Intelligence artificielle et jeu de société

Tellement vrai !
Est-ce que l’IA pourra faire de manière « correcte à première vue » de la musique, des jeux vidéos, des jeux de société (?), de l’art, de la vidéo, des films… je pense que oui.
Est-ce que ça vaudra la créativité et la qualité humaine ? Je pense que non.
Est-ce que ça satisfera le plus grand nombre ? Je pense que oui :frowning:
Quand on voit déjà aujourd’hui ce qu’on peut nous faire manger ou regarder…

Typiquement, c’est l’argument de la « décadence », la seule menace de l’IA n’est pas tant ce qu’elle est intrinsèquement que son utilisation dans notre système actuel. La malbouffe, le fast food est une conséquence de l’accélération qui a été nécessaire pour subvenir à un besoin rapide de nourriture pour le travailleur, pour optimiser, le rendre plus efficient. Si l’IA devient préférée aux humains pour créer des JDS un jour, ce sera pour la même raison, tenter de faire aussi bien, plus vite, et à avec moindre coût.

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Je ne connais pas assez bien tout ça pour avoir une opinion très éclairée, mais j’ai l’impression que pour la musique, la production générale est très structurée et très bien pensée, avec un but mercantile clair (capitaliste pour reprendre les termes du camarade @BierrePourdieu :wink: ). Et donc que dans cette recherche de profit, on utilise l’IA pour réduire les coûts, bah ça me semble totalement logique. Je titille Bierre mais en vrai, je suis complètement d’accord, c’est la logique capitaliste. Par exemple, je trouve incroyable que les gens acceptent l’autotune perceptible, la « voix de robot ». Mais ça plaît et il est donc parfaitement logique que ça soit utilisé. Je ne suis pas convaincu qu’on observe une perte de qualité, d’ailleurs. On aura toujours la même merde.

Pour revenir sur le caractère impressionnant ou pas du truc, il faut voir que c’est avant tout une sorte d’expérience. Le site, les vidéos, les paroles, la musique, tout ça été torché le plus vite possible avec des outils standards. Et c’est ce qui est le plus impressionnant. Ça me fait penser aux premières itérations de stable diffusion ou autre. C’était impressionnant mais pourri. Et deux ans plus tard, c’est absolument dingue de qualité.

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Ce n’est pas comparable à mon sens. Les outils MAO ou logiciels de dessin font toujours appel en grande partie à une intervention humaine. Avec l’IA c’est n’est plus forcément le cas dans les même proportions. Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’à l’heure actuelle on est sur une puissance de travail et rapidité d’exécution sans commune mesure avec les outils de génération précédente, et ça ne fait qu’augmenter de manière exponentielle. Difficile alors de prévoir des impacts équivalents à ceux de la génération précédente d’outils.

Jusqu’à présent ces outils on fait appel à une quantité significative de compétences/connaissance musicales (ou picturales, sculpturales, littéraires, linguistiques…) pour maintenir une certaine sophistication dans la création. Mais l’IA risque de rendre inutiles ces compétences, au profit d’autres certes, mais sans forcément de lien avec le domaine artistique souhaité. Faire des prompts efficaces, ce n’est pas comme écrire une symphonie ou peindre un tableau, d’où la perte dont je parle.

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Ça c’est le haut de l’iceberg, ceux qui brassent le plus d’argent. En dessous il y a tout un écosystème de passionnés qui ne font pas ça pour l’argent, qui galèrent à avoir du financement pour leurs projets, car les gros poissons ont la plus grande part. Un fonctionnement capitaliste en somme. Et dans ces gros poissons, il y a en effet beaucoup de musique commerciale « moins sophistiquée » faite pour le profit, qui prend beaucoup de place et invisibilise tous les petits poissons et leurs créations « plus sophistiquées ». Avec les IA ça risque de décupler ce fonctionnement, les gros poissons ayant plus facilement accès à l’outil qui leur permettra d’encore plus inonder l’espace avec du contenu peu qualitatif.

Quand à l’autotune, utilisé par choix artistique d’un telle sonorité je respecte, pour corriger abusivement des voix fausse je trouve ça plus triste. Mais tu as raison, ça plaît donc pourquoi s’en priver ?

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oui, mais chantée par des machines ça me choque moins.

