Bon je vous préviens, j’ai rien relu J’ai relu à l’arrache mais je suis malade, je relirai mieux demain.
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Samedi après-midi c’était notre première d’Expéditions, la suite de Scythe en pas pareil du tout. On a joué à 3 (le poto-possesseur, ma compagne et votre serviteur). L’heureux possesseur nous explique les règles.
Déjà première surprise : la boîte est énorme, les tuiles hexagonales (constituant le plateau) sont gigantesques, ça n’a aucun sens pour un jeu de ce type, surtout que vous allez voir, on s’étale quand même un peu au niveau de nos dashboard personnels. Ça permet toutefois de profiter pleinement des belles illustrations de Rozalski. On décide de prendre le board sur lequel on a suivi l’explication et qu’on a donc déjà devant nous, on tire nos persos et c’est parti. Je me retrouve avec Akiko et son Singe Savant (je l’ai appelé « Joli-Cœur » toute la partie en hommage à Rémi sans famille mais il a un autre nom que j’ai oublié) ainsi qu’avec un méca des marais qui ressemble à une sorte de gros moustique.
Ici tout a l’air normal mais les socles des figs font en réalité 50 ou 60mm de diamètre. Les cartes sont au format Standard US par exemple, c’est vraiment maousse. (photo BGG)
Le background : qu’est-ce qu’on fout là ?
Je sais pas vous mais moi, même pour un jeu d’épicier comme celui-ci, j’ai besoin d’un minimum de fluff. Ici, objectivement, je n’ai à peu près rien compris à ce qu’expliquait mon pote : on incarne un explorateur ou une exploratrice parti en quête de gloire dans une zone située quelque part en Sibérie, qui a un lointain rapport avec Tarkovski. Des météorites sont tombées dans le coin, on va les faire fondre pour pouvoir proclamer qu’on est le plus beau ou la plus belle. On est accompagné (comme dans la Grande Sœur) d’un animal de compagnie, assoifé de sang la plupart du temps, et on habite dans des robots géants zoomorphes qui fonctionnent aux pellets issus d’une gestion responsable des forêts. C’est pour ça qu’on va faire fondre des trucs : pour pouvoir polluer un petit peu plus, et pour ça on va embaucher des moujiks et des zombies. Voilà pour (à peu près) l’histoire.
Le but du jeu
C’est un jeu à points de victoire, ici symbolisés par l’argent car c’est bien le nerf de la guerre ma pauvre dame. On va pouvoir en gagner de diverses manières, comme dans tout jeu d’épicier qui se respecte. Vous pouvez gagner des pièces directement via certains effets mais on va aussi en avoir une bonne part qui va apparaître en fin de partie sans toutefois sombrer dans la salade de points (suivant notre nombre de quêtes réussies, d’objets craftés, de monstres passés de vie à trépas, etc.). En cours de partie, on n’a aucune peine à savoir qui est en tête, rien n’est caché ici.
C’est aussi un jeu où un joueur va pouvoir déclencher la fin de partie avec un système d’étoile, c’est comme dans Scythe. Pour gagner une étoile il faut répondre à une condition (avoir déglingué 7 monstres, avoir x meeples, …) et aller « fanfaronner » quelque part pour hurler notre toute-puissance à la face du monde. Quand un joueur ou une joueuse atteint sa quatrième étoile, zou on déclenche la fin de partie : chacun a alors encore un tour devant soi et on demande l’addition.
Comme un idiot, je n’ai pas pensé à prendre de photos, celle-ci vient de BGG.
Comment que ça se joue cette histoire ?
Vous avez un grand (beaucoup trop grand) plateau central : il est constitué d’hexagones, répartis aléatoirement par grande région. Tout le monde commence au même endroit, en bas de la map, et va parcourir les trois grandes zones du jeu : la zone sud est déjà explorée (c’est celle où l’on trouve les actions un peu obligatoires en début de partie), la zone centrale et la zone nord qui contient de plus belles récompenses mais dont les parages sont toujours gardés par des Trucs Corrompus (je n’ai aucune idée si ce sont des monstres, des zones dangereuses, des moujiks fanatisés … en tout cas faut taper dessus). Il y a certains trous dans la map : c’est là où vous aller placer les cartes que vous pourrez acquérir (c’est une rivière classique mais avec une légère notion spatiale).
