Politique [sujet non modéré, Cwowd et ses modérateurs ne sauraient être tenus pour responsables de ce qui s'écrit ici]

Euh… y a pas que LFI

Question : pour toi obtenir 70% des votes d’un groupe n’est pas un indice de clientélisme ?

Que dirais tu si 70% des juifs / LGBT / catho etc votais pour la même personne ?

Résultat du premier tour à gauche (de NPA à PS) 32%, avec 22% pour LFI soit à peu près 66% du vote à gauche. Donc que le vote à gauche se soit massivement porté sur LFI quelque soit la catégorie que tu veux etudier n’est pas deconnant, encore une fois je trouve choquant de présupposer un positionnement électoraliste derrière chaque prise de parole.
Je perçoit plus de la position dogmatique qu’élecroraliste de la part de LFI, c’est pas forcément mieux mais c’est au moins plus honnête.

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Sais tu sur qui se sont portes les votes des Juifs, LGBT etc ?

Non mais j’aimerais bien savoir :slight_smile:

Oui je pense aussi comme toi. Mais j’imagine qu’ils connaissent les chiffres aussi. Et que forcément, à minima, ça les biaise dans leur prise de parole . Et c’est quand même un sacré succès sur cette communauté.

pour les lgbt, ça existe sur les intentions, sans doute pas sur les votes réels (je ne connais pas en tout cas). Et c’est généralement un vote plus conservateur qu’on l’imagine…

De toute façon ces statistiques sont à affiner, déjà il faut savoir comment a été réalisé méthodologiquement ce sondage (par questionnaire j’imagine). Et il faut faire très attention quant à leur interprétation sur un plan politique. Quand on dit 70% du vote musulman chez LFI, c’est parmi les musulmans qui votent. Et il faut partir du principe qu’un vote est multifactoriel. Les musulmans sont surreprésentés dans les classes populaires, qui ne votent donc probablement pas que parce qu’ils sont musulmans, mais aussi pour des raisons purement matérielles.

Donc au delà de ça, il est fort à parier qu’un musulman chef d’entreprise, ne correspond pas à la même catégorie sociologique du vote, nonobstant ses croyances. Un groupe social quel qu’il soit est pluriel, et il faut faire très attention à la façon qu’on a d’interpréter les raisons des habitudes de vote.

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C’est vraiment pénible d’essentialiser tout le monde à tout bout de champ.

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Pourtant, en politique, la recherche des communautés est une part essentiel du travail de prospection. C’est pas un secret, toute personne qui s’est retrouvée de près ou de loin à faire de la com politique a pu le constater. Il y a des éléments clairement adressés à certaines ethnies, groupes sociaux, régions, tranches, classes, ages, religions etc. C’est comme un grand puzzle avec des aimants, si tu pousses d’un côté tu repousses de l’autre. Et pour un conseiller en com, le travail va consister à trouver un découpage aussi efficace que possible, sachant que la décision peut se faire sur une seule parole, acte, déplacement ou quoi que ce soit (de préférence répétée en boucle).

Ainsi, en 2022, Mélenchon / LFI a clairement joué la carte de la communauté islamique. Tout comme Zemmour s’est retrouvé avec une part inattendue des juifs votant (oui, c’est pas évident à comprendre).

Après, ce sont des estimations. Pas des normes (genre, il ne serait sinon pas facile d’expliquer les intentions de votes en faveur de Le Pen d’une part surprenante des LGBT). Mais ça reste bien assez précis pour être efficace. Et, surtout, orienter le discours de chaque candidat en fonction de son impact potentiel au sein, de chaque communauté. Le storytelling si cher aux spin doctors.

(et ce n’est pas non plus nouveau. Les 2 et 3e Rép. sont remplis d’épisodes de ce genre où des partis entiers se déplacent sur l’échiquier politique au gré des saisons et tendances)

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This. Je suis toujours étonné qu’on crie à l’essentialisation dans ce contexte.

