Je déterre le post, mais la comparaison m’intéresse car c’est spécifiquement mon domaine de compétences (musique type orchestre, films…) et j’utilise la MAO au quotidien. Je ne suis pas forcément d’accord avec ce qui a été dit pour les raisons que j’explique ci-dessous.
La MAO c’est un peu l’équivalent d’un photoshop pour l’illustration, et ça s’est développé grosso modo à la même époque. C’est typiquement un outil qui facilite le processus créatif, rendant accessible ce qui ne l’était pas avant (un groupe de rock comme un orchestre de 110 personnes). C’est aussi un puissant vecteur de création par le design sonore et la modification d’échantillons capturés par exemple.
Cela dit, comme avec photoshop initialement, tout le processus créatif est une suite de décisions humaines. Que l’humain se soit inspiré d’autres musiciens c’est probable, mais il est a mixé toutes ces inspirations à ses propres idées pour produire une oeuvre originale en utilisant des outils. Sous photoshop, l’humain décide d’appliquer tel coup de pinceau ici ou là, en MAO il décide pareil pour chaque note.
La différence que je vois, c’est que le processus est bien moins maîtrisé par l’humain lorsqu’il se repose sur l’IA pour générer un contenu. Certes il y a le prompt et ses itérations, mais tout le processus de génération (et pas de création ici) donne une image sur laquelle on a pas eu la même suite de choix que lorsqu’on crée un œuvre. Et quand on voit tous les choix à faire dans la création d’une oeuvre, aucun prompt et ses itérations ne permet (pour l’instant) une maîtrise équivalente à celle opérée par l’artiste créateur (je ne peux pas dire à Midjourney que je veux telle nuance exacte de couleur sur tel pixel, sur photoshop je prend mon pinceau et basta = j’ai opéré un choix intentionnel).
En revanche l’IA peut être très utile comme un outil complémentaire qui ne remplace pas les choix de l’artiste. Le sélection automatique d’un sujet sur photophop ne choisit pas à ma place quel traitement lui apporter. Pareil en musique : l’interprétation de ma partition par Noteperformer de me dit pas quelle note je dois écrire, elle me fournit juste un retour audio plis convaincant et me gagne du temps.
En musique on est pour l’instant moins menacés pas l’IA, mais ça viendra sûrement. Je me dis que l’orchestral sera à l’abri plus longtemps que l’electro par exemple, qu’une IA aura du mal à générer des musiques si complexes avec une sonorité convaincante. Mais le risque est aussi qu’on devienne moins exigeants, qu’on se satisfasse de musiques générées par IA même si elles ne sont pas de qualité, si ça permet de les avoir pour pas cher.
Enfin je suis assez d’accord avec @irskell sur un point qu’il a évoqué il y a bien longtemps (le commentaire date, je raccroche les wagons un peu tard, jusqu’à la sainte loco peut-être
). A savoir, dans un monde où l’énergie va devenir une ressource très disputée, où les matériaux nécessaires à sa production vont se raréfier, c’est un peu suicidaire de s’en remettre à l’IA sur des sujets aussi secondaires que l’art. (Oui nous les artistes on est secondaire en ça qu’on ne sauve pas des vies et qu’on ne produit pas de nourriture. A la limite on aide à perpétuer l’espèce en faisant passer des bon moments, mais on a peut-être aussi conduit l’humanité à sa perte en faisant ça. Oups. Désolé
).
A mon sens, si on doit utiliser des quantités folles d’énergie avec l’IA, c’est plutôt pour trouver des solutions au problème qui nous menacent (les limites planétaires qu’on dépasse en somme) plutôt que pour essayer de remplacer des artistes qui savent très bien se débrouiller avec leur processus créatif maîtrisé.