Un CR que je me suis permis de raconter comme une histoire pour ma deuxième partie de Legendary Encounters The X-Files : Deckbuilding Game (saisons 1,2,3, en solo avec Dana Scully), j’espère que ça plaira ! :
(Avant que vous n’y alliez je préviens : Pas de règles, je voulais centrer ce CR sur le ressenti pur. Pour le dire très vite on est sur un DB assez classique au premier abord, avec deux rivières « cachées » qu’il faudra découvrir et un terrain central ou en général tu vas te faire castagner si la rivière des méchants arrive jusque là. C’est un fomidable générateur d’histoires -notamment pour les fans de X-Files- et tout ce que vous lirez ici est vrai bien sûr ! wink wink ).
Dana Scully, Matricule 2317. Ceci est le récit de ma mort.
Vous m’avez connue jeune agente du FBI, tailleur impeccable, coiffure au carrée, jamais un mot de trop. Je dirais que c’est l’insouciance et le besoin d’aventure de la vingtaine qui m’avait amenée à postuler en tant qu’agente au FBI. Rapidement mes compétences médico-légales ainsi que mon sens de la rationalité m’avait amenée à travailler avec Mulder dit « le Martien » sur des dossiers classés X. J’avais une utilité principale : servir de caution scientifique, mais aujourd’hui plus que jamais, j’ai surtout compris que j’étais utilisée par le gouvernement pour l’empêcher de mettre à mal des plans qui mettaient en danger l’humanité. Si la mort m’a bien apprise quelque chose, c’est que la vérité est belle et bien ailleurs.
Ces dernières semaines devaient être routinières. En désormais agente confirmée, on me lança sur la piste d’un certain Big Blue. Pour en venir à bout je disposais autour de moi d’agents de terrain confirmés ainsi que de troupes d’assauts, des vieux briscards en somme qui ne me feraient à priori pas faux bond face au premier petit gris venu. Tout commençait à merveille, les ténèbres laissaient poindre l’espoir jusqu’au premier évènement. Je peux le certifier j’ai été témoin de ce que Mulder appelait « Abduction alien », et c’est Skinner, de passage dans une rue parallèle à la mienne qui en a fait les frais. Il était habillé comme à son habitude pour se rendre à la boxe après le boulot, et là vlam, un vrombissement, un flash, puis plus rien.
Suite à cet évènement, le bureau dû prendre des mesures drastiques, me permettant de disposer de plus de moyens, et j’allais en comprendre la raison : j’étais au cœur d’une véritable guerre entre les ténèbres intergalactiques et notre humanité comme le pensait Mulder. Chaque humain se devait de se dresser contre ce qui nous arrivait. Enfin, c’est ce que je croyais.
J’ai recroisé Tooms, ce véritable pervers aux airs de serpent et à la plasticité digne d’un blob, s’était encore fourré chez un notable, prêt à l’abattre. Heureusement, ce dernier a pu nous appeler à temps et nous l’avons repoussé une première fois facilement. Seulement, à notre inévitable deuxième rencontre, celui-ci était beaucoup plus préparé. J’ai bien cru qu’il allait m’avoir ce jour là. Il m’attendait, en traître, dans un égout non loin de mon appartement. D’un coup d’un seul, il bondit, puis me porta ce que je pensais être mon ultime blessure, celle qui me ferait rejoindre mon père. De mon vivant, cette marque presque rêche au toucher et bien visible au niveau de la jugulaire, était ma fierté, celle qui me permettait de ne pas abandonner.
La finalité, c’est que le jour de l’attaque de Tooms, le Bureau était préparé à cette éventualité, placée sur écoute, je savais qu’ils voulaient me garder vivante. Aujourd’hui, je peux le certifier, Tooms n’a pas survécu à l’action éclair des troupes d’assaut et de ses yeux jaunâtres et perçants, il ne reste rien. Enfin, je l’espère…
La suite de ma quête se déroulait plutôt tranquillement, et à part quelques légers accrocs contrecarrés par mes capacités en médecine ainsi que par l’aide précieuse des Lone Gunmen et leurs habiletés en informatique, je me dirigeais tout droit vers une victoire éclatante. Puis je l’ai vu. Je savais que le nom de code Big Blue, s’apparentait à quelque chose vivant dans un lac non loin des Montagnes Blue Ridge. J’avais dépêchée une équipe, les meilleurs spécialistes du pays étaient présents. Après avoir sondé le lac de la région, une équipe de chercheurs du FBI a reçu une étrange fréquence sur leurs outils de détection. À peine suis-je arrivée à leur rencontre prêt du ponton principal, qu’un éclaboussement donnant l’impression d’une vague de 20 mètres, s’abattit sur l’embarcation, ne laissant aucune chance à ces occupants. Trois décédèrent, hachés par la violence du choc, un quatrième fût sauvé, mais dû être interné en hôpital psychiatrique. Choc post-traumatique.
Je me devais de résoudre cette enquête pour lui, et plus largement pour l’humanité. Mais je n’étais pas au bout de mes peines. Un étrange évènement sanglant eu lieu au bureau quelques temps plus tard. C’était une semaine avant ma mort. Je venais de découvrir une piste me permettant de contrecarrer le grand mal, en fait, j’avais littéralement tapé dans la fourmilière. Une milice inconnue hautement armée avait fait feu sur le Bureau, 5 morts.
