Wonderland’s War : Bienvenue à Blood Quacks of Ragelinburg
Introduction
Wonderland’s War est un de ces jeux qui attire l’attention dès qu’on ouvre sa boîte : un thème iconique, un matériel somptueux, et des mécaniques stratégiques bien huilées. Jusqu’ici, je n’avais eu l’occasion d’y jouer qu’à deux joueurs, et malgré une configuration plus réduite, le jeu révèle tout son potentiel. Avec des ajustements bien pensés, il conserve tout son sel, notamment grâce à l’open drafting et au bag-building, mais je suspecte qu’à trois ou quatre joueurs, il atteint des sommets.
Ce qui m’a poussé à ressortir Wonderland’s War, c’est une récente francisation à bas prix, qui m’a permis de me séparer de ma version VO tout en introduisant le jeu à de nouveaux joueurs. Et, pour ne rien cacher, je devais ce compte rendu à @MrChicken, qui avait soufflé une bonne affaire dans le topic de vente. Alors, sans plus attendre, plongeons dans cette guerre des merveilles.
De Quoi Ça Parle ?
Dans Wonderland’s War, les personnages emblématiques du Pays des Merveilles (Alice, la Reine de Cœur, le Chapelier Fou, etc.) s’affrontent pour contrôler les différentes régions de ce monde farfelu. Le jeu propose un mix subtil de draft, de bag-building, et de contrôle de territoire, le tout lié par des mécaniques de stop ou encore qui viennent pimenter chaque combat.
Chaque partie se déroule en trois tours principaux, divisés en deux phases majeures :
- La phase de Thé, une course tactique pour sélectionner les meilleures ressources et se préparer aux affrontements à venir.
- La phase de Guerre, où les joueurs résolvent les conflits région par région en utilisant les jetons accumulés dans leur sac.
Le tout est sublimé par la direction artistique de Manny Tremblay (à qui l’on doit aussi Dice Throne et Radlands), qui parvient à capturer l’essence absurde de l’univers de Lewis Carroll, avec une touche presque Tim Burtonienne.
Le Matériel
La boîte de Wonderland’s War est énorme, et elle est littéralement remplie à ras bord de matériel. Les figurines des héros sont magnifiques (et pour ma part, je les ai fait peindre, ce qui ajoute une dimension visuelle non négligeable). Les jetons en carton sont épais, les cartes de bonne qualité, et l’insert est plutôt bien conçu… à un détail près : si vous sleevez en premium, surtout avec l’extension Folie Écarlate, préparez-vous à des compromis.
Mais attention, le jeu prend une place immense sur la table. Entre le plateau principal, les plateaux individuels, les sacs de jetons, et les cartes, prévoyez une grande surface pour jouer confortablement. Enfin, la mise en place et le rangement peuvent être fastidieux en raison de la quantité de matériel, mais l’expérience en vaut largement la peine.
Explication Générale du Gameplay
Wonderland’s War repose sur trois mécaniques principales : le draft, le bag-building, et le contrôle de territoire, le tout étant lié par une phase de stop ou encore lors des combats.
Phase de Thé (draft)
Pendant cette phase, les joueurs se déplacent autour de la table pour sélectionner des cartes qui permettent :
- D’améliorer leur sac avec des jetons plus puissants.
- De recruter des Wonderlandiens (alliés aux pouvoirs uniques).
- De déployer leurs partisans sur le plateau.
Cependant, cette phase est bien plus qu’un simple draft. Elle introduit une dimension de course tactique :
- Sens unique : Tous les joueurs se déplacent dans le même sens et ne peuvent pas revenir en arrière (sauf Alice, avec son pouvoir à trois joueurs ou plus).
- Blocage : Une fois qu’un joueur choisit un emplacement, celui-ci devient temporairement inaccessible aux autres.
- Rafraîchissement : Les cartes sont renouvelées à chaque tour complet, ce qui peut créer des opportunités ou des désavantages selon votre position.
Ces limitations forcent des choix tactiques intéressants : faut-il précipiter son choix pour bloquer un adversaire ou attendre pour obtenir de meilleures options ?
Phase de Guerre (bag-building)
Une fois la phase de Thé terminée, les joueurs résolvent les conflits dans chaque région. Pendant cette phase, chacun pioche simultanément des jetons de son sac, en essayant d’augmenter sa force tout en gérant les risques associés aux jetons de Folie. Ces jetons peuvent :
- Retirer des unités de la région, affaiblissant votre présence.
- Vous pousser à abandonner le combat si toutes vos unités sont éliminées.
Le mécanisme de stop ou encore est au cœur de cette phase. Les joueurs doivent décider quand s’arrêter pour maximiser leurs gains sans risquer de tout perdre. Gagner un combat permet de :
- Poser un château, offrant des points en fin de partie et des avantages stratégiques.
