Bonjour à tous, en ce début d’année, je vous propose mon retour d’expérience sur un jeu narratif de CMON : Trudvang Legend.
Pour un avis rapide, le jeu est à destination d’un large public avec une excellente narration mais avec un gameplay à revoir sur certains aspects. Pour un avis plus détaillé, c’est juste en-dessous. Pas de risque de spoil, essentiellement des précisions sur certains points et la plupart des captures proviendront soit de mes parties soit de celles de Pug And Play via sa vidéo « Alors, On Joue ? »
Qu’est ce que Trudvang ?
Résumé
À l’origine, Trudvang est un JDR médiévale fantastique édité par Riotminds mélangeant légendes, mythologies et contes scandinaves. Trudvang tire son épingle du jeu notamment grâce aux illustrations de Paul Bonners et Alvara Tapia qui nous plonge dans un monde avec des trolls à gros nez (comme dans les anciennes illustrations), des nains simiesques et autres joyeusetés où vous pourrez devenir de véritables héros digne des sagas islandaises.
En 2020, CMON propose de financer une adaptation en jeu de plateau qui remporte un franc succès. Malheureusement, le jeu va prendre énormément de retard avec des soucis de développement et aujourd’hui, en 2024, backer comme client d’une boutique lambda, seul le jeu de base est disponible. Tout le reste (strech goals comme extensions) est sensé arriver cette année si tout va bien.
À cette lecture, vous pouvez vous dire que ça sent le sapin cette histoire et pourtant CMON m’a surpris, en mal comme en bien.
Le contenu
Résumé
À l’image de ce que propose CMON en général, la boite est bien remplie : un grand planisphère que vous déplierez lors de vos partie, une pochette cartonnée transparente où vous glisserez des cartes spécifiques, une autre où vous glisserez des feuilles papier en fonction de votre quête, pleins de jetons, un livre de quête et bien sûr, des figurines de toutes beautés.
Mon seul regret est que CMON n’est inclus qu’un sabot pour contenir les cartes d’aventures . Les cartes des héros contenant les capacités et améliorations tiennent dans un coin sans protection mais, une fois déballées, je dois le dire, elles sont toujours restées à leur place.
À gauche, la carte où vous déplacerez vos persos, la pochette plastique juste en dessous, la pochette qui cache les points d’intérêts, un ennemi et un plateau personnage.
Mise en place
Résumé
Pour commencer, chaque joueur (1 à 4) va prendre un personnage, son équipement de départ et une feuille cartonnée. En début de campagne, il vous sera demandé de prendre des jetons en fonction des caractéristiques du héros que vous placerez dans un pochon (exemple : 2 jetons de feu, 4 de vent, 5 échecs…) qui vous permettront de résoudre les tests et les combats. Vous prendrez également les cartes de compétences de niveau 1 et placerez celles de niveau 2 dans l’emplacement amélioration. Enfin, vous prendrez un jeton santé et un de chronique (qui augmentera ou baissera lors des aventures).
Le planisphère sera ensuite à déplier, la pochette transparente sera à mettre à côté et vous prendrez le livre de saga en fonction des quêtes disponibles. Vous glisserez ensuite la feuille de quête du jour dans l’autre pochette avec réponses cachées. Enfin, en fonction de l’introduction, il vous sera demandé de poser des figurines ennemis ou des jetons sur des régions spécifiques.
Notez que le livre narratif est bien rempli juste pour une quête.
Gameplay
Résumé
Trudvang se divisera toujours en 3 parties : voyage, événement/combat et narration
Le voyage consiste à se déplacer d’une région à une autre symbolisé par une case. Si vous possèdez un bateau, vous pourrez également aller sur l’océan.
Il est tout à fait possible de scinder le groupe mais franchement, à de rares exceptions, vous resterez groupir pour optimiser votre gain d’expérience.
