Bon, eh bien me voici de retour pour vous livrer mes impressions sur cet Earthborne Rangers, une quinzaine de jours après être venu grincher sur les règles 
J’aurais pu poster cet avis en réponse à la critique publiée par @Eidolon en septembre dernier, qui m’avait d’ailleurs bien refroidi, ou bien sur le topic Hier j’ai joué en mode solo, car c’est dans cette configuration que je l’ai pratiqué, ou bien encore sur celui des jeux crowdfundés, bien que je n’aie moi-même pas participé à la campagne.
Bref, le ranger que je suis n’avait que l’embarras du choix… et a fini par opter pour ce retour sur le topic principal du jeu, en espérant pouvoir me connecter au mieux aux êtres vivants que vous êtes… 
Je ne m’attarderai pas sur la genèse de ce projet des « deux Andrew », de sa parenté évidente avec Arkham Horror LCG jusqu’à ses préoccupations environnementales, sujets sur lesquels tout a été dit. Personnellement, le matériel me convient très bien (j’ai même apprécié ce retour à un minimalisme de circonstance), tout comme l’univers solarpunk frais et plaisant, dont l’optimisme béat me permet de varier les plaisirs entre deux sessions de Frostpunk 
En revanche… j’avais quand même quelques appréhensions en termes de mécaniques. J’ai une relation particulière avec Horreur à Arkham, faite d’amour et de haine. J’apprécie les jeux exigeants, mais ce dernier m’a souvent paru injuste, pour ne pas dire impitoyable en true solo. Or, c’est dans cette configuration que je comptais me lancer dans Earthborne Rangers. Qui plus est, par-delà les belles promesses d’open world immersif, je craignais que l’aspect mécanique n’emporte tout sur son passage, telle une crue inondant la Vallée… 
Tout ça pour dire qu’après avoir snobé effrontément le Kickstarter, être parvenu à ignorer les louanges chantées par @Nixx (encore lui 
) dans sa vidéo, et n’avoir volontairement suivi que de loin les échanges qui ont eu lieu ici, j’ai bêtement fini par craquer à la faveur d’une légère baisse de prix qui a suffi à motiver ma curiosité. Et si ça me plaisait autant qu’un 7th Continent ? … Alors je m’y suis mis il y a peu, et si je n’ai pour l’heure effectué que 5 journées seulement, j’en retire déjà de quoi alimenter cet avis tout en gardant à l’esprit qu’il n’a rien de définitif.
deckbuilding
Alors oui, Earthborne Rangers est très mécanique avec ses tests pratiqués toutes les 30 secondes. Mais c’est aussi une expérience remarquablement organique, dans la mesure où l’univers parcouru regorge de lieux, de péripéties et de rencontres en synergie totale avec cette mécanique, source de combos inépuisables donnant tout son sens au deckbuilding. D’ailleurs, les possibilités en la matière sont vertigineuses, à tel point que se lancer d’emblée dans la création d’un ranger from blank est un peu casse-gueule. J’ai bien compris, au terme de 5 journées, que mon traqueur intrépide au passé de cueilleur n’aurait pas une vie facile. Mais tant pis, pour rien au monde je n’aurais voulu m’adonner au theorycrafting et relancer la campagne avec un ranger « opti », au risque de passer à côté de ce qui fait le sel du jeu : la contingence de l’expérience, à laquelle il faut essayer de s’adapter avec ses armes du moment.
monde ouvert
Pour moi, la promesse d’open world est tenue. Oh, certes, les ficelles du monde en question peuvent paraître un peu trop visibles, avec sa map qui ne sert guère qu’à assembler le deck chemin et sa progression qui se résume trop souvent à meuler ce dernier jusqu’à satisfaction (évoquant en cela les plus mauvais souvenirs de l’affreux Villainous). Mais encore une fois, l’essentiel est que ces rouages finissent par s’effacer au profit d’une véritable satisfaction à barouder à droite et à gauche, à la recherche d’opportunités de missions, de personnages à aider et d’items à dégoter, ou pour le simple plaisir de découvrir un nouveau lieu et ses quelques lignes de background. J’ai lu ici et là que l’exploration n’y est pas toujours récompensée à sa juste valeur. C’est peut-être vrai - je n’ai pas suffisamment bourlingué pour contredire cela. Mais en l’espace de 5 journées, j’ai tout de même gagné 4 nouvelles cartes, ce qui est déjà nettement plus qu’un Tainted Grail au terme d’un temps de jeu similaire.
exigeance
Il est probable que la redondance finisse par rattraper mon envie d’arpenter les chemins les plus empruntés. D’autant que le die & retry est bien présent : au terme d’une journée, on en est souvent quitte pour recommencer à zéro une mission pourtant bien avancée. Mais Earthborne Rangers se révèle tout de même moins injuste qu’Horreur à Arkham. Les tests sont plus faciles à mitiger, les moyens de contrôle plus importants et les combos plus lisibles, et les conséquences d’un échec semblent moins impactantes bien que je n’aie pas encore assez baroudé pour mesurer cela sur le long terme. Earthborne Rangers est exigeant, mais bien moins punitif que son grand frère à mon grand soulagement, et ce même en true solo.
récit (j' ai flouté le nom des cartes, rencontres, lieux et missions)
Pourtant, les choses avaient bien mal commencé pour moi, avec un prologue d’une singulière violence. Il faut dire qu’un deck chemin avec pour carte de départ un broyeur corrosif et pour dernière carte du paquet Hy Pimpot (véridique), je n’ai pas débuté mon aventure dans les meilleures conditions. Bien évidemment, les biscuits n’ont pu être distribués en temps et en heure et je me suis retrouvé au terme de ma première journée le bec dans l’eau du lac de Blanc-Ciel. Mais avec le gain d’un item fort utile (une canne à pèche) dès la deuxième, une mission accomplie assortie d’une autre récompense dès la troisième, et un affrontement mémorable (Patte de velours) en point culminant de la 4ème journée, j’ai déjà connu des péripéties qui ont donné toute sa saveur à ma progression dans la Vallée - sachant qu’un autre joueur aura sans doute vécu une succession d’événements très différente. Pour vous dire, au terme de ma 5ème journée je ne suis toujours pas parvenu à distribuer un seul biscuit, et tant pis (ou tant mieux, je ne sais plus très bien 
).
bilan (provisoire)
Je ne vous ai pas dit à quel point je suis sensible à l’approche « rôlistique » de Earthborne Rangers, ni même combien j’apprécie sa direction artistique. Je n’ai pas non plus mentionné ses quelques écueils, comme ces (trop) nombreux retours aux règles l’espace des premières heures, son livret narratif pénible à parcourir ou encore sa propension à nous faire meuler des decks entiers pour faire progresser l’histoire (ah si, ça je l’ai déjà évoqué, mais le défaut est tel qu’il convient de le répéter ).
Pourtant, qu’on y accroche ou non, il faut reconnaître que le jeu d’Earthborne Games est une véritable bouffée d’air frais dans un genre à la fois saturé et retranché dans ses certitudes. La prochaine campagne ne sera peut-être pas proposée en VF, mais je serai attentif au suivi de la gamme par Intrafin.
Et d’ici là, j’aurai peut-être trouvé un moyen de me débarrasser de cette horripilante Quisi Vos 