royaume-Uni a soutenu l’installation des Juifs en Palestine ?

Les historiens avancent plusieurs pistes pour expliquer le soutien de Londres au retour des juifs en Palestine. Une des explications privilégiées est que Lord Balfour voulait attirer la sympathie des juifs américains. Alors que les Etats-Unis sont entrés en guerre en 1917 auprès du camp britannique, les juifs américains, eux, continuent à plutôt soutenir le camp de l’Allemagne réputé plus favorable à leur religion. Il faut dire que les alliés de la Grande-Bretagne n’avaient rien pour rassurer les juifs des Etats-Unis : la France, considérée par beaucoup comme antisémite notamment suite à l’affaire Dreyfus, et la Russie tsariste où de violents pogroms anti-juifs avaient régulièrement lieu.

Une autre explication pour expliquer la lettre de Balfour à Rothschild est la volonté de Londres de se tailler une enclave pro-britannique au Proche-Orient. En 1917, l’Empire Ottoman qui englobait la Palestine et qui était alliée à l’ennemi allemand, s’est effondré, à la grande satisfaction de Londres. Secrètement, le Foreign Office avait alors négocié avec Paris pour se partager ce vaste territoire. Londres aurait alors absolument voulu un état-tampon entre le Liban dévolue à la France et le très précieux canal de Suez, vital au commerce britannique.

Enfin, une dernière explication avancée par Arthur Balfour lui-même est son désir de voir les juifs quitter le Royaume-Uni. Réputé antisémite, il s’était déjà fait connaître quand il avait été Premier ministre par des lois anti-immigration très dures, afin d’empêcher l’installation de juifs d’Europe de l’est en Grande-Bretagne. »

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Coïncidence, ils parlent justement de la déclaration Balfour dans le Thinkerview d’hier (de très bonne qualité au demeurant).

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Toujours rien de concret sur l’affirmation concernant un « projet » européen post Snde Guerre mondiale visant à promouvoir un État Israëlien afin de vider l’Europe de ses juifs.
Des historiens qui « avancent » des pistes, qui privilégient, qui émettent des hypothèses sur Balfour…

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Il y a des pistes qui mettent la puce à l’oreille quant à la continuité de l’antisémitisme concret post seconde guerre en Europe et aux USA. Notamment l’épisode de l’Exodus qui partait initialement de France jusqu’en Palestine et avait été intercepté par la Marine anglaise (par calcul diplomatique vis à vis des nations arabes) et qui avait ensuite dispersé ces gens entre Chypre et l’Allemagne… Toute une symbolique…

Et puis il y a aussi cet extrait dans L’histoire des Juifs de Abitbol :

Même s’il n’y avait pas eu un seul sioniste étranger parmi eux ni la moindre trace de propagande sioniste dans les camps, ils auraient choisi la Palestine, écrit un membre britannique de la commission, le député Richard Crossman. Neuf mois avaient passé depuis le jour de la victoire, et leurs libérateurs américains et anglais n’avaient pas fait un geste pour les recueillir dans leur propre pays. Pendant neuf mois, entassés ensemble, ces Juifs n’avaient pas eu autre chose à faire que discuter l’avenir. Ils savaient qu’on ne voulait pas d’eux dans les démocraties occidentales et ils avaient appris les projets de M. Attlee ; M. Attlee voulait qu’ils aident à la construction de leur pays d’origine (à la Chambre des communes où l’on voit l’enfer juif d’aussi loin que de Sirius, le Premier ministre anglais avait proposé que les déportés, au lieu d’aller en Palestine, collaborent à la reconstruction de l’Europe). Tout cela leur paraissait de l’hypocrisie pure. Ils n’étaient plus Polonais, et comme Hitler le leur avait enseigné, membres de la Nation juive, méprisés et rejetés par l’Europe civilisée. Ils savaient que là-bas, en Palestine, il existait un Foyer national qui ne demandait qu’à les recevoir pour leur donner la chance de refaire leur vie, non comme étrangers dans un Etat étranger, mais comme Hébreux dans leur patrie [6].

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Des pistes qui mettent la puce à l’oreille… Sérieux !
Dans le texte rien de concret sur ce projet d’expulsion déguisée des juifs de la part des Etats.
En gros, c’est de la supputation. Donc infondée. Et en ces temps, il vaut mieux s’en premunir.

