Je viens de m’avaler, en audiobook, les deux trilogies de Joe Abercrombie : La première loi & l’Age de la Folie. J’étais franchement sceptique au début, d’autant plus que sur certains personnages, le lecteur donne parfois l’impression de doubler Stallone.
Mais bon sang, au final, quel plaisir ! J’ai beaucoup aimé cette façon qu’a Abercrombie de mettre en avant des stéréotypes archi caricaturaux de la Fantasy pour ensuite les briser, les remodeler, les améliorer. On se dit que tout est manichéen chez Abercrombie et au final, on referme le bouquin (ou on éteint son lecteur audio, c’est selon) en se disant qu’il a tout salopé, à la façon d’un peintre de figurine qui a rajouté des tonnes de « damage battle » sur son space marine rutilant. Et pourtant, on sympathise sans peine avec des personnages, beaucoup même, et on les déteste aussi, on les insulte parfois.
C’est encore plus flagrant avec l’Age de la folie qui se déroule plusieurs dizaines d’années après, d’autant plus que la trilogie a un côté plus politique plus prononcé que la première.
J’ai fini la dernière ligne en en voulant terriblement à l’auteur de m’avoir autant frustré. Mais en même temps, c’est de la bonne frustration, celle qui me fera me jeter sur la prochaine trilogie à venir ( parce qu’il n’a pas le droit de ne pas en faire une nouvelle et de me laisser comme ca !)
J’ai la première trilogie dans ma liste de lecture de cette année. Je dois finir l’intégrale des archives de roshar en vo avant. On se retrouve dans 6000 pages…
'Scusez moi, je vais faire redescendre un peu le niveau : je viens de terminer (un peu péniblement, je dois l’avouer) Orbite, de Patricia Cornwell.
C’est la suite directe de Quantum, que j’avais lu cet été en vacances parce que le supermarché où j’avais voulu m’acheter un bouquin n’était pas très bien achalandé.
C’est très différent de ce qu’elle a fait par ailleurs, notamment au niveau du rythme, et dans cette seconde partie l’histoire prend une tournure que j’ai trouvée très déroutante, suffisamment pour m’intriguer et me donner envie de continuer, mais sans me convaincre totalement.
En 2024 j’ai lu une cinquantaine de romans mais je n’ai pas fait d’aussi bonnes pioches qu’en 2023. Il faut dire que j’avais lu notamment Anatèm, la trilogie de N.K. Jemisin dont on parle au dessus, fils des brumes et la trilogie Rosewater de Tade Thompson, difficile de taper aussi haut.
Dans les trucs qui m’ont marqués en bien sur 2024 :
la trilogie de Claire North (Le Serpent etc. merci @Derfel et @mkoll59)
la trilogie Greg Mandel de Peter Hamilton (enfin les deux premiers, je n’ai pas encore lu le troisième) : de la SF bien fichue dans une Angleterre post-réchauffement climatique dans laquelle les conservateurs ont enfin repris le pouvoir après des années d’une dictature d’extrême gauche. Très grinçant par moment.
J’ai été surpris en bien par des œuvres de commande (Horreur à Akham et Warhammer 40k), comme quoi mes préjugés sur ce type de romans m’ont peut être fait passer à côté de choses sympas.
J’ai lu aussi pas mal de John Scalzi en commençant par Redshirts dont on a parlé aussi au dessus. Ça se lit vite, c’est parfois assez marrant (par exemple La société protectrice des kaijus), mais c’est aussi très facile : beaucoup de dialogues, souvent des récits à la première personne, etc. Ça détend comme une série netflix, mais c’est quand même assez moyen. Même le Vieil Homme et la Guerre qui très bien critiqué reste basique et en plus outrageusement pompé sur Étoiles, garde-à-vous ! (starship troopers). On pourrait presque le voir comme une version gauchisante de sa très droitière inspiration.
Pas mal de déceptions sinon :
la deuxième saison, si je puis dire, de Fils-des-brumes, c’est tout de même long et poussif. Je n’ai lu que deux volumes de la tetralogie, ça ne me donne pas trop envie de continuer
La trilogie Carbone modifié que j’ai déjà pas mal évoquée au dessus. Il y a de très bonnes choses, mais c’est aussi décevant de ne pas explorer plus un tel univers (et de ne pas pouvoir se passer de porno et d’ultra-violence)
Le pistolero quel ennui et quelle prétention dans l’écriture. J’ai persévéré sur les conseils nombreux ici et les trois cartes m’a bien plus. À voir si je continue la série
la trilogie L’enjomineur de Bordage contient du très très bien (l’aspect roman historique autour de la révolution et des guerres de Vendée) mais l’histoire principale (le côté fantastique du truc) est assez médiocre à mon avis. Dommage parce qu’il y a un travail incroyable sur les patois vendéens, par exemple. Ça se lit mais c’est longuet.
