peut être la censure d’Édith ?
Je crois aussi qu’il est judicieux d’éviter de parler ou de penser pour les autres et d’éviter de voir de la consternation ou du manque de respect partout. Utiliser des expressions n’a pas nécessairement vocation à blesser des gens.
Et, d’expérience, les gens concernés ne se sentent pas tous blessés par ce qu’ils entendent partout.
Il a connu des jours meilleurs !
Ca n’a pas forcément vocation à blesser, mais ça peut, ce qu’on peut tout à fait choisir d’ignorer, je l’entends bien, car on blesse probablement très régulièrement et involontairement plein de gens pour plein de raisons différentes
Tout est dans les deux mots que je me suis permis de mettre en gras dans ta citation.
Très honnêtement, je ne fais pas la police de la pensée et de ce qu’on peut écrire ou non : chacun fait ce qu’il veut, vraiment. Juste, faut savoir quelles peuvent être les conséquences de ce qu’on fait, ce n’est pas une agression que de les expliquer. Et sur ce genre de sujet, j’ai tendance à penser que c’est pas mal d’écouter les gens qui sont concernés ou qui ont l’expérience et/ou les compétences d’avoir un avis étayé. J’ai le sentiment que c’est le cas de @Tit-matt06 , d’autant plus que ça rejoint ce que disent d’autres experts sur le sujet.
Dans cet article (sous paywall, désolé), le psychiatre hospitalier Hugo Baup explique par exemple que « Certains patients se sentent déjà comme un fardeau pour la société, leur famille après un diagnostic. Puis, en allumant la télé, on a la sensation d’être devenu une insulte, une punchline politicienne. Ça n’apporte rien de bon, ça n’aide pas à l’affirmation de soi ».
Autre extrait intéressant :
Au-delà d’une simple bataille sémantique, la bénévole pointe des effets néfastes concrets. Parmi eux, un diagnostic rendu encore plus difficile à accepter. « C’est un mot qui est rarement prononcé, par les malades et par l’entourage. Et j’irais même plus loin : par les médecins », remarque Catherine Lozac’h, déléguée départementale adjointe de l’Unafam dans les Côtes-d’Armor.
Et il y a bien entendu le fait que le terme, quand il est détourné de son usage médical, est en plus employé à côté de la plaque, ce qui n’aide pas à la compréhension générale de la maladie.
Dans Le Monde, il y a eu une tribune en février pour défendre l’idée qu’il faudrait carrément supprimer ce mot. Et dedans on peut lire ceci :
Le Japon est le pays pionnier de cette démarche. En 2002, le mot « schizophrénie » – seishin bunretsu byo (« maladie déchirée de l’esprit ») – a été officiellement remplacé par togo shitcho sho (« trouble de l’intégration »). Le processus, lancé en 1992 par les familles d’usagers, aura mis dix ans à aboutir. Depuis, la proportion de patients informés de leur diagnostic a doublé, passant de 36 % en 2002 à 70 % en 2004.
Bref, je trouve que c’est une démarche saine de questionner ses habitudes, ses comportements, et les conséquences auxquelles elles peuvent participer
Vous aimez le Cresson?
Exactement. On blesse par des regards aussi, par des attitudes, par des sous-entendus. Il faut faire la différence entre une expression employée sur un forum et qui n’a vocation qu’à illustrer un propos et une raillerie, une moquerie ou une insulte directe.
Personne n’a stigmatisé une pathologie : à trop vouloir mettre tout le monde dans une bulle, on en finit par s’aliéner complètement.
Qu’on explique à quelqu’un ce qu’est la schizophrénie (pédagogiquement, c’est important) pour qu’il ne mélange pas tout, c’est une chose que je conçois et encourage tout à fait.
Mais les gens qui vont soutenir ceci le font parce qu’ils sont sensibilisés à la maladie personnellement ou via leur boulot. A côté de ça, ils ne réagiront pas forcément sur d’autres sujets (les chômeurs, les alcooliques, les gays, les personnes obèses…) et c’est tout à fait normal : on ne peut pas être sensibilisé à tout.
Justement non, je ne suis ni de près ni de loin touché par cette maladie. Juste : on m’a expliqué, alors que j’ai utilisé le mot à tort, ce que ça pouvait impliquer en termes de souffrances, et j’ai juste… choisi d’écouter et de prendre en compte (et de me renseigner un petit peu plus pour ne pas me baser juste sur la parole d’une personne). Rien de plus. Quand on m’a expliqué, j’aurais pu répondre : « oui bon ça va, je n’ai aucune volonté de blesser en utilisant ce mot, donc je continuerai à la faire ». On ne peut pas être sensibilisé à tout, mais à partir du moment où on l’a été, ignorer relève du choix (choix qui peut être tout à fait légitime et réfléchi, pas de soucis).