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Il n’y a que toi qui parle de projet d’expulsion déguisé hein, par contre je vais commencer à croire que tu nies le fait que l’Europe était encore structurellement antisémite post seconde guerre mondiale et agissait en ce sens…

Les États-Unis par exemple, fermaient leurs frontières aux réfugiés Juifs en 1939 : Quand les Etats-Unis fermaient leurs frontières aux réfugiés juifs du nazisme

Ces raisons n’ont pas disparues par magie après le choc de la découverte des camps d’extermination.

https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2016-2-page-15.htm

@ludo
Mon texte a été ecrit rapidement, sur téléphone, d’où quelques imprecisions ou raccourcis dans ma pensée…
Pour répondre sur le soutien au projet sioniste…
Peut être pas de « projet européen » mais une situation en Europe après la Shoah qui n’est pas du tout favorable aux juifs, et les pousse de fait à fuir des politiques qui leur sont hostiles…
Une source (memorial de la Shoah, difficilement contestable !)
https://www.google.fr/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://www.memorialdelashoah.org/wp-content/uploads/2016/05/dossier_de_presse_apres_la_shoah.pdf&ved=2ahUKEwiOhrTo_ZGGAxWwRKQEHeQ4DqQQFnoECA0QAQ&usg=AOvVaw2RaULmWO9CK30gvUTqDs-M

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Faut lire les conversations avant d’y répondre, hein. Donc mon intervention était une reponse a un propos.

Sur ta remarque : « l’Europe était encore structurellement antisémite »
Désolé mais ça ne veut rien dire : c’est quoi l’Europe ? Des Etats ? Des populations ? Des territoires ?
Que l’antisémitisme ait « survécu » a la guerre, ben oui. Il était là avant (on peut remonter à l’antiquité romaine et au christianisme primitif sur les origines de l’antijudaisme, aux pogroms médiévaux, aux théories racialistes du XIX … ) et il demeure après. Mais parler d’une Europe structurellement antisémite ???

L’affaire Dreyfus qui a été mentionnée plus haut sur un post : on peut la lire de plusieurs manières : révélatrice d’un antisémitisme qui imprègne une partie de la société française, elle révèle aussi une « France » prête à se déchirer pour l’honneur d’un juif. Du coup, la France, structurellement antisémite ou structurellement prête à lutter contre l’antisémitisme ? Celle de Maurras et de l’Action Française (minorité bruyante) ouvertement antisemite où celle qui condamne Maurras et porte Blum au pouvoir ?
Dire de l’Europe qu’elle est structurellement antisémite, c’est un point de vue, une perception. La réalité, les faits, l’histoire sont un poil plus complexes. Et ce sans pour autant nier l’existence de l’antisémitisme.

Que la situation post 2nde Guerre ne soit pas favorables aux juifs, c’est une chose (notamment en Europe de l’Est, et plus particulièrement la Pologne, la Hongrie = voir les textes de Wiesel, les questions liées à la spoliation, la restitution des biens, aux complicités…). De la à écrire que des États européens aient favorisé la création d’Israël pour continuer de vider l’Europe de ses juifs, il y a il me semble une extrapolation douteuse. On peut aussi considérer qu’il était difficile pour de nombreux rescapés de revenir sur les « lieux » de la catastrophe et qu’il était temps de concrétiser le projet de creation de l’Etat d’Israel (qui était déjà amorcé avant la guerre).

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Structurellement ça veut dire que la France comme la plupart des nations à cette époque avaient des stéréotypes sur les Juifs et agissaient en ce sens. Être Juif était/est un statut social particulier, charriant clichés et fantasmes complotistes. Et ceux qui ont pris fait et cause pour Dreyfus étaient de la frange humaniste, pas ceux qui détenaient le pouvoir et l’ont condamné donc.

Aujourd’hui je suis allé feuilleter l’histoire juive de la France (pas pour ça spécifiquement), dernier bouquin somme en date :

C’est « ça » être structurellement antisémite.

9 messages ont été fusionnés à un sujet existant : Politique [sujet non modéré, Cwowd et ses modérateurs ne sauraient être tenus pour responsables de ce qui s’écrit ici]

Renaud, 1988.

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