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Je vais faire un peu dans la caricature en reformulant ce que tu dis (si j’ai bien compris), mais j’ai quand même l’impression qu’on a une grosse production qui obéit à une logique marchande sans aucune volonté artistique et autour, les franges, qui cherchent certes à gagner leur vies, mais disons avec moins de concession sur la création. Et donc la démarche des premiers devrait plutôt être de réduire leur coûts pour produire toujours la même daube avec de l’IA. Les seconds pourraient au contraire inclure de l’IA dans leur démarche artistique.

Ça rejoint un article très intéressant que j’ai lu sur ces enjeux dans la génération de texte : https://www.euppublishing.com/doi/full/10.3366/count.2022.0270 Le titre fout la trouille (The Paradox of Anthroponormative Restriction: Artistic Artificial Intelligence and Literary Writing) mais c’est beaucoup plus accessible que ça en a l’air (je pense que j’ai compris le message et mon niveau en théorie de l’art et en philo est très nul).

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C’est effectivement un produit impressionant.

Pas franchement d’émotions par contre mais ca s’écoute (et c’est plutôt au dessus de pas mal de m. pire au top 50…).

Bien reformulé, et je précise que l’IA pourrait être utilisée créativement pour trouver de nouvelles textures, de nouvelles sonorités, dans une logique exploratoire et non productiviste et rentabiliste.
Il faudra que je prenne le temps de lire l’article que tu as partagé, après tout :

Connaissant moins le milieu des jeux de société que la musique, j’ai plus de mal à entrevoir une potentielle utilisation positive dans ce domaine (positif/négatif étant bien entendu propre aux intérêts de chacun). Les premiers aperçus qu’on en a concernent surtout l’illustration et on voit déjà les questionnements que cela soulève.

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C’est bien pour ça que je parlais des pratiques et de l’argumentaire autour de la perte de connaissances ou compétences qui me semble toujours correspondre à une forme de panique morale. Par contre, là ou je te suis c’est que l’IA viendra probablement concurrencer les ingés son notamment, ou en tout cas une partie de leur travail et pourquoi pas certains musiciens qui vivent de leur art.

Mais à ce moment là je le rappelle dans mon message, les artistes sont menacés du point de vue de l’emploi, mais les connaissances, qu’elles soient « picturales, sculpturales, littéraires et linguistiques » comme tu dis, ne sont pas menacées et sont et seront toujours étudiées en université notamment (sauf si on continue de tuer l’université publique), mais également chez des passionnés. Là encore c’est un problème politique, pas tant de l’outil en tant que tel. Défendons l’éducation, qu’elle soit universitaire ou populaire pour éviter justement que le savoir ne devienne l’apanage que de « prompteurs » professionnels.

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En plus même des musiques qui font beaucoup moins recettes maintenant comme le Punk ou certaines formes de Rock, restent très actives sur des petites scènes. À Paris il y a un grand retour des bars rock, punk et post-punk, notamment sous l’impulsion de labels spécialisés comme Born Bad et d’un bar comme Supersonic. Au lieu d’aller voir le soi-disant Rock en Seine (bon, la programmation de cette année contient quand même un peu de rock), on peut aller au festival Bloc party de Supersonic : c’est moins cher, on y voit que des groupes qui ont au plus un album (et on les voit de près !), il y a une super ambiance et on se balade de bars en bars à Bastille. Je ne vois pas trop ces productions être concurrencées par l’IA, surtout que l’intérêt est de les voir sur scène et de les soutenir en achetant leur merchandising. Je parle de rock et punk parce que je connais bien, mais j’imagine qu’il y a une scène rap équivalente, sans parler de la house.

Par contre, la survie de l’université…

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On peut par contre beaucoup plus plaindre certains compositeurs en auto-entreprise qui vendent leur création pour du marketing sonore, parce que ça existe également et qui vont devoir mettre la clé sous la porte. Il y a pas mal de boulots invisibles qui vont probablement disparaître dans la compo sonore, sans que ce soit à proprement parler des « artistes », bien qu’on puisse me reprendre sur ce point, j’entends.

Pour continuer sur ça on peut également penser aux autrices et auteurs qui font de la petite écriture pour des youtubers, ou même qui bossent pour des journaux (je parle un peu de moi) et qui disposent d’une expertise proche du travail d’écriture d’un scénariste (toute proportion gardée) et qui se verront sans trop de soucis dégagés par les IA d’ici quelques années pour ce type de tâches.

Mais clairement, pour en revenir à la musique, compliqué pour moi de venir concurrencer la performance scénique, que ce soit pour un groupe de rock ou même un producteur de musique électronique.