Il n’y a pas que LFI. J’ai dit qu’ils sont rares. Et les votes des français, de façon générale, étaient globalement répartis entre LFI/LREM (ils étaient pas renommés encore si?)/RN.
Les partis les moins islamophobes sont à gauche, et vu le score cumulé du PS/NPA/LO/PCF/EELV, ça aurait été vraiment communautaire pour le coup si l’un de ces partis avait reçu 70% des voix d’un groupe, quelqu’il soit…

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Oui mais comme tu le dis c’est de la com politique, elle se base sur des éléments grossiers de sociologie du vote, mais dans une vision plus utilitariste de cette dernière, pas scientifique.

Et d’ailleurs c’est un problème, parce que les médias font pas le job pour tenter de décrypter tout ça, quand on te dit dans le journal que 70% des musulmans votent LFI, sans rien contextualiser, sans expliquer le dessous des cartes à la manière d’un vulgaire bandeau BFM, ben ça permet aussi d’essentialiser le vote d’une population donnée, et assez souvent ça crée des effets de stigmatisation (le fameux épisode de l’islamo-gauchisme).

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C’est, à mon avis, une autre étape. Que 70% (je prends le chiffre parce qu’il a été cité, pas vérifié s’il était correct ou pas) des musulmans ont voté LFI à une élection est un fait (encore une fois, je n’ai pas vérifié, pas vraiment intéressé par ce genre de chiffre -et je précise, des fois que : je trouve ce chiffre étrangement élevé; donc je soupçonne qu’il soit en fait l’expression d’une autre stat…).

L’essentialisation en est une autre qui ne change rien au fait. Et qu’on peut totalement, pour éviter ce biais, rapprocher des votes d’autres groupes sociaux ou même des motivations du vote - ainsi, dans le cas de Melenchon, les divers études donnaient un peu plus de 50% de vote utile, de rejet, protestation etc. (en supposant que ça se recoupe pour des personnes de conviction musulmane comme pour l’ensemble des votants, ce qui est amha très probable).

Est-ce aux médias de faire dans le détail ? Selon quelles grilles d’analyse ? On pourrait aussi bien incrimer le système éducatif qui ne forme pas réellement à l’analyse statistique (mais, au final, on en arriverait de toute façon à expliquer que les gens n’ont pas le temps ni l’envie^^).

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Euh, je suis prof de maths et j’en enseigne de l’analyse statistique. Mais là, si un média te balance un pourcentage sans plus de contexte, ça n’a rien à voir avec le système éducatif et/ou le temps ni l’envie.
C’est surtout un média qui ne fait pas son boulot correctement. Tout dépend si ce média a pour objectif d’informer son public ou d’influencer son public… BFM/RMC/Cnews et cie, c’est vous que je regarde ! :grin:

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Ca a pourtant tout à voir avec l’éducation aux médias. C’est un sondage. Y’a pas de contexte à donner autre que « 70 % des personnes interrogées se définissant comme musulmanes affirment avoir voté LFI au premier tour de la présidentielle ». Et bien sûr faire mention, mais c’est normalement systématiquement fait, de la méthode utilisée (quotas généralement), de la taille de l’échantillon, de la période du questionnaire, etc.

Après, est-ce qu’il est intéressant de diffuser au grand public des sondages ? J’ai pas un avis tranché là dessus (je penche plutôt vers le non). En revanche, je mets ma main à couper que quand un sondage ne heurte pas votre sensibilité, vous n’en avez rien à cirer du « contexte ». Et qu’on me fasse pas dire ce que j’ai pas dit : c’est intéressant, d’essayer d’analyser les multiples facteurs qui peuvent expliquer le résultat d’un sondage, hein.

C’est bel et bien au récepteur du sondage d’utiliser son esprit critique face à un sondage qui n’est rien d’autre qu’une donnée brute. La question c’est : qu’est-ce qu’on en fait ? Vous savez très bien que 99 % des gens qui vont recevoir la donnée n’en ont strictement rien à foutre de sa mise en perspective (qu’il n’écouteraient pas si elle existait) à partir du moment où elle confirme leurs préjugés (biais de confirmation). Et que si, à l’inverse, la donnée les bouscule dans leurs préjugés ou qu’elle dessert leur idéologie, ils seront prompts à la relativiser (ce qu’il faudrait en réalité systématiquement faire).