Wayward Pines : excellent début puis ça sombre à mon avis dans la facilité, même si la toute fin est bien fichue.
de la SF classique Tau Zéro et La cité des permutants : mouais, bof.
La palme de la détestation cette année pour Trop semblable à l’éclair de d’Ada Palmer. Je pourrais en faire des pages, mais je vais faire simple : ça pue de prétention et d’obsessions malsaines (la torture comme moyen de faire émerger des leaders, les bordels sadomasos comme lieux « d’évasion », etc.). L’intrigue tient sur un timbre poste dans un monde en carton pate qui est devenue une utopie (car les gens ne sont plus genrés ) grâce aux voitures volantes. Ouais, rien que ça.
Je suis en train de lire La citadelle de papier de Camille Anssel après avoir lu La cité des larmes et La tour d’enclave du même auteur.
C’est très sympa, ça se lit très vite, les personnages sont attachants et l’intrigue est plutôt bien ficelée.
Petit extrait :
Moi je n’ai pas fait de grandes études d’histoire, mais j’ai quand même appris une vérité essentielle : si tu es le plus fort, il faut écraser l’adversaire. Si tu es le plus faible, c’est plus dur, mais c’est pareil.
Trop semblable à l’éclair, j’ai lu les premiers chapitres il y a qq temps et c’est l’impression que ça m’avais fait.
Hélas, je fais partie d’un prix des lecteurs cette année et c’est le premier livre de la sélection, je vais devoir le lire jusqu’au bout
je me suis lancé dans la série de Ada Palmer en étant pas du tout convaincu, mais j’ai vraiment beaucoup aimé. Il y a des défauts c’est certain, mais lire enfin es trucs originaux et intéressant en terme de science sociale, qui ne répète pas toujours le même schéma de l’homme expansionniste, destructeur, courageux face à l’inconnu, rationnel, militariste ou tous les trucs qu’on retrouve systématiquement, comme une continuation simple de notre système de pensée actuel projeté dans le futur. Ada Palmer ose plein de trucs, tente plein de trucs, tout ne réussi pas mais c’est vraiment frais.
Dans le genre SF ancré à gauche, de tout façon le choix est limité, et autant je n’accroche pas à Damasio, autant j’ai été touché par cette série, malgré ses défauts.
Je t’avoue que dans le premier tome, l’impossibilité de décider quand l’autrice « approuve » la société qu’elle décrit et quand elle la désapprouve m’empêche de classer ça à gauche, à part en ce qui concerne l’effacement du genre (et encore, c’est une frange de la gauche seulement). Parce que Sade et la torture comme horizon utopique, j’ai du mal. Sans parler du ressort sous-jacent de cette utopie que je ne spoile pas.
Sinon l’idée de choix limité à gauche m’échappe un peu dans les productions contemporaines. Il y a même une partie de la droite qui se plaint du caractère « woke » de la SF actuelle (beaucoup on applaudi le Hugo de Cixin Liu pour je cite sans source « enfin un truc sans LGBT »). Quant tu vois que Scalzi est systématiquement nommé pour le Hugo récemment ou encore Kim Robinson, j’ai du mal à accepter l’idée que la SF contemporaine est de droite majoritairement. Sans parler du succès de The Expanse. Avant, oui, sans aucun doute. Après, c’est sûr que l’aspect économique, quand il est abordé, est peut être plus dans l’acceptation du capitalisme que dans sa critique radicale, en tout cas pour des auteurs branchés LGBT plutôt que Marx comme Scalzi. Mais chez Robinson, la critique du capitalisme est très présente.
En 2024 j’ai eu l’occasion de découvrir Laurent Genefort, un auteur de SF français.
Ça a été d’abord Lum’en en livre audio par blynd.
Ici le personnage principal c’est une planète, du coup on en vient à suivre plusieurs groupes d’humains différents au fur et mesure de la colonisation de la planète. Il y presque le même esprit que dans Fondation d’Asimov même si il n’y pas vraiment d’objectif aussi marqué sur le long terme.
Puis ensuite la trilogie Spire. Cette fois c’est le développement d’une compagnie de transport interstellaire. Ce n’est pas autant sur le temps long comme Lum’en, mais suffisamment pour qu’il y ait des changements fréquents des protagonistes.
J’ai terminé Dans les profondeurs du temps de Tchaikovsky, la suite de Dans la toile du temps. C’est sympa mais j’ai trouvé ça nettement moins bien que le premier. On passe d’un récit qui avait une forme très intéressante (le croisement déclin/ascension, la narration très différente pour les deux lignes temporelles qu’on suit) et d’une prémisse très originale, à une reprise partielle de cette prémisse et une narration qui n’innove pas par rapport au premier tome. Ça reste très intelligent, avec une imagination débordante et une réflexion sur l’altérité et la communication fascinante, mais d’un point de vue littéraire, je trouve qu’on retombe dans de la SF qui vaut par son contenu plus que par sa forme. C’est bien hein, si vous avez aimé le premier, n’hésitez pas, mais ça ne sera pas le même choc.