Politique [sujet non modéré, Cwowd et ses modérateurs ne sauraient être tenus pour responsables de ce qui s'écrit ici]

Euh.

Oui, il y a beaucoup de classifications parfois beaucoup plus utiles que celle de la cladistique au quotidien (« légume », « poisson ») ou pour d’autres champs disciplinaires tels que la symbolique, l’héraldique, etc.

MAIS

Ça n’est absolument pas un argument pouvant de quelque manière que ce soit suggérer que la taxonimie biologique contemporaine est arbitraire. Son cadre conceptuel est tout sauf arbitraire, puisqu’il est explicite, explicatif, prédictif et supporté par des données internes et externes à son champ.

[Ça ne veut pas dire que la classification biologique est supérieure aux autres descriptions / interprétation des objets auxquels elle s’intéresse. On peut j’imagine s’accorder sur le fait qu’elle est « meilleure » pour la biologie (e.g. études de biodiversité) mais totalement inopérante dans d’autres champs (chez le poissonnier) ou non-pertinente (e.g. pour étudier des constructions culturelles qui lui antérieures ou étrangères)]

Tu prends toujours l’exemple qui t’arrange. Effectivement pour les sciences « formelles » c’est peut être moins le cas. J’attends que tu me démontres cependant que la photosynthèse fonctionne différemment selon le regard que l’on porte sur ce phénomène.

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Tiens, faudrait que je me documente, j’avais appris dans mes études qu’on ne savait pas comment ça marche justement (à l’échelle moléculaire au niveau de la chlorophylle).

C’est pas que ce qu’on appelle « photosynthèse » fonctionne différemment en fonction d’un regard. C’est que les signes émis par qui observe et interprète la « photosynthèse » pourraient être différents, tout en constatant un même phénomène. Et ça, ben ça dépend du contexte d’observation, et il peut être par exemple culturel.

C’est comme en sciences sociales. Le fait qu’on fasse de grands ensembles qui produisent des « classes sociales » vient du fait qu’on peut objectiver que des comportements se retrouvent et se reproduisent entre des familles, par exemple, qui ne se côtoient pas, mais qui pourtant partagent certaines valeurs similaires, regardent les même programmes télés, et ont développées des stratégies sociales similaires. On les regroupe en « classe ». Mais tout ça pourrait être interprété, sans parler de classes sociale ou de bourgeoisie par exemple, en y mettant d’autres « signes » derrière.

Oui je suis d’accord avec ça !

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Pourrais tu me donner un exemple où le contexte d’observation culturel pourrait faire en sorte de donner une interprétation différente de celle qui fait consensus sur la photosynthèse à savoir que c’est « le processus bioénergétique qui permet à des organismes de biosynthétiser de la matière organique en utilisant l’énergie lumineuse, l’eau et le dioxyde de carbone. » ?

Dans des populations qui observent le phénomène mais ne l’interprètent pas de la façon dont la science occidentale le fait ? Donc ça fait probablement beaucoup de monde.

Ok mais est-ce que cela change le phénomène physique en question? Ou il y a bien quelque chose d’immuable, indépendamment des personnes qui l’observent, qui s’appelle photosynthèse ? (Indépendamment du fait qu’ils aient les mêmes mots ou non pour décrire ce phénomène).
En d’autres terme est-ce que tu nies que l’objet précède et existe indépendamment des interprétations que l’on peut en faire ou « l’objet » la photosynthèse, n’existe que parce qu’il y a des gens pour le penser?

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L’objet existe, mais sa traduction et la compréhension de son mécanisme ne sont le fait que de perceptions humaines qui tendent à lui donner sens. Un sens scientifique pour qui prétend faire des sciences, mais aussi également d’autres interprétations plus vernaculaires. La compréhension de la photosynthèse par les humains n’a pas attendu sa formalisation scientifique pour saisir son utilité, Aristote en parlait déjà.

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Il y a donc bien une « vérité pure et parfaite » à déceler (qu’on l’appelle photosynthèse ou autre selon les époques ou les cultures).

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La description de la photosynthèse reste probablement très partielle et partiale. Et la vérité pure et parfaite impliquerait que les humains aient une perception qui dépasse probablement leurs capacités. On a inventé tout un tas d’outils pour, mais de là à en saisir le sens au delà de son fonctionnement « visible », bon courage.

Partielle oui, jusqu’à ce qu’on fasse d’autres progrès et découvertes (au niveau moléculaire comme l’évoquait par exemple fabericus) mais pourquoi partiale?

On parle de la description et de l’explication scientifique de phénomènes physiques observables, pas de savoir pourquoi « Dieu » a doté les plantes de la photosynthèse….ou de tout autre « sens » caché au delà de « son fonctionnement visible »…
Même si je suis sûr qu’il doit y avoir des théories pour expliquer l’existence de la photosynthèse chez les plantes. (Mais bon encore une fois je ne suis pas un spécialiste).