Peu importe, en réalité, que la publication du sondage soit accompagnée de moultes mises en perspectives. Le résultat final sera toujours le même : des mecs récupéreront des jpg avec le graph/chiffre qui conforte leur discours et l’utiliseront sans contexte comme un argument d’autorité, sans même vérifier, d’ailleurs, ne serait-ce que l’existence réelle du sondage (en remontant à la source, qui devrait toujours être linkée).

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Justement est ce que partir de l’idée qu’un sondage n’est qu’une donnée brute n’est pas un problème d’angle de la part des médias en règle générale ?

Moi je pense qu’en école de journalisme on apprend pas réellement à décrypter ces données, et qu’on se contente justement de lire le chiffre, sans en détailler le contexte sociologique ou de façon très sommaire.

Et puis bon, on pourrait en effet se poser la question de l’utilité du sondage, mais on ne peut pas nier qu’ils sont aussi là dans un but de fabrication de l’opinion. (Lire ou relire le texte de Bourdieu sur la question).

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Quand tu vois que c’est marqué en tout petit « profil des abstentionnistes » en bas du machin tu sens que c’est encore du bon gros doigt mouillé comme sait si bien le faire l’industrie sondagière. Qui garde ses recettes secrètes pour « éviter tout espionnage industriel » (défense de rire).

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Il faut bien se mettre en tête que les sondeurs sont des marchands, pas des scientifiques.

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On peut aussi se poser la question de savoir si les clowns de plateau TV sont des journalistes ou juste des clowns (il y a un indice caché^^)

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Mais tu veux que les journalistes soient sociologues en fait ? Tu imagines bien qu’un journaliste, même spécialisé sur les questions sociales, par exemple (et encore, y’a plus tant que ça de journalistes « spécialisés » dans les rédactions), ne va produire l’analyse d’une donnée brute que pourra produire un expert comme un chercheur (et de toute façon, d’un chercheur à l’autre, en fonction de ses biais idéologiques…) ? Donc il va diffuser la donnée brute, le plus mise en perspective possible, mais dans le cas d’un sondage sur le vote selon la confession, tu penses bien que la mise en perspective va être superficielle. Et que de toute façon, même si plein de warnings sont mis, voici ce qu’il en restera, cf mon message au dessus :

des mecs récupéreront des jpg avec le graph/chiffre qui conforte leur discours et l’utiliseront sans contexte comme un argument d’autorité, sans même vérifier, d’ailleurs, ne serait-ce que l’existence réelle du sondage

Le problème n’est pas d’apprendre à décrypter des sondages mais d’apprendre à utiliser de manière pertinente son esprit critique. Je ne sais pas quel est le contenu des cours des « grandes » écoles de journalisme (tu le connais, toi, ou tu fantasmes ?) mais de toute façon, au bout du compte, c’est comme partout : si tu as appris une méthode à l’école et que ton employeur te dit de faire l’inverse, tu fais quoi ?

Je parlais d’esprit critique : ne le prends pas du tout comme une attaque, @FericJaggar (ça concerne globalement tout le monde), mais le graph que tu commentes, est-ce que tu sais d’où il vient, qui l’a produit ? Pas le sondage lui-même, hein, le jpg qui a été partagé ici et que tout le monde commente en fonction de ses affinités idéologiques. Qui a fait cette image (et donc écrit la mention que tu critiques) ? L’institut de sondage ? Un média qui a repris la donnée ? … ou peut-être même ni l’un ni l’autre, comme le suggère ce petit « @ » en bas de l’image ? Et qui sait, peut-être même que ce « @ » a un message à faire passer en « produisant » ce jpg ?

Au passage, le sondage en question, si on prend la peine de le cherche à la source, est beaucoup plus intéressant que ce graph dont on peut faire dire tout et n’importe quoi (ici, page 7 du doc)

C’est vrai. Y’a vraiment des gens qui pensent que ça a une valeur scientifique ? Ils vendent de l’étude d’opinion pour des clients qui commandent des études d’opinion. Cela reflète des tendances, rien de plus. Ca n’explique rien, par nature.