Cette idée d’avoir une carte unique (comme si l’on jouait à des jeux de conquêtes comme Blood Rage ou Rising Sun), est pas mal du tout. Cela évite d’avoir une boite blindée de matos et croyez moi, le charme opère rapidement. 3 cartes de lieux spécifiques sont également disponibles lors de certains moments clés de la campagne
Une fois le voyage terminé, si vous êtes sur une case sans ennemis, vous tirerez une carte événement qui vous demandera de réaliser un test : chaque joueur va tirer 7 jetons de son pochon et essayer de réussir un test de 3 en Force (feu) par exemple. Vous réussissez, tant mieux, vous échouez, un malus s’appliquera. Qu’on se le dise, ce n’est pas ce que j’ai préféré dans Trudvang notamment parce que ces tests sont durs : si votre force de base n’est que de 2, d’office, vous échouez. Aucun intérêt. Mention spéciale aux squelettes qui sont les seuls ennemis à se déplacer via un un événement (les autres ont piscine).
Vous pourrez gagner des runes supplémentaires (notamment multicolores bien utiles) au fur et à mesure, mais vous allez surtout privilégier les caractéristiques où vous êtes naturellement le plus élevées (logique). Et des tests, il n’y en aura pas qu’un, au cours de vos quêtes, vous devrez en réaliser pas mal. Heureusement, si votre groupe comporte un personnage avec une classe spécifique, il vous sera possible de le réussir automatiquement.
Cela me fait dire qu’il est parfois difficile de savoir pour quel nombre de joueurs le jeu a été intialement développé : il est possible de jouer à 2 sans problème (j’ai fait ma campagne en soluo et parfois un ami m’a rejoint) mais le jeu encourage tout de même à être 3 ou 4 par moment.
S’il y a ennemi, il y a bagarre. Vous allez piocher 4 cartes capacités de votre deck et placez 3 runes sur vos capacités. À vous de voir si vous continuez à piocher des runes pour optimiser votre tour. Lorsqu’une capacité est remplie, vous pourrez l’activer pour déclencher son effet (attaque, prédiction, défense, initiative…). En revanche, si vous piochez des runes que vous ne pouvez pas placer, vous devrez les mettre sur un emplacement spécifique de votre plateau. Si vous atteignez le seuil de 5, votre tour se termine. Vous ne pourrez piocher que 3 runes à la fois donc, soyez judicieux dans votre placement. Ce système de « stop ou encore » est très simple et vous encouragera à pousser votre chance jusqu’au bout.
Une fois vos capacités remplies ou non, vous déterminerez quel ennemi cible quel héros. Vous piocherez des cartes attaques et appliquerez le résultat sur le héros en question. Ce sera ensuite à vous d’attaquer.
Si des ennemis sont encore en vies, vous replacerez vos jetons et vous piocherez 4 nouvelles cartes…jusqu’à ce que les ennemis soient défaient.
Une fois la bagarre terminée, si vous êtes sur un lieu, vous pourrez interargir avec ou avec le point d’intérêt indiqué dans le livre de quête pour faire avancer l’histoire.
Et rebelote jusqu’à arriver à la fin de la quête.
Exemple d’un combat contre un mort-vivant, les héros jouent chacun 4 cartes spéficiques pour cette manche
Les Combats : c’est pas l’fun et la Mort, ça va, ça vient
Résumé
Tel que je vous l’ai résumé, vous trouverez sans doute que les combats sont simples à comprendre et effectivement, c’est bien le cas. C’était sans compter leur extrême répétitivé car il n’y a pas d’évolution : du début jusqu’à la fin de la campagne, j’ai toujours fait la même chose.
C’est sans doute là où CMON a eu le plus de mal à se renouveler ou à dû laisser tomber en cours de route. On tire les runes, on les place sur nos cartes, on en retire, les ennemis attaquent, on joue et on recommence…Heureusement que la narration est là pour rattraper le niveau parce que j’aurais arrêté le jeu il y a un bail.
