Moi j’ai eu une éducation catholique et je regardais la cérémonie d’un œil en traînant sur mon portable.
Je me suis dit: tiens, c’est marrant, on dirait la Cène. « Ah mais non, ils sont trop nombreux. Et c’est lequel Judas? Non, c’est ptet pas ça… »
Un peu plus tard: ah mais Philippe Katherine c’est un Dieu grec, avec les vignes et tout ça! Et du coup la femme à barbe c’est peut-être un satyre de la mythologie (qui accompagnait les dieux grecs comme Dyonisos). C’est osé.
Mais quand je vois les réactions outrés, je me dis qu’on a raté quelque chose sur le vivre ensemble et j’ai un peu peur de ce qu’est en train de devenir la France. Où est passé l’esprit des Lumières qui prônait liberté, tolérance et fraternité ? Car je vois plus d’intolérance dans les commentaires haineux envers les artistes qui ont paradé (Barbara Butch qui se reçoit des menaces de mort par exemple) que dans cette cérémonie qui me rappelle l’époque où on pouvait rire de tout (on est pas obligé de sourire à chaque tableau).
À une époque, nous avions les guignols de l’info qui faisaient descendre de leur piedestal nos dirigeants. Nous avions des caricatures politiques (et pas seulement Charlie hebdo) qui remettaient les religions à leur juste place (un élément de la vie privée dont on peut rire, comme n’importe quoi d’autre). Nous avions des artistes de toutes sensibilités qui montraient qu’on pouvait avoir des avis politiques différents mais des goûts similaires.
Aujourd’hui, il ne faut plus heurter personne au risque de perdre des électeurs ou des partenaires commerciaux/politiques à l’étranger.
J’ai l’impression de devenir un vieux réac. « C’était mieux avant ».
Je me demandais jusque là comment des pays comme les pays du moyen Orient avaient si vite basculés dans des régimes islamistes, faisant reculer de nombreuses avancées sociales, notamment en ce qui concerne le droit des femmes (beaucoup plus libres il y a un demi siècle qu’aujourd’hui).
Mais le discours reste plus ou moins similaire en France: tout change très vite, les conflits se multiplient, des gouvernements autoritaires arrivent/se rapprochent du pouvoir en promettant de protéger le peuple des « autres » via un repli sur soit-même contre un ennemi commun: « l’étranger », « l’occident », « l’Europe », « les Etats-Unis », « les juifs », « les mécréants ».
Le repli vers des dogmes moraux/religieux ces 50 dernières années n’a fait qu’aggraver les tensions internationales, créant de l’incertitude et de la peur et, paradoxalement, a poussé de plus en plus d’électeurs vers les mêmes travers qui les effraient.
Désolé pour le pavé, je dis rarement ce que je pense, vous avez le droit d’être en total désaccord, ça serait même normal. Je finirai donc par une citation consensuelle (j’espère) de Voltaire:
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire »