oh punaise, j’avais lu « ça flirte à ce moment là » en première lecture !
Polgara était sur la chaîne Twitch d’Un monde de jeux ce matin, notamment, évidemment, pour parler de Women in Boardgames A voir/écouter en replay par ici !
Je suis un poil sceptique sur la démarche quand même, du moins telle qu’elle est exposée.
1/ Mettre en évidence les comportements problématiques pour inviter au changement, ou en d’autres termes éduquer. Je suis entièrement d’accord sur le constat et entièrement d’accord sur la nécessité d’éduquer. En revanche, le faire par le biais d’un canal privé réservé aux « victimes » (les guillemets ne sont pas là pour relativiser ce status mais pour faire le distinguo avec les victimes au sens d’une infraction pénale), j’avoue que je ne perçois pas la vertu éducative. Je comprends l’envie de s’éviter des réactions à la noix, et notamment de la part de ceux qui pourraient se sentir visés, mais à mon sens la publicité est importante (je renvoie au blog que j’ai linké plus haut ; les témoignages sont là, glaçants, et sans possibilité de commentaires désobligeants… je trouve cela plus percutant en matière de prise de conscience).
2/ « Les auteurs ne nous intéressent pas ! » … je trouve cela un peu dommage ; ce sont, à mon sens et dans ma vision très judiciarisée (j’en conviens) de notre société, les premiers à cibler.
Néanmoins, intervention des plus intéressantes car rappelant que trop souvent, dans un milieu que l’on considère comme « safe » comme un asso de JdS ou de JdR, un truc qui nous paraît anodin (un geste, une réflexion…) peut l’être beaucoup moins pour celles qui le reçoit et entends cela à longueur de journée.
Quand on subit des comportements de ce type, la plupart du temps, on est comme un lapin dans les phares : il y a beaucoup de sideration et l’impossibilité de mettre des mots sur ce qui s’est produit.
Un canal privé, c’est une possibilité d’exprimer des ressentis, d’être aidée à mettre des mots dessus, de caractériser ce qui se passe. Et au delà d’envisager les suites à donner. C’est un lieu sûr.
C’est aussi permettre de ne plus se sentir coupable de ce qui s’est passé. Parce que oui, quelques fois, on a tendance à penser qu’on a fait un truc qu’il ne fallait pas et qui a provoqué ce qui arrive.
Edit : et puis aussi, on peut éprouver de la honte, parce qu’on pas su réagir, de la haine de soi, parce qu’on se sent salie, dégradée.
La publicité, la valeur d’exemple, c’est pour après. Edit : pour celles qui le décideront, qui le pourront, qui s’en sentiront la force.
Je pense que c’est simplement parce qu’il y a des étapes, et la première c’est déjà de reprendre ses esprits et de s’unir.
Le but immédiat n’est pas d’éduquer ou de punir, ça viendra après.
De plus, dénoncer 1 ou 2 vilains maintenant, c’est aussi risquer de se retrouver avec quelques buissons qui cachent une forêt, il faut d’abord faire un minimum l’inventaire j’imagine pour être réellement efficace.
Et enfin, il n’y a rien à gagner à la dénonciation publique à part se donner encore une mauvaise image auprès de ceux qui sauteront sur l’occasion pour parler de « chasse aux sorcières ». Ça aurait pour seul intérêt de pouvoir protéger de potentielles victimes, mais pour ça on y revient : se regrouper et s’informer en safe-space permet de partager l’information dans campagne de dénonciation publique, les avantages sans les inconvénients.
J’entends bien les avantages, mais pour moi l’inconvénient est trop prégnant ; celui de ne pas voir les coupables jugés et punis ! J’ai parfaitement conscience que c’est un biais professionnel mais il l’emporte sur le reste ; constater (les infractions), en réunir les preuves, identifier les auteurs, et les traduire en justice. Bien évidemment, cela peut s’entendre au sens pénal du terme (puisque je ne fais là que citer l’article qui définit la mission de la police judiciaire), mais dans un esprit également plus global ; celui de réparer les injustices, ou à défaut de mettre les auteurs devant leurs responsabilités.