Je ne pouvais pas ne pas penser que je n’avais aucune implication dans les évènements dramatiques de ces derniers jours. Cette piste maudite que j’avais trouvée, semblait déjà vouloir me mettre un pied dans la tombe. Mais je sentais que j’étais proche du but, plus que jamais. Il fallait que je persévère, quitte à y rester.
Je décidais de retourner au lac maudit pour tenter de mettre fin à cette mascarade, comme pour Tooms, Big Blue n’allait pas m’échapper deux fois. J’avais placé tout un attirail pour le rendre fou, dont un appareil capable d’électrifier tout un lac. Des équipes d’assaut tactiques étaient présentes toutes autour, attendant mon signal. J’appuyais finalement sur le bouton qui alluma le lac d’un arc électrique jamais vu.
Un cri strident puis devenant plus guttural retentit, je vis à ce moment là, une immense masse de chair s’élançant dans les airs, du sang mélangé à de l’eau vaseuse s’échappait de quelques orifices s’apparentant peut être à des oreilles ou une bouche. Aveuglée, je fis un signe maladroit puis cria « FEU » ! D’un coup d’un seul, un déluge de feu assourdissant mêlant bruits de tirs et impacts de balle éclatant des chairs occupait l’espace sonore. Cela dura moins d’une minute. Cela en sembla 30. Une odeur pestilentielle mélangée à celle de la poudre avait remplacée celle de la vase et des pins environnants. Une masse déchiquetée géante et informe croupissait dans ce qui semblait être une simple pataugeoire trop petite pour elle. Nous l’avions eue. Mais, c’était là ma dernière victoire.

Seulement un jour plus tard, je reçus la visite d’un certain Jeremiah Smith. Il m’informa que j’étais en danger. Il proposa de me planquer quelques temps chez des parents à lui. Tout du long, Jeremiah était taiseux, le regard vide, je lisais en lui la peur de quelque chose qui le dépassait, qui nous dépassait ? Un simple prétexte me fit attraper. J’avais eu vent que des informations supplémentaires sur Big Blue avaient été découvertes, notamment sur sa provenance. Première sur ce dossier, j’étais tout naturellement invitée à me rendre aux archives classifiées du FBI. À ce moment là, je n’avais pas encore conscience de la corruption et de l’influence que les forces du mal avaient au sein même du Bureau. Je l’appris à mes dépends.
C’est une fois au sein des archives qu’une forte odeur de cigarette emplit la pièce. Une odeur bizarrement familière, des Marlboro ? Tout à coup, mon attention fût portée sur la silhouette d’un homme de grande taille, fondue entre les étagères de documents, il semblait puissant, je ne savais rien de lui. Au même moment dans un vacarme fou, Jeremiah enfonça la porte, l’homme mystérieux fût surpris et se mit à courir dans les coursives, puis j’entendis un bruit sourd, Jeremiah recula de trois pas, il était touché et saignait abondamment, c’était une blessure sérieuse mais la balle traversa son épaule n’endommageant pas le bras avec lequel il pouvait tirer. Je dégaina alors, et me mit à tirer sur l’ombre, loupé. Je découvris à ce moment là toute la hargne qui animait Jeremiah, de l’homme perdu et peureux il ne restait rien. S’élançant vers l’homme dans une dernière pulsion de vie, il ne toucha que des bacs à papier qui éclatèrent dans un nuage blanchâtre. À la fin de sa fusillade désespérée, un dernier tir fût entendu, mais il n’était ni de Jeremiah, ni de moi. Puis, les Ténèbres.

J’espère que les joueurs et joueuses du jeu reconnaîtront les références de certaines cartes à travers le récit. Désolé si ça paraît un peu bâclé vers la fin, mais j’étais crevé ! Merci à celles et ceux qui liront jusqu’au bout.
Mini critique :
Au delà de m’avoir inspiré jusqu’à écrire une histoire entre le fromage et le dessert, parlons un peu de mon appréciation.
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La variabilité au niveau du setup grâce au système de saison et de choix des personnages est une grande force de cette version. Rejouabilité assurée.
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Certains effets de cartes rappellent parfois ce que pouvait produire un Magic à l’ancienne en cassant le « quatrième mur ». On notera également leur grande précision thématique.
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L’univers de X-Files, parfaitement rendu dans sa kitschiness toute nineties, n’aura jamais été aussi bien reproduit en dehors de son format d’origine (ne me parlez pas des films). Et oui, j’aime le parti pris des photos tirées de la série !
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On pourrait regretter un manque de cartes permettant d’affiner son deck (en tout cas sur mon setup), mais au delà de ça, on se retrouve avec un jeu qui se joue avec brio d’un univers et qui finit par être un générateur d’histoires étonnant, entre nostalgie -pour la coupe « raie au milieu » de Mulder- et curiosité toujours renouvelée à chaque partie…
En tout cas, j’espère que cette première pour moi dans l’exercice des CR retranscrira bien tout le plaisir que j’ai eu à jouer à ce jeu ! 