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Plusieurs choses ici, et je vais prendre mon exemple pour illustrer mon propos. Je force un peu le trait mais je ne pense pas être un exemple isolé.

Ingénieur de formation, j’ai été formé aux eurocodes (calcul de structures). Finalement j’ai finis dans l’agencement intérieur, et je n’ai jamais réutilisé les eurocodes. Et ce n’est pas en musique maintenant que je vais les utiliser. J’ai progressivement perdu ces connaissances, par manque de pratique et de besoin. Si demain je dois repartir dans le bâtiment, je ne pourrai plus compter dessus. Ou alors je dois repartir étudier.
C’est un phénomène que l’IA pourra déclencher même chez ceux qui sont restés dans leur domaine. Ils auront aquis des compétences en formation, mais par manque de pratique au quotidien parce que plus besoin avec l’IA, ils perdront ces compétences.

Contre exemple, les passionnés qui comme tu le souligne continueront à pratiquer, par passion.

L’enseignement universitaire est très important, on est d’accord, mais n’apporte qu’une partie des compétences. Par la pratique on les améliore et on les diversifie.

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Tu parles là de connaissances très spécifiques, et qui comportent une part de technique, malheureusement je ne suis pas pro là dedans donc je ne vais pas pouvoir donner d’exemples concrets, mais je pense qu’il y a une différence entre abandonner une technique moins efficiente qu’une autre, ou qui s’automatise, et perdre des connaissances dans des champs entiers tels que la littérature, les arts etc… Je pense qu’il faut quand même garder le sens des proportions.

Si l’IA menace belle et bien certains pans techniques de beaucoup de métiers, ces connaissances restent utilitaires et probablement de moindre importance que beaucoup d’autres. Par exemple, l’IA ne sera probablement jamais en mesure de remplacer les chercheurs que ce soit en arts ou sciences humaines par exemple, puisque ces champs là demandent une production de connaissances (surtout pour le deuxième) et d’appréhension d’un terrain.

De toute façon c’est assez cocasse de constater que ce soit le corps de métier qui mette au chomdu les gens, à savoir les ingénieurs, qui finiront par se mettre eux même au chômage. (Je chambre un peu).

Le fait qu’un outil ne soit pas autant maîtrisable qu’un autre ne devrait pas être pris en compte.
Quand tu fais de la photo de studio tu peux régler pas mal de paramètres, dans la nature moins. Pourtant certains photographes sont considérés comme des artistes.
De même pour certaines oeuvres à base de jet de peinture.

Ensuite, il y’a une méconnaissance de l’outil en général. Tu peux ainsi dire à Midjourney que tu veux une nuance de couleur particulière, il faut juste rentrer le code de la couleur plutôt qu’un nom abstrait. ‹ red › te donnera pas mal de rouge potentiels mais ce sera moins le cas si tu mets le code hexadecimal. Ou, au pire, le nom de la ‹ nuance › (que tu ne connais pas mais tu peux utiliser un convertisseur de code hexadecimal à nom genre celui là : #CC00CC color name is Deep Magenta )

Bien d’accord, c’est ce qu’on en fait qui compte. Ma crainte repose sur le fait que chacun ait la capacité de créer en grande quantité et rapidement du contenu qui normalement nécessiterait une bonne maîtrise d’un art et beaucoup de temps à le produire. En plus sur la base du travail d’artistes à l’ancienne qui eux ont les compétences et y passent du temps.

Mais à la base je voulais juste clarifier la différence d’échelle entre le passage à l’art digital (MAO en l’occurrence, mais vrai aussi pour photoshop est consorts) et ce qu’on vit en ce moment avec le passage à l’IA, car illes deux avaient été présenté comme une équivalence dans un post, alors que c’est sans commune mesure à tous niveaux.

Article récent que j’ai trouvé intéressant car n’ayant pas encore lu grand chose sur la question :

L’utilisation de l’IA dans les jeux de société fait un nouveau scandale

J’ai quand même une vive inquiétude pour le métier d’illustrateur. Il est évident que des sociétés dont l’objectif est de faire le max de marge sur leur production seront inévitablement attirées par ce type de production gratuite.

Et en même temps, à titre personnel, pour illustrer une partie de JdR par exemple, quel outil, quoi.

PS : sans oublier le vrai scandale derrière les IA :

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C’est beau l’autocritique par ChatGPT :rofl:

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Ahahahah.