Mais je comprends tout à fait que cette « vision » laisse de côté les victimes en ne s’intéressant qu’à la punition et peu à la réparation. C’est par ailleurs l’un des gros, que dis-je un énorme, défaut de notre système judiciaire.
Amho, et sans plus développer, puisque c’est déjà dire « comment elles doivent faire », et cela fait partie des choses que l’on nous reproche. Reste que j’espère qu’il y aura un « après » et des conséquences pour les auteurs (des fais, pas des jeux…).
ton biais professionnel ne te dit pas que ça nécessite du temps et de la patience ?
Je n’ai jamais été du genre à laisser trainer mes dossiers.
On oublie trop souvent ce qui motive aussi les femmes à parler : pour que ça s’arrête et que ça ne recommence pas avec d’autres.
Encore une fois, je le comprends tout à fait. Mais je pense que seulement parler ne suffit pas pour que cela s’arrête et que cela n’arrive pas à d’autres. J’ai modestement au cours de ma carrière envoyé quelques agresseurs sexuels devant la justice ; cela n’a été rendu possible que parce que des victimes ont parlé en effet… mais aussi parce que cette parole n’est pas restée privée ! J’ai bien conscience du courage qu’il faut pour faire ce premier pas. Mais, pour moi, il est indispensable pour d’une part mettre les responsables devant leurs responsabilités justement, et d’autre part à terme faire en sorte que cela ne se reproduise plus.
Comme je l’ai évoqué plus haut, je pense n’avoir pas toujours réagi de la manière adéquate face à certaines choses que j’ai pu voir lorsque j’étais en association de JdR. Et c’est bien parce que des femmes ont parlé publiquement que j’ai pu prendre conscience que ce milieu, que je croyais à l’abri de ce genre de travers, n’était pas aussi bienveillant pour tout le monde que je le pensais.
D’où ce désir de « justice » si j’ose m’exprimer ainsi. Mais encore une fois, je sais à quel point c’est difficile de parler de cela ; et encore, moi j’étais celui qui recueillait la parole, et non celle qui avait à décrire ce qu’elle avait subi.
Il ne s’agit pas d’un procès ou d’une action en justice. Certains comportements et faits ne sont pas punissables par la loi en tant que tels. Ils contribuent néanmoins à la situation oppressante dont je faisais part dans mon précédent commentaire.
#MeToo n’est pas une recherche de Cavalier Blanc pour pourfendre des « méchants » précis. Ici c’est un rassemblement de victimes (déjà ne serait-ce que pour pouvoir en parler, ce qui est énorme), et l’occasion de poursuivre avec ce que portent les #MeToo : la prise de conscience pour avoir un système qui cesse de protéger les « méchants » susmentionnés. En gardant le silence, en fermant les yeux, on les protège. En s’acharnant sur le « méchant » du moment, on soulage sa conscience mais au final ça se reproduira ailleurs, peut-être au même moment, avec un autre.
Pour les faits pénalement répréhensibles, il y a d’autres considérations à prendre en compte. Tout n’est pas toujours rose dans ce parcours pour les victimes, et ça peut se retourner contre elles. Donc poursuivre ou non est une démarche plus personnelle (que ce soit une seule victime ou un collectif). Je me garderai bien de dire à une victime ce qu’elle doit faire ou non.
(En fait, quand j’étais jeune et naïve, j’ai demandé à une amie « pourquoi tu n’as pas porté plainte ? ». La réponse hante encore mes cauchemars).
C’est bien pour cela que j’évoque un désir de justice au sens philosophique du terme, et pas uniquement dans un sens institutionnel, même si bien évidemment je suis un pénaliste convaincu (à défaut d’être convainquant).
Et si #MeToo n’est pas une « recherche de Cavalier Blanc », je ne peux l’assimiler à une « simple » prise de parole ou un safe space où les victimes peuvent parler entre elles. Les conséquences sont bien plus impactantes (et heureusement de mon point de vue), notamment en matière d’évolution de la loi… ce qui, paradoxalement, a donné plus d’armes pour pourfendre les « méchants ».