Chaque personne a devant elle un dashboard carré qui va présenter plusieurs zones : à gauche ce sera votre « main », à droite les cartes que vous « jouez ». Ces deux zones vont servir à gérer l’aspect « deckbuilding » du jeu. Vous allez aussi avoir la possibilité de glisser certaines cartes sous ce plateau : à partir de ce moment-là, ces cartes sont en quelques sortes « scorées » et ne vont plus intervenir dans votre mécanique de deckbuilding, certaines (les objets) vont vous filer des bonus permanents pour certaines actions. Sur le dashboard vous avez aussi un genre d’échelle pour tenir à jour votre score de Ruse (symbolisé par un genre de cerveau bleu stylisé) et votre score de Lutte (symbolisé par un poing de syndicaliste sur fond orange) : ce sont ces points que vous allez dépenser pour démolir les jetons Corruption (qui sont bleus ou orange). Sur votre dashboard, vous allez aussi poser vos jetons corruption résolus, vos ouvriers encore à Pôle Emploi, vos étoiles en attente et toute sorte de trucs si bien qu’en milieu de partie vous ne verrez absolument plus la magnifique illustration de votre Méca.
À chaque tour, vous allez avoir la plupart du temps 2 actions possibles parmi 3 : Jouer (une carte), bouger (de 3 cases), et récolter/activer ce qu’il y a sur votre hexagone (du fric, un meeple, une carte, fondre une météorite, fanfaronner, …).
Les cartes sont de 3 types : des bouts de météorites, des objets et des quêtes. Chaque carte a 3 effets différents : déjà dès que vous la jouez vous gagnez de la Ruse et/ou de la Lutte, ça c’est cadeau, c’est plaisir d’offrir. Et c’est à peu près tout. Heureusement il y a un deuxième effet : vous pouvez affecter un meeple de la bonne couleur sur la carte pour produire un effet de jeu supplémentaire ; le meeple restera là tant que vous n’avez pas « refresh » votre board. Le troisième effet, c’est ce qui va se passer quand vous allez scorer la carte et ça dépend de son type : une quête va vous donner un bonus one-shot (mais va compter pas mal comme multiplicateur pour vos étoiles), un objet va vous fournir un effet de jeu permanent pour snowball comme un goret et les météorites vont en gros vous donner du fric. C’est la petite subtilité du jeu : il faut savoir quand scorer une carte qui a un bon effet via son meeple, car une fois que ce sera fait l’effet ne vous sera plus accessible (la carte « quitte » votre deck en quelque sorte). C’est ce qu’explique bien @Enima ci-dessus (ICI) : notre jeu va se faire et se défaire une fois qu’on l’aura bien pressé comme un citron.
Il y a une mécanique qui permet de « rafraîchir » votre deck : vous récupérez les cartes utilisées, les meeples, etc. et c’est reparti pour un tour. Si on reprend l’analogie du deckbuilding c’est comme si passer votre tour vous permettait de récupérer votre défausse et de remélanger votre deck, car non, ce n’est pas automatique ici. Après avoir fait ça vous aurez une ultime compensation : vous pourrez faire 3 actions le tour suivant au lieu des 2 habituelles.
