Les batailles médiévales - La réalité et la fiction

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Honnêtement dans agot c’est pas les batailles le pire. Et dans le médiéval, les batailles n’étaient pas aussi mortelles qu’Hollywood ou Netflix nous le laissent entendre via leurs productions medfan.
Et puis dans les jeux tirés de ces univers c’est rarement des mécaniques autour du sadisme des Bolton quand même :sweat_smile:

En fait, la recherche, médicale, notamment, tend à prouver que si !

https://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_2000_num_19_39_1498

P.114, où l’on parle des blessés agonisant sur les champs de bataille.
P. 135 : « les combats étaient infiniment plus meurtriers au Moyen âge qu’on ne le pense habituellement. »

Ça, c’est pour la légende des armures hyper contraignantes…

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Je réactualiserai mes connaissances alors mais dans tous mes livres d’histoire médiévale, ils mettaient l’accent sur le fait que le nombre de morts était bien moindre que ce sur l’on pense. Déjà parce que les engagements étaient de moindre envergure que ce que l’on nous montre et parce tuer des hommes c’était pas une fin en soi (bon surtout si ce sont des princes de sang qui se monnaient en rançon)

La létalité du feu apparue fin XIXe a été une révolution telle que les massacres lors de batailles à surpris les contemporains (la stupéfaction de Dunant et sa Croix Rouge c’est Solferino sous Napoléon III si je dis pas de conneries) même si les guerres napoléoniennes ont déjà marqué les esprits mais davantage par l’ampleur des masses engagées que par la létalité des engagements.

Alors au Moyen Âge c’était encore moins létal. Même si les conséquences périphériques, maladies, blessures, famines dues aux destructions des guerres, faisaient elles beaucoup plus de victimes.

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Pas déplacé pour le flood mais pour donner sa chance au sujet (désolé pour la première photo, misclick)

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Ça m’a bien fait rire en tout cas !

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Alors « peu létal » concernant la noblesse c’est certain, c’était très mal vu de tuer les nobles d’en face, et en plus c’était une assurance de rançon que de les garder en vie. La piétaille c’était autre chose. C’est d’ailleurs pour cela que la bataille d’Azincourt a été marquante pour la noblesse française, car pour le coup, on a pas chercher à capturer les nobles français.

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Français et des autres duchés et comtés qui comptaient. Mais oui Azincourt ça a marqué les esprits. Bon après c’est en partie de la faute des barons qui ont été bien stupides.

D’ailleurs je me demande si ce n’est pas lors d’Azincourt qu’il y a eu le duc de Bavière ou d’une autre région allemande qui vieux et aveugle a chargé guidé de son écuyer. Bizarrement ça a mal tourné pour lui…

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La mortalité des batailles était clairement dependente de la taille de l’engagement, logique. Hors un paquet d’affrontements médiévaux étaient de très petite ampleur. On n’était pas sur des engagements de dizaines voire centaines de milliers d’hommes comme au 19e.

Si vous voulez des infos sur les batailles historiques, je vous conseille la chaîne Youtube sur le champ (pas mal de Napoléon, mais pas que).
https://youtube.com/c/Surlechamp

Histoire appliquée aussi.
https://youtube.com/c/HistoireAppliquée

Après si vous aimez l’anglais, Shadiversity, Skallagrim, Knyght errant … Entre autres, font de super vidéos.

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Sur le champ :heart_eyes:
J’ai trouvé qu’il n’y avait pas trop de Napoléon justement. Sa série sur les Vikings est chouette.

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faisaient pas trop semblant hein.
Quand on taille a coup de ferraille, ca abime.

Combat des Trente — Wikipédia (wikipedia.org)

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En fait, au début, si. Mais au bout de quelques heures, quand t’en as capturé tellement que t’as plus assez de monde pour les surveiller, au point qu’ils deviennent une menace pour toi, ben tu sors les dagues et …

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Super intéressantes les vidéos de sur le champ merci pour la découverte :slight_smile:

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Il faut se méfier des sources médiévales telles que les chroniques, surtout nationales. Ce n’est pas la vraisemblance qu’elles recherchent, mais l’édification. Il s’agit de mettre en avant la force d’un roi, sa capacité à mobiliser un nombre important de soldats, de monter en épingle des batailles qui deviennent quasiment des ordalies, où le vainqueur a bénéficié de l’aide de Dieu car il était le plus noble, le plus courageux… et où le vaincu a péché par ses fautes. Alors, grossir les forces de l’adversaire, c’est mettre en avant la puissance de celui qui a réussi à le vaincre. La bataille de Bouvines en est un bon exemple, notamment lorsque le roi s’engage, guidé par une sainte colère, dans la mêlée, à tel point qu’il risque sa vie. Bataille de Bouvines qui, si l’on en croit les chroniques de Froissard, ressemble à la bataille des 5 armées du Hobbit (armées de Philippe Auguste vs celle de Jean Sans terre, d’Otton IV, de Renaud de Boulogne et de Ferrand de Flandres). La bataille est importante, mais reste une rareté.

D’autre part, certaines chroniques sont réalisées postérieurement aux faits énoncés. Donc, plus personne n’a de véritable idée des forces engagées.

Enfin, les batailles médiévales alignaient peu des armées hollywoodiennes.

  • D’abord parce que le système de recrutement féodal ne permettait pas de compter sur un effectif stable et conséquent, puisque reposant sur le bon vouloir des vassaux, arrière-vassaux… Il y a bien eu les endentures de guerre, notamment en Angleterre, qui, pendant la guerre de Cent ans, exigeaient de ceux qui les avaient signées d’entretenir un certain nombre d’hommes en temps de paix et de fournir un nombre plus conséquent (défini) en temps de guerre. Mais même lorsque les rois, de France notamment, ont tenté de mettre sur pied une armée professionnelle et permanente (les ordonnances de Charles V, puis celles de Charles VII, avec les compagnies d’ordonnances et les francs archers), on ne pouvait pas aligner dans une bataille 100.000 personnes. Une lance était composée de 6 hommes (dont un chevalier, un sergent à pied, un archer à cheval, un coutillier et 2 écuyers), mais tous ne combattaient pas. Globalement, on estime qu’il y avait près de 80.000 archers mobilisables (globalement 1 par paroisse : un homme du peuple qui pouvait facilement fuir ou faire du butin lors d’une bataille, donc pas sûr : cf bataille de Guinegatte en 1479), et 1700 lances (donc x6 = 10.200 personnes environ), plus les vassaux.

  • ensuite parce qu’aligner une armée suppose une logistique conséquente qui n’était pas encore bien en place au Moyen-âge, même pour les armées royales. Il faut payer les hommes, les nourrir, surtout en cas de siège. Or, même les rois étaient à court d’argent, à tel point qu’Henri V (Anglais) a du payer certains de ses hommes en utilisant des joyaux, faute de monnaie. C’est d’ailleurs ce qui a perdu les Anglais lors de la campagne de Normandie (vers 1450) : alors qu’ils occupent la Normandie depuis des années, ils ont pour ordre de se payer sur la population, ce qui les rend impopulaires. En face, Charles VII parvient à payer régulièrement ses soldats (grâce à un impôt royal : la taille des gens d’armes) et leur interdit de fourrager (c’est à dire de se servir sur la population locale). Privés du soutien anglais, de l’appui de la population, les forces de Somerset sont forcées de capituler devant l’armée française. Si des rois ne peuvent assurer un financement pérenne, que dire des seigneurs plus petits. Rares sont les grands seigneurs qui alignaient des armées conséquentes. Eventuellement les ducs de Bourgogne pendant la guerre de Cent Ans (le duché de Bourgogne et le comté de Flandre ont pu à un moment devenir des proto-royaumes). Ainsi, un siège constitue l’un des engagements militaires les plus importants et les plus risqués car s’inscrivant dans la durée. Il nécessite de nombreux hommes, et donc une logistique importante, car vivre sur le pays n’est pas éternel (les paysans ne sont pas là pour récolter, abrités dans le château ou ayant fui). Les sièges ne sont pas tous victorieux.

  • en conséquence, engager des forts contingents est impossible. Ainsi, la guerre de Cent Ans est surtout une guerre de chevauchées, c’est à dire une campagne itinérante en territoire ennemi, émaillée de petites batailles, entrecoupées de trêves. Rares sont les grands engagements tels que Crécy, Poitiers ou Azincourt, qui arrivent généralement à la fin d’une chevauchée. Les chevauchées ont pour objectif de semer le trouble, paralyser l’économie, rançonner, et surtout montrer que l’adversaire est incapable de défendre ses sujets.