- Activer des pouvoirs liés à votre héros ou à vos alliés.
Plateaux Individuels et Asymétrie
Chaque joueur dispose d’un plateau personnel avec des capacités à débloquer. Ces options stratégiques incluent :
- L’amélioration de votre héros.
- Le recrutement d’unités supplémentaires.
- Le renforcement de votre sac avec des jetons spéciaux.
Ces plateaux ajoutent une profondeur stratégique à chaque partie, permettant à chaque joueur d’adopter une approche différente.
Comparaison avec d’Autres Jeux
Pour résumer le fonctionnement de Wonderland’s War, on pourrait presque l’appeler « Blood Quacks of Ragelinburg ». Le jeu emprunte les meilleurs éléments de deux grands classiques : Blood Rage, avec son draft et son contrôle de territoire, et Quacks of Quedlinburg, avec son bag-building et son stop ou encore.
Blood Rage (dont un CR arrivera bientot, dès qu’il revient de peinture) brille par son intensité stratégique dans les affrontements pour le contrôle des zones. On retrouve ici cet aspect dans les batailles de Wonderland’s War, mais avec une touche de légèreté grâce à la mécanique de bag-building. Quant à Quacks of Quedlinburg, le suspense de chaque tirage dans votre sac est ici amplifié par l’importance des combats et des choix tactiques qu’ils impliquent.
Cependant, Wonderland’s War ne se contente pas d’être une simple combinaison de ces deux jeux. Il ajoute une dynamique de course avec la phase de Thé, où chaque joueur doit jongler entre ses objectifs personnels et les moyens de contrecarrer ses adversaires. Cette interaction constante maintient la tension élevée tout au long de la partie.
Bien que la lecture des règles puisse paraître intimidante avec son manuel bien fourni, celui-ci regorge d’exemples pour clarifier les mécaniques. Une fois le premier tour joué, la fluidité des phases et leur enchaînement deviennent évidents, rendant chaque partie à la fois accessible et stratégique.
Enfin, contrairement à de nombreux jeux de contrôle de territoire, Wonderland’s War parvient à limiter le downtime grâce à des tours simultanés dans la phase de Guerre. Cette particularité en fait un jeu aussi plaisant à jouer qu’à observer, où chaque action contribue à la tension et au spectacle.
Contrairement à ces jeux, Wonderland’s War excelle dans l’interaction constante entre les joueurs, que ce soit lors du draft ou des combats. Il maintient une tension permanente avec peu de downtime, ce qui est rare pour un jeu aussi stratégique.
Rejouabilité
Avec ses différents personnages asymétriques, ses Wonderlandiens variés, et la diversité des stratégies possibles, Wonderland’s War propose une rejouabilité solide. Chaque personnage offre une approche distincte grâce à ses pouvoirs uniques et à son plateau individuel, ce qui pousse à expérimenter différentes tactiques d’une partie à l’autre.
La phase de Thé, avec son draft dynamique et ses limitations stratégiques, renouvelle constamment les choix à disposition. Les combinaisons de cartes, de jetons, et les interactions avec les autres joueurs influencent directement la manière dont chaque partie se déroule.
L’ajout de l’extension Folie Écarlate enrichit encore l’expérience, introduisant de nouvelles mécaniques et options stratégiques. Cela dit, je m’interroge sur sa véritable nécessité : le jeu de base est déjà très riche et offre une variété conséquente de choix et de configurations. Peut-être que cette extension s’adresse surtout à ceux qui ont exploré en profondeur le jeu de base et souhaitent prolonger l’expérience avec davantage de contenu.
Cependant, pour pleinement profiter de cette rejouabilité, il est préférable d’avoir un groupe de joueurs prêt à s’investir dans le jeu. Les premières parties peuvent sembler plus longues en raison de la richesse des mécaniques, mais une fois familiarisé, le plaisir de redécouvrir de nouvelles stratégies compense largement ce petit temps d’adaptation.
Conclusion
Wonderland’s War est un jeu stratégique exceptionnel, qui mérite amplement sa place dans une ludothèque. Avec un mélange unique de mécaniques bien connues, une direction artistique superbe et une tension constante, il parvient à offrir une expérience immersive et récompensante.
Malgré quelques écueils comme la place énorme qu’il occupe sur la table ou la mise en place un peu longue, le jeu reste fluide, accessible et surtout très fun. Si vous êtes amateur de stratégie avec une touche de hasard et une grande interaction entre joueurs, Wonderland’s War est un incontournable.
Bref, préparez votre sac, votre thé et vos unités, car la guerre des merveilles ne fait que commencer.