Tel que je le conçois, les combats ont dû être pensés pour être résolu en 1 round ni plus ni moins (sans doute à 3 ou 4 joueurs) mais il y aura forcément des moments où les ennemis résisteront et le tirage aléatoire de vos capacités n’aidera pas : vous ne piochez que de la défense ou de la prédiction, c’est bien mais ça veut dire que vous ne ferez « rien » à ce tour et qu’il faudra attendre le prochain pour espérer piocher vos cartes d’attaques. Le summun est souvent atteint avec les boss qui sont longs à battre car leur point de vie et leur nombre d’attaques dépendent du nombre de joueurs. Le jeu ne va également pas s’adapter au nombre de joueurs, et c’est bien dommage que quoi qu’il arrive, le même nombre d’ennemis apparaîtra sur le plateau.
À ce sujet, j’ai testé 5 des 6 personnages disponibles et il n’y a pas photos : les persos avec l’attaque ou l’initiative restent les meilleurs. Le soin, ne sert à que dalle, la défense reste bien plus intéressante parce que la mort n’est pas une fin en soi. Vous mourrez ? Pô grave, vous réapparaitrez à la manche suivante avec une carte « malus » (facile à enlever) dans votre deck et un peu de moins de points de vie. Cela annule complètement la tension que l’on peut ressentir dans d’autres jeux (comme Descent) où être battu peut devenir vraiment handicapant.
Au final, je suis parfois mort 3-4x lors de quêtes et à un moment, j’ai commencé à zapper cet élement vu qu’il est mal implanter. Pareil pour certains combats (surtout ceux en fin de quête) que je survolais car j’affrontais systématiquement les mêmes trolls et autres morts-vivants.
Parlons donc des ennemis : en terme de figurine et d’adaptation des illustrations de Bonner, c’est rès joli (j’ai pu me faire plaisir en peinture) mais si ça dégoûline dans les autres jeux de CMON ici, on a le strict minimum : 3 boss, 2 bateaux, 6 héros et 4 types d’ennemis, les wargs, les trolls, les minotaures et les squelettes…C’est trop peu et on affronte toujours les mêmes, d’où la lassitude vu qu’on les connait. Evidemment, il y aura des ennemis spéciaux qui seront symbolisés par des jetons mais ça n’aurait rien coûté à CMON d’enlever 2 trolls ou 2 squelettes pour les remplacer par autre chose (d’autant plus que Trudvang a un bestiaire extrêmement riche).
Est ce que ces ennemis n’étaient disponibles qu’en strech goals ? C’est une possibilité vu que j’ai pu reconnaître 3-4 monstres que j’ai pu croiser.
L’évolution des personnages
Résumé
Quand je vous disais en introduction que le jeu était conçu pour un large public, je n’exagérais pas. Pour avoir zieuter rapidement le JDR, les héros augmentent des caractéristiques spécifiques mais il n’y a pas de réel changement. Lorsque vous gagnez 3 xp (souvent en combat ou à l’issue d’une quête), vous pourrez augmenter l’une de vos cartes au niveau 2 puis une fois toutes améliorées, au niveau 3. Mon attaque à la hache passera donc de 3 dégâts à 5 puis à 6, ma défense au bouclier de 2 à 3 avec un petit effet bonus…le strict minimum quoi.
C’est simple, et je dirais même trop d’autant plus qu’on restera avec les mêmes cartes du début jusqu’à la fin. Il y a peu de cartes « uniques » à débloquer. Je n’aurais pas craché sur le fait de spécialiser mes personnages vu que le jeu tourne autour des 4 éléments.
La Narration : on touche la perfection
Résumé
Si j’ai pu critiquer les phases de combats, sachez que je serais beaucoup plus enthousiaste sur le livre narratif et les quêtes.
EXCELLENTS.
LEEEEEROY JEEEENKIIIIINS !!!
Je dois le dire, depuis les quelques années où je fais des jeux narratifs (notamment du Awaken Realms et du Horreur à Arkham), Trudvang est celui qui m’a le plus fait voyagé.
