Revenons sur ça (déjà pointé par @lebesgue21) et sur la manipulation des sources. Tu cites donc un article de vulgarisation à l’appui de ton propos comme par exemple
Puis tu agites les mains pour détourner l’attention du genre « quid du sexe » et autre whataboutism. Mais revenons-en à la citation.
Il se trouve que j’ai lu l’article scientifique à l’origine de celui de vulgarisation. Il contient des éléments de méthodologie que je ne connais pas, essentiellement la notion d’invariance. Il faudra que je me plonge dedans pour mieux comprendre certains aspects. Mais l’essentiel est de l’économétrie classique. Le plus important pour le point en discussion est que l’article dit grosso-modo qu’au sein d’un pays, les mesures du bonheur fonctionnent. Pour être plus précis :
- d’abord l’article ne parle pas de bonheur (râté
) mais de bien-être. Ils écrivent :
In this study we use the term, “well-being” to represent a higher order construct that includes both happiness and life-satisfaction
- ensuite, ils indiquent qu’on peut mesurer les effets culturels dans la définition du bien-être :
Prior research shows that self-reported idealization of well-being is one way to effectively capture cultural-level notions of well-being
- ils indiquent aussi clairement qu’il existe deux grandes catégories de mesure et qu’elles ont un effet sur les analyses « causales »
[…] many multi-country studies report a positive association between cultural levels of individualism and well-being […] Although this may be the case, an alternative interpretation is that the link between individualism and societal well-being may, in part, be due to how well-being is being measured. Many of the studies linking individualism with well-being use life satisfaction (LS) of an individual person as the primary means of measuring well-being. […] Indeed, when alternative measures of well-being are used, the association between cultural-level individualism and well-being is attenuated. […] One alternative way to measure well-being, and happiness in particular, is interdependent happiness. […] However, IH and LS emphasize different aspects of well-being: IH is more relationship-oriented and LS is more achievement-oriented. Interestingly, when well-being ismeasured using IH the link between individualism and well-being is no longer significant.
- ils proposent ensuite une métrique qui combine 4 autres métriques par l’intermédiaire d’une évaluation de l’importance des effets culturels (en s’appuyant sur la citation au dessus). Ils montrent que les classements obtenus par cette métrique sont différents de ceux obtenus par les mesures de type LS et de type IH (cf au dessus). Par exemple
France, on the other hand, showed a lower ranking using the CS Well-being approach than when using the SWLS approach, occurring in part, because SWLS individual scores were weighted more (0.0035) with respect to the other types of well-being.
- Ils valident la pertinence du nouveau score en le corrélant à l’expérience de sentiments négatifs et positifs, sur une sélection de sentiments et de jugement de valeur qui fait consensus.
We investigated convergent and discriminant validity of the new culturally sensitive approach by testing for associations between culturally sensitive well-being and the experience of positive and negative emotions within each country
-
Un élément qui me semble important est qu’ils insistent sur l’idée que les choses varient moins entre cultures qu’on le pense par des mesures naïves (ils citent notamment cet article à ce sujet, mais ça sort de mes compétences).
-
Des éléments de conclusion qui soulignent bien ta façon de ne pas lire les articles que tu cites :
This finding also suggests that CS well-being may be more culturally objective than SWLS.[…] It is important to note that, empirically, the CS approach is not substantially different from the vast array of other well established quantitative measures of well-being. Indeed, our new CS measure of well-being is explicitly comprised of several thoroughly tested and well validated measures of well-being. Each of the measures used to calculate CS Well-being, as well as many others, has been shown to be highly reliable and valid across many different cultural contexts. We acknowledge that the current status quo of empirical research on well-being is highly valid, credible, and valuable. Empirically, the advent of the CS approach represents a slight, yet important, improvement in the fidelity of well-being measurement.
The CS approach represents a substantial improvement with respect to other measures when considered conceptually. […] The development of the CS approach to measure well-being is a marked, incremental step towards conceptualizing psychological phenomena less ethnocentrically.
Exactement le contraire de ce que tu dis.
Globalement, on voit bien que tu prends les gens pour des cons. L’idée que les non- sociologues, non-anthropologues, etc. n’aurait pas pensé à tes objections basiques, c’est vraiment typique de ton positionnement. Je connais bien, j’ai pratiqué, cf mon exemple sur la causalité.
Pour en revenir à l’article, on peut constater qu’il a 59 auteurs du monde entier, qui verse dans les tremolos classiques
To escape post-colonial traps in well-being indicators research and in policy-making, researchers and international governing bodies may need to acknowledge that happiness across cultures has various facets.
et il utilise un acronyme borderline raciste:
As with the bulk of psychological research, the majority of investigations of well-being worldwide has been carried out through a WEIRD lens—a lens of Western, Educated, Industrialized, Rich and Democratic societies
Difficile donc de les accuser de défendre le grand capital ou la domination culturelle libérale occidentialisante (ce que tu feras quand même, par une de tes pirouettes habituelles).
Au niveau technique, il y des choses à dire, essentiellement l’absence de contrôle sur la taille des populations et sur les caractéristiques socio-demo des répondants (c’est peut-être fait dans les supplementary material, je n’ai pas regardé). Mais globalement c’est intéressant.
Au niveau du débat précédent, ça montre qu’au sein d’un pays donné, les métriques permettent de comparer les années. Et si on voit que ça monte, c’est que la situation des gens est perçue par eux-même comme s’améliorant. Comme les métriques sont quand très corrélées (positivement), il est très peu probable qu’une monte de façon significative pendant que l’autre descend de façon significative. Donc ça marche sur les tendances. La comparaison entre pays reste difficile mais avec les outils développés dans ce papier, ça s’améliore. Aucun rapport avec ta présentation de choses.