  • De plus, personne ne peut compter sur un effectif stable : entre les vassaux qui viennent presque quand ils le désirent, et qui repartent une fois leur service effectué, même si la guerre n’est pas finie, les hommes (paysans, mercenaires…) qui désertent s’ils ne sont pas payés (cf grandes compagnies et écorcheurs pendant la guerre de Cent ans), il devient donc difficile de planifier/mener de grandes batailles.

J’ai pris l’exemple de la guerre de Cent ans car c’est à cette époque que les armées se renforcent et commencent à se structurer pour devenir permanentes (endentures de guerre, franches compagnies, compagnies d’ordonnances), et que les royaumes se renforcent (pouvoir central, impôts royaux…), ce qui leur permet de mieux contrôler leur territoire et les ressources fiscales qui les accompagnent. Avant, les théâtres de conflit sont plus restreints (à la fois en durée et en temps, croisades mises à part). Après, les armées sont plus nombreuses, mais parce qu’elles concernent des soldats professionnels et plus des seigneurs. Les armées engagées à Pavie ou à Marignan sont en effet plus nombreuses, mais ce n’est plus la même époque.

En revanche, au niveau individuel, les batailles sont sanglantes : un seigneur est protégé par le fait d’être rançonnable, pas les soldats (qui sont bien souvent des paysans enrôlés pour l’occasion), qui ne sont pas épargnés (même les mercenaires : cf les arbalétriers gênois massacrés par la charge des chevaliers français, pourtant dans la même armée !). Par ailleurs, certaines batailles qui voient l’affrontement d’armées de nobles contre des milices urbaines ou suisses (Courtrai, Sempach par exemple) sont plus violentes, car les deux camps combattent différemment (recherche de la prouesse personnelle, charge, du côté des seigneurs/combat en « phalange », solidaire pour les autres). Lors de la bataille de Sempach en 1386 par exemple, des familles de nobles ont été décimées, ce qui a valu aux Suisses une solide réputation d’inflexibilité. Même constat lors des batailles de Crécy ou d’Azincourt : les chevaliers français chargent l’armée anglaise qui comprend des chevaliers, des sergents à pieds, mais aussi des archers venus des paroisses anglaises (avec leur long bow) dont la technique de tir a fait des ravages (sans compter la nature du terrain et le fanatisme des chevaliers).

Les armes à feu, qui apparaissent pendant la guerre de cent ans, changent aussi le rapport à la violence. elles sont utilisées contre les fortifications, mais aussi durant certaines batailles, comme celle de Castillon qui voit la fine fleur de la chevalerie anglaise charger les canons français, comme les chevaliers français ont chargé les archers à Azincourt.

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  1. wow ! :heart:
  2. C’est par passion ? ou tu es historien ? ou les deux ? :slight_smile:
  3. Pour ceux qui sauraient, je voudrais maintenant la liste des jeux existants ou à venir qui correspondent aux exemples et aux époques mentionnés, merci. :grin:
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Merci pour le partage et le cours d’histoire, c’est très intéressant :slight_smile:

Moi ça me fait penser à l’excellent jeu vidéo Crusader Kings (le 3 est le plus récent) qui retranscrit bcp les mécaniques historiques, avec la création d’une lignée qui doit perdurer au gré des guerres, trahison, etc…

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Voilà ! C’est ce genre de post que j’aime sur ce forum !

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Finalement, peste mise à part, la guerre de cent Ans fut davantage une hécatombe pour ses chevauchées que pour ses batailles rangées.

J’aime beaucoup l’argument du « montrer que tel seigneur est incapable de protéger ses sujets ». C’est finalement souvent l’un des biais qui deligitime une dynastie ou une souveraineté. L’un des arguments sur l’apparition de la féodalité, la vassalisation et la fin de l’Empire carolingien serait le chaos provoqué par les Vikings que le pouvoir centralisé carolingien aurait su juguler. Proteger ses sujets, même (surtout) lorsque ce sont des paysans, ça reste une source de légitimité du pouvoir.

Joli post, bel exposé qui couvre pas mal de points.

Histoire appliquée c’étais pas mal au début mais la il part trop dans le The Witcher et truc annexes.
Je préfère largement Sur le champs

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