Sur les 20 quêtes (11 principales et 9 secondaires), j’ai dû en faire 16. Dans l’ensemble, aucune ne m’a déçû et c’est une véritable aventure qui s’offre à vous digne du Seigneur des Anneaux.
Votre aventure commence avec la mort de votre mentor que vous voudrez venger. Au fur et à mesure de votre avancée, vous découvrirez qui est le responsable et surtout ce qui ce trame un peu partout dans Trudvang. Chaque quête est très bien narrée via le livret facile à prendre en main, clair et lisible (ça change d’Etherfield). Un gros travail a été fait sur l’ambiance générale, les dialogues et les situations. L’autre bonne idée, ce sont les points d’intérêts cachés sur lequel vous devrez vous rendre pour savoir ce qui vous arrivera dans la suite de l’aventure. Cela débouchera parfois sur des décisions à prendre qui auront un impact sur la quête voir les suivantes.
L’univers de Trudvang se veut un minimum mature et rien ne vous sera épargné lorsque vous aurez pris une décision. Pour avoir fait le test plusieurs fois, il est possible de jouer en tant que salop de première. J’ai personnellement voler un roi (qui est donc devenu un ennemi), laisser une jeune femme se faire sacrifier (je sortais d’un combat difficile, me juger pas !) ou encore sceller un pacte avec une secte.
Ce que j’ai aussi beaucoup apprécié est que des objectifs secondaires peuvent se débloquer au sein même d’une quête. À vous de voir si décidez de les faire ou pas tout en sachant qu’obtenir un objet supplémentaire ou des indices ne peut être que bénéfiques.
À l’issu d’une quête, vous débloquerez un lieu que vous mettrez sous pochette plastique sur le planisphère ou sur l’autre plateau en carton. Les lieux permettront de gagner des runes supplémentaires mais très franchement, je les ai peu utilisés. Non, ce qui est bien, est de gagner des titres qui renforceront vos personnages ou leur accorderont un malus permanent et il y en a pas mal (ce qui revient à me dire que le jeu a été développé pour plus de 2 joueurs).
Et toutes ces quêtes vont crescendo et tout ça, en restant sur un planisphère car le charme a opéré sur moi et m’a véritablement transporté dans Trudvang. Il s’agit de l’argument principal du jeu si vous souhaitez l’acheter.
Mettez vous une bande son du type Dark Souls ou Elden Ring et l’immersion n’en sera que meilleur.
Infos en pagaille et durée de vie
Résumé
Un mode solo existe mais vous vous contenterez d’avoir un personnage « compagnon » en bonus. Mieux vaut opter pour le soluo avec 2 personnages (et si quelqu’un souhaite vous accompagner, il n’y aura aucun problème à ce qu’il vous rejoigne).
Le jeu prend de la place mais est facile à sortir et à ranger (pas de soucis après avoir tout dépunché).
J’ai dû faire un peu moins d’une vingtaine d’heure sur le jeu en finissant l’aventure (comptez 1h/1h30 par quête en moyenne).
Le rapport qualité-prix à mon sens d’une centaines d’euros est bon.
Les strech goals ne valaient pas forcément le coup avec le recul. Je ne vois pas l’intérêt d’avoir mis autant de personnages (on n’est pas dans Massive Darkness pour comparaison). Le plus intéressant restait les figs de monstres.
Conclusion et pour qui ?
Résumé
Vous l’aurez compris, si je trouve que les combats auraient mérité d’être beaucoup plus soigné, la narration de Trudvang est absolument géniale.
Alors à qui s’adresse le jeu ? Si vous êtes un père de famille avec des enfants qui ont 10 ans voir plus, un joueur expert qui souhaite initier des débutants facilement ou si vous souhaitez juste découvrir le genre, Trudvang Legends est fait pour vous. Vous n’en serez pas déçû (je pense que vous pesterez beaucoup moins que moi sur les combats).
En revanche, si vous êtes comme moi, le jeu serait à faire si vous avez vraiment épuiser le genre.