En l’occurrence, si des experts dans le domaine m’affirment que mon comportement individuel peut contribuer à des souffrances, qui suis-je pour dire « oh ça va, je suis sûr y’a plein de schizophrènes qui s’en foutent » ? Je n’ai aucune légitimité, aucune donnée pour dire un truc pareil. Par contre je peux faire le choix de continuer à utiliser le mot schizophrène à tort et à travers en estimant que le problème que ça pose pour les malades et les proches est moins grave qu’un éventuel affaiblissement de la langue française (encore que, vu que le mot est mal utilisé, je me dis qu’on n’affaiblirait pas grand chose…).
Celui à Édith ?
En fait @BaneRequiem tu es un être qui tend vers la perfection (et on doit bien se faire iech avec toi ).
Bah moi je dis faut arrêter d’utiliser le mot gros, sauf pour me citer.
Vous avez même le droit à « gros con », mais que dans ce sujet faut pas déconner
Ah non je suis un sale con qui donne juste des leçons à tout le monde sans s’appliquer ses propres préceptes hein !
Alors là-dessus, je ne suis pas d’accord. L’expert est là pour t’expliquer ce qu’est la schizophrénie, comment elle est vécue, quels sont ses symptômes, comment se fait l’accompagnement… En revanche, un tel expert n’est pas plus expert que toi sur la sensibilité des êtres humains en général. Ca n’a rien à voir.
Or je te mets au défi de bien être sûr que tu ne blesses absolument personne en employant au quotidien tout un tas d’expression qui « peuvent » blesser (pour peu que la cible entende l’expression).
Là où je me porte en faux, c’est qu’il y a tellement de personnes autour de nous qui sont potentiellement « blessables » que ça en devient archi difficile de ne pas heurter une sensibilité.
Alors avant qu’on me fasse dire ce que je ne dis pas : j’encourage chacune et chacun à faire preuve de respect et de gentillesse avec un maximum de personnes. Mais bizarrement, on est moins sur les dents quand on dit « c’est un truc de malade […] mais quel gros con […] là, elle est devenue complètement hystérique ».
Enfin, ce que j’essaie de dire, c’est qu’il faut jongler entre le respect (la gentillesse, la bienveillance…) et la possibilité de s’exprimer sans que tout le
monde y trouve quelque chose à dire en se sentant indirectement offensé.
On parle pas de « sensibilité des êtes humains en général », on parle de l’impact que peut avoir un comportement sur la perception qu’ont les malades d’eux-mêmes (qui est corrélée à leur condition médicale, ce sur quoi des psychiatres sont tout à fait à même d’avoir un avis étayé que ni toi ni moi n’avons) ET l’impact général que ça peut avoir sur la prise en charge (cf les articles que j’ai cités plus haut et le cas du Japon).
Pour le reste, j’ai parfaitement compris ta position et elle est tout à fait entendable.
Je suis tout à fait d’accord avec ça, c’est forcément quelque chose que je fais (et c’est quelque chose que j’ai justement fait avec le terme schizophrène), je ne dis pas autre chose
Je me répète, donc :
Et y’a un monde entre débattre du fait qu’il soit opportun ou non d’utiliser un mot et balayer le truc avec un doigt d’honneur en mode « on peut plus rien dire », ce qui n’est pas du tout ce que tu fais. Donc je me répète, je suis pas en train de dire qu’il faut vraiment être un salopard pour utiliser le mot « schizophrène », la réalité est un peu plus complexe que ça
En revanche, à ta place je m’inquiéterais du fait d’avoir été liké plusieurs posts de suite par @Slimouze
Il faut être vieux pour apprécier ça à sa juste valeur.
Oui, et apparemment on n’est pas nombreux
Nan, t’as mal vu ! J’en ai liké un qui était vraiment drôle.
Et pourtant, en temps normal, je suis très loin de partager ses idées. Mais là, c’était vraiment drôle : et pourtant, l’alcoolisme est un sujet que je connais hélas très bien. Mais ça m’a fait marrer (alors que j’aurais pu m’en offusquer et dire que je trouvais ça blessant).
Respectons-nous tous, entendons les souffrances que nous ignorons et sachons rire de nous et avec les autres (c’est un sacré bon médicament).
Ça va je suis pas l’antéchrist non plus…
Dans le doute