(En) parler peut sans doute faire évoluer les mentalités de quelques uns, peut-être même d’une majorité, et l’on peut s’en réjouir. Mais je pense être assez bien placé pour affirmer que certains ne comprennent malheureusement que la force et qu’un « méchant » qui n’a pas à assumer les conséquences de ses actes crée un sentiment d’impunité qui ne peut qu’inviter les autres à ne pas modifier leur comportement.
Mais encore une fois, je comprends totalement à la fois les réticences et les difficultés à s’engager dans un tel process.
Faut pas forcément opposer discussions en privé dans un safe space, et action judiciaire. C’est un processus, les discussions peuvent mener à l’action judiciaire, et ça peut aussi permettre de se retrouver entre victimes d’un même individu, ce qui donne un peu plus de poids à l’action judiciaire collective.
La loi évolue grâce à la prise de conscience, oui.
Au-delà de la loi, la façon dont la justice (au sens administratif) reçoit les victimes. Il y a encore du travail mais ça progresse (je ne parle pas pour un exemple ciblé, mais plus au global). Une progression qui se fait aussi avec l’évolution de la société (je constate moins de sexisme ordinaire qu’il y a dix ans dans ma vie de tout les jours).
Les agresseurs ont un fort sentiment d’impunité, mais je ne pense pas qu’il soit uniquement lié à la Justice (en tant qu’administration de l’Etat). La société « fabrique » ce genre d’individus à travers les stéréotypes de genre, les « blagues » et « rigolades » sexistes, la virilité glorifiée (gros muscles, tombeur). Et ça c’est la couche visible de l’iceberg, en-dessous c’est toute la façon de penser le rapport entre les deux genres civils. Attention je ressors les poncifs. Par exemple les garçons qui jouent au foot au milieu de la cour et laissent peu de place aux filles. A mon époque c’était normal, aujourd’hui on repense les cours de récréation. On a grandit, appris le monde, dans une société qui prônait un certain rapport entre les hommes et les femmes (regardez un gars/une fille par exemple) et c’était la normalité. On disait aux filles à ne pas sortir seule, à mettre des écouteurs, à changer de trottoir, mais on n’apprenait pas au petit garçon à respecter les filles. On s’attend à ce qu’un homme « soit un homme » et donc agresse car « les hommes sont comme ça ». Il y avait des « promotions canapés », où on traitait la femme de plein de noms disgracieux, mais jamais d’ hommes qui abusaient de leur pouvoir.
Globalement ce sont les principes de culture du viol, masculinité toxique, etc.
Mais si la société évolue en se rendant compte que chacun de ses individus est concerné, et que la normalité attendue n’est plus axée sur « les hommes viennent de mars » alors un comportement qui avant pouvait être vu comme « viril » deviendra anormal, et les réactions de l’entourage se feront plus naturellement en cas de signaux faibles. En tous cas le profil d’agresseur ne sera plus autant renforcé par les stéréotypes ambiants et, aller je sors le gros mot je suis démasquée maintenant : le patriarcat.
Le topic harcèlement/drague en soirée jeu, c’est comme Sarah Connor (c’est à côté).
Très bon.
Je la mets en mémoire car je pense que « it will be back »
Bon, je vais me faire defoncer la gueule, mais c’est pas grave.
Et si j’étais un mec, jamais je n’oserai m’exprimer là dessus. Mais je suis une nana.
Guillaume n’a jamais parlé de drague. Encore moins de harcèlement. Il a juste fait un commentaire plutôt neutre dans la forme (il n’a pas dit elle est trop bonnasse par exemple) pour dire qu’il a trouvé la personne jolie.
Cela n’a rien d’irrespectueux, rien d’offensant. Il n’a peut être même pas dragué, on n’en sait rien. Donc quant au harcèlement.
Il n’y a pour moi aucune raison à lui tomber dessus avec cette remarque, qui lui reproche un comportement qu’aucune preuve ne nous dit qu’il ait eu.
Je peux me tromper mais je pense que tu as loupé le second degré des propos….
Ah ben peut-être, et ça serait tant mieux que ce propos soit au 2nd degré !