Déroulement de ma partie
Dans ce genre de jeu on est dans le flou total pour une première partie : on a aucune idée des timings, on connaît pas les cartes (il y a plein d’effets différents à lire) et on ne connaît d’ailleurs même pas leur répartition (je suis incapable de vous dire s’il y a plus de météorites que de quêtes, même si j’ai une vague idée). Donc je me suis borné à suivre un peu ce que me disait mon perso de départ : je pouvais prendre une météorite dès le début, je suis parti là-dessus. Ensuite j’ai vu que nos deux cartes de départ faisaient gagner un peu plus de Ruse et de Lutte si on avait 2 étoiles, comme j’étais certain de les jouer souvent (elles sont un peu incontournables), j’ai décidé de rusher vite fait pour obtenir ces fameuses étoiles : en explorant comme un bourrin et en ayant huit cartes en main. Une fois que tout cela a été fait je suis parti au Nord histoire de tatanner des pions Corruption, tout en mettant en place mon moteur de scoring. J’avais le méca (le Moustique) qui peut parcourir 4 hexagones au lieu de 3, ça m’a été d’un grand secours pour accomplir vite fait n’importe quelle quête (les quêtes doivent en effet être résolues sur un hexagone en particulier). Je fais un score final de 78, ma copine 57, et le poto 51. J’ignore si c’est beaucoup : je ne pense pas car je n’ai pas voulu optimiser mes météorites, j’ai préféré speeder. Mais comme c’est un jeu à fin de partie déclenchée, ça ne veut de toute façon pas dire grand chose vu qu’on peut rusher. À noter que j’ai très peu joué avec les objets, je crois même n’en avoir construit (scoré) aucun, les hasards de la pioche ont aussi fait que nous en avons vu assez peu.
Avis rapide après une première partie donc à prendre avec des kolossales pinzettes
Déjà il faut savoir qu’on a fait très peu de retours dans le livret (les habituels trucs qui consistent à s’assurer que tel ou tel move est bien obligatoire et non optionnel,… ce genre de petites broutilles). C’est un bon point, car de nos jours ça ne va plus forcément de soi avec les traductions faites avec le cul (on a joué en VF). À aucun moment on a eu de doute sur l’effet de telle ou telle carte non plus.
Sur le jeu proprement dit, la mécanique de deckbuilding est censée nous pousser à scorer des cartes dont on aime bien les effets pour marquer des points, et donc de perdre le dit effet. On s’affaiblirait donc temporairement avant de passer à autre chose en construisant un nouveau moteur. Je n’ai absolument pas ressenti ça. J’ai fait un moteur qui tournait plus ou moins bien (au bruit c’était un 103SP avec carbu Polini) et ensuite j’ai été pécho des cartes dans l’unique but de les scorer sans m’en préoccuper réellement. Quoiqu’on fasse ça snowball plus ou moins j’ai l’impression. On pourrait optimiser à outrance mais on est aussi sur une course… faut faire des choix, et j’aime bien être à 90km/h sur des pavés avec ma mobylette et des pneus lisses.
L’important c’est qu’on a tous passé un bon moment : tout le monde a eu l’impression de construire quelque chose (c’est important dans ce type de jeu). Ici pas de galérien qui n’arrive à rien faire de la partie, tout le monde progresse. En ce qui me concerne, j’ai très envie d’y rejouer mais je sens que ce jeu va rentrer dans la catégorie des « j’y joue une bonne dizaine de fois et après il sera naturellement chassé par autre chose ». Il y a des choses originales (la mécanique de DB est cool quoiqu’un peu lente), mais je ne sais pas si ça suffit pour éclipser d’autres jeux similaires : honnêtement vous me faites jouer à ça ou à Agricola je kiffe de la même manière car j’adore assembler des petits bouts de trucs pour faire des plus gros trucs. Mon conseil final c’est que si vous aimez manger des animaux morts et vous tuez à la tâche en plantant des piquets tout en ayant qu’un avis assez sommaire sur une belle direction artistique, jouez à Agricola, sinon c’est pas les autres thèmes qui manquent et Expéditions en propose un assez original (même si j’ai rien compris). Je ne m’exprime pas sur l’équilibrage ou des quelconques martingales, ce serait présomptueux après une seule partie.
::edit:: je n’ai pas joué au mode solo (regardez le post d’@enima un peu plus haut pour avoir son avis éclairé sur la question).