C’est tout à fait ton droit, et il y a maintenant suffisamment de jeux disponibles pour que tu puisses jouer sans le faire, pas de problème.
Cette conversation m’a fait réfléchir à ce qu’il y a dans ma ludothèque et ça m’a fait penser à deux de mes jeux : Négociateur : Prise d’otages et Tomorrow.
Dans le premier tu joues un flic, donc un « gentil ». L’antagoniste est le « méchant ».
Parfois, c’est juste un gros méchant, un terroriste ou braqueur de banques.
Parfois, c’est un gars qu’a pété un plomb parce que son fils n’a pas pu être soigné à l’hôpital.
Mais toi tu restes le gentil.
Sauf que je m’étais fait la réflexion que parfois, il pouvait être dans ton intérêt, à cause des mécaniques du jeu, de laisser mourir un ou deux otages, pour qu’il soit plus facile de libérer les autres.
Le fameux « sacrifice the few to save the many » cher à Jack Bauer
Ça donne déjà un peu à gamberger je trouve.
Dans le second… je vous laisse lire la note d’intention de l’auteur :
L’idée d’un futur apocalyptique a été un fil conducteur de ma vie d’adulte.
Arrivé à l’âge adulte au début et au milieu des années 90, l’idée que l’an 2000 entraînerait la fin du monde était un mème culturel populaire. Peu de temps après que nous ayons tous, comme on pouvait s’y attendre survécu, le 11 septembre est arrivé. Il a été rapidement suivi par la peur des maladies biologiques et par une peur générale et une paranoïa dans mon pays, les États-Unis, des dangers du terrorisme intérieur auxquels nous sommes confrontés. Sans oublier, les armes nucléaires dans les mains des Iraniens et des Nord-Coréens ainsi que des armes biologiques dans les mains de tout le monde.
Alors que l’hystérie se calmait, un nouveau thème a émergé : celui de la destruction de la planète. Le réchauffement climatique est la plus popularisée de ces théories, mais les messages que nous recevons de la science et des médias créent la peur à chaque instant.
L’effondrement des réserves d’eau douce. L’épuisement et la destruction des océans. L’élimination de la couche d’ozone. Parmi tant d’autres. L’idée que nous serons bientôt les auteurs de notre propre disparition - ou du moins que nous changerons radicalement le monde d’une manière qui le rendra méconnaissable et entraînera la destruction d’une partie d’entre nous - est un sous-entendu de beaucoup trop de médias modernes.
A un moment donné, j’ai pris du recul et je me suis demandé : si le problème, c’est nous, si une ou plusieurs de ces théories sont justes et que nous sommes trop nombreux, à conduire trop de voitures,
et consommant de manière si évidente, comment allons-nous empêcher cela de se produire ?
Je suis profondément pessimiste quant à notre capacité à changer les comportements jusqu’à ce qu’il soit trop tard, je suis donc convaincu que nous ne changerons pas nos modes de vie à temps pour faire la différence. En fin de compte, dans quelles mains la préservation de notre espèce va-t-elle tomber ? Les gouvernements qui ont le contrôle et le pouvoir.
Bien qu’une dé-population massive, sanctionnée par le gouvernement soit une issue hautement improbable,
le fait que cela semble logiquement une possibilité a été une prise de conscience effrayante.
Tomorrow est le partage de cette prise de conscience.
Bien que je ne prétende pas savoir si le réchauffement climatique ou toutes ces autres théories qui annoncent le malheur sont exactes, mon bon sens
suggère fortement que nous sommes en danger. Ce que cela signifie - dans sa forme la plus extrême, comme dépeint dans ce jeu - est profond et important. Le fait même que cela puisse être une possibilité, que nous mangeons, conduisons et nous divertissons alors que ce problème semble s’aggraver, est une réalité déprimante. Bien que je n’aie aucune illusion
que ce jeu va changer le monde, mon espoir est que les gens qui aiment ce jeu et qui gloussent à l’idée d’envoyer des bombes et de répandre des maladies sur les autres joueurs, prennent conscience que le monde dans lequel nous vivons est en train de changer.
https://www.kickstarter.com/projects/cqgames/tomorrow-an-apocalyptic-nightmare
Donc dans ce jeu l’objectif est de faire diminuer la population mondiale. À grands coups de maladies biologiques notamment. Mais sans trop en faire pour ne pas mettre l’humanité (encore plus ?) dans la mouise. Donc faut y aller mollo sur les attaques nucléaires. Mais quand même conquérir aussi ses voisins.
Parce que chaque joueur incarne une puissance mondiale, et que le jeu n’est pas un coop : le but est d’être la puissance qui sera la plus, euh, puissante, à la fin de la partie. Donc éliminer des gens, d’accord, mais plutôt chez les autres.
Ah, et tous les peuples ne se valent pas : cela rapporte plus de zigouiller des américains que des australiens, rapport à l’impact global sur la planète.
Il y a même cette règle optionnelle, qui apparemment dans les premières versions était la règle régulière :
(Si tu penses que tu ne peux pas gagner, tu peux prêter allégeance à un autre joueur et l’aider à gagner.)
Un jeu parfaitement cynique, ça passe ou ça casse.
Je l’ai apporté en soirée jeux il y a quelques mois et on m’en parle encore, de ce « jeu bizarre »