Parce que l’histoire des sciences est faite de partialités, de choix « politiques » puisque produite par des humains. Le choix d’inventer des races humaines en partant du principe qu’une taxonomie étendue à tout et n’importe quoi était suffisamment « scientificisante » et « objective » pour y faire entrer l’humain dans toute sa diversité a posé de graves problèmes. Mais pour en rester à d’autres partialités, on en reste parfois à des paradigmes parce qu’ils sont suffisamment confortables pour une époque précise ou pour des valeurs précises, par exemple la théorie de l’héliocentrisme qui a eu, comme tu le sais certainement beaucoup de mal à s’imposer. Et d’ailleurs l’héliocentrisme a ensuite, eu des critiques, beaucoup plus tard, notamment sur sa perception anthropocentrée de l’univers.

En France, certainement. Pour ce que j’en sais, ce n’est pas une vérité ailleurs; et en tout cas certainement pas aussi centrale. Nettement plus débattu en A1llemagne il me semble. Et très peu utilisé dans la recherche américaine qui préfère généralement des approches différentes. Et je ne pense pas que même là où le concept est « acquis », il existe une théorie des classes sociales qui fasse consensus (c’est peut-être le cas ? Je ne me suis pas intéressé à la question depuis un -bon- moment…)

Ben oui mais c’est pas parce qu’on se trompe que tout ce qu’on découvre scientifiquement aujourd’hui est condamné à être démenti comme faux dans le futur. C’est une vision pessimiste et relativiste qui n’est pas du tout mobilisatrice: « De toute façon les hommes se sont trompés par le passé donc il ne sert à rien de continuer à chercher car tout ce qu’on pourra trouver, tout paradigme que l’on pourra constituer est condamné par avance à être désavoué dans le futur. »
Peut être que ça sera le cas pour certains, qui nous forceront à revoir nos jugements à l’aide de nouveaux outils et découvertes mais pas forcément pour d’autres.

C’est très difficile de se cantonner à différencier « nationalement » les théories sociologiques aujourd’hui. Bourdieu a fait florès ailleurs qu’en France, l’école de Chicago a fait ses petits aussi en Europe, et l’école de Francfort en Allemagne, très marxisante, parle de classes sociales. Mais le fait est que même quand on lit de la socio américaine des années 60, par exemple Erving Goffman, : ce dernier parle de stigmates et de masques sociaux, il stratifie nécessairement la société. Quand il fait le choix de s’intéresser aux marginaux il marque bien leur appartenance à des marges sociales, donc même si il ne parle pas stricto-sensu de classe sociale, il en dessine ses formes.

Ou est ce que tu as lu ça ? Je ne crois pas en une science positiviste. Par contre cumuler des savoirs, c’est avoir le luxe de pouvoir prendre du recul sur ces derniers.

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Je crois que la question est plutôt : es tu matérialiste ?

Par ailleurs, il me semble quele point de vue quand même très relativiste que tu utilises souvent revient un peu à la même chose que la quedtion des qualia. Et tout de même, force est de constater que quand bien même, nous arrivons à mesurer les mêmes choses indépendamment de nos individualités et de nos cultures. L’hypothèse (radicale) qu’il existe un univers physique (au moins suffisamment approximativement pour qu’à nos échelles ça larche) objectif semble vérifiée. Non ?

[Edit : Ce qui ne remet pas en cause le fait que ce qu’on choisi de mesurer (ou d’étudier de manière quali) est ultra biaisé, encore plus avec les financements sur projet d’ailleurs hein. Bref : le post-positivisme je trouve que c’est une approche plutôt sensée, et surtout opérante pour continuer à « rechercher »]

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C’est vrai que ses positions ressemblent à l’idéalisme. Au sens philosophique du terme.
Ironiquement, Bierre mentionnait il y a quelques jours, sur un autre sujet, Bertrand Russell qui a formulé une critique qui, je trouve, s’applique à ses propos tels que je les ai compris:

En Angleterre, le philosophe et logicien Bertrand Russell contribue au début du xxe siècle au déclin de l’idéalisme britannique ainsi qu’à l’émergence de la philosophie analytique par toute une série de critiques adressées aussi bien à l’idéalisme subjectif ou transcendantal qu’à l’idéalisme de type hégélien. Il met en avant entre autres l’argument de la régression à l’infini contre l’idée que l’existence des choses dépendrait du sujet connaissant en vertu d’une relation épistémique qui l’unirait à l’objet connu. Dans une telle perspective en effet, l’existence du sujet en question semble elle-même devoir être placée sous la dépendance d’un autre sujet connaissant pour pouvoir être établie, sujet dont l’existence dépend elle-même de l’existence d’un autre sujet connaissant, et ainsi de suite.

Je n’ai pas le temps de répondre plus que ça, mais le relativisme scientifique est à l’opposé de l’idealisme, puisqu’il part du principe que la production de la science est liée à un contexte socio-historique (donc matériel) et ne fait sens que dans ce cadre précis.

L’idéalisme est plutôt du côté de ceux qui pensent que les sciences font des découvertes vis à vis d’un monde à découvrir (on est proche d’une vision déiste) en expliquant par exemple que les maths sont une découverte plutot qu’un langage, alors que moi au contraire je pense que les humains produisent des signes et du sens pour traduire des observations qui certes existent en tant que phénomène malgré eux mais qui finalement n’existent qu’à travers eux.

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